Cela fait cinq heures que nous sommes entassés dans la voiture, mes parents, mon frère et moi. Il fait une chaleur torride qui nous décontenance tous. Ma mère est à fleur de peau, la chaleur lui donne mal à la tête. De plus, la climatisation est en panne. Je ne sais pas comment fait mon frère pour avoir autant d'énergie ! Il joue avec ses figurines et invente des histoires abracadabrantes dans lesquelles Ironman gagne toujours. Quant à moi, j'écoute la playlist de mon portable en boucle en espérant que le temps passe plus vite. Autant dire que je m'ennuie fermement.

La tête contre la vitre, je repense au dernier jour de cours au lycée, il y a un mois. Les surveillants avaient particulièrement fermé les​ yeux sur nos bêtises, alors nous avons clairement abusé. Bataille d'eau, karaoké dans la salle d'anglais, boum façon "soirée mousse" dans la salle de chimie... Les souvenirs se bousculent dans ma tête. Je revois l'air outragé de Noémie et Julia lorsque Benjamin les a aspergées d'eau. Je revois Benjamin et son sourire malicieux. Je nous revois nous enfuyant en courant dans les couloirs, dévalant les escaliers jusqu'à perdre haleine. Nous arrêtant soudainement en riant. Arrêtant de rire. Et nous embrassant. Le plus beau souvenir de l'année...

C'est uniquement quand j'ouvre les yeux que j'aperçois la mer, là-bas, en face. Je vois mes parents qui s'asseyent sur des serviettes, je vois la plage déserte, et je me précipite au-dehors. Arrivée à la hauteur de mes parents, je retire en hâte mon short, mon débardeur​ et mes sandales. Je cours vers la mer en humant ce délicieux parfum de vacances.

C'est ça, les vacances.

C'est la trace de l'écume sur le sable mouillé, c'est le déferlement des vagues, le bleu turquoise de la mer, la ligne d'horizon et l'eau qui se confondent au loin. J'entends le chant des mouettes, le bruit des vagues qui se brisent, je sens l'eau salée sur ma peau, et je sais que maintenant les vacances peuvent enfin commencer.