Il fait nuit. C'est une de ces nuits d'été dont on ne se lasse pas. Je suis assise sur le ponton, les pieds dans l'eau du lac, ma tasse de chocolat chaud à la main. Je ne comprendrai jamais l'attrait qu'ont les gens pour le café, quand on pense que c'est si bon, le chocolat. Bref. Je ne vais pas m'étendre sur le sujet. J'adore passer la nuit à me tordre le cou pour regarder les étoiles. Le ciel se reflète dans l'eau du lac. C'est incroyablement beau, mystérieux et infini.

Quand Sara est morte, je me suis fait une promesse : toujours rester proche de sa famille. La famille de ma meilleure amie. Ses parents, Daniel et Clarissa, et son frère David ont toujours beaucoup compté pour moi. Avant l'accident, je m'entendais bien avec eux. Je passais mon temps avec Sara, et David nous accompagnait, quand il n'était pas à ses entraînements de base-ball. J'aimais bien David.

Un jour, il est venu à la plage avec moi. On n'en avait pas parlé à Sara. On était tous les deux, dans l'eau, en train de se renvoyer un ballon. David imitait les dauphins pour me faire rire. Je n'ai pas vu la vague. J'ai perdu pied. Je suis tombée. David s'est précipité pour me rattraper. Et il a vu Sara qui s'élançait vers nous. Sara a hurlé « Amanda ! ». Elle a cru que je ne remontais pas. Elle a couru dans l'eau. Elle est tombée et ne s'est pas relevée. Nous étions paniqués, David et moi. Quand nous sommes arrivés près d'elle, j'ai cherché son pouls. Je ne l'ai pas trouvé. Elle ne respirait plus. Les secours sont arrivés trop tard. Personne n'a rien pu faire. J'ai hurlé, je ne voulais pas que ça se termine là.David m'a prise dans ses bras. J'étais là, effondrée sur le sable,à côté de Sara, des secours, de David, et nous étions impuissants.

Impuissants.

Ça fait exactement un an. Je m'en veux toujours, parce que c'est ma faute. Le lac est devenu mon refuge, parce que je n'ai jamais pu retourner à la plage.

Sara est morte parce qu'elle a voulu m'aider. Je m'en veux.

David le sait. Il s'assoit à côté de moi, et prend mon visage dans ses mains. Il essuie mes larmes, même s'il pleure autant que moi, et me serre contre lui. Ça soulage.

Il approche son visage du mien et me déclare : « Même si tu es persuadée du contraire, sache que ce n'est pas de ta faute. »

Je l'embrasse et il me rend mon baiser. J'en avais tellement besoin.J'ai tellement besoin de lui. Je m'endors la tête sur son épaule,assise sur le ponton. Je crois que j'ai vu une étoile filante, mais mon vœu ne sera jamais exaucé. Oh, Sara. Tu nous manques tellement...