La chanson des larmes
J'adore chanter. C'est plus qu'une passion pour moi. Une fois partie du lycée, je ne m'arrête pas : je chante tout le temps. Je ne m'arrête jamais. Le chant, c'est ma raison de vivre. Je prends des cours au Conservatoire, et j'ai, selon mes professeurs, atteint un certain niveau. Mais je ne me limite pas aux pièces classiques. Bien au contraire : j'essaye tout. Du jazz, de la pop, du rock, tout ce que j'entends à la radio. Je fais aussi des vidéos sur YouTube, dans lesquelles je reprends des titres connus. Et j'accumule les vues, les abonnés et les commentaires.
Ça suffit à me rendre heureuse.
Quand je chante, je me sens vivre. Je veux que la mélodie vibre jusque dans le cœur de mon public. Je mets tout mon cœur à leur transmettre une émotion, un certain réconfort, et la sensation de ne pas être venu pour rien.
D'être venu pour moi.
Le Conservatoire de Paris m'a envoyé une lettre. Ils avaient entendu parler de moi, ils me proposaient une armée de professeurs célèbres au talent reconnu pour m'aider à me perfectionner. Un jour, ils m'ont fait passer un examen. Verdict : j'étais apte à faire chavirer les Parisiens.
Ce jour-là, je suis rentrée chez moi débordante de joie. La porte était ouverte : inhabituel. La maison était sens dessus dessous : très inhabituel.
Je suis entrée dans le salon, et j'ai vu mes parents, égorgés, leurs yeux exorbités, du sang sur le parquet. J'ai voulu hurler, mais aucun son, aucun son ne franchissait mes lèvres. J'ai essayé à plusieurs reprises, mais j'étais désespérément muette. Orpheline. Triste. Anéantie. Et brisée.
En l'espace de quelques minutes, j'avais tout perdu.
Tout.
Mes parents et ma voix.
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