Cela fait plus ou moins un an que j'apprends à voler. Je pilote un avion. Pas un avion de ligne, non. Je vais à l'aérodrome dès que je peux. Je vole depuis mes quinze ans. J'adore faire ça. C'est là qu'on prend conscience de la beauté du monde, de la force du vent, du bleu du ciel et de la chance qu'ont les oiseaux d'avoir des ailes. Je pilote toujours en duo avec un adulte, qui a au moins 400 heures de vol à son actif. Quelqu'un d'expérimenté.

Je sais qu'un jour ce pilote descendra de l'avion et me dira de faire un tour dans les airs, seul, quand je serai prêt. Il ne me le dira pas avant de monter dans l'avion, pour ne pas me faire stresser. Cette date est donc classée secret défense jusqu'à ce qu'il descende de l'avion. Et on ne peut pas savoir avant quand ce sera...

Un jour, avant de monter dans l'avion, mon pilote en duo demande à l'homme de la tour de contrôle ce qu'il pense de la météo d'aujourd'hui. Ce dernier lui lance un regard assassin avant de lui donner son avis. Mais pourquoi cette question inhabituelle ? « C'est aujourd'hui », je pense.

On monte dans l'avion, et on fait un tour, comme d'habitude. Un tour d'échauffement. Puis il descend et me laisse seul.

Alors je décolle avec cette sensation de liberté qui me colle à la peau et ne me quitte pas. Je survole le château de Maintenon et je reviens sur la piste. J'atterris sous les applaudissements de mon ex-copilote.

Je crois que je ne me suis jamais senti aussi heureux...