-Qu'est-ce que je viens de prédire ?

            La supplication de Rachel mit les héros mal à l'aise. La prêtresse s'impatientait, pensant qu'elle venait d'annoncer la mort de Jason. Pour le sursis de son âme et car ce n'était pas la bonne personne, Percy récita la prophétie d'une voix claire :

-La voici :

« Devoir rester en arrière pour soutenir,

Et accepter les coups douloureux sans fléchir,

Tuer ses alliés pour apporter la victoire,

Ou plonger le centre du monde dans le noir. »

-Jason, je suis désolée... Je...

-Tu ne peux rien y faire, tu n'es pas maîtresse de tes paroles, murmura le fils de Zeus, en acceptant de participer, nous nous sommes engagés à donner notre vie pour sauver notre monde

-Si vous souhaitez vous retirez, personne ne vous jugera, déclara Annabeth, en regardant ses amis un à un

-Tu rigoles j'espère ! On ne va pas se défiler ! Cela m'écorche de le dire, mais l'autre idiot à raison, c'est notre quête ! Et puis, on ne va pas envoyer des minables au casse-pipe ! Imagine, qu'ils réussissent et qu'ils récoltent toute la gloire !

-Ne t'en fais pas, si tu meurs au combat, je dresserais une statue à ta gloire, se moqua Léo

-Concentrons-nous, avec un peu de chance, nous survivrons tous, tenta Will

-Nous devrions continuer le don des prophéties, suggéra Hazel, pour apaiser les tensions

-Rachel, es-tu prête ? Questionna Annabeth

-Oui, mais ensuite, je devrais faire une pause, ces prédictions me demandent beaucoup d'énergie

            La fille d'Athéna acquiesça et fit un signe de la tête à Nico, qui se leva doucement. Il avait le visage fermé. Il s'arrêta à quelques pas de la pythie avant de lui donner les mains avec réticences. Sa dernière quête avait brisé son lien avec ses frères et même si s'était de sa faute, il en voulait toujours à Rachel de l'avoir privé de sa famille. Nico posa ses paumes sur celles entrouvertes de la prêtresse et ferma les yeux, prêt à accepter son sort. Il se crispa en sentant le vent glacial le parcourir, annonciateur de ce qui allait se produire. La voix d'outre-tombe retentit dans la grotte, se répercutant sur les murs, arrachant frissons et hurleur de stupeur à tous. Quand le brouillard vert disparu, la voix nouée, Nico murmura :

-Je suis désolé...

« Renégat et briseur de promesses jurées,

Le sacrifice te fera pardonner,

Ou une nouvelle alliance te sauvera,

Mais dissoudrait alors tout ce qui compte pour toi. »

            Le fils d'Hadès ouvrit les yeux et lança un regard à Percy. Même si c'était de la faute de son frère, qu'il avait commis des crimes impardonnables, il l'avait abandonné, au pire moment, sans soutien, sans lui laisser une chance de s'expliquer. Mais le regard de son ancien frère était dur, froid comme la glace. Il avait perdu cette étincelle de gentillesse et de naïveté. Ses yeux qui brillaient toujours avant, pendant et après une blague, ou quand Percy rappelait un moment joyeux. Pourtant, Percy n'attendait plus de pardon, il avait cessé de ramper aux pieds de ses anciens amis. Il s'était écarté, ne comptant que sur lui-même pour réussir, ne croyant plus à la force de l'union.

            Nico reprit brusquement ses mains, brisant l'immobilité de la grotte, d'un pas vif, il en sortit et s'éloigna, le soleil lui brulant la nuque, à moins que ce ne soit le regard de Percy. Le fils d'Hadès dévala la colline à grands pas et se dirigea vers son bungalow, sans attendre la personne qui lui courrait après, ou prendre le temps de répondre aux questions muettes des autres sang-mêlé. Il devait vérifier, il devait savoir. Claquant la porte derrière lui, il s'enferma dans la pièce sombre qu'était son bungalow.

            Il se dirigea vers un coin de la pièce et ouvrit une malle qui était posée sur le sol. A l'intérieur, il prit une petite boite dans ses mains. Refermant le coffre, il alla s'asseoir sur son lit. Posant sa paume à l'emplacement de la serrure, il petit clic se fit entendre et le couvercle se leva légèrement. Nico le souleva complètement et prit un à un les objets de la boite. Celle-ci contenait tous ses souvenirs, des cartes, des photos, un dessin... Mais ce n'était pas ce que cherchait l'homme. Il les enleva avec délicatesse et les déposa sur le côté, délivrant ainsi trois morceaux de soie. Ils provenaient d'une même étoffe et semblait de la même taille. Pourtant, si deux étaient d'un blanc immaculé, le dernier était noirci, brûlé par endroit. Ils formaient un cercle. Maladroitement brodé, une fleur de lys apparaissait au centre de la pièce rassemblée. Retournant les trois morceaux de chiffons, Nico lu la phrase qui avait été écrite au feutre :

-Un pour tous et tous pour

            Le dernier mot de la maxime résonna dans sa tête, sans qu'il n'ait le courage de le prononcer. Comme par ironie du sort, s'était la seule partie du morceau de soie qui avait véritablement brulé, montrant qu'ils n'étaient plus frères. Nico se rappela ce moment où Percy avait jeté sa partie dans le feu, suite à son retour :

            Percy était assis devant le feu, en compagnie de Grover. Ils riaient, ce qui était devenu rare pour le fils de Poséidon. Plus le temps passait et plus il se faisait mettre à l'écart. Son rire s'étrangla dans sa gorge en sentant l'aura noire de Nico venir dans leur direction. Il baissa la tête en voyant le regard empli de fureur de son frère. Nico avait hurlé :

-Regarde-moi ! Comment as-tu osé ! Tu n'avais pas le droit

-Je...

-La ferme ! Je te faisais confiance ! Je te soutenais ! Et toi, tu me trahis ? Je ne te le pardonnerais jamais, tu m'entends, jamais ! Tu n'es plus mon frère !

            Les mots du fils d'Hadès avaient résonné dans la conscience de Percy. Celui-ci c'était levé sans un mot et était parti à son campement. Personne ne le vit le soir, ni les jours qui suivirent. Grover leur apprit que Percy avait pris toutes ses affaires et qu'il était parti, il avait quitté la colonie. En apprenant ça, Nico s'en était voulu. Bien sûr, sa colère était légitime, mais son frère devait avoir une raison valable, il ne lui avait laissé aucune chance de s'expliquer. Il s'était alors rendu au campement, où Jason était assis auprès du feu, tenant un morceau de soie à la main. Il avait dit à son frère :

-Nous étions puérils

            Il avait alors jeté le mouchoir sur les cendres éteintes et avait quitté l'endroit. Nico s'était alors accroupi et avait récupéré les trois parties, brisées à jamais.

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Alors, selon vous, pourquoi Nico déteste Percy, quel est donc cette raison ?

Et les morceaux de soie ? Reférence au début du premier tome, même si je ne parle pas d'eux

A la prochaine !