Chapitre 7
Cuddy marchait d'un pas rapide dans les couloirs. Elle avait l'impression de se sentir lourde, comme si d'un coup, la gravité commençait à se jouer d'elle. Autour d'elle passait les médecins et patients, comme à leur habitude. Calmes, malades, et tranquilles. Mais personne ne semblait avoir entendu parler de ce que Lisa savait.
Elle arriva enfin devant la surface de verre, qui la séparait du bloc d'opération, angoissant. Cuddy était à peine rentrée, que Chase décalé, elle avait pu apercevoir House, la poitrine ouverte. Lui semblait calme. Il grimaça un peu, mais rien d'alertant. Chase semblait hésitant.
Cuddy avait détourné le regard, étouffant un cri d'horreur avec ses mains. Elle ferma les yeux, se répétant qu'elle rêvait.
Elle eut le courage d'appuyer sur le bouton du haut-parleur, hurlant d'une voix tremblante :
- Vous n'avez pas l'autorisation ! Vous... vous ne pouvez faire... ça... ?
Chase s'était retourné vers elle, le visage caché par un masque, presque trop grand. Soudain, l'image rapide d'un boucher traversa l'esprit de Cuddy. Elle frissonna, lâchant le bouton du haut-parleur. Le médecin la regardait sans rien dire, haussant les épaules. Il continua son travail, regardant la poitrine de House perplexe.
House était réveillé et lança un regard interrogatif à Chase. Cuddy, ayant tourné les yeux vers la poitrine ouverte de House n'osa pas bouger. C'était rouge. Un rouge foncé, qui s'étalait sur tous les côtés.
Elle frissonna de plus bel, se décalant rapidement du verre. Elle resta néanmoins proche du haut-parleur, appuyant dessus d'une main tremblante.
- Chase ! A... Arrêtez !
Ne le voyant pas, elle imaginait le pire, chassant de sa tête les mauvaises pensées. Le médecin semblait concentré, puis appela d'une voix forte :
- Mais... Cuddy, venez voir !
D'où il l'appelait simplement « Cuddy »? Elle s'approcha tout de même, tremblante et peu rassurée. Il avait cette forme rouge en main, mais rien ne coulait. il était comme « propre ». Scientifiquement parlant, ce n'était pas possible.
Cuddy hurla horrifiée. Il avait le cœur de House en main, et souriait. Mais contrairement à ce qu'elle attendait, House était debout, à côté, bien vivant. Lui semblait examiner son propre cœur.
- J'ai enfin trouvé ! s'exclama t-il. Ce cœur est simplement malade de quelqu'un ! cria House, content de lui.
Et d'un seul coup, tout se brouilla, devenant flou.
Un fluide froid et transparent fut envoyé sur le visage de Cuddy, tremblante. Elle entendit bientôt qu'on lui hurlait dessus.
- Cuddy ! Le son semblait lointain. Cuddy ! Debout maintenant ! Ça s'éclaircissait. Réveille-toi !
Elle sursauta, le souffle court et le cœur battant. House se tenait à sa droite, debout, penché au dessus d'elle. Il avait un T-shirt blanc cassé, et semblait à peine habillé. Ses yeux bleus azurs avaient tournés au gris. Il semblait aussi essoufflé que Cuddy.
Elle s'agrippa à lui, l'obligeant à se pencher un peu plus - ne lui évitant pas un craquement de la colonne. Elle le serra contre lui, les larmes aux yeux. C'était des larmes de joie, pas de tristesse.
- Hé, ho ! Je t'ai lancé de l'eau, il y a quoi de dramatique ?
Cuddy ne répondait pas, le serrant un peu plus. Elle était accrochée à son T-shirt, à lui, ne voulant pas le lâcher. Ce n'était qu'un cauchemar, un horrible cauchemar. Rien de plus.
Rien de tout cela était réel. Rien !
Gregory, soupirant, posa doucement une main légèrement hésitante dans le dos nue de la doyenne. Car sans trop y avoir pensé, elle, était bien loin d'être habillée.
Elle le lâcha finalement, le regardant, les yeux trempés. Il fronça les sourcils, ne comprenant pas bien la raison pour laquelle elle avait pleuré. House resta cependant au dessus d'elle, incompris.
Cuddy posa son regard sur sa poitrine, puis une main tremblante sur le tissu de son T-shirt. Elle ferma les yeux et souffla de soulagement, sentant que derrière toute cette peau et cette chair, battait bien en ce moment-même un cœur.
House écarquilla les yeux, ayant un léger hoquet ironique.
- Je ne me souviens pas avoir organisé une soirée la veille où tu aurais pu boire !
Cuddy posa son visage contre sa poitrine, soupirant.
- Tais-toi House, tais-toi.
Et c'est en étant plus proche de son T-shirt à présent qu'elle remarqua qu'il était identique à celui dans son rêve. Elle frissonna, pour une raison inconnue.
Elle n'en prêta pourtant pas attention, se rendant compte que contrairement à lui, elle n'était pas habillée ! Cuddy attrapa à la volée son haut qui traînait non-loin, et l'enfila.
House l'observait, tentant de percer son esprit.
- Tu as cauchemardé ! lui lança t-il, pendant qu'elle se préparait.
- Bravo...
Il vint se placer derrière, elle, l'entourant avec ses longs bras.
- Ce n'était pas pour être félicité que je disais cela.
Elle esquissa un léger sourire, se sentant bien lorsqu'il s'inquiétait pour elle. Ou du moins, s'inquiéter à sa façon.
Elle se retourna doucement, plaçant ses mains dans son cou, le fixant.
- Et j'imagine que j'ai fait du bruit, puisque tu t'en soucies ! dit-elle doucement, se doutant bien qu'il y avait une raison à sa subite inquiétude.
- C'est d'ailleurs pour cela que je t'ai jeté de l'eau ! Tu m'empêchais de dormir jusqu'à mes neuf heures et demi habituelles ! lança House, un sourire idiot sur les lèvres.
Elle soupira, déçue de ne pas avoir eu une intention « naturelle ». Mais après tout, c'était lui ! Pas celui de son rêve, évidemment. Elle déposa un léger baiser sur ses lèvres, constatant qu'elles étaient froides. Le toucher, et le goût. Voilà ce qui lui manquait dans son cauchemar. Elle aurait dû le remarquer plus tôt...
Cuddy se décala finalement, et se dirigea vers le salon pour prendre son téléphone. Il n'avait plus de batterie. Une journée qui s'annonçait pleine de mauvaise chance.
Gregory la rejoint, montrant sa montre en devinant qu'elle cherchait l'heure : huit heures et dix-sept minutes.
Elle frissonna de nouveau, se demandant si elle avait finalement froid.
Ils sortirent bientôt, habillés et sapés, silencieux. Elle sortit les clés de sa Lexus de sa poche, l'ouvrant. Une fois à l'intérieur, ils se dirigèrent vers le PPTH, toujours dans le même silence. Il l'observait, sans rien dire, se contentant d'analyser chacun de ses gestes et mouvements, chaque parcelle de peau. Elle tourna rapidement la tête vers lui, remarquant qu'il la fixait, ayant un hoquet de surprise et ironique.
- J'ai un moucheron sur la figure, c'est ça ? demanda t-elle ironiquement.
- Hmm... Je serais tenté de répondre oui, mais non ! répondit-il simplement, un sourire béat plaqué sur les lèvres.
Cuddy hésita un moment, puis déclara :
- Dès qu'on passe le seuil de l'hôpital, tout ce qui se passe entre nous reste entre nous, d'accord ?
- Donc si je comprends bien... J'ai le droit de peloter Lisa Cuddy mais pas le Doc Cuddy ! lança t-il, souriant.
Elle frissonna de nouveau, ne comprenant toujours pas la raison de ces frissons.
Elle n'osa pas répondre autre chose, comme tétanisée :
- Oui... entre autre.
Et sur ces mots, ils arrivèrent au PPTH. House observait toujours la doyenne, souriant. Plus d'une manière amusée qu'autre chose.
Ils se dirigèrent vers la porte, de sorte à être séparés pour ne pas que leur relation soit visible. House fit mine de tout juste la remarquer, hurlant haut :
- Oh quelle plaisir de vous voir Docteur Cuddy ! Il insista bien sur les mots Docteur et Cuddy.
Elle lui adressa un simple sourire, se dirigeant vers l'ascenseur. En appuyant sur le bouton, elle s'arrêta net, ne comprenant pas bien pourquoi. Elle avait peur. Peur inconnue, survenue au moment même où elle s'apprêtait à rentrer dans la boite métallique.
Finalement, elle fut forcée de rentrer dans l'objet de ses peurs par celui avec qui elle passait ses nuits.
House attendit que les portes se ferment pour se rapprocher d'elle, murmurant à son oreille :
- Et t'embrasser fait parti de tes interdictions ?
Un frisson remonta toute sa colonne. Tout recommençait. Comme dans son rêve. Et la peur que tout soit identique la prit. C'était à elle, de changer les règles.
Avant qu'il ne se penche, elle le rapprocha d'un mouvement de bras, l'embrassant fougueusement. Elle se sentit soulagée d'avoir fait en sorte de changer ce qui devait se produire. Et sans doute aussi parce-qu'elle était contre lui.
House fut surpris de la réaction, mais en profita. Une Cuddy initiative il n'en avait le droit qu'à quelques moments !
Les portes s'ouvrirent et ils se décalèrent rapidement, le souffle court et le cœur battant. Chase se tenait en face d'eux, fronçant les sourcils.
- Pour une fois que vous ne criez pas !
Cuddy souffla de soulagement. Ce n'était pas Wilson, en face d'eux. Elle avait réussit à changer une partie de son rêve. Puis en y réfléchissant, elle se dit qu'elle devenait parano.
Ils se séparèrent, rejoignant leur bureau. Mais au fond d'elle, Lisa voulait le surveiller. Oui, parano, c'était le mot. Mais toutes ces coïncidences étaient effrayantes.
Elle remplit ses dossiers au plus vite, et se glissa dans le couloir menant à son bureau. Cachée derrière un mur, elle sortit sa figure discrètement.
House était dans son bureau, en train de lancer distraitement sa balle rouge. Elle soupira : soit elle se rendait là-bas et lui hurlait dessus, en bonne patronne, soit elle restait planquée à le surveiller, en bonne espionne.
Elle choisit la seconde option, puis, voulant prendre un autre point de vue, elle se retourna et se cogna contre une surface plane et dure.
Le médecin se décala. Chase la regarda amusé, déclarant :
- Hé bien ! Il faut dormir la nuit !
Elle fronça les sourcils ayant compris dans la phrase un sous-entendu. Ou cela devait être elle !
Cuddy fit mine de continuer son chemin, mais fut alertée lorsqu'elle le vit se diriger vers le bureau de House. Elle revint à sa place, les scrutant.
House n'avait échangé qu'un seul regard avec le médecin. Celui-ci lui tendait un dossier, sans doute celui du....
Elle plissa les yeux, forçant dessus pour y voir plus clair. Elle ne rêvait pas : c'était bien les images d'une IRM du cœur. Et pas celle d'un patient.
Mais bien celle du diagnosticien.
Cuddy entreprit alors de l'accoster. Chase sortit du bureau, ne la remarquant pas, trop absorbé par ses pensées. Elle se glissa derrière, poussant avec violence la porte en verre du bureau de Gregory.
Il fronça les sourcils, posant la feuille de rapport devant lui.
- J'ai oublié quelque chose ? demanda t-il, amusé.
Elle trouva une excuse, lui lançant - feignant l'énervement :
- Consultations ! Maintenant !
Il grommela :
- Non.
- Quoi non ? Ce n'est pas une proposition.
- J'ai du travail !
Il continua de lire la feuille de rapport, réajustant ses lunettes. Cuddy masqua un sourire : il était plutôt craquant avec.
La doyenne se plaça derrière, lisant par-dessus son épaule. Il ne sembla rien cacher, mais avait posé un bras sur une partie de la feuille. Elle fut embêtée.
House se retourna vers elle, la fixant.
- Vous n'avez rien à faire ? demanda t-il de sa voix rauque.
La question semblait suggestive : un « partez » y était sans aucun doute caché.
Cuddy en fut presque blessée. Elle retint pourtant sa peine, sortant sans broncher. Pourtant, en ouvrant la porte, elle s'arrêta et mordit sa lèvre inférieur.
- Prenez soin de vous.
Ces mots-là, sortit dans un léger murmure venait de briser sa voix, et de trahir son inquiétude. House releva la tête, retirant ses verres. Il la regarda longuement, perçant à jour ce qu'elle cachait.
Elle partie sans en dire plus, le laissant sans réponse. Il avait reposé son regard sur la feuille, avant qu'elle ne parte, hésitant.
Elle ferma la porte de son bureau, se plaquant contre. Cuddy était désespérée. Elle ne savait plus quoi penser, quoi faire. Est-ce que ce rêve avait un lien avec la réalité ? Un message ? Un indice ? Elle n'en savait rien. Ce qu'elle savait, c'était que House ne lui disait rien, et qu'il était peut-être malade.
Malade... Cette pensée l'anéantissait.
Cuddy glissa jusqu'au sol, les mains sur le visage. Non, non ! Il fallait qu'elle se rassure. Elle ne devait pas être pessimiste, tout allait bien.
Tout.
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