Chapitre 2
Huit heures et trente minutes.
Le réveil du diagnosticien sonnait depuis maintenant plus d'une demi-heure, sans jamais avoir été éteint. House était pourtant réveillé, et bel et bien en retard.
Il fixait le plafond, étendu sur son lit, pensif. Peut-être que le dernier cas qu'il gérait le rendait perplexe. Ou peut-être était-ce autre chose ?
Il tourna le regard à côté de lui, ne voyant qu'une place de lit... vide. C'était ce vide qui le gênait. Vide qu'il n'avait pas vu comblé depuis Stacy, son ex.
Il soupira en repensant à cela. Elle l'avait sans doute quitté parce-qu'il l'aimait trop ? Ou pas comme elle le souhaitait.
Puis il se souvint. Elle l'avait quitté pour ce qu'il était et restera : un homme à l'ego surdimensionné, sarcastique et... infirme. Elle avait dit qu'il était différent.
Bon, il devait l'admettre, elle avait ses raisons. Mais la dernière n'était pas de sa faute.
Il soupira une nouvelle fois, puis se leva, gémissant doucement. Sa jambe le relançait, encore. Et au fil du temps, la douleur semblait ne pas se calmer.
Il attrapa difficilement la boite de comprimés posée sur sa table de chevet, et avala deux de ces analgésiques House fixa le fond de la boite, grommelant. C'était les deux derniers.
Le diagnosticien se leva et s'habilla rapidement, à peine toiletté et fouilla ses tiroirs. Plus de boites.
Heureusement que son bureau en était plein à craquer. Il enfila sa veste rapidement, attrapant ses clés.
Il était déjà dix heures, lorsque House gara sa moto devant l'hôpital, en retard comme à son habitude. Quoique cette fois-ci, au lieu d'être en retard de trois heures et demi, il ne l'était que de trois heures. Appelons cela une évolution.
Il poussa la porte de l'établissement, rentrant appuyé sur sa canne. House ne manqua pas de faire des remarques dérangeantes sur le style vestimentaire d'une des stagiaires. Il boita dans le long couloir longé par des patients – la plupart atteint de rhume –, puis vit Wilson sortir de celui menant à son bureau. Wilson semblait partir d'un pas fuyant, et légèrement... pressé ?
– Bonjour House ! lâcha t-il joyeusement, lui passant devant.
Le diagnosticien tourna légèrement la tête et regarda par-dessus son épaule, pour l'apercevoir partir. Il arqua un sourcil interrogatif. Traîné dans ce coin là, sauf pour le voir, n'était pas son genre.
Il poussa la porte en verre de son bureau, marchant d'un pas claudiquant jusqu'à son tiroir. Il fut piqué d'un détail : une des trois boites de Vicodin qu'il gardait « secrètement », avait disparu. Oui, car si Wilson pensait que House ne comptait pas minutieusement ses comprimés qu'il déclarait vitaux, il se trompait au plus haut point ! C'était d'ailleurs l'une des seules choses qu'il rangeait précieusement.
House donna un léger coup de pied dans son bureau, soufflant d'énervement.
– Traître.
Lorsqu'il voulut sortir pour dire deux mots à son cher ami, il fut bloqué par la venue de sa patronne. Il venait d'ouvrir la porte et se retrouvait avec un dossier dans les mains.
– Si vous comptez prendre du bon temps, ce n'est pas le moment. Il me faut ce dossier rempli, et avant ce soir House ! dit-elle, insistant bien sur le dernier détail, crucial.
Il la fixa un moment, se rendant compte qu'il avait frissonné, lorsqu'elle lui avait plaqué le dossier sur son torse, sans violence. Elle le regarda, arquant un sourcil, mais gardant son sourire, à moitié sérieuse.
– Eh bien ? Je vous ai surprise ?
– Non. Par contre la surprise est ce joli bout de papier.
– Ces jolies bouts de papier. Ces, House. ajouta t-elle, souriante, avant de filer en hurlant un peu plus loin. J'oubliais ! Votre équipe vous attend à quatorze heures. Pas de retard !
Il ricana doucement. À force de le côtoyer, Cuddy avait dû comprendre qu'arriver sans retard était presque chose impossible pour le médecin.
Finalement, il n'était plus assez énervé pour vouloir faire la fête à Wilson. Au contraire, il souriait. Retournant dans son bureau, il commença à remplir le dossier, avant de l'abandonner au coin de sa table, au bout d'une minute.
À midi, il sortit. Pour se venger de son ami, il décida de manger à l'extérieur, seul.
Il acheta un repas au fast-food le plus proche, puis traîna un moment dans le parc, près de l'hôpital.
House s'affala sur un banc, regardant une femme à côté qui le scrutait avec des gros yeux, comme stupéfaite de la façon dont il s'asseyait et s'incrustait. Elle se décala un peu, le fixant toujours comme s'il s'agissait d'une bête sauvage. Et peut-être était-ce le cas !
– Je ne mords pas ! À moins que vous me laissiez faire... ! lâcha t-il, un mauvais sourire en coin.
– Pervers. dit-elle en se levant et partant, ayant bien compris le sous-entendu de l'inconnu.
Il s'allongea sur le banc, profitant de la place qu'elle venait de laisser, souriant. Satisfait d'avoir eu ce qu'il voulait, il se dit qu'il aurait pu faire bien pire. Il s'amusait bien plus à l'extérieur qu'à emmerder son ami qui à force, avait l'habitude et était presque indifférent à ses remarques.
House se redressa et dégusta son repas, scrutant les gens passant dans le parc : des étudiants angoissés, des couples enlacés, des retraités calmes, un chien paumé, un sportif pressé... et une endocrinologue aux cheveux bruns.
Il fit mine de ne pas l'avoir aperçu et continua de manger. Elle s'approcha d'un pas léger et gracieux, semblant vouloir s'asseoir à côté du diagnosticien.
Cependant, il fit exprès de se coucher sur le banc et de s'étendre aussi loin que son corps lui permettait. Et faisant 1m83, il lui était très facile de prendre tout le banc.
Elle soupira puis resta debout.
– Vous ne mangez pas avec Wilson ? demanda t-elle, mi-agacée, mi-calme.
– Pas envie. bafouilla House, la bouche pleine.
– Il s'est passé quelque chose ? Vous êtes toujours collé à lui, d'habitude.
House leva les yeux vers Cuddy, postée au-dessus de sa tête. Il la fixa un moment, puis soupira en décidant de lui laisser une place. Il se redressa, puis détourna son regard, pour ne pas voir celui amusé de Cuddy qui semblait agréablement surprise.
– Vous êtes galant maintenant ? dit-elle en ricanant et s'asseyant près de lui.
– Non, j'avais besoin d'avaler, à l'horizontal ça marche pas bien.
Elle passa doucement une main sur son visage, ayant légèrement pitié du médecin.
– Bon, passons. Et pour Wilson ?
– Ce voleur s'est amusé à me retirer une boite de Vicodin, et a fuit comme si de rien n'était ! hurla t-il légèrement énervé.
Elle le regarda faire des gestes souples avec ses bras pour exprimer son mécontentement et baissa la tête comme perplexe. Pour le coup, il était vraiment énervé.
Cuddy se décala un peu, semblant vouloir anticiper la réaction de House.
– C'est moi. murmura t-elle.
Il sembla se figer, et tourna la tête vers sa patronne. Ne voulant pas être confrontée à son regard assassin, elle fixa ses mains. Pourtant, le regard du diagnosticien était tout sauf assassin. Il était calme, mais pas compréhensif.
– ... Pourquoi ? demanda t-il ne cachant peut-être pas assez sa légère colère.
– Vous allez vous tuer si vous continuez. J'ai demandé à Wilson de m'aider. Et comme c'est votre ami, il s'est dit obligé de le faire. dit-elle d'une voix tremblante, s'attendant à être étripée vive.
C'était fou, la façon dont il l'effrayait. Elle aurait pourtant très bien le dessus, étant donné l'état de House. Quoique même infirme, il pouvait se montrer aussi endurant qu'un homme de vingt années. Elle ferma les yeux, l'ayant senti bouger.
House attrapa sa canne et se leva simplement, silencieusement. Il aurait sans doute souhaité la remercier, mais être forcé n'était pas une chose qu'il appréciait.
Elle rouvrit les yeux, entendant sa canne taper sur le sol.
– Où allez vous ?...
– Dans le bureau de Wilson.
– Il n'a rien fait ! lui hurla t-elle, inquiète pour l'oncologue.
Il s'arrêta puis regarda par dessus son épaule.
– Ça, je l'ai bien compris. rétorqua t-il, semblant étrangement calme.
Elle le fixa, étonnée. Allait-il s'excuser ? Non, ce n'était pas le genre de House.
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– Toi, Gregory House, tu t'excuses ?!
Wilson se mit à rire, se moquant ouvertement de son ami. Heureusement qu'ils étaient dans son bureau, ça aurait ruiné la réputation du diagnosticien.
House tapa sa canne sur le sol, comme pour interdire à son ami de se moquer de lui.
– Bon ça va ! grogna t-il.
– Cuddy t'a forcé ? demanda t-il, les larmes aux yeux, à force de rire.
– Non, pourquoi ?
– Comme ça.
Wilson souffla pour calmer ses rires, puis sourit à House. Celui-ci se leva, sortant du bureau de l'oncologue, l'ego vexé. Ça l'apprendra à s'excuser ! Une chose était certaine, le diagnosticien ne le referait pas. En marchant jusqu'à son bureau, House pensa.
Le question de Wilson était tout de même étrange. Et puis, comment savait-il pour Cuddy ? Ah, il devait l'oublier : ILS SE PARLENT. C'était vrai que la communication était quelque chose de très abstrait pour lui. Tout comme les relations.
Il poussa la porte de son bureau, puis s'approcha du tableau blanc. Le plus étrange n'était pas la question de Wilson, mais ce qui avait poussé House à s'excuser. Chose qu'il n'aurait jamais fait en temps normal.
Il attrapa un marqueur, et commença à écrire :
Frisson au toucher
Gêne aux regards
(Attirance sexuelle)
Accélération du pouls et de la respiration en sa présence
Compassion (?)
Perte de contrôle
Il posa le marqueur, et tira son siège pour s'asseoir en face du tableau. Il lit et relit les symptômes, sans jamais trouver le diagnostic final.
Lorsqu'on ouvrit la porte sans toquer, House donna un vif coup de pied dans le tableau, le retournant rapidement. L'angoisse étant montée en un rien de temps.
– House, je voulais savoir si vous... Votre tableau est tombé.
– Je sais, vous avez fait du vent en ouvrant la porte ! lâcha t-il, d'une manière sarcastique, n'ayant pas remarqué qu'il avait tapé trop fort.
– Vous avez rempli ce dossier ? demanda Cuddy, devinant la réponse.
– Pas encore ! lança t-il en riant.
– Je l'aurais dans une semaine, encore. Ce soir, sans faute ! Ou je vous colle dix heures de consultations en plus ! hurla t-elle, sérieusement.
House ne broncha pas et se leva, relevant le tableau, mais dans l'autre sens de sorte à ce qu'elle ne lise rien. Il attrapa sa canne, et boita jusqu'à elle. Cuddy put voir dans son regard qu'il était songeur.
– Pourquoi voulez vous m'aider ? Je suis en vie à l'heure actuelle, et ce, depuis des lustres ! J'attends de mourir, même si je sais que mourir dignement est impossible. Laissez moi m'occuper de mon propre cas. dit-il, semblant sérieux, malgré ses remarques ironiques.
– Parce-que vous êtes mon employé ! lâcha t-elle, ironiquement.
– Ce n'est pas une raison. Les patrons virent leurs employés sans compassion ! Ils ne les maintiennent pas en vie ! D'autant plus que j'attends toujours mon renvoi ! Mais vous ne me donnez que des consultations pour me punir ! continua t-il, semblant la rendre pensive.
Elle ouvrit la porte derrière elle, fuyante à la première question.
– Vous avez une réunion House, n'arrivez pas en retard. Ah, et si vous pensez que je compte vous les retirer, ces heures, c'est raté ! déclara t-elle, avant de partir.
Elle le connaissait parfaitement. House était prêt à user de ses stratégies farfelues pour la manipuler et arriver à ses fins. Il l'avait toujours fait. Hors cette fois-ci, il avait sans doute fait cela pour ses heures de consultations, mais aussi pour son ego. Il avait été à moitié sincère.
Il arriva en réunion avec deux minutes de retard, et s'assit sur une chaise en face de Foreman. Tous semblait réfléchir à une solution.
– L'IRM n'a rien révélé. Le patient est claustrophobe, et il est sorti plus vite que prévu, ce qui a grandement été embarrassant. dit Chase, en fixant House.
– Vous auriez dû l'assommer avant alors ! lâcha House, content de lui.
– House, le cas est sérieux ! grogna Foreman.
– Je sais qu'il est sérieux, pour ça que je ne le suis pas. rétorqua le diagnosticien, simplement.
House réfléchissait, et fixa soudainement Wilson. Il le pointa du doigt.
– T'as mangé quoi ce midi ?
– Euh... Comme dans nos habitudes, pourquoi cette question là, maintenant ?
– Le patient a eu le même repas ?
– Normalement oui.
Il se tourna vers Foreman qui ne comprenait pas la réaction de House.
– Vous ne m'aviez pas dit qu'il avait du diabète ?
– Et mer... se coupa Foreman en se levant.
Il sortit vivement, allant prévenir les infirmières qu'elles n'avaient pas lu la fiche.
– Une sorte de dystrophie musculaire ? proposa Cameron.
– Non, une myopathie... ? rétorqua Chase.
Le regard du diagnosticien s'illumina.
– Vous avez tous les deux raison.
– Pardon ? répondirent-ils à l'unisson.
House se leva et attrapa sa canne en s'appuyant dessus. Il prit un gros dictionnaire et le lança sur la table, l'ouvrant sur une page.
- Il s'agit d'une dystrophie myotonique. Elle est souvent associée à un diabète, et apparaît rarement à l'âge de vingt ans, mais ça arrive. Problème résolu ! Bonne nuit !
Le diagnosticien ouvrit la porte de la salle de réunion, laissant les deux médecins stupéfaits.
Ce n'était pas le patient qui le pressait, mais bien l'heure. Il était déjà dix-sept heures !
Et il n'avait pas rempli ce foutu dossier.
S'activant, il prit le dossier et sa veste en cuir, partant discrètement de l'hôpital. Il attrapa les clés de sa moto, puis se rendit non pas chez lui, mais chez Cuddy. Elle était rentrée un peu plus tôt, et House était resté une heure de plus, histoire de ne pas fuir trop vite.
Devant sa porte, il grimpa avec difficulté les marches et toqua. Elle avait sans doute reconnu le son du moteur de la moto du diagnosticien qui ne passait pas inaperçu.
La porte s'ouvrit sur sa patronne, vêtue d'une simple robe de chambre.
– Qu'est-ce que vous faites ici à une heure pareille ? demanda t-elle, légèrement gênée à cause de son regard.
– Le dossier ! Je le rends à l'heure prévue. dit-il, simplement, grand sourire.
– Si vous étiez en retard, je n'aurais pas hurlé. Je commence à être habituée...
Gregory House ne l'aurait pas avoué, mais vêtue de cette simple robe de chambre, il la trouvait séduisante. Il tendit le dossier, et s'apprêtait à s'en aller lorsqu'elle l'arrêta.
– Vous ne voulez pas un café ? Je vais paraître hostile sinon.
Il haussa les épaules, puis continua sa marche en déclarant simplement :
– Pas de caféine, je ne vais pas fermer l'œil de la nuit.
– Pourquoi, vous dormez ? lança t-elle, ironique.
– Parfois, oui !
Il ralluma son engin, et rentra chez lui.
Il jura sur le chemin. Cela aurait été une occasion, et il venait encore une fois, de la gâcher.
Une autre fois, peut-être...
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