Chapitre 1
Dix heures et demi. Gregory House, allias Greg ou simplement House pour ses collègues, se décida enfin à ouvrir la porte de son appartement pour se rendre à l'hôpital. Quoique, se décider était un bien grand mot. Céder plutôt ! Harcelé de message depuis plus d'un quart d'heure, sa patronne n'avait pas lâché prise. Elle s'était battue, à tel point que lui, lui le lourd et le buté de service avait enfin bougé son fessier ! Il fallut que le biper du diagnosticien sonne plus d'une vingtaine de fois pour qu'il agrippe sa canne et se lève.
Arrivé dans l'enceinte de l'hôpital, il se dirigeait d'un pas claudiquant vers son bureau. Une silhouette, nommée Lisa Cuddy, venait pourtant d'interrompre sa promenade. Assez grande, aux cheveux de jais et au regard perçant. Elle portait, comme la plupart du temps, un léger décolleté et un tailleur rouge vif, assorti à ses talons. ²Quoi de mieux pour passer inaperçu, pensa House, ironique.
Elle le fusilla d'un regard agacé, montant sur ses grands chevaux, rien qu'à la vue de son employé.
– En retard. Vous avez une réunion qui vous attend, et vos collègues patientent depuis plus d'une heure ! lui hurla t-elle, espérant le faire réagir.
– Et alors ? Je suis là maintenant, non ? rétorqua t-il sarcastiquement, passant en claudiquant devant sa patronne sans lui prêter plus d'attention.
Il changea donc de direction, poussant la porte en verre de la salle de réunion. Là, s'y trouvait assit, les bas croisés, son équipe au complet.
– House, la prochaine fois que vous nous faites attendre, je prendrais congé ! J'ai été obligé de gérer le début de ton cas à ta place ! hurla Wilson.
– Tu m'en diras des nouvelles, il se tourna vers le reste de sa table, restant debout, appuyé sur sa canne. Les symptômes ?
Lorsque Foreman s'apprêtait à déballer les symptômes et sa conclusion erronée, suivit de près par Chase et Wilson qui n'étaient quasiment jamais d'avis, on poussa la porte de la salle. Devant le seuil de celle-ci se tenait Cuddy, souriante. Elle fixa House, se plaçant au fond de la salle, semblant écouter. Toute l'équipe se tourna vers elle, interrogatifs. House arqua un sourcil, surpris de sa présence. Surprise qui lui était pourtant douce.
– Quel vent vous amène ? Les râles de Wilson ? Pardonnez-le, il est un peu grincheux. lâcha House, souriant bêtement à Wilson qui lui grognait, en guise de réponse.
– Non. Je viens voir comment se passe cette réunion.
– Pourquoi donc ? demanda Cameron.
– Pour m'assurer que mes employés travaillent correctement ! déclara t-elle comme si c'était évident.
Foreman racla sa gorge, comme satisfait qu'elle vienne s'assurer qu'un boiteux en particulier travaille ! Les mots Travail et House étaient bien entendus antinomiques.
Le diagnosticien resta un moment silencieux. La présence de Cuddy le ravisait et le terrifiait à la fois. Elle le déstabilisait. Énormément. Sans qu'il ne sache pourquoi. Parce-que c'était son supérieure hiérarchique! gueula t-il, mentalement. Ou pas ; il se foutait royalement des règles de la société, et surtout celles qui lui imposaient d'être dit « inférieur » à un autre.
Il tourna le regard vers le Wilson boudeur, certes moins sexy mais moins dérangeant.
Il attrapa à la volée un stylo, s'approchant du tableau.
– Eh bien Foreman ! Hop hop hop ! Les symptômes !
– Ahem, oui ! Le patient est âgé d'une vingtaine d'années. Difficulté pour tenir un objet longuement, encore moins quand il est lourd, diabète et difficulté pour se relever ou monter des marches. Une myopathie facio-scapulo-humérale ?
– Non... Faites une IRM pour vérifier mon hypothèse. lâcha t-il, d'une manière évidente.
– Mais vous n'avez même pas formulé votre hypo... commença Chase avant d'être violemment coupé.
– Chuuut. Vous n'entendez pas ? C'est le doux son du... Levez vos fessiers de ces chaises et écoutez votre boss adoré ! cria House, ironique en leur faisant signe de filer.
Cuddy masqua un léger rire, voyant l'équipe passer la porte de la salle en râlant ou ricanant. Elle tourna le regard vers House qui la fixait de son regard bleu océan. Elle pencha légèrement la tête comme pour observer ses yeux dans toutes les perspectives.
Lisa Cuddy n'avouerait jamais qu'elle adorait ces yeux, oh non ! House était un vrai trou du c' quand il le voulait, et elle craignait qu'il se serve de cela pour rendre ses conneries encore plus insupportables et moqueuses.
Elle s'approcha de la sortie sans un mot, n'ayant rien à reprocher à son employé, sauf peut-être sa méthode de communication qui donnait envie de le baffer à chaque instant.
– Vous n'êtes pas venu pour me voir moi ! Me voilà vexé ! Je m'attendais à avoir au moins un bonus de fin de mois ! souffla t-il avec une mine exagérément boudeuse.
– Peut-être qu'en vous montrant sérieux, cela pourrait arriver ! Mais même niveau tenue vous vous négligez ! dit-elle en le regardant de haut en bas.
Il était venu habillé d'un simple T-Shirt blanc, d'un jeans et d'une paire de basket à moitié usée. Le modèle du parfait fainéant ! De plus, il n'était pas bien rasé, mais cela ne sembla pas gêner la doyenne.
Il s'approcha d'elle en grimaçant légèrement. Sa jambe le relançait encore. Elle se rendit compte un peu tard qu'elle avait reculé, ce qui ne l'avait pas vraiment aidé.
– Petite voleuse, vous savez pourtant que j'en ai besoin. fit-il, en attrapant la boite de comprimés de la main de Cuddy.
Il en avala quelques uns, ne l'ayant pas lâché du regard. Elle n'avait pas bronché, sachant pertinemment qu'il la forcerait de toute manière à lui donner la boite. Têtu comme il l'était.
– Vous devez ralentir la cadence, House. Vous allez finir en overdose.
– Ou tout simplement au sol, en train d'hurler ma douleur, laquelle de ces possibilités est la meilleure Doc ? demanda t-il, alors qu'il savait très bien ce qu'en pensait Cuddy.
Aucune. Elle ne lui souhaitait aucune de ces possibilités.
Elle tourna le regard puis ouvrit la porte, sortant sans rétorquer : le combat serait long, et personne n'y gagnerait quoique ce soit.
Elle hurla un peu plus loin :
– Vos consultations House !
– Courrez toujours ! cria t-il en allant à son bureau tout en sifflotant.
Il était presque vingt-heures, lorsque House sentit qu'il serait grand temps de rentrer. Ayant passé son après-midi à jouer avec une balle dans son bureau et d'avoir reçu la visite d'une Cameron et d'un Chase exaspérés de ne pas le voir bouger d'un pouce, il n'était pas fatigué ! Et pour cause : il n'avait vraiment rien fait de sa journée.
Ah ! il avait fait quelque chose. Examiner une vieille femme, habituée de le consulter pour lui lancer d'une manière désespérée : Vous avez un rhume, c'est très grave !
Cependant, son cerveau ne s'était pas que reposé. Il avait aidé à créer les tourments du diagnosticien, qui n'avait pas arrêté de penser à elle. Oui, elle, sa patronne.
House posa son menton sur sa canne, réfléchissant : il n'était pas malade, si on mettait de côté le tissu mort qui lui servait de jambe. Mais il avait relevé une hausse de son pouls et une accélération de sa respiration lorsqu'il la voyait.
Malheureusement, cette maladie n'était pas dans son répertoire.
Le midi, en mangeant avec Wilson, il lui avait fait part de ses songes sans lui préciser la personne qui causait ces symptômes chez lui. Wilson, d'une façon évidente avait déclaré : « Mais c'est facile Greg ! C'est l'Amour ! »
House s'était plié en deux. L'Amour était quelque chose d'abstrait pour lui. Cela ne lui expliquait rien. Ça l'embrouillait même plus qu'autre chose !
Il s'affala sur son siège, pensif. Et pour elle, était-ce le cas ? Avait-elle les mêmes symptômes ?
Il avait remarqué chez elle un comportement différent de celui de Cameron ou de Wilson. Quoique Wilson pouvait être exclu.
Le cours de ses pensées fut brisé lorsque la porte de son bureau s'ouvrit sans avoir été frappée avant. Cuddy faisait le tour des locaux, pour vérifier si ceux de garde de nuit étaient restés. Elle fut surprise en remarquant House encore dans son bureau à une heure pareille. D'habitude, il s'arrangeait pour partir plus tôt.
– House, qu'est-ce que vous faites ici ? Rentrez chez vous.
Il se leva en soupirant, s'agrippant à sa canne. Il attrapa sa veste en cuir noir et y glissa la boite de comprimés. House boita jusqu'à elle sans un mot.
– Eh bien, vous n'êtes pas pressé aujourd'hui ! Elle secoua son dossier en le mettant en évidence. Vous voulez vous occuper de ça ? lança t-elle en souriant.
– Travailler, moi ? Pfff. ricana t-il.
Oui, elle n'avait pas relevé ça : « House n'avait rien de l'employé qu'on rêvait d'avoir en tant que patron. Mais il était crucial. »
Ils marchèrent jusqu'à la sortie, silencieux. Elle s'arrêta pour chercher les clés de sa Lexus dans son sac à main, puis leva les yeux vers House qui l'observait.
– Qu'est-ce que vous regardez ?
– Le moucheron qui traînait sur votre visage ! ironisa t-il.
Elle sourit doucement, puis tourna le regard. Pas lui. Son regard s'était même intensifié.
Derrière ses allures de femme autoritaire et stricte se cachait une femme calme et affreusement douce. Il y en avait, dans ce bout de femme !
Après un long silence, House osa :
– Vous me ramenez ?
– C'est si gentiment demandé que j'aurais du mal à vous le refuser ! lâcha t-elle ironique.
Elle ouvrit la porte de Lexus, se mettant côté conducteur. Il s'assit à côté, allumant la radio. Erreur de sa part. La station passait – encore ! – des chants de Noël en boucle. Il frissonna de mécontentement. D'autant plus qu'il dût supporter ces musiques pendant plus de dix minutes car Cuddy n'avait pas changé de station, chantant gaiement.
Lorsqu'elle se gara devant son appartement, il sortit vivement, s'appuyant sur sa canne.
Vive le silence ! pensa t-il.
Il ferma la porte puis toqua à la vitre, ayant pivoté sur son pied gauche. Elle l'abaissa, s'attendant à recevoir une vanne vaseuse sur sa voix ou sa façon de conduire.
– Merci Cuddles ! lança t-il joyeusement en rentrant chez lui d'un pas claudiquant.
Elle rit, étonnée. Il était poli, ou presque. Si il n'avait pas rajouté ce surnom idiot, il l'aurait – pour une fois – été !
Il alluma la télé, zappant les chaînes de dessins-animés puis se dit qu'il était temps d'aller se coucher.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro