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58. Aussi frais que possible

Julia, dont la respiration feutrée au travers de la muselière est devenue chaotique, se met soudain à avoir de violents haut-le-cœur qui, dans son harnachement, passent auprès de sa geôlière pour une nouvelle tentative de s'en extraire. Mais toujours fermement moulée à son corps, la structure du fauteuil qui l'empêche de faire le moindre mouvement ne bouge pas. Pas même une simple vibration. Rien. Rien de rien. Le néant.

Saisissant le couteau et la fourchette encadrant l'immonde repas, la responsable vient sans la moindre hésitation en découper un bout et lance à Julia :

— Vous pensez certainement que cela est cruel et vous avez raison. Mais dites-vous bien une chose : avant que l'humanité ne commence à se nourrir de ses semblables, cela n'avait rien de différent avec les pratiques qui étaient faites sur les animaux d'élevage. Si vous aussi vous aviez vécu à cette époque et même si la saveur change selon le mode de cuisson et l'assaisonnement, vous auriez comparé son goût à celui du veau de lait.

Levant vers son visage d'une pâleur sordide le morceau de viande rosé qu'elle vient de découper et l'observant de ses yeux écarlates percés de noir, la responsable ajoute inutilement pour parfaire l'éducation culinaire de sa prisonnière :

— Certains l'aiment bouilli, mais moi, je le préfère cru. Aussi frais que possible.

Mettant en bouche le bout de fœtus, après une mastication et une déglutition exagérément longue, dans un rictus de bonheur dont elle semble forcer le trait, la blonde philosophe :

— Comprenez bien que lorsqu'on le connaît vraiment et, croyez-moi, je l'ai vu à l'œuvre durant plus d'un siècle, l'Homme n'est en définitive qu'un loup pour l'Homme. En devenant cannibale, il n'a fait qu'épouser ses véritables aspirations.

Mettant en suspens l'absurdité de ce tableau cauchemardesque, résonnent soudain dans la pièce des coups puis une voix masculine étouffée au travers de l'épaisseur de la double porte restée scellée :

— Madame, veuillez ouvrir. Madame, est-ce que vous m'entendez ? Si vous m'entendez, ouvrez immédiatement. Si vous le faites de votre plein gré, je suis certain que cela jouera en votre faveur.

À peine surprise par cette interruption qui lui décroche tout juste un haussement de sourcil, la blonde aux cheveux tirés en queue de cheval repose sur la table les couverts qu'elle tenait en main.

— Et bien, ils n'ont pas traîné, ironise-t-elle en prenant à témoin Julia qui, dans le fauteuil, a toujours les yeux clos et ne bouge pas.

Puis dans un sarcasme, la responsable ajoute :

— Je vais devoir accélérer le tempo, on dirait bien.

Saisissant la coupe remplie de liquide blanc se trouvant à côté de l'assiette où trône le fœtus humain, la blonde en porte le bord à ses lèvres et, lors d'une gorgée prolongée qui la force à se cambrer en arrière, elle en vide le contenu.

À la suite de ce cul sec, le répugnant personnage de geôlière clôture sa performance par un rot puis elle jette par-dessus son épaule le réceptacle cristallin. Virevoltant dans les airs, ce dernier rebondit sur la large table avant de venir éclater en mille morceaux une fois entré en contact avec le sol marbré de la pièce.

Cette scène indécente et vulgaire digne d'une beuverie de bar n'a toujours pas fait réagir Julia. Maintenant, dans un état second dû à l'absorption du liquide blanc, l'ignoble responsable aux agissements autrefois si distingués, vient directement de ses mains saisir par ses extrémités la frêle enveloppe du fœtus. S'en régalant comme elle le ferait avec un pilon de poulet, picorant la chair et mastiquant de façon exagérée pour que sa prisonnière entende, elle lui lance :

— Au fait, à votre avis, avec quoi était faite la bouillie blanche qui, dans votre cellule, vous était servie en guise de repas ? Avec la seule partie du corps humain que personne ne mange.

Marquant une pause pour appuyer de façon comique la suite à venir, la blonde donne le terrible dénouement :

— Les os bien évidemment.

Ces révélations faites, Julia ne peut s'empêcher de lâcher un sanglot et des larmes qui se sont nichées au creux de son regard se mettent à dégringoler le long de ses joues avant de venir exploser sur le sol dans un silence assourdissant.

Le corps du fœtus promptement débarrassé de toute viande et après qu'elle s'en soit léché les doigts, l'immonde responsable qui, par cet acte, a révélé ses plus bas instincts, rejette dans l'assiette le petit squelette à peine formé. Marquant l'instant de la pire des manières, dans le plat, la carcasse du fœtus se tasse sur elle-même à la manière d'un chapelet religieux.

À l'autre bout de la pièce, au travers de la porte fermée, la voix masculine accompagnée de cognements étouffés se fait à nouveau entendre :

— Madame, ouvrez ! Ceci est ma dernière sommation ! Soyez raisonnable et ouvrez ou je serai obligé d'utiliser la force.

Ce à quoi la blonde répond tout en se tournant vers l'unique moyen d'accès lourdement scellé :

— Allez-y, je m'en moque !

Puis, dévisageant Julia pour en faire sa confidente, elle lui lance d'une voix enivrée d'alcool :

— Ils n'y arriveront pas. Et oui, je dispose de la seule commande qui permet de déverrouiller ces portes et elles sont très, très solides. Ça, vous pouvez me croire.

Assourdi, un son comparable au roulement que ferait une perceuse attaquant une surface beaucoup trop dure, se fait soudain entendre. Sans s'inquiéter le moins du monde du tintamarre qui vient d'envahir la pièce, la responsable manipule l'écran tactile de sa montre et, immédiatement après qu'elle ait appuyé dessus, une musique commence à se diffuser par des haut-parleurs.

Alors que les premiers accords de guitare acoustique du morceau « Stuck In The Middle With You  des Stealers Wheel accompagnent la scène, la blonde quitte sa position assise. Se rapprochant de l'autre extrémité de la table -là où elle avait pris son « premier » repas, elle saisit une bouteille déjà ouverte et remplie du même liquide blanc qui se trouvait dans les verres à pied.

— J'adore ce morceau, lance-t-elle à l'attention de Julia tout en rebroussant chemin pour la rejoindre. La première fois que je l'ai entendu, c'était dans « Reservoir Dogs » de Quentin Tarantino. Ce film est un véritable chef-d'oeuvre. Sa bande originale est tout simplement fabuleuse.

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Merci beaucoup d'avoir lu ce cinquante-huitième chapitre. J'espère que vous l'avez aimé autant que les précédents. N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé et à cliquer sur la petite étoile pour voter :) La suite ce dimanche. Bises à toutes et tous.

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