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55. Parce que le mal était déjà fait

Voyant que sa prisonnière ne lui prête plus aucune attention, que même la teinte de ses yeux couleur émeraude qui fixent le vague semble comme s'être ternie pour marquer encore davantage son absence, l'implacable responsable de la qualité des viandes met fin à la présentation holographique d'une pression sur sa « télécommande ».

S'avançant vers Julia pour lui faire face, la blonde lui concède tout en la dévisageant de son air parfaitement stérile d'émotion :

— Bien sûr, tout cela n'est encore qu'à l'étape du prototype et, évidemment, ça ne vous concerne pas. C'est une projection pour les cinq à dix ans à venir. Ce qui m'amène à reparler de vous. Aucun de nos produits, et cela depuis toujours, n'était parvenu à aller aussi loin que vous sans se faire prendre ou mourir. Votre... « performance », si je puis dire, est d'autant plus incroyable que vous semblez avoir acquis des capacités physiques et intellectuelles pour survivre à votre traversée alors que rien, absolument rien, ne vous y disposait. Je ne m'explique pas non plus comment et quand votre marqueur d'identification a pu être modifié pour vous permettre d'ouvrir des accès qui de toute façon vous étaient interdits, mais peu importe. Pour agir et faire du mieux possible mon travail, je dois maintenant savoir. Je dois connaître, et cela dans le moindre détail, comment vous vous êtes échappée pour éviter que cela ne se reproduise.

Devenue la bête curieuse d'une mascarade qui n'a que trop duré, Julia ne réagit même pas quand, s'avançant vers elle, la responsable désengage la muselière qui la condamnait au silence. Le calme de ce moment est soudain interrompu - sur le coin de la table, la paire de lunettes que la blonde avait posée émet, en plus d'une légère clarté clignotante, un son consécutif à sa vibration faite sur la surface laquée du meuble noir.

— Je leur avais pourtant demandé de ne surtout pas me déranger, s'agace à haute voix la responsable après avoir lâché un soupir. Ils laisseront un message, finit-elle par dire en prenant à témoin Julia alors que le cycle de sonnerie de l'accessoire de communication s'achève.

— Bien, revenons à nos moutons maintenant. Est-ce que vous êtes prête à coopérer ? demande la geôlière à sa prisonnière.

Chimiquement rendue docile, Julia acquiesce d'un simple hochement de tête. Néanmoins, toujours habitée par un inaliénable esprit de lutte, d'une voix désincarnée et d'un ton sec, elle dit :

— Pourquoi vous n'avez pas cloné les espèces animales ? Il devait aussi y avoir des stocks de spermes et d'ovules non contaminés par votre « super-gène ».

— Bien sûr que nous l'avons fait, mais les ventes étaient catastrophiques.

— Pourquoi ? demande alors Julia.

— Parce que le mal était déjà fait. Quand les gens ont commencé à se nourrir de leurs semblables et, même s'ils en mouraient, ils avaient eu le temps de dire à leurs proches que la viande humaine était la meilleure qu'ils n'eurent jamais mangée. Ce qui n'était au départ qu'une rumeur s'est petit à petit répandu comme un virus et tout le monde voulait y goûter. Absolument tout le monde. Que voulez-vous ? De tout temps, la loi de l'offre et de la demande a toujours été la plus forte, finit par philosopher la responsable dans un sarcasme.

— Ceux qui achètent vos produits, renchérit Julia, ils savent ce que vous nous faites subir ? Sont-ils au courant de nos conditions d'élevage et ce que vous avez l'intention de nous faire dans le futur ?

— Bien sûr qu'ils sont au courant, répond du tac au tac la blonde. On ne crée pas des installations comme la nôtre sans que cela se sache. Mais dites-vous bien une chose : quand nos clients font leurs achats dans nos boutiques ou qu'ils viennent dans nos restaurants, ils ne veulent pas savoir comment vous avez été élevés ou comment sont fabriqués nos produits. Ils laissent faire parce que le monde entier, et cela depuis bien longtemps, a décidé de regarder ailleurs. Du moins, concède la responsable, tant que la qualité est là. Je suis même certaine que si on le leur demandait, les vingt milliards d'êtres humains qui vivent sur Terre préféreraient endurer eux-mêmes vos conditions de vie plutôt que d'assister sans rien faire à l'extinction de leur espèce. Rendez-vous compte : pour eux, votre mort est devenue un acte citoyen. C'est au-delà de tout ce que notre filière pouvait espérer.

Littéralement mystifiée par ces derniers mots, Julia fond en larmes. Sans perdre patience, du moins, c'est ce que son masque d'indifférence laisse à penser, la responsable de la qualité des viandes se met à caresser d'une main la chevelure flamboyante de sa prisonnière comme une mère le ferait au chevet de son enfant malade.

Voyant bien que Julia a totalement perdu pied, que sa bouche à présent fermée s'est tarie de toute question, à la manière d'un enquêteur de police interrogeant un suspect, la blonde se lance avec l'adolescente dans un simple jeu de questions-réponses. Pour créer une intimité, même si elle n'est que de façade, « l'inspectrice » passe alors du vouvoiement à un tutoiement de rigueur et demande :

— Tu t'es échappé de ton caisson d'accouchement. La caméra de surveillance qui se trouvait à l'intérieur montre que l'une de tes attaches était moins bien fixée, ce qui n'arrive jamais. Quelqu'un l'a donc desserrée pour toi. Étais-tu au courant ?

— Non. Je l'ai découvert à mon réveil.

— La vidéo du drone de sécurité qui était lancé après toi montre que tu es parvenue à le détruire en tirant précisément dans son canon. C'est une performance qui n'est pas à la portée de tout le monde, même pas de nos meilleurs soldats. Idem avec le bras-robot que tu as combattu juste avant. Qui t'as appris à tirer ? Qui t'as appris à te battre ?

— Personne. C'est venu tout seul. Petit à petit.

Avant de poursuivre son interrogatoire, la responsable marque un temps de réflexion. Sans avoir besoin de le formuler par des mots, cette réponse de Julia l'a rendue perplexe, et cela malgré le fait que par son état psychique altéré par le sérum, l'adolescente ne peut a priori plus lui mentir.

— Bien. Continuons. Maintenant, dis-moi. Après t'être échappée de ton caisson, nous avons perdu ta trace : c'est impossible, car nous avons des caméras partout sauf dans les systèmes de ventilation. Des investigations sont en cours pour connaître l'origine de ce « dysfonctionnement », mais comment es-tu arrivée jusque dans l'un de nos centres commerciaux ? Quel a été ton parcours ?

— Après m'être enfui de mon caisson, je me suis cachée dans un autre. Là, Léa... Enfin, celle que j'ai prise pour mon amie Léa a accouché, puis le sol s'est ouvert sous nos pieds et...

— C'est bon. Merci. Tu peux t'arrêter là. Je crois avoir deviné la suite, la coupe la responsable avant d'enchaîner avec une nouvelle question.

— Pour traverser le système de ventilation, il fallait stopper les hélices. Nous avons bien eu le signalement d'un incident, mais rien de suffisant pour dépêcher une équipe sur place. Comment as-tu fait pour stopper les hélices ?

— L'un des nôtres, Enzo, lui aussi avait réussi à s'échapper, mais depuis plus longtemps que moi. C'est grâce à lui que nous avons pu stopper les hélices et les traverser.

— Soit plus précise, s'il te plaît, semble à présent gronder la responsable alors que son ton est toujours aussi monocorde. Quand tu dis que c'était grâce à cet Enzo, que veux-tu dire ?

Cette dernière question a plongé Julia dans une profonde dépression qui la rendue mutique. Attendant suffisamment de temps, mais n'obtenant pas de réponse, la blonde devient soudain plus amicale, plus maternelle même et alors qu'elle caresse toujours la tête de sa prisonnière, elle lui dit :

— Julia, ma chérie, c'est important pour moi de savoir comment Enzo a pu faire stopper les hélices. Une équipe a été envoyée sur place pour investiguer donc je l'apprendrai tôt ou tard, mais j'aimerais tout autant l'entendre de ta bouche. Est-ce que tu comprends pourquoi ?

Julia acquiesce, mais elle ne formule pas pour autant de réponse. Las, mais n'en montrant pas l'exubérance qui devrait aller avec, lentement et d'un pas feutré, la responsable de la qualité des viandes se déplace dans le dos de l'adolescente. Désengageant le frein qui immobilisait jusqu'ici les roues du fauteuil, elle se met à le pousser et, dans un silence devenu inquiétant, elle rapproche Julia de l'imposante table rectangulaire qui trône au centre de la pièce.

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Merci beaucoup d'avoir lu ce cinquante-cinquième chapitre. J'espère que vous l'avez aimé autant que les précédents. N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé et à cliquer sur la petite étoile pour voter :) La suite ce mercredi. Bises à toutes et tous.

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