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47. Les yeux de la « morte »

Dans un lourd silence accompagné à un niveau très bas d'une musique classique de grand compositeur qui se diffuse par des haut-parleurs, suspendue dans une pesanteur à la limite du songe éveillé, Julia arpente toujours les allées du magasin qui ne présentent que des produits faits à partir de clones humains. Aussi curieux que cela puisse paraître, elle n'a pas encore attiré à elle la moindre attention, pas même un simple regard dissimulé derrière ces paires de lunettes sombres que chaque client porte ici.

Après tout, se laisse à penser l'adolescente, peut-être que les citoyens de ce « monde » n'avaient jamais vu de près l'un de ceux dont ils se nourrissent ? Peut-être n'étaient-ils pas au courant de leurs conditions d'élevage ? Encore moins qu'ils pouvaient avoir des sentiments ?

À la fin de plusieurs minutes d'un circuit improvisé au travers de ce labyrinthe d'étals, Julia stoppe sa progression au niveau d'un rayon qui a plus encore attiré son attention. Longue de plusieurs mètres, l'installation est une armoire réfrigérée qui, en plus de laisser voir ce qu'elle contient grâce à des portes vitrées, semble ne pas vouloir prendre fin. Tétanisée par ce qu'elle vient d'y découvrir, ce n'est qu'après une longue hésitation que l'adolescente tend une main fébrile.

En attrapant pour la tirer à elle la poignée qui lui fait face, Julia ouvre le grand réfrigérateur et, immédiatement après, un vent glacial la traverse, mais elle ne réagit pas, pas même un frisson. Ses yeux grands ouverts fixent l'un des produits et, en le prenant, elle le rapproche de son visage pour mieux en saisir toute l'absurdité.

Julia observe à présent le masque de sa propre mort : sous le fin film de protection plastique de la barquette fraîcheur que la fugitive tient, tel un miroir sordide n'ayant de cesse de la mystifier, se trouve ce qui se révèle être une tête qui aurait pu être la sienne.

Incapable de décrocher ses yeux de la monstruosité, Julia s'est raidie surplace - le visage au teint livide dont les paupières sont closes lui donne la fausse impression que la décapitée a succombé en s'endormant paisiblement alors qu'elle avait été méticuleusement vidée de ses entrailles et découpée en divers morceaux de choix.

Soudain, les yeux de la « morte » s'ouvrent pour dévoiler des globes oculaires peints en rouge où les iris et la pupille ont fusionné pour ne former qu'une masse sombre. Atteinte par cette vision d'horreur, Julia lâche comme s'il était devenu brûlant l'emballage contenant la tête. Mais, baissant le regard dans une appréhension qui lui arrache une grimace d'angoisse, elle constate que, dans la barquette fraîcheur, les yeux de son clone décapité ne se sont, bien évidemment, pas ouverts et que son visage est toujours figé dans une parfaite expression post-mortem.

Relevant le menton pour observer plus en détail le vaste rayonnage qui se trouve devant elle, Julia découvre alors, triée comme de vulgaires denrées, d'autres têtes coupées : celles de ses anciens partenaires de cellule, mais aussi d'autres qu'elle reconnaît sans jamais avoir connu le prénom de leur propriétaire.

À cet instant précis, alors que l'écœurant tableau funéraire la rendue nauséeuse, l'adolescente ressent au niveau de son abdomen une douleur si vive, qu'elle la fait se plier en deux. Venant d'une main maintenir son bas-ventre et de l'autre attraper le guidon du caddie pour ne pas s'effondrer, Julia étouffe un hurlement dans un rictus qui froisse son visage. Se mettant à inspirer puis expirer rapidement comme le ferait une femme en train d'accoucher, le mal lié au coup invisible finit par s'estomper pour ne devenir qu'une simple gêne.

Maintenant préoccupée par ce qu'elle sait être une contraction identique à celle déjà ressentie lorsqu'elle se trouvait dans la salle des nouveau-nés, Julia ne remarque pas tout de suite qu'une silhouette, celle d'un homme en habits sombres, a fait son apparition juste à son côté.

Retrouvant une stature presque droite grâce au chariot de courses sur lequel elle est en appui, ce n'est qu'après plusieurs secondes d'un lourd silence bercé par le ronronnement de l'armoire réfrigérée restée ouverte, que la fugitive ose enfin regarder dans la direction de cet inconnu qui ne s'est toujours pas annoncé.

Du coin de l'œil, Julia, dont le visage est encore crispé par la douleur, reconnaît de façon certaine les traits de celui qui la pourchasse jusque dans ses rêves pour la kidnapper lorsqu'elle est enfant : ceux d'un homme sans âge en uniforme cintré de couleur noire, un chef qui porte une paire de lunettes aux verres opaques cachant ses yeux.

Stoïque et silencieux, fixant l'étal de têtes humaines s'offrant à lui, l'étrange personnage semble à présent patienter comme s'il attendait que le train passe.

Regardant au-delà de ce monstre d'indifférence, Julia entraperçoit dans la profondeur le groupe de soldats en armes qui s'était lancé à sa recherche. À couvert derrière les étals du magasin, ils se tiennent prêt à faire face à toute éventualité.

Comprenant bien qu'un piège sordide vient de se refermer sur elle, que depuis un certain temps déjà elle était suivie de près alors qu'elle se pensait libre, l'adolescente prend finalement l'initiative d'engager la conversation. Malgré la douleur au ventre qui ne l'a jamais vraiment quittée, elle lance à l'homme en costume sombre :

— Si vous me promettez de ne pas faire de mal au bébé, je me rendrai sans opposer de résistance.

Après un temps beaucoup trop long qui paraît durer une éternité, toujours sans avoir bougé de sa posture rigidifiée, l'étrange personnage répond à Julia d'une voix ferme et monocorde :

— Non. Vous n'allez pas vous rendre. Vous allez continuer à fuir.

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Merci beaucoup d'avoir lu ce quarante-septième chapitre. J'espère que vous l'avez aimé autant que les précédents. N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé et à cliquer sur la petite étoile pour voter :) Je vais continuer de publier la suite au rythme d'un chapitre par semaine tous les dimanches vers 18 heures. Bises à toutes et à tous et surtout, prenez soin de vous et de vos proches. 

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