42. Lancées à leur poursuite
Alors que l'avance de Julia et Enzo sur le groupe de créatures lancées à leur poursuite s'amenuise à chaque mètre qu'ils parcourent, cette fois-ci, au moment de passer le second système d'hélice, une seule bête se retrouve réduite en charpie.
Stoppant leur course effrénée au niveau du troisième et dernier mécanisme de renouvellement de l'air, la même méthode que précédemment est répétée avec succès par le duo d'adolescents. Mais une fois que les pales se sont arrêtées, Julia, qui regarde vers Enzo, le voit s'effondrer sur le sol.
Sans déconnecter son boîtier de piratage, la rouquine se précipite pour rejoindre le métis. Très mal en point et le teint devenu blafard, il parvient malgré tout à se redresser. Se maintenant à la verticale en s'appuyant contre la paroi où se trouve encastré son panneau de commande, Enzo crache à Julia qui vient tout juste de le rejoindre :
— Va-t'en. Tu peux encore t'en sortir. Je vais... Je vais rester pour retenir ces choses.
— C'est hors de question, lui répond l'autre surprise et désarçonnée de voir son binôme baisser aussi facilement les bras. Je ne t'abandonnerai pas. Oublie ça !
Voulant forcer sa partenaire à le laisser sur place, le garçon, dans un geste à la fois désespéré et stupide, tente de saisir son boîtier de piratage resté connecté pour le débrancher. Le voyant faire, Julia le repousse pour l'en empêcher avant de le dévisager d'un regard fou de colère.
— Mais écoute-moi, lui hurle Enzo. Si je déconnecte mon boîtier, ça relance l'hélice et tu peux traverser. Comme ça, on est au moins sûrs que l'un d'entre nous s'en sortira vivant.
Enzo, dont l'attention vient d'être attirée par un cri inhumain tout près, aperçoit, qui déboule dans le dos de Julia, l'une des créatures. Poussant sa partenaire sur le côté, il dégaine son pistolet blanc et, tirant à plusieurs reprises, abat la menace qui se disloque en s'effondrant sur le sol dans une roulade interminable.
— Va-t'en ! demande à nouveau Enzo à Julia. Fais-le, je t'en supplie ! Moi, je ne m'en sortirai pas.
Voyant que sa partenaire le fixe stoïquement, il rajoute, les larmes aux yeux :
— C'est la seule solution, Julia. Tu es peut-être la dernière chance que nous ayons d'arrêter tout ça.
Dans le large tunnel, de nouveaux cris se font plus présents et annoncent l'arrivée imminente de plusieurs autres bêtes.
Sans ciller, ses traits de visage restant étrangement neutres, Julia s'écarte d'Enzo. Lui tournant le dos, l'adolescente avance d'un pas déterminé vers le danger. Brandissant l'imposant fusil qu'elle active et faisant pivoter son canon évasé pour le placer en position verticale, elle ajuste son tir.
Mettant en lumière une première créature qui fonce sur elle, Julia presse la détente. Dans un souffle, le projectile qui sort de l'arme scinde en deux parties égales le corps de la menace. Ses morceaux de cadavre n'ont pas encore touché terre, qu'une nouvelle bête apparaît. Se déportant de l'axe de visée du fusil qui la met enjoue, elle grimpe telle une araignée le long de la paroi du tunnel.
La voyant faire, d'une impulsion sur une commande, Julia fait basculer le canon de l'arme en position horizontale et, anticipant de façon exceptionnelle la trajectoire de la seconde menace, elle tire. Coupée en deux au niveau de son ventre, le tronc et les jambes de la créature virevoltent dans deux directions totalement opposées avant de rejoindre le sol.
Cet exploit accompli sans la moindre once d'une hésitation, Julia retrouve Enzo. Le saisissant par le col de son débardeur et l'attirant à elle, la rouquine lui dit plus déterminée que jamais:
— On traverse ensemble ou on meurt tous les deux. Compris ?
Découvrant chez sa partenaire une force de caractère qu'il ne lui connaissait pas, Enzo acquiesce d'un timide hochement de tête après quoi, le duo rallie, non sans difficultés, le centre du dernier système de ventilation toujours à l'arrêt.
Mais, tapi dans la noirceur d'encre du tunnel, ce qu'il reste de la horde de créatures observe à présent leurs proies tout en se tenant à bonne distance. Prouvant par ce comportement leur intelligence et avançant à pas de velours vers le duo, elles semblent préparer une attaque-surprise.
Enzo, aidé de Julia, traverse en premier le seuil du mécanisme d'hélice. La rouquine s'apprête à rejoindre le garçon quand l'une des bêtes jaillit par le haut et la force à reculer. Instinctivement, Julia met en joue la menace et, tirant dessus, elle la neutralise : sa tête tranchée nette au niveau du cou sautant en l'air comme le ferait la boule d'un jeu de bilboquet.
À peine débarrassée de cette première créature, Julia est attaquée par une autre qui, bondissant dans son dos, s'agrippe à elle. D'un coup de crosse de fusil donné en plein visage, l'adolescente parvient à l'empêcher de la mordre au niveau du cou. Malgré tout, la menace qui se tient toujours à elle l'entraîne à poursuivre le combat sur le sol.
Dans un réflexe surprenant, alors que la créature se jette à nouveau sur Julia, l'adolescente braque le canon de son arme et tire à bout portant faisant littéralement exploser le danger dont les morceaux se répandent de partout.
Allongée à terre, à peine la rouquine a-t-elle le temps de recracher la chair et le sang qui se sont immiscés dans ses yeux, son nez et sa bouche, qu'elle doit faire face à l'assaut d'une troisième bête. Cette dernière lui saute dessus pour la mordre au visage, mais elle interpose son fusil.
Aussi proche du faciès difforme du monstre qui n'entretient avec l'espèce humaine qu'un vague souvenir, Julia peut entrevoir l'intérieur de sa gueule dont les mâchoires font claquer entre elles, non pas une, mais deux rangées de dents.
Cependant, c'est le regard diabolique de son agresseur qui attire davantage l'attention de l'adolescente : ses yeux portent les mêmes stigmates que ceux qu'elle avait pu voir chez Hugo, Léa ou encore ce Kylian combattus dans l'abattoir - une anomalie physique ayant rendu les globes oculaires écarlates et où les iris fusionnés avec les pupilles ne forment plus qu'une masse unique et noire.
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Merci beaucoup d'avoir lu ce quarante-deuxième chapitre. J'espère que vous l'avez aimé autant que les précédents. N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé et à cliquer sur la petite étoile pour voter :) Je vais continuer de publier la suite au rythme d'un chapitre par semaine tous les dimanches vers 18 heures. Bises à toutes et à tous et surtout, prenez soin de vous et de vos proches.
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