Enzo et Julia sont maintenant arrivés au niveau du premier système de renouvellement de l'air. Aussi près, son hélice qui tournoie à grande vitesse le fait ressembler à un gigantesque mixer dont la lame ne demanderait qu'à être nourrie.

Sur le côté droit du mécanisme qui barre la route au duo, affaibli par l'importante quantité de sang qu'il a perdu, c'est de ses mains devenues écarlates que le garçon s'attaque au panneau de commande. L'ouvrant d'une simple pression sur un déclencheur, il accède à ses composants électroniques.

Extirpant d'un rangement de sa combinaison les deux boîtiers de piratage qu'il a fabriqué et en donnant un à Julia, Enzo montre à l'adolescente l'opération qu'elle devra répéter une fois qu'elle aura rejoint l'autre panneau de commande qui se trouve à l'opposé de celui-ci :

— Quand tu auras ouvert le tien, hurle Enzo pour bien se faire entendre car le bruit incessant des pales qui battent l'air couvre presque sa voix, il faut connecter ce câble ici.

Joignant les actes à la parole, Enzo branche sur un endroit spécifique du panneau de commande la connectique d'ordinateur dépassant de son boîtier avant de poursuivre son explication :

— Une fois qu'on sera tous les deux connectés, il faudra appuyer ensemble sur cet interrupteur.

De son doigt, le métis vient de désigner sur son bricolage un bouton poussoir. Accompagnant toujours de gestes les mots qu'il hurle, Enzo continue :

— Le signal pour activer nos boîtiers est le suivant - pouce en l'air pour confirmer qu'on est bien branchés et prêts à appuyer. Puis, je te donnerai le top - main ouverte pour l'attente et fermée pour quand il faut appuyer. C'est très important qu'on soit parfaitement synchrones. Si tout se passe bien, ce voyant deviendra vert.

Sur le panneau de commande encastré du système de ventilation, Enzo désigne un témoin lumineux qui, pour l'instant, est de couleur rouge.

— L'hélice s'arrêtera de tourner et, à mon signal, à mon signal seulement, quand je rouvrirai la main, on se déconnectera et on traversera. OK pour toi ? demande finalement Enzo pour être certain de bien s'être fait comprendre de Julia.

— Oui, lui crie en retour l'adolescente tout en joignant à sa réponse un ample acquiescement de la tête avant de rajouter :

— Mais, et si on échoue, si le voyant ne devient pas vert, qu'est-ce qu'on fait ?

— On recommence. Allez, va à ton panneau ! lui hurle alors Enzo mettant ainsi un point final à leur échange.

S'écartant de son binôme, Julia se précipite pour atteindre le côté opposé de la vaste installation de renouvellement de l'air. Passant près de son centre, le vent que génère l'hélice fait virevolter la chevelure flamboyante de la rouquine dont les mèches battent de façon anarchique le vide ainsi que son visage.

Une fois arrivée au panneau de commande, d'un geste, Julia en déverrouille l'accès pour venir y connecter son boîtier, ainsi qu'Enzo le lui a montré. Elle jette ensuite un regard dans la direction du garçon et, lui faisant un signe de pouce levé, lui signale qu'elle est prête. À son tour, Enzo lui rend son geste, puis il tend sa main ouverte haut vers le ciel et, après un bref décompte silencieux, il la ferme.

Simultanément, les deux adolescents actionnent l'interrupteur de leur boîtier de piratage respectif et le témoin lumineux sur chacun des panneaux passe du rouge au vert. Immédiatement après et dans un son de décélération, l'entraînement de l'hélice se ralentit. En quelques secondes à peine, ses pales se sont complètement arrêtées laissant la traversée possible.

Son poing fermé resté en l'air, Enzo rouvre sa main donnant ainsi à Julia le signal pour qu'elle se déconnecte. Une fois cette tâche effectuée en parfaite harmonie, le duo se reforme au centre du mécanisme de renouvellement de l'air pour en franchir le seuil avant que son hélice ne se relance.

Ne marquant aucune pause dans leur course contre la montre, Enzo et Julia ont déjà repris leur périple vers un second mécanisme qui se dresse devant eux à moins de cinq cents mètres. Mais dans leur dos, les cris bestiaux des créatures qui hantent le passage se font toujours entendre. Sans que les rescapés de l'abattoir pour êtres humains ne puissent encore les voir, à la manière d'un troupeau de primates utilisant leurs mains en contact sur le sol pour progresser plus rapidement, une dizaine d'entre elles arrive au niveau de la première installation d'hélice.

Alors qu'une première vague de créatures s'engouffre dans le mécanisme pour en ressortir indemnes, la suivante n'a pas cette chance. Broyés par l'action des pales qui ont maintenant regagné leur pleine vitesse de défilement, leurs corps difformes à la peau écaillée et sombre éclatent littéralement en lambeaux pour venir s'éparpiller alentour dans une impressionnante giclée sanglante.

Progressant au pas de course, Enzo et Julia sont parvenus à conserver leur avance sur le plus petit groupe de créatures les poursuivant et, dans la noirceur du tunnel, leurs cris d'animaux leur paraissent toujours aussi lointains.

Arrivant au second système de ventilation, le duo se sépare et chacun ouvre son panneau de commande pour y brancher son boîtier de piratage. Comme précédemment, en parfaite harmonie, Julia et Enzo actionnent leurs interrupteurs. Le voyant rouge passe au vert et le défilement de l'hélice ralentit jusqu'à se stopper.

Toujours sous les ordres du métis, la rouquine déconnecte son boîtier pour ensuite se diriger vers l'œil du dispositif de renouvellement de l'air, mais cette seconde traversée est plus difficile pour Enzo. Une fois le seuil du mécanisme atteint, il pose un genou à terre. Rejoint par Julia qui l'aide à se redresser, l'adolescente remarque que sa blessure au cou s'est rouverte et qu'elle saigne.

Voyant le masque d'inquiétude qui vient d'apparaître sur le visage de sa partenaire, sans lui montrer qu'il souffre affreusement, Enzo lui dit pour la rassurer :

— Ça va aller. Encore un, et on sera sortis d'affaire.

Après que Julia ait acquiescé, le duo reprend sa course. Cependant, derrière lui, la meute de créatures s'est maintenant rapprochée. Rendues folles par l'odeur du sang s'écoulant de la blessure d'Enzo, leurs cris disparates se sont transformés en hurlements immondes qui, dans la large construction tubulaire, virent à la plus glaçante des cacophonies.

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Merci beaucoup d'avoir lu ce quarante et unième chapitre. J'espère que vous l'avez aimé autant que les précédents. N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé et à cliquer sur la petite étoile pour voter :) Je vais continuer de publier la suite au rythme d'un chapitre par semaine tous les dimanches vers 18 heures. Bises à toutes et à tous et surtout, prenez soin de vous et de vos proches.