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38. Le même cauchemar

Réveillée par le cruel vacarme des coups de feu dont le son résonne encore dans sa tête, Julia, dans un sursaut, a retrouvé la froide et dure réalité de l'abri de fortune perdu dans le système d'aération.

Enzo, qui a quitté son plan de travail aménagé pour s'asseoir près de l'unique source de lumière bleutée, tient entre ses mains son large fusil et en vérifie le bon fonctionnement.

— Toujours le même cauchemar ? lance le garçon à la rouquine.

Le regard perdu dans le vague et le souffle court, Julia acquiesce d'un simple hochement de tête. Elle reste hantée par ce songe devenu si vrai qu'il lui paraît encore possible d'en palper la représentation.

Se redressant, Julia trouve une position en tailleur et Enzo lui dit toujours très calmement :

— Ton père et ta mère préparent le repas et toi, tu attends qu'ils te rejoignent dans le salon quand un groupe de soldats entre. Un homme en uniforme qui porte des lunettes de soleil te kidnappe pendant que tes parents sont froidement abattus d'une balle tirée en pleine tête.

Ces mots lâchés comme s'il avait fait parti du rêve de Julia, Enzo pose à côté de lui son fusil et, tout en dévisageant l'adolescente, il raconte :

— Jusqu'à récemment, moi aussi je faisais exactement le même cauchemar. Au début, c'était par bribes puis c'est devenu bien trop réel pour que ce ne soit que le simple fait de mon imagination. J'ai compris qu'il faisait partie des souvenirs qu'on nous a donnés quand... Quand je t'en ai parlé.

Les yeux d'Enzo fixent à présent le sol. Le métis est incapable de s'exprimer davantage, mais surtout d'affronter Julia qui le dévisage intensément, figée dans un profond embarras.

Après que de longues secondes se soient écoulées dans un silence absolu, Enzo ose enfin rendre son regard à l'adolescente. Malgré le fait que sa voix se soit chargée d'une émotion qui la fait trembler, il se force à dire la suite de son histoire :

— Dans notre cellule, ton clone et moi, nous... Nous étions devenus proches.

— À quel point ? murmure Julia qui sent bien qu'elle doit aider Enzo pour qu'il se livre complètement.

—Suffisamment pour qu'on parle de nos rêves, lui répond l'autre, avant de poursuivre. Après m'être enfui, j'ai essayé de retrouver ma Julia. Mais quand j'y suis arrivé, c'était déjà trop tard.

Marquant un temps d'arrêt dans son récit, Enzo baisse à nouveau son regard pour ne plus avoir à supporter celui de Julia. À la suite d'une profonde inspiration et d'une expiration tout aussi longue, il trouve la force d'affronter ses iris couleur émeraude, ceux qu'il avait si souvent contemplés au point d'en connaître la moindre nuance, le plus petit détail de pigmentation.

— Je ne l'ai pas retrouvée dans l'un de ces caissons dont tu m'as parlé. J'imagine qu'avant ça, elle aussi avait dû en être prisonnière. De ce que tu m'as dit, si votre grossesse va à son terme, ils vous envoient sur la chaîne d'abattoir, mais elle... Elle avait fait une fausse couche qui a entraîné une hémorragie. Et, quand c'est comme ça, que vous n'êtes plus utiles ni pour faire d'enfants ni pour produire de lait, ils ne prennent même pas la peine de vous découper en morceau. Ils vous entassent dans un coin de cet enfer et ils vous laissent vous vider de votre sang.

À l'évocation de ce souvenir douloureux, la voix d'Enzo est devenue si aiguë qu'il préfère s'arrêter pour ne pas fondre en larmes. Plusieurs minutes passent, puis il reprend son récit qui s'enfonce toujours plus dans le sordide :

— Je suis resté là, avec elle, dans cette puanteur de cadavres en décomposition et de cris d'agonie. Il y avait autour de nous des centaines d'autres filles qui attendaient elles aussi de mourir. Certaines m'ont supplié de les achever et... Et je l'ai fait.

Enzo laisse échapper un sanglot, mais il se reprend immédiatement comme si ce lâcher-prise n'avait plus lieu d'exister ici bas.

— Quand... Quand elle est morte, je me suis juré de tout faire pour la venger. Tout ce qui serait humainement possible.

Julia comprenait mieux à présent les raisons pour lesquelles cet autre Enzo avait autant d'attentions à son égard et surtout pourquoi, dans la façon presque désespérée qu'il avait de la regarder, il semblait toujours attendre davantage de sa part. Au travers d'elle, il revoyait celle qu'il avait connue dans sa cellule et pour laquelle il avait eu plus qu'un simple sentiment d'amitié.

Après un silence si lourd qu'il a fait comme se recroqueviller sur lui-même le corps d'Enzo, Julia quitte sa position pour venir s'asseoir près du garçon. Là, elle le prend dans ses bras et il lui rend son étreinte.

— Je suis désolée. Je ne pouvais pas savoir.

— Tu n'y es pour rien. Tu me la rappelles. C'est tout.

S'écartant du métis pour pouvoir le regarder droit dans les yeux, maintenant liée à lui par cette confession qui a changé à jamais la nature de leur relation, la rouquine partage une pensée si trouble qu'elle n'aurait jamais osé le faire auparavant :

— Si nous ne sommes que du bétail pour eux, pourquoi ils nous laissent avoir des sentiments ? C'est de la torture.

Enzo, dont le regard et les traits de visage se sont durcis, saisit près de lui son large fusil et, d'un geste sur la culasse, il l'actionne. Puis, touchant une commande sur la crosse, dans un son de perceuse électrique suivi d'une rotation, le canon évasé tourne sur lui-même. Dans un claquement, il s'arrête net en position verticale.

— Je ne sais pas pourquoi ils nous font ça, lance Enzo à Julia, plus déterminé que jamais et d'une voix qui a retrouvé toute sa superbe. Mais, et tu peux me croire, on va très vite exiger une explication.

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Merci beaucoup d'avoir lu ce trente-huitième chapitre. J'espère que vous l'avez aimé autant que les précédents. N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé et à cliquer sur la petite étoile pour voter :) Je vais continuer de publier la suite au rythme d'un chapitre par semaine tous les dimanches vers 18 heures. Bises à toutes et à tous et surtout, prenez soin de vous et de vos proches. 

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