Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

33. Révélation

Ces paroles prononcées par le clone d'Enzo sans donner plus d'explications ont laissé Julia bouche bée. Figée dans une expression qui permet de voir l'état de sidération dans lequel elle se trouve, la rouquine semble à présent comme prisonnière de ces mots qui, dans son esprit, se répète infiniment tel l'écho dans une caverne sans fond : « Nous ne sommes pas sur une autre planète, nous sommes sur Terre ».

À côté de cette révélation, l'image d'une déportation par une race extraterrestre aurait, en comparaison, été un véritable soulagement. Pourtant, c'était a priori la réalité. Mais Julia pouvait-elle vraiment faire confiance à cette copie de l'un de ses anciens partenaires de cellule ? Devait-elle le croire, le désavouer, s'en méfier même s'il lui avait sauvé la vie ? Et en fin de compte, où l'emmenait-il et quelles étaient ses intentions ?

Saisissant la poignée du sas qui se trouve juste au-dessus de lui, le clone d'Enzo en déverrouille l'accès mettant brutalement fin au questionnement existentiel que s'inflige la rouquine. Après une poussée vers le haut, il libère l'étroit passage.

Utilisant une échelle qui s'est automatiquement déployée, le garçon s'extirpe du conduit d'aération. Se penchant vers Julia qui le regarde à présent avec une méfiance qu'elle peine à dissimuler, il lui tend une main amicale. Hésitante, l'adolescente qui veut en avoir le cœur net saisit finalement l'aide proposée et elle le rejoint.

Là où le duo de fugitifs se trouve maintenant, l'air frais qui circule frappe le visage de Julia. En s'engouffrant dans sa chevelure flamboyante, il la fait danser tel un animal sauvage qui, privé de liberté, aurait réussi à s'échapper de sa cage.

Accueillant ce vent comme une douce brise marine, Julia prend une profonde respiration qui emplit ses poumons et gonfle sa poitrine. En une fraction de seconde, toutes les inquiétudes qui hantaient la jeune fille semblent s'être évaporées tel un embrun : ses joues se sont empourprées et un sourire illumine son visage resté grave pendant bien trop longtemps.

Mais la jovialité de ce moment retombe tout net lorsque Julia braque son regard sur l'horizon. D'un pas fébrile, seule, elle avance à présent sur une hauteur qui domine en contrebas une immense installation construite dans le sous-sol.

Là, s'étalant à perte de vue, se trouvent comme empilées les unes sur les autres, des centaines de milliers de boîtes métalliques toutes identiques entre elles et dont les parois percées à intervalle régulier d'interstices rappellent celles de la cellule où la rouquine était retenue prisonnière.

Atteinte par cette vision tout droit sortie d'un véritable cauchemar, Julia se raidit sur place, prise d'un haut-le-cœur. Son souffle est devenu erratique et elle sent soudain le sol se dérober sous ses pieds.

Le clone d'Enzo, qui jusqu'ici était resté en retrait, se précipite alors vers l'adolescente. En la saisissant du mieux qu'il peut, il l'empêche de s'effondrer complètement sur le sol et de se blesser encore davantage.

Toujours sujette à un léger malaise qui lui fait perdre l'équilibre, Julia, qui vient de poser un genou à terre, trouve cependant la force de se redresser pour retrouver une stature bien droite.

Debout, mais tremblante d'une angoisse qui, à nouveau, a durci ses traits de visage, la rouquine se tourne vers le garçon. Le fusillant du regard le plus sombre qu'elle puisse faire, elle s'apprête à lui parler quand, dans un sifflement accompagné d'un courant d'air, une cellule transportée par un bras-robot gigantesque passe à leur proximité.

Le duo, qui observe à présent la boîte de stockage qui s'éloigne, la voit, en quelques secondes à peine, s'élever de plusieurs dizaines de mètres le long d'une rangée qui en compte plusieurs centaines d'autres. Stoppant son ascension au niveau d'un emplacement resté vide, à la manière d'un simple jeu de construction, l'habitacle carcéral est encastré dans l'espace laissé vacant avant que l'articulation l'ayant fait se mouvoir ne se retire pour recommencer la même manœuvre avec une autre cellule remplie d'adolescents.

Rompant le mauvais rêve éveillé dans lequel Julia semble s'être noyée, la copie conforme d'Enzo doit hausser la voix pour bien se faire entendre, car ici, les sons d'usine, les ordres donnés par les drones et les complaintes des captifs, forment une cacophonie qui autrement la couvrirait complètement :

— Ça ne s'arrête jamais. Tout est automatisé. Ils nous stockent dans cet endroit avant de nous trier entre garçons et filles.

Malgré ce qu'elle connaît déjà de cette installation, malgré le fait qu'elle ait vécu de l'intérieur ce procédé barbare et cauchemardesque, d'en saisir aussi simplement l'innommable tableau, a rendu Julia plus à fleur de peau que jamais.

Laissant échapper un sanglot, la rouquine fond en larme. Un énième lâcher prise, certes, mais qui cette fois se prolonge pour devenir un râle d'agonie entrecoupé de bribes de mots inintelligibles.

Alors qu'elle se force toujours à fixer l'horreur de cette mécanique aussi précise que le seraient les rouages d'une montre suisse ; que ses yeux grands ouverts à présent se dessèchent, après ce long moment passé à imprégner de cette image ses rétines comme pour être certaine de ne jamais en oublier l'existence, Julia se tourne vers son unique interlocuteur. Animée d'une rage nouvelle et d'une détermination qu'elle peine à contenir, elle lui demande tout en le fixant de ses yeux couleur émeraude qui brillent et suintent l'envie de meurtre :

— Pourquoi ? Pourquoi, tu m'as amenée jusqu'ici ? Pourquoi ?

Marquant avec gravité un temps avant de lui répondre pour donner plus de poids aux mots qu'il s'apprête à dire, le clone d'Enzo dévisage à son tour Julia.

— Mais parle ! crache soudain l'adolescente, à bout de patience.

Toujours d'une voix bien haute pour être sûr de se faire entendre, mais sans jamais crier, le garçon lui répond alors :

— Pour que tu comprennes, Julia. N'est-ce pas pour ça que tu as survécu jusqu'ici ?

Face à l'évidence de cette rhétorique, la rouquine reste muette. Voyant bien tout le désarroi dans lequel sa partenaire est plongée, la réplique d'Enzo précise sa pensée :

— Même après ce que tu as vécu dans ta cellule, même après que tu aies vu ce qu'ils nous font subir dans cet abattoir, j'aurais pu te décrire cet endroit. J'aurais pu essayer de te l'expliquer, mais ça aurait été une perte de temps. Tu m'aurais pris pour un fou. Même moi, après tout ce temps passé à observer son fonctionnement, j'ai encore du mal à me faire à l'idée que... Que c'est bien réel.

Médusée, Julia fixe toujours avec intensité le clone du métis aux yeux bleus. Elle boit ses paroles, écrasée par leur bon sens et leur cruauté.

— Surtout, continue le garçon, si un tel endroit existe, ça veut dire que, pour nous, il y a eu un avant. Un avant cet abattoir et un avant nos cellules. Ils nous élèvent quelque part ici. Vers la surface. De notre naissance jusqu'à ce qu'on se retrouve dans ce tunnel bordé de lumière jaune. Et, que tu croies dur comme fer à tout ça, que tu aies pris conscience en voyant de tes propres yeux toute la complexité de cette installation, ça a son importance. C'est même vital. Par ce que c'est grâce à toi que nous allons découvrir toute la vérité.

— Pardon ? Quoi ! réplique instinctivement la rouquine, ses pensées ayant jailli par sa bouche sans aucun filtre.

— Tu es comme moi, Julia : tu n'es pas arrivée jusqu'ici par hasard, mais parce que quelqu'un ou quelque chose t'en a donné les moyens.

Après un instant passé à chercher dans le vague ce qu'elle devrait dire, quoi que ce soit pour contredire le clone d'Enzo, l'adolescente s'y résigne. Elle ose cependant poser une question. La question. Le fruit d'une réflexion à la fois si noire et si grotesque que sa simple évocation, même dans son esprit, l'a rendue anémique :

— Mais qui ? Qui a construit tout ça ? Qui sont ceux qui nous élèvent et nous massacrent ?  

Parce que pour lui la réponse qu'il s'apprête à donner reste invraisemblable, ce n'est qu'après une profonde inspiration suivie d'une expiration tout aussi longue, que le garçon finit par dire :

— C'est nous-mêmes, Julia. C'est l'être humain qui en est responsable.

Soufflée par l'effroyable nouvelle et par ces dernières heures qui, après un bref moment d'accalmie, ont pris l'aspect d'un train fantôme qui jamais ne s'arrêterait, la rouquine se décompose à mesure qu'elle fixe la copie Enzo.

Au milieu de cette mécanique imposante de complexité et d'un génie qui fait froid dans le dos, les deux fugitifs semblent maintenant n'être devenus que de microscopiques organismes, de la matière première, des produits impuissants et ridicules face à un destin qui, de la main de l'Homme, leur a été fabriqué sur mesure.

-

Merci beaucoup d'avoir lu ce trente-troisième chapitre. J'espère que vous l'avez aimé autant que les précédents. N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé et à cliquer sur la petite étoile pour voter :) Je vais continuer de publier la suite au rythme d'un chapitre par semaine tous les dimanches vers 18 heures. Bises à toutes et à tous et surtout, prenez soin de vous et de vos proches.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro