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14. Ses yeux

En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, la cellule a retrouvé tout son calme et, telle une étreinte comprimant leurs cages thoraciques, le silence s'est renforcé autour des prisonniers comme jamais auparavant.

À terre, dans un coin déserté, le corps sans vie d'Aroun gît toujours dans un bain de son propre sang. L'attaque aussi sauvage que soudaine d'Hugo lui a laissé l'avant-bras en charpie et son visage à présent borgne a été rongé jusqu'à l'os.

Dans l'obscurité retrouvée, chaque captif reprend ses esprits lorsque, dans un murmure de revanche de film d'horreur, le cadavre est tiré par une étreinte invisible vers l'une des cloisons avant de disparaître au travers.

Kylian, qui encore étourdit par le coup qui l'a mis K.O., est toujours assis sur le sol, son dos appuyé contre un mur. Il est rejoint par Julia qui, inquiète, s'agenouille à son côté pour l'ausculter. Sans réellement avoir eu conscience du drame qui vient de se jouer tout près de lui, le garçon à la peau sombre interpelle la rouquine d'une voix qui n'a pas encore retrouvé toute sa superbe :

— Ses... Ses yeux ! Quelque chose n'allait pas dans son regard.

L'adolescente, dont l'intuition médicale se manifeste encore une fois, ne répond pas à la question. Elle cherche avant tout à connaître l'étendue de la commotion dont Kylian est victime. Retenant d'une main la tête de son patient, Julia déplace devant le visage du garçon un doigt qu'elle fait aller et venir.

— Kylian, suis mon doigt, s'il te plaît. Tu es resté inconscient plusieurs secondes et je veux m'assurer que tout est OK, d'accord ? lui dit-elle.

Acquiesçant d'un hochement de tête et écoutant les indications de la médecin, Kylian parvient malgré sa faiblesse à suivre des yeux le repère qui devant lui opère un simpliste va-et-vient de droite à gauche puis de haut en bas.

Constatant que les lésions subies par le prisonnier sont bénignes, l'expression d'inquiétude qui pouvait se lire sur le visage de la rouquine disparaît. L'attirant brusquement à lui d'une main posée sur son épaule, Kylian dit à Julia, hanté par la vision de ce regard sanguin percé par les ténèbres :

— Ses yeux, ils étaient rouges. Et... Et ses pupilles, elles ne faisaient qu'un avec ses iris. Qu'est-ce que... Qu'est-ce qu'il lui est arrivé ? Toi... Toi, tu dois savoir ?

— Je... Je n'en ai aucune idée. lui concède Julia, incapable de puiser pour la première fois dans ses connaissances médicales innées.

Cependant, elle rajoute dans une certitude :

— Mais, ça ne vient pas de la nourriture qu'ils nous servent, sinon, on serait déjà tous en train de s'entre-tuer.

À l'autre bout de la pièce, Enzo, qui regarde le duo, remarque une fois encore la relation privilégiée qu'entretiennent les deux adolescents. Ravalant son envie de se rapprocher d'eux pour les interrompre, le métis aux yeux bleus se tourne vers Léa qui, rouge de colère, prend à partie le reste de ses congénères toujours immobiles et regroupés dans un coin de la cellule :

— Pourquoi, pourquoi vous ne l'avez pas aidé ? lâche-t-elle, les larmes aux yeux. Ensemble, on aurait pu faire quelque chose.

Devant l'absence de réaction de son auditoire qui la dévisage froidement, Léa explose de rage et continue à blâmer le groupe :

— Vous n'êtes que des lâches vous entendez ! Voilà ce que vous êtes :des putains de lâches !

Éclatant en sanglots et tournant le dos à ses congénères, l'adolescente s'agenouille sur le sol pour y pleurer à chaudes larmes. Abandonnant Kylian pour rejoindre l'amie avec qui elle partage le secret de leur grossesse, à peine Julia est-elle arrivée près de Léa que celle-ci lui lance, les yeux vitreux fixant un point sur le sol :

— Ils n'ont même pas essayé de l'aider. Même Enzo n'a pas bougé le petit doigt.

— Léa, j'étais avec lui et je te jure qu'Enzo allait faire quelque chose au moment où tu as commencé à parler à Hugo, rétorque la rouquine d'une voix douce et apaisante. Mais toi aussi, tu as vu ses yeux ! Tu as vu comment il était, il n'était plus lui-même. Même tous ensemble, on aurait jamais réussi à l'aider face aux lumières.

Après un long silence entrecoupé de reniflements, Léa, qui sèche ses larmes, se redresse. Sans même porter un regard sur Julia, elle crache à l'attention du reste de ses congénères dont une portion s'est même remise à manger dans les bacs la pitance qui leur avait été servie avant que l'incident n'éclate :

— Vous n'avez pas encore compris qu'ils vont tous nous tuer ? Tous, vous entendez ?

Avant de finir dans un timbre de voix éraillé, prête à en découdre :

­— Et vous, vous faites comme si de rien n'était !

Après un court silence, les paroles d'une fille s'élèvent :

— C'est bien fait pour lui. Il avait qu'a pas attaquer l'un des nôtres !

À peine ces mots ont-ils été lâchés dans l'air tel un blasphème, que Léa se précipite au milieu de ses semblables agglutinés autour des mangeoires. Les repoussant et prenant place parmi eux, elle interpelle chacun de sa voix devenue étrangement rauque :

— Qui a dit ça ? Qui a dit ça, putain ?

Puis, s'adressant à Enzo qui s'est avancé vers elle, l'Asiatique retrouve subitement tout son calme et lance au métis :

— Enzo, tu sais qui a dit ça. Dis-le-moi, dis-moi qui c'est, s'il te plaît. Je... Je te donne ma part de nourriture si tu veux, d'accord ?

Après un laps de temps durant lequel le garçon, face à la détresse de Léa, la regarde d'un air compatissant ne sachant quoi lui répondre, l'Asiatique ajoute en lui murmurant à l'oreille :

—Si tu me dis qui elle est, je m'en occupe. Il faut faire un exemple, soit les autres sont avec nous, soit ils sont contre nous. OK ?

— Non, Léa, lui dit sèchement Enzo. T'es en train de péter un câble. Je suis désolé, mais Hugo ne reviendra plus et il n'y a rien que tu puisses faire pour changer ça. Tu comprends ? T'en prendre à l'un d'entre nous ne le ramènera pas.

Les yeux bouffis d'avoir trop pleuré et ne sachant plus contre qui ou quoi déverser sa haine, Léa étouffe un sanglot avant de brusquement se jeter sur l'un des captifs qui se sert en nourriture. Frappant sa main pleine de purée, l'Asiatique hurle à l'attention de tous :

— C'est ça, vous avez raison. Continuez de bouffer cette merde. Continuez, comme les porcs que vous êtes. Continuez jusqu'à ce que vous en creviez !

Alors que Léa frise l'hystérie et termine sa phrase dans un sanglot, que sur son visage affligé chacun peut lire un inaliénable désespoir, un bruit de glissière que chacun reconnaît est entendu.

À l'opposé du mur où a été servi le repas, une ouverture assez grande pour y faire passer toute une personne vient de se former. Au travers, une respiration sifflante se fait de plus en plus présente. Le phénomène qui a plongé l'endroit dans une sordide atmosphère force chacun à se tourner vers lui.

Observant le dégagement, les prisonniers y voient doucement apparaître les contours d'une silhouette humaine, celle d'un garçon aux cheveux dorés, dont le physique athlétique et le faciès se font plus précis à mesure qu'il entre dans l'habitacle carcéral.

Soudain, prise d'un espoir fou, le visage de Léa s'illumine et, un sourire se dessinant sur ses lèvres, elle se précipite vers la brèche. Mais, très vite, son pas ralentit, stoppe et la détresse frappe la jeune fille comme un coup reçu en plein estomac. Portant une main à sa bouche, elle étouffe alors un hurlement et son regard se crispe d'angoisse.

À mesure qu'Hugo avance dans la cellule, tous les captifs peuvent voir ce qu'il a subit durant sa courte absence. Amputées et coupées net juste au-dessus des coudes, ses extrémités de bras sont manquantes et ses moignons étrangement lisses semblent avoir été cautérisés comme seule une machine de découpe moderne aurait pu le faire.

Voulant fuir, mais n'y parvenant pas, Léa, qui se trouve aux premières loges de ce spectacle macabre, s'est fait mystifier. De beaucoup trop près, elle voit finalement l'ultime abomination qu'a enduré le revenant : sur son visage autrefois magnifique, les yeux du blond ont été énucléés et sa bouche grande ouverte n'est devenue qu'un trou béant où les dents ainsi que la langue ont été retirés de façon chirurgicale.

Dans l'enfer carcéral, la scène d'horreur a plongé l'ensemble des captifs dans un marasme si puissant qu'ils ne parviennent plus à entendre les râles que réussit à lâcher Hugo malgré sa détresse respiratoire.

Après plusieurs pas difficiles faits vers l'avant et alors que le passage ouvert dans le mur se referme derrière lui, à bout de forces, ce qu'il reste du blondinet s'effondre dans les bras de Léa et elle l'accueille, anéantie, dans une posture évoquant une lithographie religieuse.

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Merci beaucoup d'avoir lu ce quatorzième chapitre jusqu'au bout. J'espère que vous l'avez aimé autant que les précédents. N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé et à cliquer sur la petite étoile pour voter :) Je vais continuer de publier la suite au rythme d'un chapitre par semaine tous les dimanches matin vers 10 heures. Bises à toutes et à tous.

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