Saine et sauve dans un espace au calme où règne l'obscurité, Julia, qui y fait quelques pas, pose un genou à terre. Elle éclate en sanglots et finit par s'effondrer. Elle s'allonge comme pour trouver le réconfort d'un lit douillet, mais son corps ne touche qu'un sol froid et métallique.

Ce n'est qu'après plusieurs secondes passées à regarder dans le vide, qu'elle est rappelée à la dure réalité. Resté à son côté, Kylian vient de poser sur son épaule une main amicale à laquelle elle répond par un tressaillement :

— Est-ce que tout va bien ? Lui demande-t-il. Tu n'es pas blessée ?

Levant sur son sauveur son regard couleur émeraude, Julia découvre pour la première fois son visage dont les traits francs lui rappellent ceux d'un dieu grec.

Se penchant sur Julia, Kylian l'aide à se relever, mais à peine debout, elle sent ses pieds se dérober sous elle. Dans un réflexe chevaleresque, Kylian la retient. Maintenant très proche de Julia, il lui glisse à l'oreille :

— Tu aurais pu te faire tuer. Les autres ne seront pas toujours là pour te venir en aide.

Julia, dont le regard perce à présent celui de Kylian, lui répond :

— Je devais faire quelque chose. Quoi que ce soit pour la sauver.

Kylian, qui ne s'attendait pas à un tel aplomb de la part d'une fille en apparence si fragile, reste bouche bée avant de rétorquer d'une voix proche du murmure :

— Tu as raison, mais pas si tu risques de te mettre toi-même en danger.

Ce à quoi Julia lui répond dans un souffle :

— Alors pourquoi tu as fait demi-tour pour me venir en aide ?

Pris au piège de sa propre rhétorique, Kylian ne trouve rien à redire. Julia, qui au vu de la situation esquisse un vague sourire empli de tristesse, s'échappe de son étreinte et, parfaitement remise sur ses pieds, saisit l'initiative de rompre ce moment de gêne. Alors que Kylian ne l'a toujours pas quittée du regard, elle lui dit :

— Merci, merci de m'avoir sauvée. Je m'appelle Julia.

— Moi c'est Kylian.

Après cet échange qui a presque pris des allures romanesques et maintenant qu'ils se sont habitués à la faible luminosité qui y règne, le duo peut enfin découvrir l'espace dans lequel il est confiné avec le reste des garçons et des filles : il s'agit d'une pièce de quelques mètres carrés qui, du sol au plafond, est faite de surfaces métalliques étoilées d'interstices trop petits pour y passer la main, mais qui permettent à l'air de circuler. Sans moyens de sorties apparents, l'endroit est comparable à une boîte dans laquelle on aurait percé des trous pour y laisser respirer l'animal qui s'y trouve.

Alors que certains détenus cherchent à écarter les espacements dans les parois, que d'autres hurlent des appels à l'aide et que Julia et Kylian échangent un regard d'incompréhension, un bruissement se fait entendre. Tournant la tête pour en découvrir la provenance, tous les captifs se protègent le visage lorsque, déchirant l'obscurité, une forte lumière d'un blanc immaculé apparaît et les aveugle.

Après un temps à léviter dans les airs en position statique, le rayon flamboyant se met à se déplacer créant un mouvement de foule autour de lui. Sans que personne ne puisse voir le mécanisme qui l'entraîne, la lumière éclaire un à un les prisonniers qui, les yeux plissés à l'extrême, cherchent à la maintenir dans leurs champs de vision.

Sur son passage, le phare révèle, à la manière d'une radiographie, les os, les muscles ainsi que les organes de ceux qui en sont la cible. Il finit par s'arrêter au niveau de Lucas, un métis aux cheveux longs et bouclés.

Voyant que tous les regards se sont tournés vers lui, Lucas prend peur et s'adressant à la lumière, se met à bégayer :

— Qu...quoi ? Qu'est-ce que vous me voulez ? Pou... Pourquoi vous m'éclairez comme ça ? Pourquoi moi ?

Reculant sous la menace qui avance vers lui, Lucas trouve au toucher l'une des cloisons délimitant l'endroit. Se dérobant davantage alors que la lumière se rapproche encore un peu plus de lui, il finit acculé dans un coin, tétanisé par la peur.

Faisant preuve d'une lâcheté qui n'a de cesse de les rassembler, le reste des captifs s'est éloigné le plus possible de Lucas et seule Julia s'avance pour lui venir en aide, mais Kylian la saisit d'une main ferme avant de la tirer vers lui. La dévisageant, c'est d'un mouvement de tête faisant « Non » qu'il tente de la dissuader.

— On doit faire quelque chose ! Lui lance Julia d'une voix ferme. 

— Tu as déjà risqué ta vie et j'ai risqué la mienne pour te sauver. Tu veux vraiment te faire tuer ? Comme ça ? Pour un inconnu ?

Réagissant à la soudaine lâcheté du garçon, Julia lui répond plus déterminée que jamais :

— Tu as raison, je ne le connais pas, mais c'est l'un des nôtres. Si tu as trop peur de faire quelque chose, je m'en occupe alors lâche-moi !

À l'autre bout de la pièce, l'impressionnant rayon de lumière s'est focalisé sur le thorax de celui qu'elle a pris pour cible et, au travers de son faisceau qui fait apparaître les entrailles, le reste des prisonniers peut voir le cœur de Lucas battre à un rythme très soutenu.

Terrifié par la vision de son organe trahissant la panique qui monte en lui, c'est dans une manœuvre de désespoir que Lucas se tourne vers la portion du groupe qui se trouve la plus proche de lui. Se jetant à leurs pieds il les implore de lui venir en aide, mais ceux à qui il s'adresse s'échappent de son étreinte pour l'abandonner.

— Je... Je vous en supplie, fai... Faites quelque chose. Dites-leur de me laisser tran... Tranquille. S'il vous plaît. Parvient-il à articuler, avant d'éclater en sanglots. 

À nouveau isolé du reste des prisonniers, Lucas se retrouve seul face à la lumière. Pour se faire plus menaçante, celle-ci s'élève dans les airs et, alors que Lucas pleure toutes les larmes de son corps, il se recroqueville sur lui-même. Tel un enfant que l'on s'apprête à punir, il se tient prêt à recevoir la correction de sa vie.

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Merci beaucoup d'avoir lu ce second chapitre jusqu'au bout. J'espère que vous l'avez aimé autant que le premier. N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé et à cliquer sur la petite étoile pour voter :) Je vais continuer de publier la suite au rythme d'un chapitre tous les dimanches matin vers 10 heures. Bises à toutes et à tous.