CHAPITRE 5
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C'est impossible. Cet enculé de tueur ne peut pas être là : dans ce hangar. C'est tellement inconscient de sa part de venir dans cet endroit alors que des tonnes de potentiels témoins oculaires sont présents. Après maintes réflexions, une hypothèse s'offre à moi.
— Tu te fous de ma gueule, là ? demandé-je, tandis qu'Aaron me regarde, avec des yeux grands ouverts.
— QUOI ? MAIS NON ! hurle-t-il, visiblement outré par mes précédents propos.
Aaron, étant de nature blagueuse, serait capable de me faire une farce en m'annonçant la venue d'un meurtrier dans l'unique but de m'effrayer. Par conséquent, je ne peux pas discerner le vrai du faux.
— J'te jure que si tu mens, j't'arrache les couilles ! menacé-je en le fixant froidement.
— Bordel, Devon ! Je ne mens pas ! Je te jure sur la tombe de ma mère que c'est la vérité, dit-il en faisant preuve d'un sérieux presque renversant. Tu dois t'en aller. Je t'en prie ! Il ne doit pas savoir que tu es ici. Alors, pars, tant qu'il est encore temps.
Je ne bouge pas, et me contente d'analyser ses paroles. C'est sûr ; Aaron ne ment pas. Jamais il n'oserait mettre en jeu la plénitude de sa mère étant actuellement morte et enterrée, depuis près de six mois, et ce, même pour une blague – qui plus est, de mauvais goût.
— Comment tu le sais, au juste ? interrogé-je en gardant mon calme.
— Tout le monde ne parle que de ça ! Les gens se demandent TOUS si tu vas venir.
— Ok, je m'en vais... ajouté-je avant de regarder en direction de Pearl.
Elle n'est plus là. ARGH ! Fais chier, putain. Où est passée cette fouine de service ? J'ai deux mots à lui dire ! Étant donné que mes mises en garde ne l'ont pas dissuadé de me suivre en pleine nuit, il va falloir que je sois plus concret en utilisant mon arme secrète ; autrement dit, la peur.
— Qu'est-ce qu'il y a ? fit Aaron en fronçant les sourcils. Tu cherches Kendall ?
— Non, dis-je avant de continuer. Bref. On se voit plus tard ! Au fait, merci pour l'info.
Et c'est à ce moment-là que je m'insère dans la foule de personnes en ignorant les appels d'Aaron. Bon ! Il faut que je trouve la chieuse avant de pouvoir me barrer d'ici. Et plus les minutes passent, plus je me demande si cela a été réellement judicieux de rester dans ce hangar. Tous les regards sont braqués sur moi. D'habitude, j'aime être le centre de l'attention, mais là... J'aurais largement préféré être invisible comme dans Harry Potter. Bordel, où est cette fille ?
Tu devrais t'en aller, Devon. Sans elle.
Ma conscience diabolique a peut-être raison, en fin de compte.
Quoi ? Tu es carrément cinglé ! Cet endroit est truffé de drogués et de violeurs, tu ne vas tout de même pas...
Mon côté bienveillant apparaît, mais se retrouve soudainement détruit par ma facette malveillante. C'était rapide. Le mal gagne toujours – peut-être pas dans les films, mais dans la réalité, il triomphe constamment. Après tout, c'est si facile de sombrer dans l'obscurité... Je l'ai fait un nombre incalculable de fois !
Alors que je m'apprête à faire marche arrière, une crinière brune attire mon regard. Ooh, c'est la chieuse ! Bingo. Je m'avance vers elle en remarquant qu'elle n'est pas seule ; en effet, un gars est en train de lui parler. Et en vue du mécontentement de la jeune femme, sa présence semble lui être assez désagréable. D'un pas assuré, je marche vers eux en constatant que l'homme ne se gêne pas pour positionner sensuellement ses mains sous le tee-shirt de Pearl. Étrangement, une vague de colère rugit en moi. C'est sûrement à cause de la musique merdique qui résonne fortement. Ouais, c'est probablement ça. Je ne vois pas d'autre raison plausible. À moins que... Non. Non. Je délire complètement – ou pas.
D'un geste brusque, je saisis le col du vieux pervers afin de lui infliger un mémorable crochet du droit. C'était magique, croyez-moi ! Je suis tellement fort, wow. Parfois, je me fascine moi-même. C'est étonnant, non ? Ouais, je vous l'accorde, c'est génial.
Comme prévu, il s'effondre par terre suite à ma frappe prodigieuse. C'est clair que je ne l'ai pas raté ! Déjà qu'il était moche, alors là... C'est encore pire. Une laideur presque invraisemblable. Je n'ai rien vu de telle.
— Dieu merci, tu es là, chuchote Pearl en soufflant profondément.
— Toi et moi, faut qu'on parle, affirmé-je doucement. Tu ne vas pas t'en sortir comme ça, si c'est c'que tu veux savoir.
Aussitôt, sans qu'elle s'y attende, j'empoigne son poignet, avec la ferme intention de l'attirer rapidement vers la sortie. Forcément, à mon passage, des conversations à voix basse se multiplient. Évidemment, je les ignore. Et c'est lorsque l'on arrive face à ma moto que Pearl se décide à briser brutalement mon emprise.
— Ma voiture est garée dans le parking d'à côté, signale-t-elle avec la volonté de rejoindre son véhicule.
— On n'a pas le temps ! Ferme-la et pose ton joli p'tit cul sur cette putain de moto, crié-je, et presque directement, quelques regards indiscrets se posent sur nous.
— Évite de me donner des ordres, dit-elle en croisant ses bras contre sa poitrine.
Elle a eu l'audace d'utiliser mes propres paroles contre moi... Mais, elle est suicidaire ou quoi ? Si ça continue comme ça, un jour, je vais l'assassiner ! Ce n'est pas possible d'être aussi énervante. Seigneur, pourquoi n'a-t-elle pas cinq ans ? Et puis, pourquoi faut-il que ses yeux soient aussi bleus... ? Attendez. Je m'égare là.
— Le tueur est ici. Donc, dépêche-toi de venir, informé-je en me plaçant sur le siège de ma moto.
— IL... QUOI ?! TU PLAISANTES, J'ESPÈRE ! s'écrit-elle, manifestement choquée.
— J'ai vraiment l'air de plaisanter ? annoncé-je avec lassitude.
— Merde, alors ! s'exclame-t-elle. Tu sais à quoi il ressemble ?
— Nan, aller dépêche ! Sinon, j'me casse d'ici et tu te démerdes pour retrouver ton chemin, fis-je en démarrant le moteur de ma moto.
— Oh, ça va, j'arrive ! crache-t-elle en se précipitant vers moi pour pouvoir s'installer derrière moi. (Pendant ce temps, au loin, je parviens parfaitement à apercevoir la colère abominable de Kendall. Oups. C'est mauvais signe.) Tu as un casque de sécurité, au moins ?
Elle n'est pas sérieuse, si ? Je me tourne vers Pearl pour lui faire comprendre à quel point sa question est d'une débilité
déroutante. Porter un casque de moto ? Non, merci. Je n'aime pas ça.
— Il est hors de question que-- !
Pearl n'eut pas le temps de rétorquer que je mets en marche ma moto en direction de la route 21, et instantanément, un cri assourdissant de sa part retentit. J'aurais dû m'y attendre, bruh. Ce n'est pas pour autant que je m'arrête, en fait, c'est plutôt le contraire ; j'accélère davantage la vitesse du véhicule.
— Arrête-toi ! AAAH ! Arrête. Maintenant, ordonne-t-elle. DEVON !
— Accroche-toi, grogné-je, tout en profitant de l'air frais s'abattant sur mon visage parfait. Si tu tombes, ne compte pas sur moi pour te rattraper.
— Va moins vite !
Pearl enroule ses bras autour de moi provoquant ainsi une chaleur inexplicable. Sa petite tête est plaquée sur mon dos, tandis que son souffle se fait de plus en plus irrégulier. C'est assez flagrant de voir qu'elle n'est jamais montée sur une moto... Comme je le disais ; Pearl correspond parfaitement au summum du cliché suprême de la fille sage.
— Merci Devon, marmonne-t-elle, doucement. Pour m'avoir aidé.
Aucune réponse. De toute façon, qu'est-ce que je pourrais dire ? Je me concerne sur la route en essayant d'oublier la présence de ses bras sur mon torse. Bon... J'dois admettre que ceci me perturbe. Légèrement, hein ! Les minutes passent, et à un moment donné, on arrive à destination. Pearl se lève illico de la moto, et se met à vomir plusieurs morceaux gluants provenant probablement d'une pizza au fromage. Je me contente simplement de tenir ses cheveux en évitant de dégueuler à mon tour. Argh. Dégueulasse !
— Tu aurais pu ralentir ! hurle-t-elle en se redressant au même moment où j'enfouis les clefs de ma moto dans ma poche.
— Va falloir que tu t'y habitues, rétorqué-je en m'orientant sereinement vers l'entrée de la demeure.
Énervée, elle souffle bruyamment et ouvre la porte. Directement, elle se dirige dans la salle de bains pour vraisemblablement se rincer la bouche. Quelques minutes plus tard, je m'adosse contre le mur à proximité de la pièce d'eau, avec la détermination d'entreprendre une discussion très sérieuse – étant centrée sur son espionnage catastrophique. Sachez que je déteste lorsqu'une personne se mêle à ma vie privée. Or, celle-ci vient ouvertement de franchir la limite en me suivant en cachette ! Et pour ça, il faut impérativement qu'on mette les choses au clair ; genre, maintenant ! Toutefois, c'est à cet instant précis que l'eau de la douche se met à couler.
— Dépêche-toi ! Il faut qu'on discute, dis-je, agacé.
— Bah, vas-y. Qu'est-ce que tu veux me dire ? demande-t-elle avant de dire. Les murs sont fins ici.
— J'préfère être face à face.
— Si tu insistes... Je vais finir de me doucher dans une dizaine de minutes.
Et là, mon regard s'arrête sur la porte de sa chambre – qui plus est, grande ouverte. C'est beaucoup trop tentant, ugh. Je cède à la tentation et m'oriente dans la salle dont je n'avais pas accès ce matin. Avec assurance et curiosité, je me mets à inspecter en détail les environs. La pièce est essentiellement en bleu nuit et blanc. Tandis que la décoration est pratiquement inexistante. Chaque objet est à sa place, et aucun détritus ne demeure sur le parquet – l'exact opposé de ma chambre. Elle doit certainement être une maniaque, ou un truc dans l'genre ; et ça me montre, une nouvelle fois, que j'avais raison ! C'est un des critères typiques de la fille sage qui se trouve dans tous les romans nuls et barbants.
Mes pas se dirigent vers son bureau ; et c'est là que je remarque un tas de paperasse de toute sorte. Les magazines sont principalement basés sur deux sujets, c'est-à-dire, retrouver son père biologique et devenir une adolescente normale. Les autres, quant à eux, sont uniquement des journaux sur moi et mes nombreuses intercalations avec des fans. Donc, j'en viens à conclure qu'elle a enquêté sur ma personne... Étrangement, je ne suis même pas étonné par ça. D'une manière ou d'une autre, vivre avec un parfait inconnu, sans se renseigner, doit être complètement irréfléchi. Oh, en y repensant, moi aussi je devrais faire des recherches sur elle ! Hum... en fait, non. Sa vie ne doit pas être suffisamment trépidante pour ça.
Je feuillette plusieurs pages du journal ayant pour gros titre ; DEVON BAT SA MÈRE DEPUIS SES 16 ANS ! Et naturellement, une vive haine me submerge à la lecture de certains articles à la con. Ces saletés de reporteurs... ! Ils ne savent rien de moi, strictement RIEN. Ils pensent connaître mes pensées, alors que ce n'est même pas le cas.
Ils ne savent pas qui je suis réellement. Personne ne le sait. Pas même moi... C'est plutôt compliqué.
— Tu te sentais obligé de fouiner dans mes affaires ? entendis-je, soudainement.
Je tourne la tête en voyant qu'il s'agit de Pearl – par ailleurs, elle est désormais vêtue d'un horrible pyjama avec des motifs de licornes.
— Je te retourne la question, lâché-je en m'éloignant de sa table. Pourquoi tu m'as suivi ?
— Mon rôle est de te protéger, répond-elle en s'asseyant sur le rebord de son lit.
— Toi, me protéger ? Laisse-moi rire. J'te rappelle que c'est grâce à moi que tu ne t'es pas fait violer tout à l'heure, dis-je en riant sarcastiquement. Ta protection de merde, tu peux te la mettre où j'pense. Je sais me défendre ! C'est pas pour rien que je suis le meilleur boxeur d--
— Et bla bla bla et bla bla bla... Tu n'en as pas marre d'être constamment irrespectueux ? me réprimande-t-elle en me coupant la parole. Ce n'est pas moi qui ai décidé de te protéger, ok ? Ça fait partie de ma mission de type S !
Instinctivement, elle place une main contre sa bouche. Intéressant, très intéressant même...
— Comment ça, une mission de type S ?
— J'en ai trop dit... ajoute Pearl en s'allongeant dans son lit. Bonne nuit !
Malgré tout, je ne sors pas d'ici. Cette soi-disant mission de type S provoque un flot hallucinant de questions dans ma tête. De toute évidence, une fille cache quelque chose d'important. C'est certain ; et d'une façon inexplicable, je ressens le besoin de le savoir. Je ne supporte pas être dans l'ignorance, tout simplement !
Brusquement, des ronflements presque bestiaux retentissent. Quelle mauvaise comédienne, celle-là !
— Je sais que tu ne dors pas, remarqué-je en roulant des yeux.
Le silence persiste. Je souffle profondément, avant de m'orienter vers le seuil de la pièce. Et lorsque j'éteins la lumière de sa chambre, c'est avec une voix posée que je prends la parole, sous un calme absolu :
— Au fait, tes foutus journaux disent n'importe quoi, commencé-je, doucement. Mes parents sont morts, assassinés, quand j'avais onze ans.
Et bam. Je ferme la porte derrière moi. Qu'est-ce qu'il m'a pris de dire ça ? Honnêtement, j'n'en ai aucune idée. Aussi loin que je m'en souvienne, je ne l'ai dit à personne – jugeant cela comme étant inutile... Enfin, bon. Peu importe.
Il vaut mieux que je me concentre sur cette énigme demeurant à l'heure actuelle, non résolue ; qui est réellement Pearl Hopkins ?
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GOOD NEWS ;
alors voilà. Étant donné que The Bad Boy vient commencer et que le début n'est pas particulièrement « exaltant », plusieurs chapitres seront postés de manière simultanée.
L'action démarre véritablement dans les chapitres 7-8, alors ce serait vraiment dommage que certain(e)s d'entre vous abandonnent la fiction à cause du temps d'attente. :)
➳ Qu'en pensez-vous du point de vue de Devon ?
➳ Et de son caractère ?
➳ D'après vous, quel est le secret de Pearl ?
Et euh... Je suis à court de questions ! mdrr.
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