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clark or the devil's mole

☾ day ☽

═ 𝐃𝐄𝐕𝐈𝐋 𝐋𝐎𝐔𝐍𝐆𝐄 𝐂𝐋𝐔𝐁 ═
::: chapter ◦ 02 :::
clark regina ━ 16:30



── • ₊° Confiante sur mes pas, j'avançais dans la rue relativement peuplée, bientôt arrivée devant le bâtiment de l'Aphrodisiac. Non seulement ces salopards étaient sur le point de faire couler le Devil d'une manière presque déconcertante sans même avoir à bouger le petit doigt, mais en plus de ça, ils avaient construit une nouvelle bâtisse plus grande et regroupant plus d'activités que nous. Un hôtel-restaurant, une salle d'arcade et je suppose que leur club se trouvait au sous-sol, afin de masquer convenablement l'illégalité similaire à la nôtre qui était la prostitution. C'était ainsi que le business marchait, il fallait trouver le meilleur moyen pour planquer les prostituées derrière des artifices tel que l'hôtel restaurant dans le cas ici présent. Et tout ça, gouverné par une seule et même personne ; Kana. Inconnu de tous certes, mais ça, c'est seulement pour l'instant. Et puis qui sait, j'allais certainement découvrir bien d'autres choses autour du mythe de Kana.

Redoublant d'efforts pour me mettre dans la peau de mon nouveau personnage, c'est-à-dire la petite étudiante en manque de fric prête à bosser de nuit dans un club de strip-tease, je passais enfin la ligne du camp adverse. Les lieux étaient chic, immense et moderne, il n'y avait pas à dire, cela semblait bien plus neuf qu'au Devil. Eux avait l'avantage d'avoir créer plusieurs autres secteurs que le club, ce qui n'était pas notre cas puisque nous étions seulement considérer comme un club de strip-tease. Ils semblaient avoir plus de ressources que nous et c'était sûrement la raison pour laquelle Kana avait récupérer plus de succès, mais grâce au plan de Wang, j'espérais que ça change.

Une sensation déroutante me parcourait l'esprit à la vue de ce renouveau à l'Aphrodisiac qui était encore abandonné quelques mois auparavant. Et savoir ce qu'il s'était passé pour que ce bâtiment renaisse de ses cendres tel un phœnix ne quittait plus mes songes. J'étais bel et bien déterminée à tout savoir à propos de ce qu'il se mijotait ici et surtout, qui avait repris le contrôle de l'Aphrodisiac.

Lorsque j'arrivais à ce qui semblait être l'accueil de l'hôtel, je me présentais en tant que demandeuse d'emploi ayant rendez-vous pour un entretien d'embauche et la charmante jeune femme m'invitait à la suivre quelques instants plus tard. La grande brune me promenait dans tous les coins et recoins du bâtiment, passant devant une salle de restaurant réservée aux personnes aisées, les portes des chambres de la partie hôtel et puis finalement, elle me fit descendre des escaliers où la luminosité s'estompaient peu à peu pour laisser place à un faible éclairage de couleur violette. Au Devil c'était le rouge, ici c'était le violet et le rose foncé. Chacun avait sa couleur fétiche et je réprimais par ailleurs un rire mesquin à cette pensée, tout en continuant de suivre la femme.

Elle me fit marcher dans un couloir sombre et l'humidité de l'espace étroit me caressait la peau. Le bâtiment était luxueux et moderne dans tout son ensemble, mais ici, dans ce couloir, on avait l'impression d'être dans un sous-sol abandonné. Au bout du passage, mes yeux occupés à scruter avec dégoût les mûrs sales ne remarquaient pas de suite la jeune femme poser un pass sur un boîtier, sûrement pour déverrouiller la cloison.

Plus on descendait dans le bâtiment et plus des frissons parcouraient mon épiderme. Jusqu'à ce qu'une chaleur intense s'empare de mon être lorsqu'elle ouvrit la porte en grand, me laissant passer en première. C'était immense. Tandis que le Devil était construit en longueur, l'Ahprodisiac s'était basé sur la hauteur. Je marchais sur un palier et pouvais apercevoir une salle de danse en bas en me penchant sur les rembarres. C'était vide, calme, et propre. Le palier longeait les quatre mûrs principaux du lieu et à ma gauche, se trouvait un escalier en ferraille qui descendait jusqu'en bas. Bouche-bée, je continuais de suivre la femme en jugeant le club des yeux.

Dans le silence qu'elle avait installé entre nous depuis le début, je me préparais mentalement à rencontrer sans aucun doute, l'un des associés de Kana. Il était évident qu'il ne se pointerait pas devant moi ni même devant n'importe qui seulement pour un entretien d'embauche. De toute évidence, même ses employés d'ici ne connaissaient pas son visage. Mais la personne que je m'apprêtais à rencontrer, oui. J'en étais certaine.

Toujours inébranlable et sans me donner le plaisir de voir sa dentition sûrement parfaite, la jeune femme s'arrêtait devant une seconde porte noire, à mis-chemin du palier. Les coups de ses poings résonnaient contre l'acier et un homme baraqué apparaissait devant nous. Mes yeux se glissait sur sa carrure et son accoutrement qui était principalement basé sur le noir. Le costard cravate qu'il portait lui donnait une attitude stricte — c'était un type de la sécurité. La main dans l'une de ses poches, il me visualisait de la tête aux pieds et un sourire discret naissait sur le coin de ses lèvres.

Kana avait peur, peur que quelqu'un découvre son identité ou que quelqu'un vienne fouiner dans ses affaires. Et ce n'était pas étonnant que des mecs de la sécurité déambulaient dans chaque coins de son établissement, dont lui. Pour un simple entretien d'embauche, c'était extrême de foutre un garde dans cette pièce, mais en vue de ce que je faisais ici, ce n'était pas une si mauvaise idée pour lui et sa sécurité. Seulement, eux, me prendrait au final pour la petite étudiante dévergondée utile pour faire la serveuse dans leur club. Sans savoir qu'en réalité je jouais la taupe du Devil, prête à les réduire en miettes autant que le souhaitait Wang.

Sans même adresser un mot au type baraqué, la jeune femme lui fit un signe de tête et me laissait seule avec lui. Mes yeux ne quittaient pas les siens qui exploraient mon décolleté vicieusement comme un véritable connard. Et après avoir jugé qu'il avait assez jouer aux pervers, il me laissait entrer dans la pièce qui n'était qu'un simple bureau, sans fenêtres et sans luminosité, mis à part une petite ampoule qui scintillait au centre du plafond. Je demeurais dans une pièce au décor non pas des plus rassurant et me sentais comme un chaton dans une cage sombre. Manifestement, cette pièce n'avait pas été rénové de la même façon que le reste du bâtiment, c'était carrément sale et une odeur d'humidité se diffusait dans l'air désagréablement.

La porte se fermait dans mon dos tandis que mes orbes dévalaient discrètement sur les quatre mûrs, jusqu'à tomber sur une petite caméra placée dans un des coins. Cette pièce-là, elle était donc à éviter au cas-où l'envie d'entrer par effraction me viendrait en tête. J'eu l'envie de rire mais le moment pour faire du sarcasme était mal venu, surtout lorsqu'un toussotement grave me sortit de mes songes.

Un deuxième homme, plus jeune que le gars de la sécurité, était assit dans un siège en cuir noir derrière un bureau, m'observant avec un regard perçant. Il semblait être de grande taille et ses larges épaules lui donnait une allure robuste. Ses traits de visage tirés dans une expression sérieuse me prouvait qu'il n'avait pas la moindre envie de rire, il était très sérieux.

L'impassibilité se découvrait sur mon visage alors que j'entrais dans la peau de mon personnage.

━ Asseyez-vous, il tendit la main vers le siège face à lui.

Quelques pas me guidaient jusqu'à la ridicule chaise en bois qui attendaient le poids de mon fessier. Je souriais légèrement contre mes propres envies en croisant les jambes, surveillée par le type adossé contre le mur, derrière moi. Je sentais sa présence mais n'en était pas pour autant oppressée, j'avais confiance et j'espérais que l'homme en face de moi le remarque. Ce dernier se présentait en tant que monsieur Kim, nom que j'enregistrais à la seconde dans mes méninges. Comme prédit, c'était donc lui qui s'occupait des ressources humaines ici, alors il connaissait forcément Kana. Son regard sévère tombait dans le mien quand il eu finit de tourner les pages de mon dossier. Rien d'extraordinaire, j'avais seulement envoyer les documents demandés, en l'occurrence, un CV, la photocopie de ma carte d'identité et toutes ces conneries que demandait les entreprises pour un stupide rendez-vous.

━ Parlez-moi de vous, mademoiselle... Clark.

Les bras croisés, il attendait que je déballe ma vie sur le plateau.

━ Que voulez-vous savoir ?

━ Commencez par l'essentiel.

━ J'ai besoin d'argent pour payer mes frais de scolarité. Le poste de serveuse m'intéresse car j'ai déjà eu une expérience dans ce domaine qui m'a plu, être dynamique et toujours occupée. Le monde de la nuit aussi, ce sont des choses que j'apprécie.

Larges-épaules analysait non seulement ma personne mais il en fit de même pour chacune de mes paroles.

━ Quelle expérience ? Dites m'en plus.

━ J'ai travailler pendant un été dans le restaurant de ma grand-mère.

Au même moment que je déblatérais cette connerie, il lisait mon CV sur lequel il avait déjà la réponse à sa question. Pour la première fois depuis mon entrée, un sourire se dessinait sur son visage, mais ce n'était pas de la sympathie et cela ne m'était pas surprenant. Je m'attendais déjà à ce qu'il me prennes de haut avec ça.

━ Vous pensez sincèrement qu'avoir travailler comme serveuse dans un minable restaurant de campagne fait de vous quelqu'un de capable pour assurer des services dans un club de strip-tease ?

Ma grand-mère était dans un trou depuis des années et même si ce n'était qu'un mensonge, ces paroles me piquait. J'étais touchée dans mon amour propre. Il ne me pensait pas capable de devenir serveuse dans un club, sans savoir que je l'étais déjà en réalité. 

━ Vous marquez un point, monsieur. Travailler au service des petites familles faussement parfaite ou encore des ouvriers de campagne n'a rien à voir avec travailler pour des frustrés sexuels et quelques débauchés malsains, souriais-je légèrement.

Ses sourcils se fronçaient une demi-seconde à mes dires crus mais réels, avant qu'il ne s'adosse plus confortablement dans son siège, visiblement intéressé par ce que je disais.

━ Vous postulez pour ce poste mais le ton que vous prenez à parler de nos clients montre que vous les méprisez, pourquoi vouloir être à leur service dans ce cas ?

━ Parce que j'aime l'ambiance de la nuit, répondis-je sereinement. J'aime voir ces gens devenir des personnes qu'ils ne sont pas quand le jour se lève. Je suis jeune et j'aime la distraction, je serais certainement plus enjouée en observant ce qu'il se passe dans un club de strip-tease plutôt que dans un restaurant calme. C'est plus amusant de travailler dans des conditions qu'on apprécie et de toute manière, même si comme vous le dîtes, je les méprise, peu importe l'endroit, je ne choisirais jamais mes clients.

Le brun cherchait dans mes yeux la moindre faille qui pourrait me trahir. A peine étais-je entrée dans cette pièce qu'il se méfiait déjà de moi et là encore, il tentait de percevoir l'infime faux pas de ma part. Manque de chance, dans ma tête, je n'étais pas la vraie Clark Regina. Je n'étais pas serveuse au Devil et je n'avais aucune expérience dans le monde de la nuit. Ma concentration me dictait quelles étaient mes caractéristiques ; l'étudiante en licence de psychologie dans une faculté hors de prix, vivant seule, sans aide financière de ses parents. Plus rien ne me ramenait à mon véritable quotidien et j'étais quelqu'un d'autre après avoir passé les portes de l'Aphrodisiac.

Et même s'il m'épiait difficilement, il ne me fera pas tomber, il en était hors de questions.

━ Ce que vous dîtes me pousse à croire que vous êtes là pour la distraction, n'est-ce pas risqué ? Vous n'avez pas peur que je puisse pensez que vous n'êtes pas là pour rendre service à nos clients mais pour satisfaire vos propres envies d'amusement ?

Il parlait sérieusement mais paraissait intrigué par mon attitude. Il avait raison, j'étais là pour le poste mais en même temps, je parlais des clients comme des ennemis. J'avais un plan, en réalité. Il devait me voir comme quelqu'un de différent qui prenait des risques en affirmant ce que je pensais vraiment, sans avoir peur de ce qu'il pourrait penser. De cette façon, sur le nombre d'entretiens qu'il aura, je sortirais peut-être du lot.

━ Hm, pouffais-je, vous avez raison. Mais, dans le fond, n'êtes-vous pas d'accord avec moi ?

━ Qu'est-ce que vous voulez dire par là ?

━ Vous connaissez vos clients, n'est-ce pas ? Je n'ai jamais travailler dans un club de strip-tease, mais cela ne veut pas dire que je ne sais pas ce qu'il s'y passe. Ils sont des animaux, ces gens. Ils veulent sortir de leur plate vie et oublier leurs problèmes. Qu'ils s'agissent d'hommes ou de femmes, d'ailleurs.

Son silence m'incitait à poursuivre.

━ Vous savez, je ne suis pas innocente. Et concernant ma distraction, je fais des études en psychologie, je suis donc intéressée par les humains et leurs manières d'agir. Je ne suis pas ici seulement dans le but d'avoir assez d'argent pour payer mes études à la fin du mois, je prend ceci comme une réelle expérience.

Mes paroles glissaient dans ses oreilles comme s'il me faisait passer à l'oral et qu'il cherchait à me donner une note. Il n'affichait rien sur son visage qui me laisserait savoir ce qu'il pensait mais ses yeux, étaient de plus en plus intéressés par chacun de mes mots. Il ne baissait pas ses armes mais m'autorisait à m'exprimer afin de m'analyser.

━ Non, vous n'êtes pas innocente, sinon vous ne viendrez pas dans ce genre d'endroit. Mais être cliente dans un club et être employée sont deux choses différentes. Cela va de soi, mais malgré l'audacité de vos paroles et votre confiance, vous ne savez rien de ce métier, mademoiselle Clark.

━ Et que dois-je savoir de plus mis à part que les femmes qui travaillent dans le monde de la nuit sont considérée comme des accessoires utiles pour servir les fantasmes indécents et impurs de vos hommes ?

Ma réponse eut l'effet d'une vérité tranchante, ce qui le surprenait. Son regard devenait noir un instant mais il se détendit de suite, parce qu'il savait que j'avais raison. Les doutes que monsieur Kim avait sur moi laissait place à de l'intrigue. Depuis le début, il me visualisait comme un ennemi, comme Wang le faisait pour chaque clients qui entrait au Devil. Dans ses affaires là, tout le monde était étudié de la moindre mèche de cheveux jusqu'à la manière dont tu respirais. On ne pouvait faire confiance à personne, moi-même, je n'avais pas une totale confiance en des personnes qui partage mon quotidien, il y avait toujours une part de méfiance à obtenir. Il existait partout des fouines prête à tout pour foutre un bordel massacrant dans le business et en l'occurrence aujourd'hui, la fouine, c'était moi.

Toutefois, maintenant qu'il avait entendu ce que j'avais à dire, le mystère que je laissais découvrir sous la peau de mon personnage ne le rendait pas indifférent.

━ Quel âge avez-vous ? Vingt-trois ans, c'est ça ? il me demandait.

━ C'est exact, j'ai vingt-trois ans.

━ Vous êtes encore jeune, mais manifestement, vous semblez savoir à quel genre de personne vous pourriez avoir à faire dans un club de strip-tease. Mais une fois derrière le bar, entourée de prédateur qui comme vous dîtes, ferait tout pour satisfaire ses fantasmes indécents et impurs quitte à prendre une simple serveuse, sauriez-vous défendre et surtout protéger votre image de femme ? Vous faire peur n'est pas mon intention, mais vous devez savoir que cela fait des mois que nous cherchons une serveuse car les précédentes n'ont pas accepté les remarques perverses ni le comportement de ceux qui n'avaient pas leur langue dans la poche.

Oh que si, il voulait me faire peur. Mes remarques l'avaient sans doutes touché et il n'admettait pas le fait que je pouvais lui tenir le débat de cette manière alors que d'un point de vue externe, je devais être la faiblesse et lui l'avantage. Après tout, il était mon supérieur dans ce contexte, mais c'était comme si cette discussion était plus une confrontation pour défendre nos idées, comme si nous n'étions plus en entretien d'embauche.

M'oppresser par ses orbes sombres, me déstabiliser par tout les moyens... il jouait avec moi afin de savoir jusqu'où je serais capable d'aller pour obtenir ce putain de travail. Et si cela ne tenait qu'à moi, dans une autre situation j'aurais pu jouer de mes charmes pour obtenir ce que je voulais. Mais je doute qu'ici, ce genre de méthode puisse porter ses fruits.

━ Je sais ce que vous cherchez, c'est pour ça que j'ose affirmer mon avis et je sais que je serais capable d'assurer ce poste. Tout ce que vous ne voulez pas, c'est vous retrouver avec une gamine incapable de se défendre face à la férocité bestiale des clients, qui pourrait devenir une victime ou encore qui montrerait une image incrédule à l'Aphrodisiac. Vous choisissez certainement vos employés en fonction de leurs caractères, quelqu'un de faible n'a rien à faire ici ni même dans le monde de la nuit. Et sauf mon respect, monsieur, vous n'allez rien m'apprendre sur ce que je sais déjà de l'homme et de ses failles.

━ Comment pourrais-je être sûr que vous feriez l'affaire ? Que vous ne prendrez pas peur et abandonner votre poste en plein service ?

Décidément, il essayait vraiment de me dissuader de vouloir le poste.

━ Pouvez-vous répondre à une question si je peux me le permettre ?

━ Je vous écoute ?

━ Vous savez qui est-ce qui gagne dans un débat ?

━ Je suppose que c'est celui qui a le plus d'arguments, il haussait les épaules.

━ Oui, mais il faut aussi qu'ils soient justes.

Le brun croisait ses doigts entre eux, m'observant avec intensité.

━ Cet entretien d'embauche n'en est plus un depuis quelques minutes, nous sommes simplement en train de débattre sur les conditions de travail des serveuses dans un club de nuit, mais j'ai eu recours à tous les moyens pour vous prouvez qu'assurer ce poste ne me faisait pas peur. Vous faites de la prévention sûrement pour éviter de quelconques problèmes et ne pas vous retrouvez en justice face à l'une de vos employées et un client, je n'ai pas raison ?

Je jouais là sur un fait dont j'avais connaissance. Une ancienne serveuse d'ici qui avait eu... quelques soucis. Et visiblement, vu l'expression de son visage, je venais de toucher un bon point.

━ Vous avez du mal à lâcher le morceau. Qui souhaiterait ce genre de situation dans son établissement ?

━ Personne. Mais jusque-là, ai-je assez montré que j'avais la carrure pour supporter qu'on me prennes pour un objet sexuel ? Ils me prendront pour leur salope, mais croyez-moi, ils ne m'en convaincront jamais. Vous savez, que ce soit dans un club de strip-tease ou dans la rue, les pensées de certains ne changent pas. En tant que femme, j'ai l'habitude.

Monsieur Kim pouffait à mes dires et tournait le regard en direction de la porte d'entrée, où était posté le type de la sécurité. Les deux échangeaient un regard complice, puis le brun replongeait ses yeux dans les miens. Un silence durait un instant, comme s'il réfléchissait plus amplement à mes arguments.

━ Très bien, je sais ce que je voulais savoir, vous pouvez sortir.

Quoi ? Comme ça ? Déjà ?

━ Vous pourrez vous estimer heureuse lorsque la secrétaire vous appellera pour la confirmation de votre embauche, mais si jamais ce n'est pas le cas, vous pourriez toujours vous inscrire dans un club de débat dans votre école. Votre débit de parole sera peut-être plus utile.

Il me souriait et levait la main pour m'inviter à prendre la sortie. Mes badigoinces s'étiraient également de chaque côté de mon visage, comprenant son allusion. Il me faisait croire que mes arguments étaient inutile mais en réalité il savait que j'avais raison. Sûrement qu'il se sentait blessé dans son égo que je puisse parler des hommes de cette manière, mais ce n'était pas seulement mon avis, c'était une vérité.

Maintenant, c'était soit très mauvais, soit très bon. J'avais risqué gros en parlant d'une manière méprisante mais puisqu'il cherchait des personnes forgé de caractère, peut-être qu'il verrait en moi une opportunité.


[...]

na seyeon ━ 17:00



Un voile de sueur recouvrait mon front. Assise en tailleur au milieu de la scène du club désertique, je repris mon souffle tant bien que mal. La chorégraphie que je m'obligeais à travailler encore et encore, sur le même son, me fatiguait. Je me forçais à m'arrêter maintenant avant de perdre le souffle et l'usage de mes jambes. Car jusqu'à preuve du contraire, j'en avais encore besoin. La musique se stoppait quand j'appuyais sur le bouton d'arrêt de mon téléphone et soufflais en m'essuyant le front à l'aide d'une serviette. Chaque semaine, je m'entraînais ici en pleine journée afin de travailler sur de nouvelles danses et les meilleures combinaisons de mouvements pour une musique bien choisie.

Quand j'estimais avoir assez user de mon temps pour m'entraîner, je repris mes affaires au sol et marchais dans les couloirs privés pour retrouver ma loge. L'eau de la douche perlant sur ma peau me rafraîchissait et je soufflais ; c'était le meilleur moment de la journée après tant d'efforts physiques. Mon peignoir noué autour de la taille, je m'installais sur la chaise placée devant le miroir afin de brosser la tignasse au dessus de ma tête. Peu à peu, je m'évadais dans mes pensées et mes yeux se déposaient sur le cadre photo près de mes pinceaux à maquillage.

Stoïque devant la photographie, ma brosse passait lentement sur mes cheveux alors que des souvenirs passait dans mon esprit. Cela faisait un moment que je n'y avais pas repenser.

Ils étaient tous — les personnes présentes sur la photo — devenus des inconnus à présent.

Pourtant, il s'agissait de ma propre famille. Jaemin, mon père, moi et ma mère, souriant devant l'objectif. Mon frère n'avait pas plus de dix ans à cette époque, son visage angélique reflétait un simple garçon plein de joie et maintenant, il mettait tout en œuvre pour ressembler à son père en jouant aux vilain garnement qui attirait tous les problèmes du monde sur lui.

L'ébauche d'un sourire c'était formé sur les lèvres de mon paternel ce jour-là, chose qui maintenant, était inexistante. Aujourd'hui, derrière ses expressions on y devinait de la mesquinerie et un certain vice. Avant mon père souriait sincèrement, maintenant il souriait à la douleur d'autrui. Il essayait de me rouler dans la farine avec ses sales yeux doux qui me regardaient comme un diamant, mais je savais que la totalité de ses actes étaient commis seulement par intérêt. C'était ainsi que je voyais mon père, un manipulateur. Il faisait passer son rôle de business man et proxénète avant celui d'être père. Mais à défaut d'avoir un père nocif, au moins lui avait le mérite d'être « présent » si je puis dire, pour ses enfants.

Ce qui n'était pas le cas de celle que j'observais maintenant avec des yeux maudits, avec sa putain de face épanouie et ses yeux riants, cachant sa véritable personne. Son visage reflétait pourtant la beauté et ses yeux noirs intenses contrastaient avec la douceur de ses traits fins. Si je la croisais dans la rue comme si elle n'était qu'une inconnue, je penserais certainement que l'aura se dégageant de sa seule présence était incroyable. Mais elle n'était pas si parfaite qu'on pourrait l'imaginer en la regardant, cela dit. Cette femme, qui était donc ma mère, n'était qu'une lâche. A mes yeux elle était si mauvaise que même les pires défauts du monde ne pourrait décrire à quel point je la détestais et à quel point sa simple personne me répugnait.

Ma génitrice n'était qu'une belle pourriture. Elle avait abandonné ses enfants sans même donner de raisons ni d'excuses et c'est mon père qui s'était occupé du sale boulot depuis un peu plus d'un an. D'après les dires de mon paternel, ma funeste mère avait mieux à faire ailleurs et que nous n'étions qu'une pression et un poids supplémentaire pour elle. La vie qu'elle vivait avec mon père et nous ne lui plaisait plus, elle ne supportait plus le business et ce que tout ça engendrait sur notre famille. Alors elle n'avait pas choisi meilleure idée qu'abandonner ses enfants du jour au lendemain.

Cette vicieuse pensait que le rôle d'une mère n'était qu'un contrat à durée déterminée, qu'on pouvait stopper lorsqu'on en avait envie. Une fois notre majorité passée, elle n'avait plus à tenir de responsabilités de parents et avait décidé de prendre la fuite, nous laissant baigner dans le monde de notre père, seuls. Et croyez-moi, si elle n'avait pas donner d'arguments à sa fugue, c'était bien parce qu'elle avait des choses à se reprocher, peut-être même plus que ce qu'elle avait dit à mon père et qui dépassait notre imagination.

Quant à mon père, aucune émotion à ce sujet n'avait vue le jour. Ni moi ni mon frère ne savions réellement comment avait-il prit la situation, il était simplement devenu plus froid et moins proche de nous, comme si nous avions notre part de responsabilité là-dedans. Tout restait toujours bien caché dans sa tête et il était impossible de savoir ce qu'il ressentait. Ce qui était sûr en revanche, c'était que depuis la fuite de ma mère, nous n'en avions plus jamais reparlé ni mentionner son nom. Tous les trois, on faisait comme si rien de tout cela ne s'était passé, même seulement mon frère et moi.

De son côté, Jaemin était comme son père. Il masquait sans cesse ses émotions et ses souffrances en prenant le rôle du gamin délinquant qui allégeait ses problèmes familiaux par son moyen favoris ; faire le maximum d'infractions à longueur de journée. Il était comme in-arrêtable, plus il en faisait et plus cela était illégal ou encore dangereux. Ma mère avait été la source d'un nombre incalculable de nos conflits, pas seulement par sa disparition en elle-même, mais par ce qu'elle avait réveillé chez nous, tous les trois. Ses actes impardonnables nous avaient poussé à devenir d'autres personnes. Nous étions à présent des livres fermés dans lesquelles il était impossible d'y lire une ligne. Si son but avait été de nous détruire, elle avait réussi. Pendant ma phase de colère, que j'avais fini par enfouir pour ne pas exploser contre ceux qui ne le méritait pas, j'avais eu l'envie de retrouver ma mère et de lui cracher ma haine, sans jamais en avoir eu l'occasion.

L'abandon était une souffrance abominable, ça pétrifiait de l'intérieur, mais de tout ça, à force de ne plus y penser, j'avais fini par n'avoir plus aucun sentiments vis-à-vis d'elle. J'avais appris qu'en décidant de s'attacher à quelqu'un, on prenait aussi le risque de la voir partir. Alors je m'étais résolue à ne plus vouloir faire des rencontres, mes proches me suffisaient. L'acceptation de la situation était venue plus vite que je ne l'aurais cru mais ce n'était pas seulement parce que je m'étais forcée, j'avais à ce moment-là eu la chance d'avoir mon frère et Akira.

Akira travaillait pour mon père depuis un moment à cette époque, il était déjà devenu l'un de ses pions. Mon père l'utilisait lui et ses potes pour ne pas avoir à se salir les mains lorsqu'il avait un quelconque problème avec quelqu'un. J'avais pourtant prévenue mon copain à répétitions qu'il n'était qu'un ustensile pratique pour mon père mais il était resté dans un monstrueux déni. Il lui léchait toujours autant les bottes. Akira le savait dans le fond, mais il préférait se voiler la face. L'argent était en réalité ce qui poussait mon japonais à continuer, c'était pour cette raison qu'il entrait dans le jeu de mon père, mais aussi parce qu'il en avait peur.

Sur certains points, ces deux hommes se ressemblaient.

Avant la fuite de ma mère, Akira était toujours dans mes pattes. Il me courrait après tous les jours et chaque soirs, il venait au Devil avec ses amis pour me voir. Il m'avait prise pour un objet au début, cela dit. Chose qui évidement, était la raison pour laquelle je l'avais repoussé maintes et maintes fois. Les femmes étaient trop considérées pour de simple objet dans ce milieu et je ne voulais pas que ce soit le cas pour moi, même si c'était déjà le cas avec mon père.

Naturellement, Akira revenait toujours au galop avec ses méthodes de dragues lourdes qui souhaitait juste parvenir à attraper sa proie. Par conséquent, tout avait changé dès le jour où l'autre garce était partie. Il s'était vraiment intéressé à moi comme une personne à part entière. Et alors que j'étais désemparée, prise d'une tristesse que je ne voulais plus jamais ressentir, Akira s'était montré affectueux. Mon frère s'était renfermé sur lui-même et mon père ne s'occupait que de ses affaires illicites.

Il m'avait fallu un temps pour comprendre que la seule personne avec qui j'avais pu parler de mes sentiments pour me libérer, c'était Akira. La reconnaissance que je lui apportais encore aujourd'hui pour ça était immense, voilà pourquoi malgré nos failles de couple, j'acceptais son comportement. J'avais l'impression de lui être redevable, même si je ne l'avais pas forcé à s'occuper de moi à ce moment-là.

A vingt-ans, je n'avais pas encore connu l'amour. Les années scolaires avaient été courtes et presque inexistantes parce que je passais mon temps à danser, pour le club — ce n'était pas plus mal. Depuis l'adolescence j'étais habituée à ne rencontrer personne et cela continuait encore aujourd'hui. Mais Akira, il faisait parti de mon monde et quoi qu'il en advienne, je savais qu'il sera toujours dans les parages si j'en avais besoin. Ma phase d'acceptation avait alors été plus facile à supporter quand j'avais Akira près de moi, compréhensif et à l'écoute. C'était sûrement la raison pour laquelle je m'étais laissée allée avec lui, jusqu'à en tomber amoureuse.

Cette photographie pleine d'hypocrisie et de mensonge n'avait plus rien à faire ici. Elle montrait une image de nous quatre qui n'existait plus, comme une publicité mensongère. L'impulsivité ne m'avait jamais réussie mais cette fois, je savais que j'agissais de manière juste. Le cadre se retrouvait alors en quelques secondes au sol, mon pied écrasant le verre qui se brisait sur le visage de ma mère, de la même manière qu'elle, avait brisé notre famille. Mon père avait sa part de responsabilité dans notre perte mais ma génitrice avait été la cause de notre colère. Il fallait que je piétine cette mascarade pour me libérer. Je ne voulais plus voir son visage.

━ Quelle belle connerie, pestais-je.

La libération que j'éprouvais en jetant les restes du cadre brisé ne durait qu'une seconde. Mon téléphone vibrait sur la coiffeuse et je regardais instantanément le contact.

Regina.

━ Oui ?

━ On peut parler ? J'ai des choses à te dire.

Elle allait me parler de l'Aphrodisiac, ça ne faisait aucun doute. Regina et moi n'étions pas assez proche pour s'appeler et simplement se donner des nouvelles sur nos journées.

━ Tu as eu ton entretien, je suppose.

━ Exact, et ce serait mentir de dire que ce n'était pas amusant.

━ Raconte.

━ Kim. C'est le nom du mec qui m'a prise pour l'entretien.

Dire que ce nom me disait quelque chose n'était pas surprenant puisqu'il était attribué à la moitié du pays, mais j'admets avoir des questions à ce sujet. Ma mère et mon père parlait d'un homme nommé Kim, lorsqu'elle était encore avec nous et que nous étions tous les quatre réunis. Ils se disputaient en privé mais j'avais déjà entendu ce nom sortir de leurs lèvres, plusieurs fois. Après tout, c'était peut-être parce que l'Aphrodisiac était dirigé par des Kim. Les deux clubs sont ennemis depuis la création du Devil, tout ça ne date pas d'hier et mes souvenirs n'étaient pas forcément exacts. Mais j'avais de quoi me poser des questions.

━ Mais encore ? répliquais-je.

━ Ce type a fait en sorte que j'me casse du bâtiment sans l'emploi jusqu'au bout, il voulait me faire peur, je crois. A mon avis il avait de forts doutes contre moi, mais j'ai pas lâché l'affaire.

━ Et quand est-ce que tu auras une réponse ?

━ Demain, j'espère vraiment que notre débat l'a retourner comme il fallait.

Je pouffais. Je connaissais assez Regina pour savoir qu'elle aimait apporter son avis peu importe le contexte et même avec nos ennemis, elle ne se retiendrait pas, en faisant attention cela dit.

━ On dirait bien que c'est le début d'une nouvelle bataille.

L'envie de rire de pitié face à toutes ses conneries me prit et je ne pu m'empêcher de grincer des dents.

━ Je trouve ça excitant, commentait-elle.

━ Tu fais partie de ceux qui se sacrifient pour les petits plaisirs de mon père, j'te souhaite bon courage.

━ Pour mes fesses aussi, Seyeon. J'ai autant la haine contre eux que ton père.

━ Peut-être mais c'est lui le patron, il pourrait bien faire les choses de lui-même.

━ Tu sais que c'est pas si facile que ça...

Bien-sûr, mon père avait seulement peu d'âme pour laisser une de ses meilleures employées risquer sa vie dans le clan ennemi, dans l'unique but de récupérer son putain d'argent. Il savait très bien comment les choses se passaient dans ce monde là lorsqu'on a la position faible, ou en l'occurrence, celle de la traîtresse pour Regina dans l'Aphrodisiac. Je n'avais aucun intérêt sur cette histoire mais le comportement de mon père m'exaspérait, surtout quand il met en péril la vie d'autrui pour sa propre personne. Il ne faisait jamais rien de lui-même, et je détestais ça.

━ Il m'énerve, lançais-je. Depuis des semaines il n'a que l'Aphrodisiac et Kana dans la bouche.

━ Tu dois le comprendre S, c'est une affaire importante pour lui. Parmi tous les clubs privés de la ville, il a toujours été le chef. Et du jour au lendemain, on lui baise ses plans tout ça parce qu'un connard a repris le contrôle sur la quasi-totalité des clients potentiels. C'est le business, c'est pas juste une question d'embrouille inutile comme les shikuza qui cherchent la merde partout où ils traînent leurs culs.

Elle m'avait braqué dès l'instant où elle s'était mise à défendre mon père. Elle avait raison sur certains points, toutefois. Mais défendre l'indéfendable n'était juste qu'un gaspillage de salive supplémentaire. Regina ne connaissait rien de la vie privée de mon père ni même de notre famille, c'était facile pour elle d'apporter un jugement sur ce que je pensais de lui. Elle n'avait aucune idée de ce que c'était d'avoir un père, surtout quand il s'appelle Wang Yejun.

Je m'apprêtais à lui répondre mais me fit interrompre par l'appel d'un numéro inconnu. Je fronçais les sourcils.

━ Quelqu'un m'appelle, j'te laisse.

Le bip résonnait, quittant l'appel et je restais neutre face à ce numéro. Défilant la liste d'appels, j'appuyais sur la personne qui souhaitait manifestement prendre contact avec moi.

━ Bonjour, une voix de femme répondit.

━ Qui est-ce ?

━ Madame Hong, je suis la directrice de l'établissement de Jaemin.

La mauvaise nouvelle arrivait et je le comprenais sans difficulté. Il se passait quelque chose et au ton de sa voix, j'étais persuadée que ça ne sentait pas bon. C'est bien simple, les seules fois où je suis appelée par cette femme, ce n'était jamais pour tergiverser sur les exploits scolaires de Jaemin — il n'y en avait jamais.

━ Je sais qui vous êtes.

━ Super, au moins on ne perdra pas de temps sur les présentations mademoiselle Wang.

Ma tête chauffait. Madame Hong me parlait avec une arrogance dont j'avais horreur depuis le jour où Jaemin a commencé à avoir des ennuis dans son lycée, c'est-à-dire, depuis ses premiers jours en classe de seconde. Autant dire que ça fait un moment que je retiens mes nerfs. Jaemin méritait ses multiples punitions, mais à l'entendre, il était une honte pour son établissement. Il était mauvais, mais pas le pire. Sa manière de se comporter avec lui était injuste.

Sans retenir mon rire sarcastique, elle reprit la parole ensuite, comme si elle n'avait pas entendue.

━ Pourrait-on se voir pour discuter ?

Je prendrais alors le risque de remettre en place cette femme et de potentiellement, envenimer les choses pour mon petit frère.

━ Quand ?

━ Maintenant, si possible. Jaemin a été exclus de son cours et ceci vaut pour la semaine prochaine.

━ Dans quinze minute, je serais là.

Un soupir quittait mes lèvres alors que je frottais mes yeux, m'enfonçant dans mon siège. La demi-heure qui suivait allait sans doute me faire perdre patience, je détestais les professeurs de mon frère mais encore plus celle qui les payaient. Cela dit, elle n'aurait aucune raison d'être si méprisante si Jaemin ne tendait pas la perche trop loin, tous les jours, toutes les heures, et simplement chaque fois qu'il ouvrait la bouche.

Le lycée de mon frère n'était qu'à quelques minutes du centre ville et pour mon plus grand bonheur, j'y arrivais rapidement. S'il fallait en plus que je traverse des kilomètres pour récupérer Jaemin dix fois par semaine pour ses bêtises, je ne m'en sortirais jamais. Et accessoirement, je n'aurais plus de vie privée en dehors de mon seul et unique frère.

L'ancienneté de l'établissement regorgeait de pourriture et la façade délabrée ne donnait absolument pas l'envie d'y faire cours ni même d'y entrer. Les murs au papier peint beige s'effritaient lamentablement à cause de l'humidité et les casiers bleus donnait un aspect vintage affreux aux couloirs. C'était encore pire que lorsque j'y étais venue, car à mon époque, c'était une décoration dans les thèmes. Maintenant, on avait l'impression de traverser une école hantée.

Pendant mes années lycée, chaque établissements se réunissaient dans ce bâtiment — soit dit en passant, le plus naze de la ville — pour des compétitions inter-scolaire de sport. J'y étais allée plusieurs fois et depuis, la réputation de cet établissement n'avait jamais changée ou peut-être que c'était pire. Tout ceux qui sortaient d'ici ne risquait pas d'obtenir un avenir brillant. La plus part n'était que des vilains ados auquel on pouvait y ajouter Jaemin.

Un second couloir sombre me fit face plusieurs mètres plus tard et je trouvais un jeune homme aux cheveux noirs ébène assit sur un banc, face à une porte grise. Les bras croisés, je soufflais volontairement assez fort afin qu'il remarque ma présence. Quand son visage se levait pour rencontrer mon regard, mon désespoir n'eut aucune difficulté à se dévoiler sur mon faciès.

━ C'est quoi cette fois ? pestais-je. Tu t'es battu où je rêve ?

Le contour de son œil violacée m'aidait à comprendre pourquoi il s'était fait viré de cours, mais visiblement, même ça ne semblait pas l'inquiéter. Il se contentait de sourire en coin, content de sa connerie comme d'habitude.

━ Non, j'me suis simplement amusé à me maquiller Seyeon.

En plus de faire l'innocent, il osait encore faire du sarcasme. Cela dit, sa jambe tremblant sur le sol me prouvait qu'il n'était pas tout à fait vidé de sa colère. L'élève avec qui il s'était battu avait dû le faire sortir de ses gongs.

━ Attend-moi là, le prévenais-je.

━ Et où veut-tu que j'aille de toute façon...

Il levait les yeux au ciel, soupirant.

━ Ne prend pas ce ton là avec moi Jaemin, parce qu'encore une fois, c'est moi qui te sort de la merde. Alors tu bouges pas tes fesses d'ici et t'attends que je reviennes.

━ Ouais, soufflait-il.

Son comportement me fit secouer la tête et laissant mon frère aborder son regard plein d'innocence, je frappais contre la porte, où était inscrit le nom de madame Hong, suivit par le poste qu'elle occupait.

La proviseur de l'établissement, vêtue d'un tailleur gris monstrueusement dépassé, me regardait de haut, avant d'ouvrir la porte en grand pour me laisser l'accès à la pièce. L'odeur de la vieille tapisserie me donnait un haut-le-cœur. Comment faisait-elle pour passer ses journées dans une pièce qui puait l'ancienneté ?

━ Je ne vous souhaite pas la bienvenue, c'est déjà chose faite je crois, souriait-elle.

Mes yeux la regardaient avec colère alors que je commençais déjà à me retenir de lui balancer ma haine. Je ne relevais pas sa remarque et m'installais simplement sur la chaise face à son bureau, derrière lequel elle s'asseyait. Ses lunettes rectangulaire quelle remontait sur son nez biscornu la rendait stricte et sévère. Elle croisait ses doigts contre le bureau en bois, ses yeux me scrutant.

━ Qu'est-ce que Jaemin a fait ?

━ Ce qu'il a fait ? pouffait-elle. Ce qu'il a encore fait, vous voulez dire. Votre frère nous en fait voir de toutes les couleurs depuis qu'il est scolarisé ici, ce n'est plus une surprise maintenant.

━ Excusez-moi mais-

━ Inutile de vous excusez mademoiselle, après tout, ce n'est pas de votre faute si votre frère est un garçon indéniablement perturbé.

Mes oreilles se mirent à chauffées. Je tiquais de l'œil à l'entente de ses paroles et mes sourcils se fronçaient instantanément. Jaemin était perturbé et malgré ça, il devait faire la différence entre sa vie privée et sa scolarité, mais descendre mon petit-frère sans scrupule devant moi, c'était bien la chose à ne pas faire. Elle avait toujours pris mon frère pour un moins que rien qui n'avait pas d'avenir, je détestais ça.

━ Aujourd'hui Jaemin a frappé un élève pour une raison qui m'est inconnue et ce n'est pas la première fois qu'il agit avec violence dans cet établissement.

Le ton de sa voix était lasse, comme si aborder le sujet de mon petit-frère l'agaçait. Chose que je comprenais d'ailleurs, mais en tant que directrice, ne pouvait-elle pas faire un effort devant moi ?

━ Avec qui s'est-il battu ?

━ Un de ses camarades de classe, Youngjae.

Si mon frère s'est battu avec Youngjae, alors ce devait être pour une très bonne raison. Cet adolescent n'était qu'un petit branleur et il avait une réputation toute faite du petit con insupportable. Arrogant, méprisant et insolent, il était le fils d'un ancien mafieux de la ville. Son père était pleins aux as et ce petit n'avait pas à bouger le pouce pour être sauvé. Il n'avait qu'à dire qui était son père pour ne pas être puni. Cette femme était sans aucun doute manipulé par la peur qu'elle éprouvait contre le père de cet enfoiré, mais cela dit, si elle savait qui était notre père, elle ferait sûrement moins la maline. Puisque cet élève était pris à la rescousse par son père, pourquoi Jaemin ne ferait-il pas la même chose ?

━ Pour quelles raisons se sont-ils battus ? je demandais, les sourcils froncés.

━ Aucune idée, mais de toute évidence il n'est pas difficile de savoir que votre frère est celui qui a provoqué l'autre en premier.

━ Hm, pouffais-je. Attendez, vous me dites que vous ne savez pas pourquoi ils se sont battus, vous n'avez aucune idée de ce qu'il s'est réellement passer mais mon petit frère en paye quand même les conséquences ? Quand est-il de Youngjae ? A-t-il prit une sanction ?

Ses lèvres se plissaient afin de laisser un silence dans la pièce. Elle ne répondait pas et rangeait des feuilles sur son bureau, comme si elle voulait éviter le sujet. De mon côté, cette injustice me rendait folle.

Et le fait qu'elle ne répondait pas à ma question me rendait impatiente.

━ Pourquoi vous ne répondez pas madame ?

━ Cet élève qui a été violenté par Jaemin est quelqu'un de sérieux en classe, contrairement à votre frère qui lui, traîne souvent dans de mauvaises affaires. Il sera viré pendant toute la semaine, point final.

Attendez deux minutes, laissez-moi rire. Cette femme était soit bête comme un âne, soit dans le déni pour ne pas savoir que Youngjae était un criminel, tout autant que son père. Je n'avais pas de détails sur ses activités mais il était comme Jaemin, il suivait les mêmes chemins que son père. C'est effectivement possible que mon frère soit fautif mais elle n'en savait rien, elle n'avait aucun détail sur la bagarre. Et je connaissais assez le comportement du père de cet enfant pour savoir qu'il était capable de mettre le monde entier de son côté pour ne pas salir sa réputation, y comprit cette femme.

Réputation déjà pas très propre si vous voulez mon avis.

━ Jaemin sera alors à la maison pendant la semaine qui suit, c'est d'accord.

Elle me connaissait très mal pour croire que j'en avais terminé avec elle.

━ Mais, j'aimerais savoir comment vous vous sentez madame ? Vous sentez vous à l'aise dans vos baskets ?

━ Je vous demande pardon ? s'offusquait-elle.

━ Je n'excuse pas ceux qui se font acheter pour être en sécurité. La vérité madame, c'est que vous avez conscience que vous êtes manipulé par l'argent, pourquoi ? Parce que votre établissement est tellement pourri que vous êtes obligé d'accepter l'argent d'un criminel pour que son fils puisse vivre sa vie comme il l'entend. Mais croyez-moi, faire ça ne changera rien à son avenir ni même celui de votre lycée. L'argent qu'il vous envoie n'améliorera jamais la sale réputation de votre espèce d'école.

━ Comment osez-vous ?

━ Ce n'est pas de l'audace, c'est seulement la pure vérité. Vous savez très bien que ce lycée est célèbre pour faire grandir tous ses futures criminel. Ne jugez pas mon frère quand vous, en étant adulte responsable, n'êtes vraiment pas mieux que tout ses élèves réunis.

Contrairement à ce que je pensais, elle se mit à pouffer, comme si mes mots ne l'atteignaient pas une seconde. Ceci prouvait qu'elle était vraiment dans le déni, jusqu'au bout. Mais toutefois, j'attendais de savoir ce qu'elle avait à dire pour sa défense.

Un petit silence séjournait entre nous et elle en profitait pour scruter mon visage, mes vêtements et mes cheveux. La manière dont la lueur mauvaise dansait dans ses yeux en me regardant me donnait l'envie de briser le verre de ses lunettes. Elle non plus, n'en avait pas fini avec moi.

━ Et vous mademoiselle, je vous retourne la question. Vous sentez-vous à l'aise d'apporter votre avis sur le père d'un élève, quand le votre est inexistant dans la vie de son fils ? A défaut d'avoir un père criminel, au moins lui semble s'intéresser un tant soit peu à la vie de son enfant.

Le sourire qu'elle fit naître sur ses lèvres semblait faire monter mes nerfs en pression. Elle ne connaissait rien de mon père, ni même de la vie de Jaemin. Ce n'était pas la première fois que je discutais avec elle, mais aujourd'hui, j'avais l'intention de la remettre un peu en place. Elle s'était sentie attaqué avec mes remarques et c'était pourquoi elle jouait sur l'absence de notre père. Ce qui était très bas de sa part.

━ Croyez-moi que si vous saviez un quart de nos vies, votre langue serait sûrement moins pendue que ça.

━ C'est une menace ? Je n'ai pas besoin d'en savoir plus que ce que j'imagine déjà. Vous n'avez pas de mère et votre père ne prend aucune responsabilité envers son fils. La seule personne à qui j'ai à faire c'est vous, le plus souvent. Cela doit être dur de jouer deux rôles à la fois, mademoiselle. Malgré le mépris que j'éprouve à l'issue de vos paroles et de votre comportement effronté, je respecte cependant le courage dont vous faîtes preuve.

Derrière son faciès d'hypocrite et d'ingrate, elle cherchait à me dégager de son bureau en la bouclant. Ses yeux m'observaient d'une lueur dédaigneuse autant que je la tuais du regard. Elle souriait légèrement, me montrant qu'elle se réjouissait du malheur des autres, malgré le « courage » qu'elle me vantait.

━ Vous pensez pouvoir me blesser avec vos paroles futiles ? Je connais ma vie madame et il en faut plus pour me virer de votre bureau la bouche fermée. Manifestement, vous êtes déjà obsédé par l'argent ou encore d'autres choses que vous promets cet homme, alors continuer de chercher justice pour mon frère est inutile. Oh, et d'ailleurs, vous feriez mieux de garder votre énergie pour rétablir une réputation correcte à votre établissement plutôt que d'apporter des jugements sur vos propres élèves. Je remarque cependant que votre place ici est mérité lorsqu'on voit ce que devient la moitié de vos élèves, c'est-à-dire, des débauchés. Vous avez sûrement les épaules pour être directrice, mais seulement s'il est au niveau de cet établissement.

Sans vouloir perdre plus de temps avec cette garce, je me permettais de lui lancer un regard qui je l'espère, ne la quitterais pas jusqu'à ce qu'elle oublie mon existence et me levais. J'ouvris la porte et me retournais une dernière fois vers elle, alors que son visage me prouvait qu'elle me haïssait bien plus que lorsque j'étais entrée.

━ N'attendez pas Jaemin la semaine prochaine, après son exclusion, parce qu'il ne reviendra pas. Mon frère n'a rien à faire là-dedans, mélangé avec des abrutis que ce soit entre élèves ou entre professeur.

━ Et comment pensez-vous qu'il finira s'il ne poursuit pas ses études ? pouffait-elle.

━ Ne vous en faites pas, il sera toujours mieux avec sa famille plutôt que dans votre lycée merdique. De toute manière ce n'est sûrement pas ici qu'il gagnera quoi que ce soit en intelligence, surtout pas avec vous.

Je souriais d'une manière parfaitement hypocrite avant de claquer la porte, sortant vivement de son bureau. La première chose qui me fit face dans le couloir était mon frère, endormi sur la chaise, les bras croisés sous ses aisselles. Sans faire de bruit, je m'approchais de lui puis lui soufflait sur le visage afin qu'il sorte de ses rêveries. Il sursautait à mon acte et prit le temps de se réveiller, avant de me regarder une demi-seconde.

━ Hmmm, soufflait-il en s'étirant.

━ Debout, on s'en va d'ici.

Je pris le chemin de la sortie directement mais n'entendais pas les chaussures de Jaemin marcher sur le sol.

━ Jaemin, tu comptes coucher là ?

Il se levait difficilement.

━ Non, j'préfère encore me tirer une balle.

━ Cool, alors grouilles-toi.

Ses grandes jambes avançaient finalement jusqu'à moi et il me suivait dans le couloir glauque de son lycée. Je fus surprise par l'un de ses bras se poser autour de mes épaules alors que nous marchions vers la sortie. L'odeur de cigarette gravé sur lui et ses vêtements, je fronçais les sourcils en me reculant légèrement. Et même si je comptais bien rester intransigeante avec lui, le sourire espiègle qui ne quittait pas ses lèvres me fit retenir de rire.

━ T'es fâchée contre moi frangine ?

━ Qu'est-ce qu'il s'est passé avec Youngjae ?

Il soupira à ma question. L'expression blasé de mon frère ne m'aidait en rien à savoir ce qu'il s'était passé mais une chose était sûre, l'enflure qu'était son camarade de classe avait dû le pousser à bout. Nous continuâmes de divaguer dans les couloirs de l'établissement et je ne cessais d'analyser mon petit frère qui venait de retirer son bras de mon épaule, tout en observant les alentours avec un regard sévère. Ouais, là, il était super énerver.

━ Il m'a insulté de fils de pute, avoua-t-il.

Tout prenait finalement un sens, maintenant. Notre mère était ce qu'elle était, c'est-à-dire une lâche, mais à défaut d'être inexistante dans nos vies, on ne pouvait pas dire qu'elle était une salope. C'était peut-être l'une des ses qualités et la chose qu'elle avait réussie à échapper. Mais en étant la femme de Wang Yejun, elle n'aurait jamais pu se permettre d'exercer ce métier.

C'était cela dit, l'insulte favorite que mon père accordait à ma mère, lorsqu'il en avait la moindre occasion. Entendre ceci de la part de notre géniteur, malgré le mal qu'on pouvait souhaiter à notre mère, était devenu blessant. Nous savions très bien ce qu'était notre mère, mais l'insulter ainsi nous prouvaient une nouvelle fois qu'elle n'était pas une bonne mère. Qu'elle nous avait abandonnés, délaissé, trahis. C'était un pic vicieux et méchant. Mais lorsque cela venait de notre paternel, c'était une habitude, par contre qu'un autre se le permettre sans connaître un quart de nos vies, je comprend que cela puisse énerver Jaemin.

━ Tu as une assez bonne excuse, mais c'est pas une raison pour rentrer dans son jeu Jaemin. Tu sais comment Youngjae peut faire son abruti mal élevé, ne lui donne pas raison en agissant de la même manière, t'es plus intelligent et tu vaux mieux que ça.

━ Et ça changera quoi de toute façon ? Il restera ici, il va baigner dans l'argent de son père et aura toujours ce qu'il voudra.

━ Oui, mais toi, crois-moi que tu ne remettras plus un seul pieds dans ce lycée.

Il se tourna vers moi, visiblement abasourdi.

━ Quoi ? s'offusquait-il.

━ T'as bien entendu, l'école c'est fini, enfin, pas ici en tout cas. Je refuse que tu restes sous les ordres de cette foutue directrice.

Mon frère se mit à sourire et me pris à nouveau dans ses bras lorsqu'on sortait de l'établissement, marchant les quelques escaliers avant d'atterrir sur le parking. Je fronçais les sourcils à cette soudaine accolade quelque peu oppressante.

━ Chère soeur, sache que je t'aime.

Le repoussant légèrement, je le regardais d'abord de haut en bas avant de marcher devant lui.

━ T'excite pas Jaemin, papa te laissera sûrement faire ce que tu veux si tu ne vas pas à l'école mais c'est pas mon cas. T'as plutôt intérêt à te trouver un travail.

Ses épaules s'affaissât à mes dires, certainement vexé que je ne lui laisse pas la liberté qu'il souhaiterait, mais c'était mon frère et je pensais à son bien. Il est clair qu'il n'ira jamais nulle part s'il comptait rester les bras croisés ou encore traîner avec ses copains à longueur de journée. Ce n'était pas comme ça qu'il apprendrait quoi que ce soit sur la vie réelle.

━ J'ai dix-neuf ans et aucun diplôme en poche, personne ne m'acceptera nulle part, soufflait-il.

Je pouffais à sa tentative de trouver une excuse bidon.

━ Bien essayé Jaemin, mais ce genre d'excuses ne marche pas avec moi. Et puis tu sera toujours mieux dans un travail que t'aimes plutôt que dans ce lycée merdique avec ta pétasse de directrice qui se prend pour une reine.

Arrivés près de la voiture, il ouvra la porte passager en rigolant tandis que je m'installais côté passager.

━ Ouhhh, j'adore quand tu parles comme ça Seyeon, tu lui as dit quoi à la vieille d'ailleurs ?

Je soufflais en insérant mes clés près du volant, m'attachant par la suite. De son côté, Jaemin ne cessait de répéter une quinzaine de fois cette même question, manifestement pas convaincue par mon silence et sa voix me brisait déjà les oreilles.

━ Rien qui t'intéresse p'tit con, je pinçais sa joue.

━ Ok je vais lui demander tout seul alors, il commença à ouvrir sa portière. Madame la proviseur, ma grande soeur dit que vous êtes une pétasse c'est-

J'attrapais son bras violemment afin de le faire asseoir sur son siège.

━ La ferme, pestais-je. Et fait attention à tes fesses toi parce que je viens de passer trente minutes dans un bureau qui sent le pourri à déblatérer sur ton compte juste pour sauver ta peau.

Il revenait s'asseoir tranquillement et je démarrais le véhicule pour sortir du parking.

━ Ouais, et grâce à toi, j'ai gagné des vacances éternelles !

━ T'oublie un peu vite c'que je viens de te dire je trouve.

Jaemin haussa les épaules et son attitude « cool » me prouvait qu'il n'avait sûrement pas encore compris que je comptais bien faire en sorte qu'il se bouge les fesses pour trouver un travail. Je comprend le fait qu'après avoir passer des années dans un établissement pareil, qu'il ait l'envie de profiter de ses amis et faire bien plus de conneries qu'avant, c'est normal, tous les adolescents ne rêve que de ça, mais dans ces cas-là, cela voudrait dire que mon discours devant sa professeur n'aurait plus aucune crédibilité.

Le soleil nous accompagnaient sur la route jusqu'au Devil où mon frère souhaitait passer le reste de la journée et à peine avais-je fais un kilomètre, je sentis les doigts de ce dernier tapoter mon épaule. J'entendais déjà sa demande sans même qu'il ne m'adresse un seul mot. Mon frère était prévisible et je ne le connaissais que trop bien, ce qui me fit par ailleurs sourire.

━ Seyeon... disait-il d'une voix mielleuse.

Je ressentis dans mon champ de vision sa face de petit morveux me fixer avec intensité et lorsque mes yeux quitta une seconde la route pour retrouver son visage, le large sourire qu'il me dévoila me fit rire.

━ Tu ferais mieux de t'arrêter là maintenant Jaemin, je ne vais pas te faire conduire aujourd'hui.

━ Tu m'avais promis Seyeon !

━ Et toi alors ? pouffais-je. Il me semble que tu m'avais dis la dernière fois, et encore la fois d'avant, que je n'aurais plus jamais à me déplacer pour sauver tes fesses, non ?

A mes dires, il s'adossa plus confortablement dans son siège en évitant mon regard. C'était bien essayé, mais dommage. J'avais dis que je resterais intransigeante. Car il avait beau être mon petit frère et avoir de la chance que je le défende face à l'irrespect de sa directrice, lui n'avait jamais cesser de lui tendre la perche. Elle n'était pas objective dans son travail puisqu'elle était obnubilé par le fric d'un parent d'élève mais lui n'avait pas non plus une attitude exemplaire à l'école. Il avait également sa part de responsabilité à tenir là-dedans.

Il prit un air renfrogné en soufflant, son poing soutenant sa tempe.

━ J'men fiche de ce lycée de merde, ce que je veux c'est reprendre le Devil après papa.

Chose qui n'arrivera sûrement jamais, et sa réponse me fit souffler. Mon père avait mis dans la tête de Jaemin une tonne d'idées avec ses sales manigances et son business. Évidement, puisque mon frère prenait son père pour un « héros », il voulait suivre le même chemin que lui. Jaemin trouvait en mon père une certaine admiration car il était très respecté, mais c'était juste une mauvaise image. Si mon père était respecté en ville, c'est parce qu'il était dangereux. Il pourrait tuer pour son plaisir et sa simple protection. Mon frère enviait ça.

J'étais certaine que mon père avait fini par lui faire une tonne de promesses sur la succession du club seulement pour avoir la paix et pour que Jaemin arrête de l'embêter avec ses demandes à répétitions. En réalité, mon père mentait. Il resterait à la tête du Devil jusqu'à sa mort et Jaemin ne reprendrait pas le club. Le jour où il sera inapte à s'occuper de son business, il le vendrait à des milliers pour ensuite s'offrir une belle retraite dans les îles paradisiaque, avec, ou sans nous. Mon père n'était pas un saint ni même quelqu'un de généreux et mon frère l'idéalisait tellement qu'il faisait l'aveugle. Pourtant au fond, il savait très bien quelle était la nature de son propre père.

De mon côté j'étais certaine que mon frère serait tout à fait capable de reprendre le Devil lorsque mon père décidera de lâcher son business, mais ceci n'arrivera pas d'aussitôt et il y avait peu de chances pour qu'il lui laisse la place plus tard. Et l'idée d'en parler avec mon frère maintenant, alors que je connaissais déjà la suite, était un débat qui de toute évidence, serait interminable. Jaemin était borné.

Autant ne pas commencer cette conversation.

━ Tu sais quoi ? On va faire un deal, répliquais-je calmement, les yeux sur la route.

━ Un deal ?

L'observant une demi-seconde, je remarquais qu'il semblait intéresser par ma requête.

━ Si tu te motives à trouver un travail, dans un truc qui te plaît, alors je t'apprendrais à conduire.

━ Alors tu me laisseras ta voiture pour aller voir mes potes ?

Je tournais les yeux vers lui et levais les sourcils. Il prenait vraiment trop vite la confiance celui-là.

━ Démerde-toi à trouver un travail, le reste on verra plus tard.

Il semblait réfléchir le temps de quelques minutes silencieusement, puis se tournait finalement vers moi, me tendant son petit doigt avec un sourire.

━ Ok, deal.


[...]

23:45 — devil lounge club


Vêtue de ma tenue de danse pour la prestation de ce soir, je mis un par dessus en soie blanc afin de me couvrir. Je saluais les danseurs lorsque je passa dans le couloir privé des loges afin de rejoindre le bureau de mon père, à l'étage. Il ne se montrait que très peu en bas, la plus part du temps il restait la journée et même des nuits entières dans son coin à gérer ses affaires. Il était prisonnier de son espace.

Quand j'étais rentrée dans le club avec Jaemin, ce dernier n'avait pas perdu de temps à rejoindre ses potes je ne sais où tandis que de mon côté, je m'étais entraînée une dernière fois pour ce soir. Depuis ce moment d'ailleurs, une idée m'était passée par la tête sans que je ne pense à autre chose. Il fallait que je le fasse, que j'essaye, au moins. Peut-être, avec chance, que si je demandais à mon père de motiver Jaemin à trouver un travail et qu'il le faisait, ce jeune homme écouterait plus son paternel plutôt que moi. Car quand bien même il n'était pas responsable aujourd'hui, je savais aussi pertinemment que les trois quarts du temps, il n'était pas un ange et il fallait de temps en temps lui remettre les idées en place. Je savais que mon père pouvait être rude, mais ainsi, peut-être que Jaemin montrera plus de sérieux. Quoi qu'il en advienne, je ne perds rien à essayer.

Je frappais légèrement devant la porte de la pièce et entendis plus tard le feu vert de mon paternel pour entrer. Je le trouvais là, assit sur son fauteuil en fumant son cigare habituel. Ses yeux noirs intenses me fixaient sans qu'il ne bouge d'un poil, alors qu'il lisait un de ses nombreux dossiers. En me voyant avancer dans les lieux, il déposa son papier sur la surface de son bureau et fit tourner son fauteuil afin d'être face à moi. Mon père était un homme d'envergure, je comprenais tout à fait pourquoi certains en avait peur, il pouvait parfois être flippant et même intimidant. Cela dit, je savais sur quoi jouer pour être tranquille avec lui, même si l'avoir contre moi ne serait absolument pas une idée flattante.

━ Salut, je m'asseyais face à lui.

━ Que me vaut cette visite ?

━ J'aimerais te parler de Jaemin.

La lueur presque ravie de ma visite improvisé s'échappa soudainement, laissant un froid glacial recouvrir son visage. Le je m'en foutisme qu'il dégageait à la seconde où je prononçais le prénom de mon frère me frustrait d'avantage à chaque fois. Je n'avais pas commencer mon discours qu'il semblait déjà ailleurs, comme s'il n'en avait que faire de ce que j'allais bien pouvoir dire. Il tourna les yeux sur sa droite en soufflant et déposait son cigare dans son cendrier. C'était ça, la chose que je détestais le plus chez lui. La réaction qu'il avait lorsque je parlais de mon frère, que ce soit dans ses réussites ou ses conneries. J'en avais mal au cœur.

━ Qu'est-ce qu'il se passe ? me demanda-t-il avec lassitude.

━ Jaemin a eu des problèmes à l'école et sa directrice l'a viré pendant trois-

━ Hm, ricanait-il.

Je fis une pause, le temps d'analyser sa réaction. Il ria, puis souffla avant de croiser les bras.

━ Que vas-tu m'apprendre sur Jaemin que ce que je sais déjà Seyeon ? Des problèmes à l'école.. mais encore ? Rien n'a changé depuis la dernière fois que tu-

━ J'ai moi-même déscolarisé ton fils, j'abrégeai.

Pendant un instant, son regard ne me quittait pas, alors que ce fut à son tour de m'analyser. Peut-être qu'il pensait que je bluffais, mais non, j'avais réellement fait ça. Les sourcils froncés, il me regarda de haut en bas et je me demandais bien ce qu'il pouvait penser à l'instant. L'homme fermé qu'était mon père ne pourrait jamais me dire ce qu'il pensait de la situation et surtout de ce que j'avais fais, mis à part si c'est pour descendre Jaemin.

━ Bravo ma fille, tu viens de lui donner une raison de devenir encore plus bête qu'il ne l'est déjà, pouffait-il.

C'était à ce point là, ouais. La méchanceté que mon père avait envers son fils était assourdissante et s'en était presque pas croyable, mais là encore, c'était mignon. Je pense que je n'en reviendrais jamais, du comportement qu'il avait. Et je n'arrivais pas non plus à comprendre d'où venait, de quelle source, mon père pouvait autant mépriser Jaemin. C'était dégueulasse, et quoi que j'aie à dire sur lui, il resterait sur ses positions. Il ricanait toujours, comme si mes dires étaient supposé faire rire, puis se remit à trier divers documents sur son bureau.

━ Je lui ferait un virement et il sera content. De toute manière il n'y a que ça qui intéresse les jeunes, l'argent, n'est-ce pas Seyeon ?

Mon regard se fit massacrant.

━ De l'argent, sérieusement ? m'offusquais-je sur mon siège. Papa, Jaemin n'est pas un imbécile et je te le prouverais. En continuant de lui donner ce qu'il veut pour qu'il te foute la paix, tu le rend toi aussi plus abruti, il n'apprend rien comme ça.

━ Et bien j'te souhaite bon courage ma chérie, ricanait-il, encore.

Là est venu le moment, je pense, d'abandonner. De toute manière je pense que je m'étais imaginé bien trop de choses pour que ça puisse marcher, car le résultat reste et restera toujours le même. D'autant plus que l'idée de remplir les poches de Jaemin pour qu'il soit pénard dans son business n'améliorera jamais la situation. Depuis sa naissance, mon frère a un compte bancaire rempli par l'argent de mon père. Est-ce qu'à ses dix-neuf ans c'est censé changer quoi que ce soit ?

Ce qui me brise le cœur, c'est que Jaemin compte beaucoup sur son père. Il le prend pour un roi et le patron de la ville, ce qui d'une certaine manière n'est pas complètement faux. Il est vrai que notre paternel avait un certain mérite pour avoir construit son entreprise en étant parti de zéro et que son empire ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui s'il n'avait pas dû travailler dur. Mais c'est justement ce fait-là, qu'il devrait lui apprendre. Pourquoi n'en avait-il autant rien à faire de Jaemin ? Il se comporterait ainsi avec moi, cela serait à la limite, plus compréhensible. Il fait cela dit, beaucoup de différence entre nous, et je ne connais pas la raison.

Wang Yejun était un homme bien de trop compliqué dans sa nature mais également à cerner. Cependant, je ne suis pas sûre qu'il ait énormément de valeurs humaines. Si cela lui arriver de penser à quelqu'un d'autre que lui, on pouvait être sur que c'était pour ce que cette personne pourrait lui apporter. Juste par intérêt. Je parle autant pour ses confrères que moi. Et s'il « s'occupe » de Jaemin, c'est seulement parce que dans les papiers, il est son fils. Dans le cas contraire, il ne serait même pas autorisé à entrer ici. Tout ça, je sais que mon frère en a conscience, il préfère malheureusement rester dans son déni et croire que mon paternel est un ange.

Je fus déçue de la sortie de cette discussion. La porte de son bureau devenait maintenant ma destination de prédilection et je ne perdis pas de temps à me lever, sans ajouter quoi que ce soit de plus au débat. Je sentis le regard de mon père mais ne lui accordait plus d'attention, il m'avait froissé. Cela dit, avant que je passe le pas de la porte, il m'interpellait. Je me retournais alors vers lui, la main sur la poignée, alors que je fixais mon géniteur avec colère et déception.

━ Déchire tout ce soir ma perle, souriait-il.

Je ne répondis pas, et fermais la porte.

Ceci était une énième preuve que mon père, y comprit tous les autres clients ou chiens de la casse, pensaient à moi seulement comme « la perle » ; la danseuse bien foutue. Mis à part avec le biais de la danse, en réalité, mon père ne connaissait rien de moi. Il ne sait rien de qui je suis, ni même ce que je pense de notre vie. Les seules fois où j'ai la chance incroyable que mon père puisse s'intéresser à moi, c'est seulement à travers mes exploits en danse. Peut-être pensait-il que j'étais aveugler par les beaux artifices et la vie qu'il m'offrait, mais la vérité était que je jouais avec lui autant qu'il le faisait avec moi.

Après tout, si je n'avais pas mon père, je ne baignerais pas dans le luxe dans lequel je vis depuis petite. Grandir dans ce milieu m'avait appris qu'il fallait parfois oublier sa moralité pour vivre certaines choses, pour obtenir ce qu'on voulait. Je n'aurais sûrement jamais fais de la danse si ce n'était pas dans un club où le chef n'était qu'un proxénète, où les prostituées étaient mes collègues et où j'étais entouré de sales bâtards qui ne pensaient qu'à l'argent, la drogue et le sexe. Je n'aurais jamais eu un paquet de blé sur mon compte bancaire si mon père ne l'avait pas mise à l'envers à des innocents et dans un sens, j'étais complice de tout ça puisque j'étais contente d'avoir ce dont j'ai besoin tous les jours. Et je ne m'en plaignais jamais. Pourquoi faire ?

Que ce soit mon frère, Regina, Akira ou moi, faire parti de ce monde et l'accepter, ne nous rendait pas meilleurs que mon paternel. Et pour rien au monde, je ne souhaiterais quitter ce système dans lequel j'ai grandi. Tout ça, c'est ma famille, avec nos caractères, nos défauts et nos qualités. C'est juste, comme ça, point final.

Et lorsqu'on goûte à ce qu'est la représentation du bonheur, on en veut encore plus, même quand on sait à quel point c'est inhumain ou mauvais.







Elle était comme eux, tous, en soif de succès et d'argent.

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