Je passe mon temps à rattraper ce que j'ai fais subir à mon corps. Ce que je me suis fait subir. Je passe mon temps à lui demander d'accepter mes caprices qui le poussent parfois un peu loin. Je passe mon temps à lui dire qu'il n'y ait pour rien sans cesser de le faire subir.

Le soleil est dans la place, j'ai ôté ma toison que je ne pouvais supporter - ce n'est pas ta faute, mon corps, c'est celle de la société - j'ai remis des shorts et des robes, des manches courtes et laissé sortir mes membres nus. Et elles sont là ces marques blanches, certaines que j'avais même oublié. Mais ça va, je lui dis à mon corps, ça ce n'est pas sa faute et je ne souhaite pas plus que ça les voir disparaître, juste qu'elles ne suscitent pas de questions pour lesquelles la réponse sera un mensonge. Ou un aveux humiliant. Mais je dis à mon corps que ça va, que ce n'est pas sa faute, et pourtant il les porte sans les avoir demandées...

Il en va de même quand, après avoir mangé pour quatre pendant des jours, ou avalé plusieurs tablettes de chocolat d'un coup dont certaines parfois soutirées en cachette, ou pâtisseries qui m'auraient nourrie pendant des jours, je fais chauffer de l'eau chaude et met à infuser une tisane "digestion" pensant que ça va l'aider à tout éliminer.
Il a beau se tordre de douleur, mon corps, quand j'ai trop mangé, il a beau me donner des hauts le coeur, certaines fois il n'y a qu'en mangeant à nouveau que le plaisir prend pour un instant le dessus sur la douleur. Et le revoilà avec les verres d'eau chaude, à prier pour ne plus souffrir.
Connaissez-vous manipulation plus hypocrite ?
Ça va passer, j'aimerai juste que ça passe...