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Melange des cartes

Un œil ouvert,  deuxième œil qui s'en suit lentement,  Nafi fit des soubresauts et se vit sur le lit.
   Elle regarda autour d'elle et puis ferma les yeux pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas. Elle ne reconnaissait ni ce lit,  ni ce lieu;  si , juste ce lieu,  l'appartement de son fiancé Daouda. Elle faisait la collecte des derniers événements.
    Elle était avec Daouda au resto et parlaient d'avenir,  de leur  vie après mariage;  leur lune de miel allait se faire à Dubaï puis  aux Etats-unis ensuite au Sénégal. Ils étaient d'accord sur un fait : cinq enfants de préférence  trois garçons et deux filles. 
Daouda lui avait proposé de visiter son nouvel appartement qu'il avait acheté pour le garder. Arrivés,  ils se mirent à visiter et à papoter et ils avaient fini au lit en s'embrassant fougueusement et tendrement jusqu'à se déshabiller,  Nafi reprit ses idées à temps en lui disant d'arrêter. L'air frustré,  il accepta et partit dans la cuisine.  Toute honteuse,  Nafi se rhabilla et refit son maquillage puis s'assit sur la chaise en jouant avec ses doigts comme une enfant paumée. Daouda arriva avec une tasse de jus en s'excusant et lui servit.
   Elle ne se rappelait plus de rien,  elle sursauta derechef et sentit une douleur corrosive sur son bas ventre,  elle enleva le drap pour se lever et vit ses entrejambes toutes mouillées , maculées de sang. Elle cria et se tint la bouche, ses larmes coulèrent. Bon nombre de question brisèrent ses neurones.

- Que se passe t-il?  Bredouilla t-elle...  Que s'est-il passé?

    Elle peinait à respirer et voulait se lever mais la douleur ne le ménagea point. Elle réunit toutes ses dernières forces et se leva , du liquide coulait sur ses jambes cotons. Elle vacillait et tomba à nouveau au lit et sa main frôla un papier qui était à moitié plié  , elle le prit et reconnut les écritures de Daouda
  
" Tu dois m'en vouloir énormément en ce moment en lisant la lettre,  je m'en veux mille fois,  Nafi. Je ne sais ce qui m'a pris,  je l'ignore. Est-ce simplement par peur de te perdre?  Non plus que cela,  ma très chère. J'espère que tu arriveras à me comprendre,  j'espère que tu arriveras à me pardonner de cette grande bévue.
       Il faut que tu saches déjà quelque chose,  je suis un homme bisexuel. J'ai des penchants homosexuels,  une partie de moi adore les hommes. Il y'a des années,  j'avais rencontré un garçon dont je fus tombé carrément amoureux.  J'ai cherché à tisser une idylle avec lui mais j'ai reçu un refus catégorique et il n'arrêtait de me fuir.
    J'ai décidé de boucler cette vie quand je t'ai rencontrée. Je t'ai aimée sincèrement,  n'en doute point!  Je t'aime en ce moment que je suis en train d'écrire,  je t'aimerai pour toujours.
      Tu sais qui était ce garçon?  C'est ton frère, Chérif !  Je l'ai découvert récemment. Je ne pouvais deviner que ce prisonnier dont tu me parlais était ton frère.  Là il me menace de rompre avec toi sinon il va divulguer ma vie sur tous les coins du monde. Et moi je t'aime Nafi,  si j'ai fait cet acte c'est pour te garder auprès de moi, j'ignore si ce fut une très bonne idée. Par ta maturité,  je sens que tu vas passer l'éponge et qu'on se mariera dans quelques jours et je te jure,  je ferai de toi la femme la plus heureuse
     Pardonne moi Nafi
     Pardonne moi                                 "










Chérif avait passé la soirée entre les pleurs de Faty et les craintes de sa maman. Il essaya de rassurer tant bien que mal sa mère et lui promit que Nafi allait bientôt rentrer,  lui même avait peur mais il s'était décidé du mieux qu'il pouvait de cacher ses grandes questions qui le taraudaient l'esprit .
    Il était jusqu'à tard la nuit avec Faty qui ne cessait de se lamenter. Le fiancé de madame Brouette n'était personne d'autre que Malick, son copain . C'etait un couteau qu'il venait de lui planquer ; elle lui fit un gros spectacle dans le restaurant de l'hôtel. Ce qui lui faisait mal demeurait que Malick l'avait trompée avec une vieille dame blanche;  c'était une grosse insulte et une baffe retentissante reçues.
    Malick avait honte et semblait perdre sa langue. Il ne pipa mot et s'excusa vite en sortant. L'amertume qui se lisait sur le visage de madame Brouette  était énorme,  elle n'avait elle aussi rien dit.

- Faty,  cesse de pleurer toi aussi.  Tu vas tomber malade. Ecoute,  je vais te raccompagner chez toi et demain on va sortir se changer les idées  d'accord?  Lui disait Chérif.

    Elle ne répondit pas,  Chérif l'aida à se relever et la conduisit chez elle.  Il en voulait à ce type qu'est Malick d'avoir causé tant de mal , il n'y a pas plus mal,  pas plus grand Akk  que la trahison,  le fameux Tass yakar,  briser la confiance de quelqu'un.
    Une personne ne peut te donner plus cher que ces deux choses : son temps et sa confiance . Le temps parce qu'elle t'a donné cette chose qui ne reviendra plus jamais et la confiance car cela vient de son âme,  d'un espoir. Briser une confiance de quelqu'un,  c'est briser un cœur,  c'est briser l'âme complète. C'est un investissements total qui se perd, un ballon éclaté qui perd son essence. La personne déçue se sent anéantie , utilisée et jetée comme une vulgaire chaussette.  Quel pire sentiment est de se sentir utilisé?  Ça regorge énormément d'éléments ce sentiment : D'être menti,  violé, trahi et non aimé.
   Tass Yakar,   c'est comme le vol.  Simplement le voleur emporte des biens alors que le traître dérobe des espoirs et des rêves.  N'arrive t-il pas souvent des gens qui ont l'impression d'être malheureux? L'impression que le bonheur les fuit? Ils n'ont pratiquement la chance en rien,  la chance semble les fuire,  tout leur echappe. Ils n'ont qu'à faire un petit recul de soi,  essayer d'étudier les relations qu'on avait avec les gens,  les promesses liées avec eux .... On ne peut briser l'espoir d'un autre pour espèrer voir le sien fleurir , saborder le bonheur d'autrui pour espérer être heureux. Il y'a en wolof ce qu'on appele le 'Akk' ,ça pèse lourd,  il n'y a aucun dos humain qui puisse l'endosser .
Chérif rentra à l'hôtel et dormit très vite des qu'il se posa au lit.
     Il se réveilla un peu tard,  se doucha et sortit en faisant face à sa maman qui avait une mine dépitée.

- Maman , que se passe t-il?

- Alors,  tu as dormi tout tranquille sans te préoccuper de ce qui se passe avec ta sœur?

- Maman,  j'en suis sûr qu'elle va bien.

- Elle n'a jamais passé la nuit dehors et tu me tiens un pareil laïus.

- Maman,  je vais essayer de la chercher. Arrête de te faire des cheveux blancs ainsi,  dit-il en partant

      La réceptionniste lui tendit la main en guise de signe. Elle lui annonça que quelqu'un l'attendait depuis deux heures de temps en salle d'attente. Il la remercia et sembla tomber des nus en apercevant Nathan dans son beau costume qui faisait sortir son éloquente élégance,  la barbe bien taillée,  les cheveux coupés et égaux. Il lâcha un sourire charmeur dès que Cherif apparut.

- Suis moi dans mon bureau,  lui ordonna Chérif sous un ton abrupt

    Sans se faire prier,  il se leva,  arrangea sa veste et le suivit. Il l'invita à s'asseoir puis prît place.

- Fallait au moins m'appeler en venant,  bredouilla chérif

- Si seulement tu decrochais mes appels

- Bref,  que me vaut l'honneur de cette visite Nathan?  Je te sers du café?  Sûrement tu n'as pas pris ton petit-déjeuner,  on m'a fait savoir que t'étais là depuis plus de deux heures de temps  , informa t-il d'un ton sarcastique.

- En effet,  un café fera l'affaire , je le mérite bien je crois,  répondit-il sans se detacher de son sourire.

    Cherif soupira de stress et se leva pour lui servir.

- Si tu savais combien te voir me fait tant plaisir,  je pourrais me couper toute activité rien que pour ça.

- Qui va payer dans ce cas tes factures?  Compte pas sur moi.

- Tiens,  la vie sans factures serait cool. Pas d'électricité,  ni rien ... Comme la forêt,  tu te rends compte comme cela serait chouette?

- Tu devrais te reveiller,  on est pas au néolithique frère.

-  Tiens,  tu mentionnes une période importante de la vie,  le néolithique!  C'était la base,  les hommes et les femmes marchaient nus quoi!  Tu imagines?  C'est le feu.

- Par contre cette période on l'appelle paléolithique archaïque,  pendant le néolithique,  il y'avait une révolution,  les Hommes étaient beaucoup plus civilisés.  Le cours est gratuit,  ne t'inquiètes pas.

- Je ne suis pas là pour recevoir des cours d'histoire primaires

- Laisse moi deviner. Tu es là pour un spectacle de comédie sûrement ? Car depuis que tu es là, je me marre pas mal.

- Bref. Je suis là pour qu'on parle de nous deux.

- De quoi ? S'étonna  Chérif.

- De ce qui s'est passé dans mon appartement...

- Du baiser que tu m'avais volé?  Çà date,  et c'est du passé,  c'était une connerie de ta part.

- Une connerie que tous tes sens ont répondu. Arrête Chérif,  avoue que tu n'es pas indifférent de moi. Chérif,  je suis amoureux de toi,  c'est du vrai.

- Nathan,  écoute je ne suis pas gay,  je veux que tu mettes ça dans le crâne. Un tigre m'aurait embrassé,  jaurai eu la même réaction.

- Alors pourquoi as-tu tué ton ancien violeur?  Arrête de jouer à quelqu'un que tu n'es pas. On n'a pas cherché à être attirés par des hommes.

- Nathan,  tu la fermes maintenant et tu m'écoutes.  Tu vas pas venir dans mon bureau et m'importuner,  soit tu crois à.....

     Il s'arrêta d'un coup en voyant sa soeur qui venait de descendre d'un taxi. Il courut à la sortie pour l'accueillir et vit sa mine très froissée.

- Mais où étais-tu , bon Dieu.  Cria t-il

    Elle ne répondit pas et courut vers sa suite et entra. Cherif saisit son bras pour la retenir mais celle-ci se retourna et lui flanqua une giffle qui ferait trembler tout l'hôtel puis partit s'enfermer à clé dans sa chambre.

To be continued...



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