Blasé
Quatre mois plus tard je fus mis dehors de chez mon oncle paternel. Quatre mois que j'eus perdu mon boulot de l'hôtel! Mon lot de malheur semblait ne jamais se vider. Je souffrais en silence. J'avais été accusé à tort par les folles passions de ma cousine que je ne voulus répondre, Dieu en avait voulu ainsi, j'avais accepté de morfler. J'avais failli être lynché par Cheikh, son grand frère, il était entré dans une rage folle et m'avait battu sans état d'âme. Je n'avais point cherché à résister, je saignais mais je reprimais toute tentative de pleurer, j'étais devenu dorénavant blasé, que faire dorénavant de la vie? Je n'en avais que faire. Il m'avait pas battu simplement car j'étais présumé avoir voulu violer sa soeur, mais il avait cumulé la haine aussi par rapport à l'incident qui s'était passé avec Kira sans savoir l'histoire mais il était conscient qu'il s'était passé quelque chose. J'esperais seulement que Kira n'avait pas inventé quelque chose car dernièrement j'avais entendu qu'ils s'étaient mariés donc je trouvais cela très louche.
Quant à ma mère, elle m'avait comme d'habitude très déçu. Elle n'avait pas cherché de midi à quatorze heures à comprendre, elle m'avait fichtrement chapitré au téléphone et m'avait dit, j'ignore si c'était sincère ou pas,que jamais je n'allais l'entendre et que je pouvais l'oublier en pleurs. J'avais beaucoup essayé de la rappeler mais elle ne décrochait et quand j'essayais de la joindre par d'autres numéros, elle me raccrochait une fois qu'elle savait que c'était moi, à la fin ce fut la rancune qui remplaça mon désespoir. J'avais supprimé son numéro de mon téléphone et promis dans mon tréfonds que jamais je ne chercherais à la joindre. Ç'en était assez, j'avais perdu toute estime pour elle. Comme on dit , les malheurs ne viennent jamais seuls. On nous avait exclu il y'a une semaine de l'appartement que j'avais pris pour oncle Ousmane après mise en demeure pour non paiements. Après que mon oncle m'eut mis à la porte, je n'ai trouvé d'autre solution que d'aller crecher dans ce dit appartement. J'avais presque épuisé toutes mes économies même après la vente de ma moto, on se retrouvait dehors dorénavant oncle Ousmane et moi. Lui était retourné dans son lieu de mendicité et moi dans la rue , un jardin où je passais mes nuits. Avec le peu d'économies qui me restait, j'avais acheté des matériel de cirage et je travaillais en ville pour rendre brillant les chaussures des grands monsieurs ou de celles des étudiants et élèves des écoles environnantes. C'était un travail qui m'aidait à survivre, mais je voyais énormément de dédain au regard de ces enfants de riches quand ils me sifflaient de venir faire mon boulot. J'essayais toujours d'être le mieux amène, ce qui importait était de ramasser la petite pièce et de filer trouver d'autres conquêted sans m'attarder à quoique ce soit. C'était un travail qui m'exposait dans de tentations manifestes. Je me faisais aborder comme un vulgaire objet par des filles et des hommes surtout âgés : des hommes mariés. Je n'arrivais pas à comprendre ce fait et cela existe réellement. Ces dandys mariés qui étaient dans cette vie en dehors de leurs foyers, quel sacrilège ! Comment pouvait-on se rabaisser à de telles bassesses? Courir derrière une femme en etant mariée suffit largement pour que la charia t'absorbe sans pitié à la forte raison derriere un homme? Un garçon dont tu pourrais être père. J'étais à mille lieues de vouloir substiuer Dieu du jugement, cela au fond de moi ne m'incombait guère. Mais ne fut-il pas mieux d'attendre à être prêt mentalement avant de penser à épouser une femme? Quel dommage ! Beaucoup se marient simplement pour cacher cette nature homosexuelle, ne sont-ils pas en train de sacrifier la fille? Ne sont-ils pas en train d'hypothequer la vie de cette femme? Le mariage doit découler uniquement d'un amour partagé et jamais à d'autres fins. Toute autre fin reste maléfique. Et cette situation ne ferait plus qu'empirer le sort de la personne, car le mariage réclame des droits dont la violation de chacun attise le courroux du seigneur. Le mariage n'est pas une obligation mais ça crée de rigoureuses obligations une fois L'union scellée. La fornication a des degrés différents par rapport aux mariés et aux célibataires : cela est grave dans tous les deux cas, je tiens à préciser.
Quant aux mariés, cette gravité se décuple, ne nous leurrons point. La femme qui fornique en étant mariée est différente de la femme célibataire qui fornique de même que les hommes, si on décide d'y ajouter l'homosexualité, la balance risque de se casser, la colère du seigneur s'entend depuis les cieux.
Je fuyais leurs pièges et dragues, je refusais même de discuter en feignant être intéressé fortement par mon travail. Il fut arrivé que quelques me proposèrent de venir travailler chez eux et que j'allais obtenir une bonne paie. Ils ignoraient simplement que cette chanson ne m'était guère inconnue et que je pouvais bien leur écrire les paroles s'ils voulaient. J'étais carrément dans le besoin, ma situation était déplorable, mon corps fatigué me secouait en me priant de céder et me rappelais la pitance de ma vie. Je le muselais, j'étais armé de cette foi incorruptible.
Le grand serigne Touba le disait dans son oeuvre Massalik Al- Jinan ( les itinéraires du paradis) : " Ton âme charnelle fait partie des créatures, c'est le plus dangereux des ennemis de l'homme. Ne cède jamais à ses désirs, ne lui rend jamais grâce ; traite-le avec dureté et soupçon. Certes l'honneur de l'homme ( à l'au-delà) est évalué en fonction des déboires de son âme et de ses peines ( dans ce monde) ''
J'étais armé de cette belle phrase en guise de philosophie pour mieux accepter mon sort et continuer de cheminer, j'arrivais à survivre, c'était l'essentiel. Combien de mendiants aveugles, amputés, lépreux, emaciés jusqu'aux os avais-je l'habitude de rencontrer chaque matin? A l'hôpital, on en compte plus. Nous croisions toute sorte de sinistre. Et au cimetière ? Combien d'âmes rêvent de s'habiller en corps pour revenir sur terre afin de souffrir pire que moi pour obtenir l'agrément de Dieu? Il y'a ces moments où nous nous plaignons de frivolités, des âmes que Dieu emporte. Étais-je pire qu'eux ? Je prenais , en effet, toutes ces catastrophes comme des épreuves, car Dieu aime éprouver quand il aime.
Le soir, je partais voir oncle Ousmane pour lui donner sa part des bénéfices acquis lors de la journée. Il me souriait tout le temps mais je voyais à travers cette articulation une immense souffrance,il souffrait. Oncle Ousmane était méconnaissable, tout était gonflé chez lui mais sa minceur était facilement détectable, ses yeux demeuraient bouffis par de fatidiques nuits sans sommeils, il commencait dorénavant à divaguer et tenait des discours erratiques. Tiens, il y'avait quelques jours, j'avais rencontré un de ses anciens amis qui était un député en ville alors que je travaillais. Il m'eus reconnu car il venait souvent le voir. Il me pria véhément de lui dire où mon oncle vivait dorénavant car il avait perdu tout contact avec lui, après multiples réflexions je cedai en pensant au moins qu'il pouvait l'aider s'il le voyait. A sa vue, le monsieur semblait avoir croisé l'ange de la mort aux facettes effrayantes. Il avait refusé d'y croire et lui passa ses trois doigts en guise de salut. Je lui expliquai entre temps sa maladie et tout ce qui s'était passé. Aucune pitié sur son visage, que du dégoût qu'il avait décidé de masquer avec une enveloppe remplie de billets de banques et prit congé comme en fuyant. Amitié? Mort de rire, l'amitié n'a de sens que dans l'adversité. C'était réellement dommage qu'à notre époque, on la mesure dans la joie. Dans les baptêmes, dans les mariages, le plus grand donneur est considéré comme la personne qui nous estime le plus. Tant de débilités! Dans l'opulence, l'ennemi meurt. Tout le monde nous sourit, tous les visages sont amicaux, tous les regards admirateurs, tous les gestes tendres... L'ami se distingue dans l'adversité, dans la pauvreté, dans les réelles difficultés que nous présente ce monde. Cet ami qui décide d'être l'épaule où nous nous accoudons, ce divan où nous nous posons , ce support où nous nous appuyons, cette corde que nous tirons. Comment la joie peut-elle nous prouver le sens de l'amitié ?
Mon oncle n'avait pas assez d'argent pour tout ce traitement, il ne pouvait nullement compter sur moi. Dernièrement, elle et ma mère s'étaient querellés violemment qu'il ne pouvait recourir à elle, je ne comprenais point ma mère. Et je refusais de croire et d'accepter qu'elle était un démon.
Je rentrai la nuit à mon jardin, sur mon banc de prédilection après avoir mangé des biscuits trempé dans du lait. Le matin après la prière, je fus jeté dans la consternation en ne voyant plus mes matériels de boulot. Je fus outré et ravalai ma colère en priant intérieurement, qu'allais-je faire ? Je n'avais pas assez d'argent pour m'en trouver à nouveau. Saleté de voleur! Je trainais à la levée du soleil sans savoir que faire. Je vis un édifice en construction et des maçons s'affairer au tour. Je partis demander si je pouvais travailler comme manoeuvre et leur chef m'accepta sans se faire prier. J'avais premièrement la tâche d'introduire les briques à l'intérieur de la maison. Terminé, je devais aider les autres en à faire en pourvoyant de l'eau qui servait du mélange du ciment et du sable. C'était à la fin que je ressentis une fatigue jamais ressentie de ma vie au prix d'un billet de 2000 FCFA, j'étais mal et me couchai sur un sol en carreau près d'un immeuble. Les yeux entreouverts, je vis un visage qui ne m'était inconnu. Je me levai et vis Nathan le collègue de Cheikh devant moi qui me sourit. Mon coeur rata un battement. J'eprouvais honte et nervosité avec mon accoutrement devant son costume qui le rendait très élégant.
- Que fais-tu ici , Cherif? M'interrogea-t-il tristement intrigué.
Je bredoullais quelques mots que je ne comprenais moi-même, il me tint et m'assomma de questions en me remettant une carte en cas de besoin d'aide en me priant de l'appeler. Mon téléphone vibra de ma poche, c'était le numéro de mon oncle mais la voix d'un autre quand je decrochai.
- Seu tonton Ousmane mo guène adouna légui ( Ton oncle vient de rendre l'âme)
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