Chapitre 9
—Lucy—
Je m'éveillais avec une cuisante douleur dans l'épaule gauche. Je retins un cri de douleur dès que j'eus ouvert les yeux. Je me retins de me redresser, et me contentais de respirer en fixant le plafond.
-Comment te sens-tu ?
La voix de Descole se fit entendre dans la pièce. Je me contentais de pousser un petit soupir.
-Ce n'est pas une réponse acceptable, fit-il d'un ton sec.
-J'ai super mal, mais à part ça, tout va bien, répondis-je.
-J'espère bien, j'ai dû retirer la balle et vous recoudre moi-même. J'ai eu de la chance que vous soyez endormie, sinon j'aurais eu plus de difficultés à vous soigner. Je n'ai que peu de compétences en médecine, mais je pense que mon travail n'est pas trop médiocre.
-Oh... Euh... Merci, dans ce cas, dis-je, un peu gênée.
J'avais rarement été aussi redevable envers quelqu'un, c'en était désagréable. Je détestais devoir quelque chose à quelqu'un. C'était comme s'il possédait une partie de moi, qui lui garantissait une faveur de ma part.
J'essayais de me relever en cachant ma douleur. C'était stupide de tenter cela, mais ma vengeance n'était pas terminée. Je me suis levée rapidement du lit en tenant mon épaule, et tentais un sourire.
Descole me poussa gentiment, me forçant à me recoucher, malgré mes protestations.
-Ce n'est même pas la peine d'essayer de vous relever, ça se voit que vous souffrez. Vous resterez ici, je vais m'occuper de votre dernière victime à votre place.
-Non, c'est à moi de le faire, rétorquais-je en me redressant violemment.
C'était tout sauf une bonne idée étant donné que je me mis à grogner de douleur. Descole soupira et me repoussa doucement contre le lit, une nouvelle fois :
-C'est hors de question, vous allez rester ici, que vous le vouliez ou non. Je n'ai pas envie que vous finissiez par vous faire arrêter à cause de cette stupide blessure. Je doute que votre mère apprécierait que vous vous fassiez arrêter juste parce que vous cherchiez à la venger.
Mais bon sang, laissez-moi faire ce que je veux !! Si je me sens capable de m'occuper du cas de cette espèce de saleté, je le ferai, point !!
Je vis Descole me lancer un regard d'avertissement, me montrant clairement que si je persistais, je risquais de le regretter. Je me retins de lui tirer la langue et fis celle qui boudait, ce qui lui fit pousser un petit rire moqueur.
"J'vous emmerde", pensais-je très fort.
-Si cela ne vous dérange pas, j'ai à faire, vous devriez vous reposer.
-Et vous comptez faire quoi quand tout sera fini ? Me laisser seule dans cet hôtel jusqu'à ce que je guérisse ou que je finisse par mourir ?
-Vous verrez bien, fit-il avec un rictus amusé avant de quitter ma chambre.
Je grommelais et me retins de me retourner dans mon lit, mais me relevais rapidement, malgré ma légère douleur. J'avais envie de sortir, malgré mon état. J'étais curieuse de voir à quoi ressemblait ma blessure, mais au vu de l'énorme bandage qui se trouvait autour, je me suis dit qu'il valait mieux ne pas céder à ma curiosité pour le moment.
Toujours est-il qu'au vu de la douleur que ça me causait, il n'avait pas dû me louper cet enfoiré !!
Je grognais et décidais de m'habiller en civile, en oubliant ni ma perruque blonde, ni mes fausses lunettes. C'était long, surtout à cause de mon épaule. Je n'osais pas faire le moindre mouvement brusque, et je devais me servir d'une seule main pour arriver à tout enfiler correctement. Autant dire que c'était presque mission impossible.
Quand je réussis enfin à m'habiller convenablement au bout d'une vingtaine de minutes à galérer comme la plus manche des idiotes, je me décidais enfin à sortir, un bras en écharpe.
Je faisais en sorte d'être la plus discrète possible. Si jamais je tombais sur Descole, je risquais de m'en prendre plein les dents pour pas grand chose. Il faut dire qu'il n'avait pas vraiment l'air de plaisanter, au vu du regard d'avertissement qu'il m'a décoché tout à l'heure. Il fallait que je fasse attention.
Je sortais discrètement de l'hôtel et décidais d'aller boire un thé, histoire de me réveiller un peu. Je m'installais à une table, dans un coin, près de la fenêtre mais où je pouvais difficilement être vue, pour ne pas déranger, jusqu'à ce que je vis Methyst Beckett et ses invités passer devant moi. Je décidais de me faire discrète.
J'avais encore en tête mon attaque contre le maire, et la façon dont il s'étaient élevés contre moi pour m'empêcher de mener mon plan à bien. Surtout ce professeur. Descole avait raison de dire qu'il ne valait mieux pas le sous-estimer. J'avais eu de la chance d'être plus rapide et plus forte que lui. Pour le moment...
Je sentais que le gamin, Luke, me regardait. Je regardais ailleurs, faisant semblant d'être absorbée par le thé qui me brula la langue. Le professeur et Methyst me virent à leurs tours, et je les saluais amicalement d'un signe de la main. Puis ils partirent tous les 3 dans une autre direction.
Je me demande ce qu'ils font, à se balader en ville comme ça... Si je n'avais pas une épaule toute juste réparée, je les aurais pris en filature. À moins que... Si j'arrivais à rester invisible suffisamment longtemps, je pourrais m'amuser à les suivre !
Je me levais et étais sur le point de partir lorsque je sentis une main sur mon épaule valide. Je me retournais... Pour faire face à Descole.
-Euh... Surprise ?
-Vous étiez censée rester dans votre chambre, dit-il d'un ton glacial.
-Oui, c'est bien de préciser "censée", fis-je en regardant la fenêtre.
-Jeune femme, vous êtes aussi têtue que votre mère, marmonna-t-il, énervé.
-Euh... Je suis censée avoir peur, demandais-je ?
-Oh, non, vous n'êtes pas "censée", cette fois-ci. Vous DEVEZ avoir peur.
J'eus à peine le temps de payer ma consommation qu'il me traina par mon bras valide jusque dans ma chambre d'hôtel, sous les regards intrigués des passants.
-Vous attirez l'attention sur nous, là, dis-je en serrant les dents.
-Vous êtes la seule responsable de tout ça, rétorqua-t-il en haussant les épaules.
Lorsque nous fûmes enfin dans ma chambre d'hôtel, il commença son sermon :
-Comme je vous l'ai déjà dit je n'ai pas besoin d'une équipière bras-cassée pour mener toute cette vengeance à bien. Vous n'êtes pas suffisamment stupide pour ignorer ce qu'est un ordre, n'est-ce-pas ?
-Euh... Non ?
-Parfait, alors comment cela se fait-il que vous soyez incapable de comprendre un ordre si simple que même un chien arrive à le suivre ?!
-Parce que j'avais pas envie... ?
-Lucy, vous êtes insupportable.
-Tant pis.
Il soupira, excédé. Je rajoutais :
-Monsieur, je tiens absolument à mener cette vengeance à bien, j'espère que vous le comprenez. C'était ma mère, ces types-là ont détruit sa vie, je tiens à détruire les leurs. Personnellement. Je compte m'occuper de notre dernière victime de mes propres mains.
-C'est pourquoi vous êtes allée dans un café ?
-Déjà j'avais soif, et ensuite c'était un test pour voir si mon épaule arriverait à tenir le coup.
Descole soupira de nouveau, sembla contenir sa colère et reprit la parole :
-Vous êtes vraiment une idiote.
-Je sais, on me l'a souvent dit. Je peux quand même espérer attaquer la dernières de ces vermines ?
-Non.
-Monsieur Descole, s'il vous plait... Il s'agit de ma mère...
Je fixais son regard dur pendant quelques longues secondes, jusqu'à ce qu'il finisse par soupirer :
-Il est hors de question que j'embarque une infirme avec moi pour infiltrer une maison ultra-cossue et par conséquent bourrée de domestiques, et s'il faut que je vous enferme pour ça, je n'hésiterai pas.
-Je tiens à participer, rétorquais-je !!
-Non.
Je sentais que je commençais à devenir menaçante. La fumée noire m'enveloppa et le vit reculer.
-Je. M'en. Occuperai. Moi. Même.
Il avait l'air vraiment effrayé, mais semblait se contenir au mieux. Je repris la parole :
-Vous avez compris ? Je m'en occuperai aussi. Si je ne suis pas seule à le faire. Je vengerai Maman. Elle mérite mieux que de me voir rester toute seule dans mon coin à me morfondre sur une blessure plutôt que de la venger.
Je vis Descole continuer de me fixer pendant encore quelques secondes avant de répondre :
-D'accord. Vous avez gagné.
Je redevins instantanément normale et me rendis compte de ce que j'avais fait. Je baissais les yeux, me sentant honteuse :
-Euh... Pardon...
J'avais réagi beaucoup trop durement. Cela prouvait que j'avais tort, j'étais incapable de débattre, je me montrais directement menaçante.
Il se contenta de me fixer d'un regard dur et répondit :
-Ne vous excusez pas. C'est justement parce que vous avez fait démonstration de cette forme de... persuasion, dirons-nous que je pense que vous êtes capable de m'accompagner. Si vous êtes comme cela tout le temps, je doute que vous ayez besoin de faire le moindre mouvement pour arriver à vos fins.
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