Lettres au ciel
Lia Whitley
1994-2016
"Ici repose la femme que j'ai tant aimé"
3 août 2018 (le même jour, deux ans plus tard)
Lia,
Ça fait deux ans aujourd'hui que tu n'es plus à mes côtés, tu n'imagines même pas à quel point ça me déchire. J'essaie de sortir la tête de l'eau en flottant désespérément à la surface mais tout m'attire vers le bas, là où l'eau est plus profonde et où il m'est impossible de survivre. Parce que c'est ça le mot: je ne vis plus, je survis. Le problème, c'est que je ne sais même plus si j'ai vraiment envie d'être sauvée de la noyade. Peut-être que je me plairai là haut ? Dis moi, est ce que c'est comme on se l'imagine, ou alors c'est mieux ? Si ça l'est, au moins l'une de nous deux sera heureuse.
Les personnes qui t'ont connues dans la ville et que je croise le plus rarement possible me demandent si je tiens le coup, essayent de m'aider parfois, sans savoir que c'est perdu d'avance. Que je suis une peine perdue. Que je n'ai plus envie d'avoir envie. Comment leur expliquer que je me laisse couler volontairement ?
Je suis devenue un naufrage permanent, une sorte de Titanic humain.
La vie est devenue beaucoup trop fade, sans intérêt à mes yeux. Et le pire, c'est que ça ne changera jamais. J'ai essayé crois moi, de faire comme si tu étais toujours là, de marcher dans les rues et faire semblant que rien n'avait changé, d'ouvrir mes cahiers en t'imaginant tracer les croquis que tu y avais dessiné, de t'envoyer des messages qui resteront sans réponses.
Mais je n'y arrive pas. Parce que plus personne n'ose prononcer ton nom en public; les gens commencent petit à petit à t'oublier Lia, et ça m'énerve. J'aimerais leur hurler que tu as vécu ici, que tu étais là, bien présente. Tu ne mérites pas cet oubli. D'ailleurs ce qui t'ai arrivé non plus tu ne le méritais pas.
Ta famille, que j'essaye de soutenir en dépits de me sauver moi même, n'a pas l'air non plus de s'en sortir. On est tous effondrés.
Ce que je vais dire est égoïste mais et moi dans tous ça ? Comment je suis censée faire ? Il est hors de question que je t'oublie, hors de question que je tourne la page, tous comme il m'est impossible de vivre sans toi. Tu ne crois pas que la meilleur solution serait de te rejoindre ?
Ta meilleure amie,
Emma.
**
Lia, mon petit cœur,
Tu me manques. Tu me manques tellement que je n'arrive même plus à m'occuper de Zach qui lui, ne cesse de te chercher. Je lui explique que tu es partie en voyage et que tu reviendras bientôt, tout en essayant de me convaincre moi même de mes propres paroles. Mais il n'est pas dupe et il n'a plus trois ans, il doute et bientôt, il commencera à poser les bonnes questions.
C'est impossible pour moi de lui avouer que tu ne reviendras jamais. Je suis toujours aussi faible que lorsque tu es partie, il y a deux ans. Toujours dans le même état.
Je ne souris plus, je ne mange plus, c'est simple: je ne vis plus. Alors est ce que à ce stade on peut dire que je suis mort ? Parce que dans un certain sens, quand tu a eu cet accident, je suis parti avec toi cette nuit là.
Tu sais Lia, j'aurai préféré que ça m'arrive à moi plutôt que d'être au première loge en tant que spectateur. Voir cette voiture te percuter m'a tellement choqué que sur l'instant, je pensais que j'avais eu aussi mal que toi. Je n'imagine même pas la douleur que tu as dû ressentir avant de fermer les yeux.
Rassure-moi, tu ne souffres plus là haut, n'est ce pas ?
Si les rôles avaient été inversés et te connaissant, tu aurais réussi à trouver les mots avec Zach, tu te serais relever et tu aurais garder la face devant tous ces gens au cimetière. Ce jour là moi je n'ai pas réussi. J'avais l'impression que chaque personne qui venait pour me présenter ses condoléances m'enfonçait un peu plus la tête sous l'eau et je n'avais vraiment pas besoin de ça.
Je sanglotais silencieusement et quand ils sont tous partis, j'ai pleuré comme je ne l'avais jamais fait auparavant. Lâche comme je suis, j'avais refusé d'amener notre bébé avec moi pour ne pas qu'il voit son père aussi vulnérable.
Pardonne-moi mon amour de ne pas l'avoir emmené. Je sais que tu aurais aimé le voir.
Mon amour pour toi es éternel.
Ton mari qui t'aime,
Aaron.
**
Ma princesse,
Une mère peut-elle être consolée après la perte de sa fille ? La réponse est non. Tu aurais voulu que je reste forte, pour toi, mais je n'ai pas réussi. Et je suis sûre que tu comprends; si il était arrivé quelque chose à Zach tu aurais été dans le même état, voir pire.
C'est pour ça que je fais de mon mieux pour m'occuper du petit, que je le prends avec moi le plus souvent possible parce que je sais qu'Aaron est complétement détruit. Il t'aimais tant..
Je sais que ça fait deux ans maintenant mais la douleur est autant présente que le lendemain de ton décès. Tous les jours en me levant, je ressens la même chose que quand on m'a annoncé ton accident. C'est ton mari qui m'a appelé et nous étions tous les deux tellement paniqués que nous avions eu du mal à nous comprendre. Mais la version restait la même: tu étais morte sur le coup.
Décès, morte...ces mots qui m'écorchent la gorge et que j'aimerai déchiqueter pour qu'ils n'apparaissent jamais dans la même phrase que toi.
Je continue de t'acheter ton café que je mets dans ta cuisine sur l'étagère quand je rends visite à Aaron et Zach, ça me permet de tenir le cap. A force, les boites se sont empilés mais je n'arrêterai pas ce rituel.
Et puis il y a ton petit garçon qui te ressemble comme deux gouttes d'eau, qui a les mêmes mimiques que toi et que l'on regarde en pleurant. Tu me manques terriblement mon bébé.
Ta maman qui t'a toujours aimé et qui continuera à le faire,
Barbara.
Texte de
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