J'avais passé, il me semble, ma vie à me plaindre

Chaque problème bien plus pénible que le précédent

Je passais la plupart de mon temps à geindre

Ignorante de ce que me réservait le temps

Forte de caractère et d'une beauté fatale

Riant, voire me moquant de la plupart des gens

Et certaine qu'il ne m'arriverait rien de mal

Enivrée, j'ignorais qu'arrivait le moment

Y avait-il des signes que je n'avais su voir ?

Ou le destin avait-il surgi de nulle part ?

Un indice, une preuve, une lumière dans le noir

Rapide comme l'éclair zébrant ce fameux soir

Brûlée à vif jusqu'aux tréfonds de mon âme

Oubliée, ignorée désormais par les hommes

Devais-je souffler pour éteindre la flamme

Yeux humides, cœur saignant et hurlant comme un môme ?

Ou au contraire, devais-je toujours m'accrocher ?

Imaginer que des yeux oseraient encore

Pris de pitié, sur mon corps meurtri se poser

Sur cette image et cette odeur, sœurs de la mort ?

Je n'avais pas de réponse à cette question

Tout simplement parce qu'elle ne me revenait pas

Je n'étais plus capable d'un oui ou d'un non

Alors comment aurais-je résolu cette énigme-là ?

Contrainte au silence et à la souffrance

Ma carapace craquelée comme du vernis

J'attendais, priant et hurlant, ma délivrance

Que quelqu'un accepte de rejoindre ma vie

Je suis pourtant toujours la même, du moins, je crois

Seule mon apparence a changé, je ne le nie pas

Et pourtant, je pense bien que plus personne ne voit

L'être humain, la femme, l'amante, le cœur qui bat

Alors si jamais quelqu'un perçoit mon appel

Je vous en prie, entendez-moi, regardez-moi !

J'en convins, vous ne me trouverez pas belle

Et ne serait-ce que me toucher, ne pourrez pas

Depuis ce sombre jour, mes chairs sont atteintes

Mon chemin tout tracé est parti en fumée

Et malgré ma tristesse, un temps attisée

L'étincelle rougeoyante de ma haine est éteinte