XII - HOPE
Lettre à Happy :
Salut,
Ça doit faire des semaines que je t'ai écrit pour la première fois. Et aujourd'hui, je recommence.
Tout à l'heure, alors que je dormais assez paisiblement pour une fois, j'ai rêvé. De toi et moi qui jouions dans notre chambre.
On était déguisées en princesses, on riait. On faisait comme si on était deux jumelles qui s'étaient enfuies de leur royaume parce qu'elles voulaient découvrir le monde.
Alors on faisait semblant de marcher dans la jungle, parce que pour nous, c'était l'aventure, la jungle. On faisait semblant d'affronter des monstres parce que pour nous, c'était les méchants, les monstres. On faisait semblant de pleurer quand notre robe se décousait parce que pour nous, c'était la plus grande tristesse, une couture qui lâchait.
On était jeunes, innocentes et aujourd'hui je ferais tout pour revenir à ce moment.
Pour pouvoir croire encore quelques instants que notre monde était parfait et que c'est seulement en essayant de s'aventurer dehors qu'on souffrait.
Je ricane en écrivant ses mots, Happy, et je sais que tu m'en voudrais si tu m'entendais.
Tu me dirais que c'est bien d'être naïf quand on est enfant.
Que c'est normal.
Et au fond de moi, je sais que tu as raison. C'est juste que je me rends compte à quel point on était innocentes.
Parce que je sais maintenant que l'aventure, c'est parfois simplement aller dans la rue dans le monde dans lequel on vit. Que les méchants peuvent être nos parents et pas des monstres. Que la plus grande tristesse n'est clairement pas déclenchée par une couture qui lâche mais par tellement d'autres choses.
On pensait être en sécurité dans notre petite bulle de bonheur. Mais dès l'instant où tu es partie, j'ai compris que c'était faux.
Terriblement faux.
Parce que les pires des ennuis proviennent de là où on s'y attend le moins. Et c'est souvent par notre propre famille qu'on se fait détruire.
Le bonheur ne dure jamais longtemps, en fin de compte. Mais après tout, c'est peut-être normal.
Parce que sans malheur, comment peut-on être heureux ?
Quand tu étais encore là, je ne mesurais même pas à quel point j'étais joyeuse. Et dès que Thomas est entré dans ma vie pour m'apporter un peu de lumière dans les ténèbres, je m'y suis accrochée et la joie qu'il avait provoquée en moi, je l'ai mille fois plus savouré.
Mais maintenant, il est parti. Et une fois de plus, je suis seule.
Enfin, pas tout à fait. Parce que d'une certaine manière, il est encore raccroché à la vie. Mais s'il part pour de bon, comme Maman et comme toi avant elle, je cèderais.
Je suis forte, mais pas assez.
Alors Happy, je t'en supplie. Apporte moi de la force, du courage. Tu en as toujours eu plus que moi et je sais que j'en aurais besoin, maintenant plus que jamais pour tenir.
Parce que si je lâche, Tommy lâchera aussi.
Hope, ta sœur
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