-Logan-

J'entends la respiration agitée d'Han, cependant elle a cessé de se battre contre moi.

Mes battements de cœur se sont accélérés. Je n'arrive pas à y croire. Jamais je ne l'avais vu aussi en colère. Jamais je ne l'avais vu perdre la raison de cette manière.

J'étais au fond de la cafétéria, quand elle est arrivée. Je me suis mis debout, prêt à lui parler. Je n'étais pas trop sûr de ce que j'allais lui dire, mais la voir ça a été comme recevoir un vrai coup de poing à la figure, mais en même temps c'était comme si je redevenais
moi-même. Je redevenais le garçon que j'aimais être.
Celui qu' Han aime tant. Celui qui n'est pas capable de blesser quiconque. Celui qui pense à elle sans arrêt.

-Je vais te tuer, sale chienne!- crie Margaret, se relevant et essayant d'arriver jusqu'à Hannah, qui se débat de nouveau, essayant elle aussi de parvenir jusqu'à la rousse.

-Putain!- je crie- Est ce que vous pouvez vous calmer ?

- C'est ta garce qui a commencé !- crie Margaret, un garçon la tient par la taille afin qu'elle ne se jette pas sur nous. Hannah murmure quelque chose que je ne comprends pas. Mais je sais qu'elle n'a rien commencé du tout, au contraire c'est Margaret qui l'a provoquée.

- Va te faire foutre !- dit Hannah.
Elle tremble. Elle est furieuse.

-C'est pour ça qu'on t'a envoyé chier !
Tu n'es qu'une chienne jalouse !- crie la rousse et une sensation de bien-être se propage dans mon corps. Je me sens plutôt très bien ; en sachant qu'Han est jalouse.
Je sais que cela peut paraître insensé et bizarre.

- est ce que tu peux la fermer ?- tous les regards de braquent sur moi et je sais que je dois laisser au clair mes sentiments pour Hannah. Je sais que je dois arrêter les rumeurs. Je sais que si je veux arranger les choses avec elle, la première chose à faire c'est avouer à tous ces idiots que je suis amoureux d'elle...

Je me fige sur place.

- je suis amoureux ?... Non , non , non non; je ne peux pas l'être !, non ...

- C'est la seule fois que je vais le dire.
-Je m'adresse à la foule.- je n'ai couché avec personne à Chicago.
J'ai une copine...
J'avais une copine, que je respecte et qui est la personne la plus importante de ma vie. Arrêtez d'inventer des conneries et faites quelque chose de votre vie.

Hannah est très calme. Elle me fixe, je le sais, j'essaie de paraître serein. Margaret me regarde avec dégoût cependant j'en ai rien à faire de son avis.
Le seul avis qui m'intéresse c'est celui de la petite brune qui est dans mes bras.

-Ici il n'y a plus rien à voir-dit Steph- Dégagez maintenant !

Hannah se libère de mon emprise, et s'éloigne légèrement de moi. Un sentiment de déception s'empare de moi mais je m'oblige à ne pas la regarder. Si je la regarde, je vais m'humilier en la suppliant de me reprendre.

Je n'ai même pas pu maintenir mon téléphone portable allumé parce que j'étais terrifié. Terrifié de m'apercevoir qu'elle n'avait pas essayé de me contacter. Je serre la mâchoire, empêchant de montrer mes vrais sentiments.

Je baisse la tête, en mettant ma capuche, puis j'avance jusqu'à la sortie.

Une main s'enroule autour de mon bras et je m'arrête net. Mon pouls s'accélère et même si c'est ridicule, c'est à cause de son touché.
Je sais que c'est elle même si je ne l'ai toujours pas regardée. On dirait que mon corps l'a reconnue.

Je regarde au dessus de mon épaule. Je ne sais pas à quoi m'attendre. Je ne veux plus voir ce regard déçu, ni cette expression blessée sur son visage. Ou encore moins ce regard en colère. La seule chose que je veux c'est avoir ma petite Han de retour. Celle qui m'offre des sourire dans n'importe quelle circonstance. Celle qui me regarde comme un être hors du commun alors que je ne suis qu'un gars parmi tant d'autres.

Ses yeux sont remplis de larmes, et la tristesse est imprimée sur son visage. Elle est tellement innocente.

-Je suis désolé- sa voix est un murmure.- je suis tellement désolé. Je ne vo-oulais pas d-douter. Je ne voulais pas...

Avant qu'elle ne dise autre chose, j'enroule mes bras autour d'elle. L'emmenant de force contre ma poitrine. Elle tarde quelques secondes à réagir, mais finit par enrouler ses bras autour de ma taille, collant mon corps au sien, appuyant sa tête contre mon torse. Je passe ma main par ses cheveux.

-Je suis désolé, je suis désolé, je suis désolé.- je répète.

Elle tremble. Les tremblements légers de son corps dû à ses pleurs me rendent malade. Je ne veux pas qu'elle pleure. J'ai horreur de la voir pleurer. Et j'ai horreur que ce soit de ma faute.

-Hannah, tu l'es tout pour moi et cela me terrifie.
Je suis terrifié de voir à quel point je perds facilement les pédales quand tu es aux alentours.- je serre les poings, en ressentant une forte douleur aux doigts. Je ne les ai pas fracturés, mais presque. Je ne pourrais pas m'entraîner pendant deux semaines à cause de ma connerie.-Je ne veux pas te perdre.

-Pardon-le son de sa voix est presque inaudible.- J'ai eu tellement peur. T-tellement peur...

-Je sais- je l'interromps.- je le sais. J'aurais réagi encore pire.

Je suis conscient de la foule autour de nous. Une partie de moi s'en fout complètement mais l'autre, la partie jalouse et possessive, ne veut pas que les gens voient Hannah dans cet état. Hannah est à moi dans tous ses états:
Joyeuse, émotive, coquette, énervée, triste, vulnérable...

Je l'éloigne un peu en l'obligeant à m'observer. Ses yeux sont enflés et ses joues mouillées à cause de ses larmes.-Viens.-j'enroule mes doigts autour des siens.-On va ailleurs.
On a besoin de discuter.

Hannah acquiesce en essuyant ses larmes.

On marche dans les couloirs où je sens tous les regards braqués sur nous. Je tire de la main d'Han et je pose mes bras autour de ses épaules . Je suis entrain de me comporter comme un malade, mais je m'en fous. J'ai besoin de laisser bien au clair qu'Hannah m'appartiens toujours. Elle est toujours à moi.

A la sortie, les regard nous fixent et moi je leur dédie mon regard le plus sombre.

Je ne sais pas trop où on va, mais je veux être seul avec elle.

Dès que nous arrivons à ma voiture, je sais que la seule chose que je veux faire c'est l'emmener à mon appart et ne plus jamais me décoller de ses lèvres. Et peut être quelque chose de plus... Peut être juste un peu plus. Je ne veux pas lui mettre la pression, et je ne veux pas qu'elle se mette la pression. Je ne veux pas qu'elle fasse quelque chose, qu'elle regrettera plus tard. Je ne veux pas lui faire l'amour sans qu'elle soit vraiment sûre que c'est ce qu'elle veut.

J'ouvre la porte côté passager et elle s'assoit silencieuse.

Je fais le tour de la voiture, anxieux et stressé.
J'ai l'impression qu'elle va ouvrir la porte et se sauver. Regrettant tout ce qui vient de se passer entre nous; me laissant seul avec mes démons, encore une fois.

Je conduis jusqu'à chez moi et lorsque je descends de la voiture, elle ne bouge toujours pas. Je serre la mâchoire lorsqu'une sensation de panique m'envahit. J'ouvre la porte côté passager en m'accroupissant devant elle.
Elle est nerveuse. J'écarte des mèches de cheveux loin de son visage, seulement car je ne peux pas maintenir mes mains loin d'elle. J'ai besoin de m'assurer qu'elle est réelle.

-J'ai tellement peur.- elle chuchote.- je ne veux pas te faire peur, ni te faire partir mais j'ai besoin.-un soupir vient interrompre sa phrase.- j'ai besoin de te les montrer.

Je fronce les sourcils.- De quoi tu parles Hannie ?

Son regard croise le mien. Elle est terrifiée.-J'ai eu tellement peur quand on m'a dit au sujet de la fille dans ta loge.-elle ferme les yeux.- et ce n'était pas parce que je n'avais pas confiance en toi, mais parce que j'avais peur. Peur que tu t'aperçoives que je ne suis pas comme toutes ces filles, et que je ne serais jamais comme toutes ces filles avec lesquelles tu as couché.

-Hannah..-

-Je n'avais pas peur parce que tu m'avais trompé puisque j'ai confiance en toi.-je soupire de soulagement cependant je ne suis pas rassuré.- j'étais terrifiée car je ne serais jamais capable de te donner ce qu'elle t'offrait. Et- je ne me sens pas bien avec moi-même. Je ne me sens pas bien dans mon corps, je..

-Non.-je l'arrête immédiatement.-Je t'ai déjà dit que je m'en fiche.

Je sais que c'est au sujet de ses cicatrices. Je la comprends, sans doute moi aussi je me sentirais comme elle si j'étais à sa place. Mais elle a besoin de comprendre que je peux attendre tout le temps nécessaire. Hannah le vaut.

-Je t'ai menti Logan.- elle pleure de nouveau.-mes cicatrices sont pires de ce que tu imagines.

-Shhhhh- je ne supporte pas la voir ainsi.-je m'en moque Hannah.

-Non tu ne dois pas t'en moquer!- elle dit frustrée et désespérée- elle inspire profondément, elle pleure encore plus qu'avant mais elle parvient à dire:-
Je vais te les montrer.

Mon pouls s'accélère. Je veux lui dire que ce n'est pas la peine; mais j'ai peur de blesser ses sentiments. Je veux pas qu'elle croit que je ne suis pas prêt à les voir. Je me lève dès qu'elle sort de la voiture. Elle referme la porte, j'essaie alors de prendre sa main, mais elle l'a refusé gentiment.

Ma poitrine se serre cependant je m'oblige à avancer jusqu'à la porte de mon appart en ayant un visage inexpressif. J'ouvre la porte en me poussant pour la laisser entrer. Elle doute. Finalement , je pose une main sur le bas de son dos, la poussant à l'intérieur gentiment.

Je fais les cents pas, elle ferme les yeux avec force et dit à voix basse et rauque.-
Est ce que je peux utiliser ta salle de bain ?

-Bien sûr.-

-Est ce que tu peux m'attendre assis
là-bas ?-elle pointe le fauteuil où nous avons l'habitude de nous asseoir pour regarder des films.

-oui...

Sans rien dire de plus, elle marche jusqu'à la salle de bain avec des pas hésitants. Quand elle referme la porte j'avance jusqu'au fauteuil. J'ai horreur de penser qu'elle est là, enfermée, pleurant et s'armant de courage pour me montrer des cicatrices qui m'importent très peu. Comment arriverais je à lui montrer que je suis avec elle pour qui
elle est et non pas pour son apparence ?

Je ne sais pas combien de temps s'est écoulé mais je commence à perdre patience. Juste au moment où j'allais me lever pour vérifier que tout allait bien, j'entends le cliquetis de la porte. J'inspire profondément et je ne comprends pas pourquoi je suis si anxieux.
Peut être ses émotions sont contagieuses.
Peut être je suis juste anxieux parce que je ne veux pas que ma réaction lui fasse penser que ses cicatrices me dérangent.

Toute pensée cohérente m'abandonne lorsqu'elle rentre dans mon champ de vision.
Ma bouche s'entrouvre et il me faut une sacrée emprise sur moi-même pour ne pas me jeter sur elle.

Elle est totalement nue dans mon salon.

Ma gorge est sèche et sans pouvoir l'éviter: mon regard la scrute d'haut en bas. J'ai besoin d'absorber cette vision. J'ai besoin de maintenir ça dans ma mémoire pour le restant des mes jours.

Sa peau est beaucoup plus claire dans les zones que le soleil n'atteint pas. Sa poitrine est pleine, sa taille est étroite mais ses hanches sont larges. Son ventre n'est pas plat, mais il est parfait. J'aime son nombril et la rondeur des ses cuisses.

Elle est magnifique.
Je n'arrive pas à comprendre pourquoi elle ne peut pas le voir.

- Mon Dieu, tu es magnifique.- je murmure d'une voix cassée.

Elle ferme les yeux en ravalant ses larmes , elle met ses cheveux de côté . Son regard croise le mien et dit:-Je n'ai pas un beau corps. Je suis sûre que tu en as vu des plus beaux...et le mien ne rentre pas dans cette catégorie.

-Hannah..-

Elle me fait signe de me taire.- j'ai besoin que tu me vois telle que je suis. Je veux que tu me promettes que tu ne vas pas me voir avec de la pitié suite à ça.

-Jamais. Jamais je ne te verrais de cette manière.- je fronce les sourcils pendant qu'elle ferme les yeux.

Elle laisse échapper des larmes, mais elle se tourne doucement.

Putain !

Toute la peau du haut de son dos est abîmée. Des plis, plus ou moins imposants s'entremêlent dans son dos. La peau est rouge à cause de la cicatrisation et je ne peux éloigner le regard de ces scandaleuses marques.

Je remarque comme tout son corps tremble à cause des larmes. Je serre les poings en essayant d'ignorer le nœud dans ma gorge. Je suis furieux. Furieux envers son père pour lui avoir infligé ça. Comment a t'il pu faire une chose pareille à sa fille ?

Je ne sais pas combien de temps je suis resté immobile, mais je ne parviens pas à éloigner le regard de son dos. Des pleurs envahissent la pièce. Je me relève doucement et avance vers elle prudemment.

Je suis perdu mais je sais exactement de ce que je veux faire maintenant...

J'enroule mes bras autour de sa taille et elle pleure des plus belles. Alors, je baisse la tête et j'embrasse la peau abîmée de son dos. Elle se penche en avant, essayant de m'éloigner, mais je persiste et embrasse une autre portion de sa peau.

Ses pleurs deviennent désespérés et ils affectent chaque partie de mon corps. Je sens comme ils détruisent chaque partie de moi.

Elle se laisse glisser sur le sol et je la tiens toujours. Je ne vais pas la lâcher. Je ne vais jamais la lâcher.

Elle se couche en position fœtale sur le sol, me tournant le dos, je la recouvre de mon corps, déposant des légers baisers sur chaque partie de son dos.
Je caresse chaque peau abîmée. Essayant de réparer l'irréparable.

-Tu es magnifique.-le tremblement de ma voix me surprend.-Tu es magnifique Hannah.

Alors je l'assois sur mes genoux. Elle repose sa tête au creux de mon cou. Une haine profonde m'envahit. Une haine envers son père. Je le hais. Je le hais car il l'a détruite. Je le hais car il lui a causé une douleur que je suis incapable de soigner.