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Chapitre 50

Luffy

La nuit était tombée depuis plusieurs heures déjà, pourtant Luffy ne dormait pas. Enroulé dans une épaisse couverture, il s'était assis devant la petite fenêtre dans la chambre qu'il partageait avec Ace, observant la forêt du Mont Corvo. La pluie tombait avec violence, le vent soufflait en rafale et des éclairs zébraient le ciel à intervalle régulier, accompagnés du bruit assourdissant du tonnerre. En sécurité dans la petite cabane, Luffy resserra plus fort autour de lui la couverture, ne pouvant malgré tout retenir un frisson. Malgré ses efforts, il ne parvenait pas à trouver le sommeil. Aujourd'hui était un jour particulier. Ça faisait tout juste un an que Sabo avait été emmené par les chasseurs. Le jeune garçon ne pouvait arrêter de penser à lui, et son cœur se serrait douloureusement.

-Pourquoi n'es-tu pas couché ?

Luffy tourna la tête, apercevant son grand frère. Ace avait un peu grandi en un an, mais le plus grand changement chez lui était sa maturité. Suivant l'exemple de Sabo, il était plus doux et plus calme avec Luffy. Lorsqu'il devait se battre, il était plus réfléchi, mais la colère était toujours là, cachée au fond de lui. Elle brillait dans ses yeux comme une flamme incandescente. Mais dès que son regard se posait sur son précieux petit frère, il ne reflétait que de la tendresse et de la fierté. Lentement, Ace s'approcha de Luffy, se laissant tomber à ses côtés. Un petit sourire nostalgique prit place sur ses lèvres alors qui observait la pluie qui frappait la fenêtre, glissant sur le verre. Luffy se redressa et la couverture glissa de ses épaules alors qu'il se tournait vers son frère.

-Ace ? Pourquoi il y a des orages ?

-Le ciel est triste et en colère. Alors il pleut, et il y a des éclairs.

-Je n'aime pas l'orage.

Le plus jeune fit une moue boudeuse qui fit rire Ace doucement. Il n'était encore qu'un enfant, et il raisonnait comme tel. L'orage n'était pour lui que l'incarnation de la peur et d'autres sentiments plus sombres. Ace se devait d'être là pour le rassurer. Il se rapprocha suffisamment de lui pour que leurs épaules se frôlent. Luffy soupira de contentement. Ace, du fait de son fruit du démon, avait une température corporelle plus élevée que la moyenne. Être près de lui était suffisant pour se réchauffer. Les deux frères restèrent de longues minutes sans bouger, assit côte à côte dans un silence agréable. La pluie continuait de tomber de plus en plus fort. Après une longue hésitation, Luffy vient se blottir contre son frère, laissant tomber sa tête sur son épaule.

-Ace ?

-Oui ?

-Pourquoi tu attends que je sois endormi pour pleurer ?

Ace resta quelques secondes sans réagir. Il ne pensait pas que son petit frère l'avait remarqué. Il prenait toujours soin de s'assurer qu'il dormait profondément avant de laisser tomber tout contrôle de ses émotions. Mais il avait été surpris apparemment. Il avait essayé de se cacher, mais il n'avait pas été assez discret. Luffy leva les yeux vers lui, curieux. Ace se contenta de lui répondre par un petit sourire et un haussement d'épaule, comme si c'était une évidence.

-Parce que je suis ton grand frère.

-Je ne comprends pas.

Mais Ace ne dit rien de plus. Ce n'était pas la peine. Il avait fait une promesse importante à Sabo : veiller sur Luffy et le protéger quoi qu'il arrive. Parce qu'il était l'aîné, il devait être fort devant lui, et ne pas le laisser voir ses peurs. Il savait que la façon dont il se comportait, ou ce qu'il ressentait, allait influencer la manière dont Luffy percevait les choses, comment il vivait la situation. Leur frère lui manquait terriblement, mais s'il pouvait accepter son départ, alors son petit frère le ferait aussi très certainement. Luffy compris qu'il n'avait pas l'intention de s'expliquer, alors il n'insista pas. Il connaissait suffisamment son frère pour savoir quand il se taire. Certains sujets ne devaient pas être abordés, y compris celui de Sabo. Mais Luffy était encore jeune, et il y avait beaucoup de choses qu'il ne comprenait pas. Il serra plus fort la couverture entre ses mains, nerveux.

-Ace... Pourquoi Sabo a dû partir ?

Les souvenirs de cette nuit-là étaient un peu flou dans son esprit. Il lui arrivait parfois de la revivre dans ses rêves. Ses frères et lui couraient dans la forêt, essayant de rejoindre la cabane. Ils savaient que, près de Dadan et des autres bandits, ils seraient en sécurité. Et soudain, Ace s'était arrêté. Il criait beaucoup, affirmant qu'ils devaient partir sans lui et qu'il allait se battre. Sabo et lui s'étaient disputés. Luffy les regardait sans comprendre. De parlaient-ils ? Pourquoi criaient-ils ? Luffy était sûr que s'ils continuaient de courir, sans se retourner, jusque chez Dadan, alors tout irait bien. Ils pouvaient s'en sortir tous les trois. Mais Ace l'avait attrapé et ils étaient parti en courant, laissant Sabo derrière eux. Luffy avait beau crier et protester, suppliant son frère de le poser par terre et de retourner chercher le blond, Ace ne l'avait pas écouté.

Le bruit d'une détonation s'était fait entendre.

Ace s'était arrêté brusquement, laissant Luffy glisser de son dos. Le plus jeune se rappelait son regard perdu dans le vide, son expression horrifiée. Ace était tombé à genoux au sol, les mains tremblantes et la respiration haletante. Il semblait plongé dans une transe. Luffy avait essayé de le réveiller, le secouant et appelant son nom plusieurs fois, inquiet. Dadan était arrivé à ce moment-là et elle avait su prendre les choses en mains. Elle avait envoyé certains de ses hommes au secours de Sabo, et était parvenu à faire sortir Ace de son état second. Elle les avait ramenés tous les deux en sécurité. Ce qu'il s'était passé après, Luffy ne s'en souvenait pas. Ils avaient appris l'arrestation de Sabo par les chasseurs. Ce qui arrivait à ceux qui se faisaient attraper n'était un secret pour personne, même pas pour Luffy. Ils étaient conduits à la capitale et enrôlés de force ou bien tué. Et ils savaient tous que jamais Sabo ne rejoindrait leurs rangs.

Ace leva les yeux au ciel, réfléchissant à la meilleur réponse qu'il pourrait lui donner. Comment faire sans trop l'effrayer ? Mais trouver les bons mots n'était pas facile quand soi-même on peinait à comprendre et à l'accepter. Il ne voulait pas que son petit frère interprète mal ses paroles, ni qu'il prenne peur. Doucement, il étendit son bras dans une invitation silencieuse. Luffy se pressa de se blottir contre lui. Ace retira le chapeau de paille et le posa avec soin par terre. Puis il caressa les mèches ébouriffées de son jeune frère dans un geste rassurant. Luffy entoura son autre main des siennes, fermant les yeux comme s'il était sur le point de s'endormir. Mais toute son attention était focalisée sur Ace. Il attendait une réponse. Finalement, le brun reprit la parole d'un ton doux.

-Les hommes puissants ont toujours peur de perdre. Mais parfois, des enfants naissent avec un dangereux pouvoir. Ces hommes veulent les éliminer pour se protéger.

-Mais ce n'est pas leur faute, proteste Luffy.

-C'est pour ça que Sabo est mort. Pour protéger les enfants qui possèdent un pouvoir qu'ils n'ont pas voulu.

C'était une façon généralisé de voir les choses. Sabo s'était sacrifié pour leur sauver la vie à tous les deux, mais Ace voulait croire que cette décision aurait un plus grand impact. Luffy et lui n'étaient pas les seuls à souffrir d'un destin cruel. Pour eux, et pour beaucoup d'autres enfants, les jours à venir allaient être sombres. Ils ne l'avaient pas désiré, mais ils n'avaient malheureusement pas le choix. Parce qu'ils ont obtenu la puissance d'un fruit du démon, parce qu'ils sont liés aux plus proches hommes de mains de Roger ou parce qu'ils deviendront un jour capables de renverser les forces du monde ; ils allaient être traqués jusqu'à la mort, privés de liberté. Il n'y avait pas d'avenir pour eux. Ace espérait que les idéaux de Dragon et le sacrifice de Sabo finiraient par convaincre d'autre d'en faire autant, pour sauver et protéger ces générations futurs. Pour eux, il était déjà trop tard... Luffy rouvrit les yeux, fixant Ace avec curiosité avant de lui demander.

-Toi et moi, nous avons des pouvoirs ?

-Je dirais même que tu as le pouvoir le plus puissant de tous, Luffy...

Le gouvernement ne le savait pas encore, mais Ace en était persuadé : son petit frère serait un jour leur plus grand ennemi. Celui dont ils devraient se méfier le plus, non pas parce qu'il avait le pouvoir d'un fruit du démon, mais parce qu'il était le seul capable d'unifier ce pays. Sa force et son courage seront ses armes les plus puissantes contre ceux qui lui veulent du mal. Il n'était pas du genre à renoncer. Il avait un grand cœur et rien, pas même les plus sombres ténèbres, ne sauraient le faire abandonner. Toutes ces qualités faisaient de lui un parfait leader. Luffy était ce genre de personne que l'on avait envie de suivre, parce qu'il inspirait la confiance. Il pourrait rallier tout le peuple à sa cause, le convaincre de se soulever, de prendre les armes et de gagner leur liberté. Il était le plus à craindre de tous, Ace en était persuadé. C'était pour cette raison qu'il était aussi fier de lui. Luffy se redressa alors, laissant tomber complètement la couverture. Il attrapa son chapeau et l'enfonça sur sa tête, sa petite lèvres inferieure mise en avant dans une moue boudeuse qui fit éclater Ace de rire.

-Tu boudes ?

-Oui.

-Alors quoi, tu n'es pas content ?

-J'aurai préféré ne pas avoir de pouvoir. Comme ça, Sabo aurait pu rester avec nous.

Luffy avait prononcé ces mots avec l'honnêtement, l'innocence et la sincérité d'un enfant. Mais ils brisèrent le cœur d'Ace avec la violence d'un coup de poing. Luffy ne voulait pas être le plus fort, parce que ça n'avait pas d'intérêt quand on est tout seul. Il préférait rester petit et faible toute sa vie, mais avoir ses deux frères à ses côtés. Mais parce qu'il avait ce pouvoir, Sabo avait dû partir. Maintenant, il était mort, et ça lui faisait très mal. S'il le pouvait, Luffy n'hésiterait pas un seul instant à échanger son pouvoir contre la vie de Sabo, pour le faire revenir à la maison, auprès d'eux. Mais il savait que ce n'était pas possible. Ça ne marchait pas comme ça. S'efforçant de faire apparaître un sourire sur ses lèvres, Luffy se remit debout et se tourna vers Ace.

-On devrait aller...

Il s'arrêta dans sa phrase, trop surprit pour parler. Ace le regardait fixement, et une seule larme avait coulé sur sa joue. Pourtant, il restait immobile et totalement silencieux. Luffy s'approcha lentement de lui, inquiet. Lorsqu'il murmura son nom, Ace sembla se réveiller. Il tendit les bras, attrapant son jeune frère pour l'attirer contre lui. Il enfuit son visage dans son cou et éclata en sanglots bruyants, marmonnant des excuses. Il n'avait plus la force de se cacher.

Ce fut la seule et unique fois où Ace s'autorisa à pleurer devant Luffy.

Zoro

L'orage grondait, les éclairs zébraient le ciel et la pluie tombait en rafale. Mais Zoro faisait comme s'il ne sentait rien. Serrant fermement entre ses mains son sabre de bois, il donnait de violents coups dans le vide. Il comptait à voix haute, criant pour que sa voie soit entendu par-dessus le bruits du vent. Sa gorge lui faisait mal, ainsi que les muscles de ses bras et de ses jambes. Il avait froid et il était trempé. Pourtant, et ce malgré la nuit noire, il refusait de s'arrêter. Il devait continuer à s'entraîner, encore et encore. Il devait devenir plus fort. Il se répétait ces mots à chaque fois que son corps le faisait souffrir, à chaque fois qu'il voulait faire une pause. Il ne pouvait pas se permettre de perdre du temps. Même le mauvais temps ne saurait l'arrêter. Soudain, son pied glissa dans la boue et il mit un genoux à terre, poussant un cri de frustration. Il était épuisé, mais il devait trouver la force de se relever. Les gouttes d'eau cessèrent alors de tomber sur sa tête et il leva les yeux.

-Tu vas finir par tomber malade si tu restes comme ça sous la pluie.

-Sensei...

Malgré son ton de reproche, Koshiro affichait une expression calme et même un petit sourire amusé. Il tenait dans sa main un large parapluie qu'il utilisait pour se protéger lui ainsi que son jeune élève de la pluie. Il fit signe à Zoro de le suivre et attendit qu'il se remette sur ses pieds pour se diriger vers le dojo. Le petit garçon obéit en silence, et ils allèrent s'assoir sur le petit ponton de bois juste devant les portes coulissantes. Koshiro posa le parapluie et tendit à Zoro une serviette que le garçon accepta avec reconnaissance. La pluie était désagréable sur son corps. Il n'allait pas s'empêcher d'y retourner pour autant. Pour lui, cet orage était un ensemble de condition idéal pour progresser. Malheureusement, son sensei n'était pas vraiment de cet avis. Il ne semblait pas comprendre pourquoi il se donnait autant de mal, pourquoi même la nuit il s'entêtait à continuer.

-Je veux que mon corps devienne plus résistant.

-Tu seras trop faible pour t'entraîner si tu tombes malade.

-Ça m'est égale...

Koshiro baissa les yeux vers Zoro. Le petit garçon affichait une moue contrarié et son regard était emplit de tristesse. Cela semblait être la seule émotion qu'il était capable d'exprimer ces derniers temps. Quand il s'entraînait, il était si sérieux. Comme s'il ne ressentait rien. Mais le reste du temps, il paraissait complètement anéanti. Il restait seul dans son coin, les yeux remplis de larmes qui ne coulaient jamais. Légèrement recroquevillé en avant comme s'il portait le poids du monde sur ses épaules. Aucun enfant ne devrait être autant accablé. Le voir ainsi faisait beaucoup de peine à Koshiro. Le vieil savait exactement pourquoi Zoro était comme ça. C'était à cause de ce qu'il s'était passé il y a peu de temps. A cause de cette horrible vérité qu'il avait été forcé d'accepter.

-Peut-être que le gouvernement ne voudra plus de moi si je suis malade, souffle Zoro. Alors ils arrêteront de venir pour moi.

Plus que la mort de son amie Kuina, c'était le fait qu'il soit la cible des Shichibukai qui avait tant traumatisé Zoro. Des soldats avaient blessé des personnes qui comptaient pour lui, auxquelles il tenait et qu'il aimait. Tout ça dans l'unique but de mettre la main sur lui, de le faire rejoindre leurs rangs. Kuina avait perdu la vie en essayant de les en empêcher. Zoro n'avait jamais eu aussi peur que cette nuit-là. Il se sentait terriblement coupable. Il était persuadé que c'était à cause de lui que tous ces malheurs étaient arrivés. Parce qu'ils le voulaient. Koshiro ébouriffa tendrement ses courts cheveux verts dans une tentative pour l'apaiser.

-Tu ne dois pas t'en vouloir pour ce qui est arrivé à Kuina. Ce n'est pas ta faute.

-Elle est morte en voulant me protéger !

-Tu n'es qu'un enfant Zoro. Tu ne peux rien contre la stupidité des adultes.

Zoro ne voulait pas le croire, parce que la mort de Kuina était encore récente et douloureuse pour lui. Mais Koshiro savait qu'il n'avait rien à se reprocher. Il n'était qu'une victime dans cette histoire. Il n'avait pas choisi. Il voulait seulement suivre son rêve, sa passion, ses envies. Il aimait les sabres, les tenir entre ses mains, savoir qu'il pouvait trancher tout ce qu'il voulait sans blesser personne. Il aimait la liberté que les sabres lui apportaient. Il ne recherchait pas la puissance autrefois. Il voulait être le meilleur épéiste du monde, pas un roi. Il ne voulait pas servir les idéaux de ceux sont à la tête de ce pays. Mais les hommes sont égoïstes. Ce qu'ils ne peuvent obtenir avec un certain consentement, ils l'obtiendront de force. C'était comme ça et personne ne pouvait rien y faire, encore moins un enfant innocent comme Zoro.

Mais Koshiro n'était pas un homme qui perdait espoir. Il était convaincu qu'en continuant de se battre, on pouvait réaliser ses rêves. Le monde dans lequel on vit rend la chose plus difficile, mais pas impossible. Ce qui nous empêche d'atteindre nos objectifs, de faire ce dont on a envie ; c'est le fait de ne plus y croire. Nous sommes les seuls à pouvoir prendre cette décision. Koshiro en était persuadé, il avait essayé de transmettre cela à ses élèves. Il savait que Zoro y croyait tout autant que lui. Il était prêt à tout pour son rêve. L'adversité, les combats, les pertes, la douleur et la peur ; tout cela n'était pas suffisant pour le faire renoncer. Personne ne pourrait jamais le faire changer d'avis. Koshiro savait pour la promesse entre sa fille, et son meilleur élève. L'un d'eux devait devenir le meilleur épéiste du monde. Ils se l'étaient juré, et la mort de sa fille n'y faisait rien. En l'honneur de Kuina, et pour honorer sa mémoire, Zoro devait tenir cette promesse.

-Tu veux toujours devenir le meilleur sabreur du monde ?

-C'est mon rêve ! Je ferai tout pour y parvenir !

-Dans ce cas, tu dois devenir assez fort pour que personne ne puisse t'en empêcher.

Zoro acquiesça vivement, toute sa bonne humeur retrouvée. Baisser les bras n'était pas dans sa nature. Il avait pris cette décision en acceptant le sabre de Kuina. Puisqu'il possédait un pouvoir capable de renverser le gouvernement, alors il allait s'en servir. Il allait le développer suffisamment pour qu'un jour il puisse mettre un roi de confiance sur le trône de Grand Line et devenir son bras droit. Il allait continuer à grandir et s'entraîner uniquement dans ce but. Déterminé, le petit garçon se remit sur ses pieds, laissant tomber la serviette. Il empoigna son sabre de bois et se jeta du ponton. Il traversa la cours, reprenant sa place initiale.

-Je vais m'entraîner encore plus !

-Zoro ! Il pleut ! Ce n'est pas le moment pour ça !

Mais Koshiro eut beau protester, Zoro ne l'écoutait pas. Son enthousiasme était une source de chaleur qui lui permettait d'ignorer la pluie. Il reprit son entraînement là où il l'avait laissé, avec encore plus d'entrain. Il comptait à nouveau à voix haute, ses petites mains fermement enroulées autour de la garde. Koshiro comprit qu'il ne servait à rien d'insister, car son jeune élève ne l'écouterait pas. Alors il resta assis là, le regardant un sourire emplit de fierté, sans se séparer d'une certaine inquiétude qui lui comprimait le cœur.

Désormais il était impuissant face au destin.

Nami

Depuis le jour où elle fut contrainte de rejoindre l'équipage d'Arlong afin de garantir la vie sauve pour elle et sa sœur Nojiko, Nami se sentait prisonnière. Elle devait côtoyer le noble et ses hommes tous les jours, subissant leur haine envers les êtres humains. Ils n'étaient pas méchants avec elle, puisqu'elle faisait partie des leurs, mais elle devait regarder s'en prendre aux pauvres habitants de son village. Tous les mois, elle était traînée dans les rues, regardant Arlong réclamer son argent. Cette taxe horriblement cher que tous étaient obligés de payer pour vivre. Tous ceux qui ne pouvaient pas apporter la somme requise étaient exécutés sur le champ. Nami était bien placée pour le savoir, ayant vu sa mère adoptive mourir sous ses yeux pour leur permettre, à sa sœur et elle, de vivre. Elle appréhendait chaque mois la nouvelle collecte, priant pour que ça se passe le plus rapide possible, et sans que personne ne meurt.

-10 000 Berry pour les adultes, 5 000 pour les enfants !

-Dépêchez-vous de payer !

Au milieu des rires et des cris des hommes d'Arlong, les villageois faisaient la queue et venaient chacun leur tour pour payer. L'homme-requin était assis un peu à l'écart, regardant toute la scène avec un sourire appréciateur. Nami se tenait à ses côtés, serrant les poings de rages et s'efforçant de contenir ses larmes. Lorsqu'elle vit Gen-san s'approcher, son cœur se serra de peur. Mais elle fut rapidement soulagée en voyant le maire de Cocoyashi déposé dans le grand sac les 10 000 Berry requis pour sa survie. Il fut immédiatement suivi de Nojiko, à qui Nami avait donné suffisamment pour qu'elle puisse elle aussi payer. Elle jeta un regard noir aux hommes-poissons avant de jeter avec dédain sa part dans le sac et de s'éloigner. Elle n'accorda pas un regard à sa sœur, car elle savait que ce serait trop dur pour elles deux. La suivante s'approcha, tenant un bébé dans ses bras. Elle laissa tomber de l'argent, mais alors qu'elle allait partir, un des hommes d'Arlong la retient par le bras, la faisant crier de peur.

-Lâchez-moi, supplie-t-elle.

-Il en manque ! Tu n'as donné que 5 000 Berry !

-Tu en dois 15 000 !

La jeune femme se tourna vers Arlong, lui adressant un regard suppliant. Ce dernier se leva et s'approcha lentement, faisant signe à son compagnon de la lâcher. Ce dernier obéit sans discuter, et la femme tomba au sol en serrant son nourrisson contre elle. Nami observait la scène, effrayé. Qu'est-ce qu'Arlong avait l'intention de lui faire ? L'homme-requin lui demanda simplement de s'expliquer, et la pauvre femme fit de son mieux pour se justifier. Elle n'avait pas pu travailler correctement à cause de sa grossesse. Son mari était mort pour lui permettre de vivre un mois de plus et donner naissance à leur enfant. Mais elle n'avait pas assez d'argent pour payer cette fois-ci. Elle demande un mois supplémentaire, et elle promit de payer les 25 000 Berry manquant la prochaine fois. Un sourire mauvais s'étira sur les lèvres d'Arlong alors qu'il se penchait vers elle, tendant les bras.

-Donnez-le-moi un instant.

Après un moment d'hésitation, la femme lui tendit le bébé qu'Arlong prit délicatement entre ses mains. Il regarda l'enfant, presque fasciné, lui adressant même un sourire. Nami pensa que peut-être il allait accéder à sa requête, mais elle comprit bien vite que ce genre d'espoir était vain. Arlong se détourna de la femme au moment même où l'un de ses hommes sortait un pistolet pour lui tirer une balle dans la tête. Un cri d'horreur retentit alors que le corps sans vie de cette jeune maman s'effondrait au sol. Gen dut retenir Nojiko alors que celle-ci s'apprêtait à se jeter sur l'assassin. Lorsqu'Arlong passa près d'elle, Nami se jeta sur lui, le frappant faiblement de ses poings. Il baissa les yeux vers elle, n'ayant pas la moindre réaction face aux larmes de la rouquine.

-Pourquoi, hurlait-elle. Pourquoi avoir fait ça ?!

-Elle ne pouvait pas payer. Elle devait mourir, et cet enfant aussi.

-Non ! Il a le droit de vivre ! Elle a donné les 5 000 Berry !

Elle s'était battue pour que son enfant vive. Elle avait sacrifié sa vie en donnant tout l'argent qu'elle avait afin que son bébé ne soit pas tué. Elle s'était inclinée et avait mendié pour sa vie. Arlong n'avait pas le droit de tuer cet enfant malgré tout. Nami ne lui permettrait jamais de commettre un acte aussi abjecte. Elle le défia de toutes ses forces, le regard implorant. L'homme-requin considéra Nami puis le bébé un instant, avant de pousser un soupir ennuyé. Comme si la jeune fille n'était qu'une imbécile à qui il fallait tout expliquer plusieurs fois. Il posa une main sur son épaule, la forçant à se retourner pour regarder les villageois qui se tenait à l'écart, horrifiés par ce qu'il venait de se passer. Nami ne pouvait que constater qu'ils étaient tous aussi impuissants qu'elle face à cette situation.

-Il n'y a personne pour prendre soin de lui, explique Arlong. Qui voudrait donner 5 000 Berry tous les mois pour un enfant qui n'est pas le sien ?

-Mais...

-Si tu veux, tu peux le faire pour lui. Mais ça sera déduit de l'argent que tu gagneras pour racheter le village.

Lui demander ça, c'était cruel. Nami économisait depuis des mois afin de réunir la somme suffisante pour racheter son village à Arlong. Pour tous les libérer de ce cauchemar. Elle ne pouvait pas s'occuper d'un enfant, étant elle-même très jeune, alors qu'elle devait se débrouiller pour voler assez d'argent pour réaliser son objectif. Pourtant, Nami ne pouvait pas laisser derrière elle ce pauvre bébé. Elle allait se débrouiller comme elle pouvait, et tant pis si réunir les 100 millions de Berry prenait plus de temps. Mais avant qu'elle n'ait pu accepter, Arlong se détourna d'elle et appela l'un de ses compagnons, lui confiant le nourrisson.

-Emmenez-le.

-Non ! Attends, je...

-Laisse tomber Nami. Tu ne peux rien faire.

Cette nuit-là, alors que l'orage grondait dehors, Nami se retrouva dans sa chambre, assise devant la fenêtre à pleurer toutes les larmes de son corps. Elle ne pouvait plus supporter toutes les horreurs auxquelles elle était constamment confrontée. On lui avait appris que, motivée par le geste que Nami était prête à faire pour cet enfant, une femme avait demandé l'autorisation de le recueillir et de payer les 5 000 Berry pour lui tous les mois. Pour une raison inconnue, Arlong avait accepté de laisser le bébé vivre et de le lui confier. Mais cette étonnante gentillesse n'allait pas le pardonner aux yeux de Nami. Jamais elle ne pourrait oublier tout le mal qu'il faisait subir à ses proches. Elle serra les poings si forts que ses ongles laissèrent des marques dans sa paume. Toute la joie qu'elle éprouvait autrefois avait laissé place à une rage sourde dans son cœur. Nami avait abandonné tout espoir. Maintenant, il n'y avait plus qu'une seule et unique chose qui comptait pour elle.

-Je le jure... Je vengerai tous ces innocents morts de tes mains Arlong !

Le tonnerre gronda, comme pour sceller cette promesse.

Usopp

La pluie tombait en rafale, lui fouettant le visage douloureusement, mais Usopp s'en moquait. Il n'avait pas de temps à perdre. Il tenait quelque chose contre son torse et le serrait de toutes ses forces par peur de le laisser tomber. Il n'avait pas pris la peine d'attacher correctement son manteau et ce dernier le protégeait à peine du froid et de la pluie. Il faisait trop sombre pour voir, et Usopp trébuchait souvent, manquant de tomber dans la boue. Mais il ne voulait pas ralentir. Il évitait autant que possible les branches d'arbres et les racines, la respiration haletante. Enfin, il vit au loin la lumière chaleureuse de sa maison et un sourire s'étira sur ses lèvres. Il était arrivé à destination. Bientôt, il allait pouvoir se protéger de la pluie. Il pressa le pas et parvient à atteindre la porte qu'il ouvrit précipitamment. Il s'engouffra à l'intérieur et claqua la porte derrière lui.

-Je suis rentré, cri-t-il.

Il retira ses chaussures et son manteau avant de courir dans la chambre. Il y entra silencieusement, apercevant le grand lit dans lequel se trouvait sa mère. Cette dernière se redressa avec peine, avant d'être prise d'une quinte de toux. Inquiet, Usopp s'approcha d'elle et grimpa sur le lit. Il lui tendit la chose qu'il avait ramené avec lui et qu'il avait pris soin de protéger de la pluie : un sac en plastique contenant plusieurs boîtes de médicaments. Il était allé les chercher lui-même en ville de toute urgence afin de soulager sa mère. Bankina le remercia faiblement avant de prendre l'une des boîtes pour obtenir un cachet. Usopp s'empressa de lui apporter de l'eau, ainsi que d'autres couvertures. Avec ce temps, la nuit allait être longue et difficile. Il ne voulait pas que l'état de sa mère empire. Celle-ci lui adressa un regard attristé.

-Désolé de devoir autant me reposer sur toi...

-Ce n'est rien ! Ça ne me gêne pas !

-Tu n'es pas obligé de faire tout ça.

-C'est mon rôle de prendre soin de toi en l'absence de papa !

Le cœur de Bankina se serra comme chaque fois que le sujet de son mari était abordé. Usopp se montrait fort et courageux, s'interdisant de pleurer devant elle. Elle était pourtant sa mère. Elle aurait voulu être celle qui le protège, et non l'inverse. Le petit garçon s'assura qu'elle avait assez chaud, courant dans toute la maison pour s'occuper des diverses fuites qui laissaient passer l'eau de pluie. Il lui donna à manger, ainsi que de quoi boire. Il avait dû aller chercher des médicaments pour elle malgré l'orage et la nuit tombée depuis longtemps. Elle s'en voulait d'autant compter sur lui alors qu'il n'était encore qu'un enfant. Une petite main se posa sur la sienne et elle croisa le regard inquiet de son fils. Usopp vient alors se blottir contre elle, la serrant tendrement dans ses bras. Bankina lui rendit son étreinte, ne pouvait retenir un sourire lorsque le petit garçon éclata de rire.

-Je t'aime tellement, souffle-t-elle. J'aurai voulu t'offrir une vie meilleure.

-Ne dit pas ça ! Je suis heureux avec toi ! De toute façon, papa va rentrer bientôt !

Il ne cesserait jamais de croire en le retour de son père. Tout le monde au village l'appréciait, même s'il était un criminel en fuite. Le gouvernement le recherchait pour le tuer. Mais Usopp savait que son père était assez fort pour revenir sain et sauf. Il attendait impatiemment le jour où il rentrerait à la maison, auprès de sa femme et de son fils. Bankina serait guéri et ils pourraient vivre tous les trois ensemble, comme une vraie famille. C'était tout ce que Usopp souhaitait. Bankina sourit tendrement à son fils, avant de tirer la couverture dans une geste d'invitation.

-Tu viens dormir avec moi ?

Usopp n'attendit pas, se glissant sous la couverture. Il pressa son petit corps tremblant contre celui de sa mère, heureux de pouvoir profiter de sa chaleur rassurante. Le bras de Bankina vient se refermer autour de lui et elle se mit à fredonner une douce berceuse. Alors qu'elle lui caressait affectueusement les cheveux, Usopp sombrait peu à peu dans le sommeil. Bientôt, il fut profondément endormi. Les secondes passèrent lentement, et bien qu'elle fût épuisée, Bankina ne pouvait pas se lasser de regarder son petit garçon. Il était si adorable. Il ne méritait pas ce qui lui arrivait. Elle l'aimait tellement, et l'idée de devoir le laisser seul bientôt lui brisait le cœur. Elle fut tirée de ses pensées par le son caractéristique d'un den-den-mushi. Intriguée, elle le prit tout en faisant attention de ne pas réveiller Usopp. Elle décrocha et immédiatement une voix se fit entendre.

-Bankina ?

-Yasopp ? C'est bien toi ?

-Je suis content de pouvoir te parler...

La jeune femme sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle était si heureuse de pouvoir entendre à nouveau la voix de son mari. Pour éviter d'être repéré par le gouvernement, et pour qu'elle et Usopp ne deviennent pas leur cible, il n'appelait presque jamais. Mais quelque fois il arrivait à mettre la main sur un den-den-mushi intraçable et obtenait l'autorisation de Shanks et de Dragon pour les appeler et prendre de leurs nouvelles. Bankina le bombarda alors de question, voulant savoir s'il allait bien et comment les choses avançaient. Yasopp la rassura en disant qu'il était en pleine forme. L'équipe de Shanks faisait beaucoup parler d'elle. Ils étaient tenus responsable de plusieurs incidents qui avaient eu lieu partout dans Grand Line. Ils étaient activement recherchés, mais ils ne faisaient pas parti de l'élite des Révolutionnaires pour rien. Bankina sourit, baissant les yeux sur son fils toujours endormit.

-Veux-tu que je réveille Usopp, propose-t-elle. Pour que tu puisses lui parler ?

-Ce n'est pas la peine. Dis-moi seulement comment il va !

Bankina ne perdit pas de temps et lui raconta combien Usopp avait grandi, à quel point il était gentil et attentionné envers elle. Elle lui parla aussi de son talent de sniper, et de la joie qui brillait dans ses yeux à chaque fois qu'il atteignait sa cible. Elle lui parla de l'admiration qu'Usopp avait pour son père. Il parlait de lui tous les jours, lui disant à quel point il avait hâte de le revoir. Bankina ne cessait d'espérer que ce jour arrive enfin, et Yasopp aussi. Il mourrait d'envie de revoir sa femme et son fils, et de les serrer dans ses bras de toutes ses forces. Bankina essuya une larme qui avait coulé sur sa joue, mais elle ne pouvait rien faire contre les tremblements dans sa voix.

-Tu lui manques tellement Yasopp.

-Vous me manquez aussi. J'aurais tellement voulu être près de vous.

Malheureusement, ce n'était pas si simple. Si le gouvernement apprenait qu'il avait un fils, ils n'hésiteraient pas à lui faire du mal pour l'atteindre. Il ne pouvait permettre qu'une telle chose se produise. Usopp, comme beaucoup d'autres enfants, possédait un talent particulier que leurs dirigeants ne devaient pas découvrir. C'était pour tous les sauver qu'il avait rejoint l'armée Révolutionnaires et qu'il se battait aujourd'hui aux côtés de Shanks le Roux.

-Je protègerai notre fils. Je ne laisserai pas les Shichibukai lui faire du mal !

Pour sa famille, Yasopp était prêt à tous les sacrifices.

Sanji

A chaque nouveau coup de tonnerre, Sanji se recroquevillait un peu plus dans son lit. Il était effrayé par l'orage, et malgré tous ses efforts pour se rassurer, il ne parvenait pas à se calmer. Il tremblait comme une feuille, les larmes aux yeux alors qu'il gémissait de peur. Chaque fois qu'il se sentait sur le point d'éclater en sanglot, les voix de ses frères résonnaient dans sa tête. Ils s'étaient toujours moqués de lui, affirmant que seuls les bébés avaient peur de l'orage. Sanji voulait leur prouver qu'il n'était pas un bébé, que le tonnerre et les éclairs ne l'effrayaient pas. Mais il n'était pas assez courageux pour y faire face. Il avait envie de crier, d'appeler Zeff, mais il ne voulait pas paraitre aussi faible devant celui qui l'avait recueilli. Il devait se calmer tout seul, et rester prostré sous sa couette n'allait pas l'aider. Il sortit sa petite tête blonde de sous la couverture, jetant un coup d'œil autour de lui. Sa chambre était plongée dans le noir complet. Prudemment, il se leva et quitta la pièce. Il pouvait entendre les ronflements de Zeff, preuve qu'il était encore endormi. Sanji se dirigea vers la cuisine, décidant que cuisiner quelque chose allait lui changer les idées.

Il tira une chaise pour atteindre le comptoir. Il s'efforçait de ne pas faire trop de bruit pour ne pas réveiller le vieil homme, sinon il pouvait être sûr de se faire sérieusement réprimander. Il récupéra plusieurs ingrédients dans le frigo, chaque geste était lent et précis. Il jetait de temps à autre un coup d'œil derrière lui pour être sûr que Zeff ne s'était pas levé. Malheureusement pour lui, il perdit l'équilibre alors qu'il tentait d'attraper des casseroles. Il bascula de la chaise et eu juste le temps de lever les bras devant son visage pour se protéger. Les ustensiles tombèrent au sol avec un grand fracas et le petit Sanji se figea. Cette fois il pouvait être sûr d'avoir été entendu. La lumière du couloir fut allumée et le vieux Zeff déboula dans la cuisine, sa jambe de bois claquant furieusement contre le sol. Il baissa les yeux sur la silhouette tremblante de Sanji et fronça les sourcils.

-Qu'est-ce que tu fabriques ici à cette heure, petit cornichon ?!

-Je... Je voulais...

-Ce n'est pas le moment de faire la cuisine ! File te coucher !

Baissant la tête face à la colère du chef, Sanji obéit sans discuter et fila dans sa chambre sans demander son reste. Zeff poussa un soupir agacé et rangea tout le bazar que le blondinet avait laissé derrière lui. Il s'en voulait un peu de lui avoir crié dessus, mais il devait se montrer ferme avec l'enfant lorsque ce dernier faisait une bêtise. Son gamin était passionné par la cuisine et s'il ne lui donnait pas de limite, il n'allait jamais s'arrêter. Seulement la nuit n'était pas faite pour ça. Il avait besoin de se reposer. Une fois que tout fut remis à sa place, Zeff se traîna jusqu'à la chambre de Sanji pour jeter un coup d'œil à l'intérieur. Le petit garçon était à nouveau dans son lit, serrant de toutes ses forces l'une de ses peluches contre sa poitrine. Le vieil homme retourna se coucher, satisfait. Sanji ne risquait pas de se lever à nouveau maintenant.

Il avait malheureusement tort.

A de nombreuses reprises cette nuit-là, le blondinet était sorti de sa chambre. Il retournait dans la cuisine, se rendait dans le salon ou bien il était resté dans sa chambre. Mais il finissait toujours par faire du bruit et par réveiller Zeff en sursaut. Ce dernier devait alors se relever et le remettre dans son lit. Peu importe combien de fois il lui avait ordonné de dormir, Sanji semblait incapable de fermer l'œil cette nuit. Quelque chose n'allait pas, mais peu importe ce que c'était, il ne voulait pas en parler. Il regardait Zeff avec une expression coupable et effrayé, retournant dans son lit sans un mot. Au bout de la sixième fois où il dû se lever, Zeff décida que c'était assez. Il attrapa l'enfant par le col de sa chemise et l'emmena dans sa propre chambre en ignorant ses excuses et ses plaintes.

-Pardon ! Je ne recommencerai pas !

-Je ne te crois pas. Vas-tu me dire ce que tu as ?!

Laissant tomber le petit sur son lit, le vieil homme s'assit à ses côtés. Il voulait une explication cette fois-ci. Sanji ne pouvait pas rester debout toute la nuit. Il avait besoin de savoir quel était son problème afin de pouvoir le résoudre. Baissant la tête, le petit garçon finit par avouer qu'il n'aimait pas les orages. Au même moment, la foudre tomba et une lumière vive envahit la chambre. Zeff vit le petit tressaillir et compris que les éclairs et le bruit lui faisaient peur. Ce n'était qu'un enfant après tout. Il était normal qu'à son âge ce genre de chose l'effraie. Mais ce qu'il ne comprenait pas, c'était pourquoi il ne l'avait pas dit. Pourquoi n'était-il pas venu le réveiller, comme l'aurait fait n'importe quel autre gamin. Lorsque Zeff lui posa la question, Sanji se sentit rougir alors qu'il jouait avec le bas de sa chemise. Il se sentait honteux, mais il répondit quand même.

-Ceux qui ont peur de l'orage sont faibles et ridicules...

-Ce qui est ridicule, c'est de garder ses peurs pour soi ! Tu aurais dû m'en parler !

-Je suis désolé...

Sanji avait l'air si misérable. Zeff se sentait encore plus en colère. Il avait sa petite idée sur l'identité de ceux qui avaient mis cette idée idiote dans la tête de son gamin. Les Vinsmoke n'étaient que des abrutis. A cause d'eux, Sanji était persuadé de devoir se montrer fier et fort en toute circonstance, comme s'il n'avait pas le droit d'avoir peur. Mais la peur était vitale pour les hommes, car elle les empêchait souvent de faire des bêtises. Sanji devait comprendre qu'il n'était pas obligé de tout surmonter seul, et qu'il avait le droit de se reposer sur les autres. Il ne voulait jamais déranger Zeff par peur de le déranger, peu importe combien de fois le vieil homme lui avait dit qu'il était là pour s'occuper de lui et pour l'aider. Avec un grognement agacé, il tira la couverture et s'allongea dans son lit en faisant signe au petit garçon de venir vers lui.

-Tu vas dormir avec moi, ordonne-t-il. Juste pour cette fois.

Un sourire radieux s'étira sur les lèvres de Sanji alors qu'il se précipitait. Il se glissa sous les draps, ne dardant pas à s'endormir, épuisé d'être resté debout aussi longtemps. Zeff le regardait dormir, se demandant comment on pouvait vouloir faire du mal à un enfant aussi adorable. C'était dans ce genre de moment qu'il voulait se précipiter chez Judge et le frapper. Cet homme avait été beaucoup trop dur envers Sanji. Il n'avait jamais pris en compte ses différences avec ses frères et sa sœur. Il avait freiné son développement, sans se soucier de ce que cela allait entraîner chez Sanji. Il lui avait même interdit d'avoir peur ! Sanji était pourtant bien trop petit pour être aussi courageux qu'il l'aurait voulu, et Judge aurait dû le comprendre. Zeff passa ses doigts dans les mèches blondes, pestant à voix basse contre le patriarche de la famille Vinsmoke.

-Jamais je ne te pardonnerai ce que tu lui as fait...

Le petit Sanji sourit dans son sommeil, avant de se rapprocher de Zeff. Il agrippa sa chemise entre ses mains, se blottissant contre le vieil homme avant de lâcher un soupire de contentement. Zeff râla à voix basse, mais ne repoussa pas le petit. Bien au contraire, il l'enveloppa de ses bras comme pour le protéger du monde extérieur. Ce gamin était un cadeau bien trop précieux. Zeff savait qu'il serait capable du meilleur comme du pire juste pour le rendre heureux, pour voir un autre de ses sourires lumineux. Il s'endormit en serrant le petit garçon contre son torse avec une dernière promesse.

Sanji était son fils maintenant, et il allait tout faire pour lui offrir une vie normale et heureuse.

Chopper

L'orage grondait, menaçant, mais Chopper ne trouvait pas la force de s'en soucier. Prostré dans un coin de la petite maison qu'il partageait avec le docteur Hiluluk, il ne pouvait pas s'arrêter de pleurer. Il avait caché sa tête entre ses bras, les sanglots secouant son petit corps. Il se sentait si seul et rejeté. Il ne comprenait pas ce qu'il avait fait de mal, pourquoi tout le monde semblait lui en vouloir. Chaque fois qu'il pensait avoir progressé, qu'il pensait pouvoir se faire des amis, il était ramené brutalement à la réalité. Jamais il n'aurait de place parmi les humains, il fallait qu'il se fasse une raison. Chacune de ses tentatives s'étaient soldées par des échecs. Ils ne voulaient pas de lui. Son cœur se serra un peu plus à cette pensée et ses pleurs redoublèrent. Il en avait assez de subir toutes ces déceptions. Chaque essai était plus douloureux encore que le précédent. Il ne pouvait plus supporter ça. Il fut tiré de ses pensées par le bruit de la porte d'entrée qui claquait. Il leva les yeux et put apercevoir Hiluluk qui retirait son manteau, tenant un grand panier dans sa main.

-Tu vas être content, je nous ai trouvé de quoi faire un bon repas !

Le médecin s'était pressé de rentrer, bravant la tempête de neige, pour rejoindre son petit renne préféré. Chopper s'émerveiller à chaque fois qu'il lui présentait quelque chose de nouveau à manger. Hiluluk avait très envie de voir à nouveau ce sourire plein de joie, et ce regard pétillant. Mais lorsqu'il aperçut le petit renne recroquevillé dans un coin de la pièce, les yeux rougies par les larmes, toute sa bonne humeur disparu. Elle fut remplacée par l'inquiétude, alors qu'il posait le panier au sol pour se précipiter vers son élève. Il se reprocha immédiatement de l'avoir laissé seul aussi longtemps. Peut-être s'était-il blessé quelque part. Pour qu'il soit dans cet état, sa blessure devait être vraiment douloureuse. Hiluluk se laissa tomber à genoux près de Chopper, lui attrapant délicatement les bras pour le regarder attentivement.

-Es-tu blessé ?! Que s'est-il passé ?!

-Je ne suis pas blessé, pleurniche Chopper. Je suis juste triste...

Hiluluk pencha la tête sur le côté, intrigué. Pourquoi son adorable petit renne était-il triste ? Les larmes emplirent à nouveau les yeux de Chopper alors qu'il semblait sur le point d'éclater en sanglot de nouveau. Hiluluk le prit délicatement dans ses bras, le portant jusqu'au lit sur lequel il s'assit. Il laissa le petit renne s'installer correctement sur ses genoux, puis il le tient contre lui. Il voulait le réconforter, pour faire disparaitre toutes ces larmes qu'il détestait voir dans ses grands yeux. Il préférait quand ils brillaient de joie et de curiosité. Ils restèrent là un moment, Hiluluk s'efforçant de calmer le petit renne. Il voulait le convaincre de lui parler, car il voulait à tout prix l'aider. Quand le renne se sentit mieux, il lui demanda de lui expliquer ce qui l'avait rendu triste.

-Je suis allé au village, avoue Chopper. J'étais inquiet pour les habitants, à cause de l'orage.

-Que s'est-il passé là-bas ?

-Ils m'ont traité de montre et ils m'ont chassé.

Chopper avait pu s'enfuir à temps avant d'être blessé physiquement, mais le mal était déjà fait. Il n'était pas un monstre, mais peu importe ses tentatives pour se rapprocher des humains, pour leur prouver qu'il était gentil et qu'il ne leur voulait aucun mal ; ils continuaient de l'appeler ainsi. C'était douloureux à supporter. Il voulait seulement être traité comme leur égal. Il voulait qu'ils le considèrent comme l'un des leurs. Mais ses efforts étaient vains. Un gémissement lui échappa. Il avait si mal. Il leva les yeux vers Hiluluk, lui adressant un regard suppliant. La douleur était si évidente qu'elle brisa le cœur du charlatan.

-Je ne comprends pas... Qu'est-ce que j'ai fait de mal ?

-Rien Chopper. Absolument rien.

Hiluluk serra plus fort le petit renne dans ses bras. Il lui expliqua que les êtres humains étaient comme ça. Ils avaient tout simplement peur de ce qu'ils ne connaissaient pas, et que leur premier réflexe était d'éloigner l'inconnu d'eux. Ils pensaient que Chopper était dangereux parce qu'ils n'avaient jamais vu avant d'être aussi exceptionnel que lui. Le petit renne le regarda avec curiosité, et Hiluluk lui adressa un grand sourire plein de fierté. Il lui dit que si les humains avaient pris le temps de le connaître, jamais ils n'auraient voulu lui faire du mal, car il était quelqu'un d'extraordinaire et de formidable. Chopper lui rendit alors son sourire, rassuré. Hiluluk avait raison, il n'était pas un monstre. C'était uniquement parce qu'ils ne savaient pas qui il était vraiment que les humains ne voulaient pas de lui. Mais comment les faire l'accepter s'ils refusaient de le rencontrer. En voyant la moue contrariée du petit renne, Hiluluk eut soudain une idée.

-Je pourrai peut-être t'accompagner la prochaine fois, propose-t-il.

-Comment ça ?

-Si tu es avec moi, alors ils n'auront pas peur. Je pourrai te présenter aux villageois, qu'est-ce que tu en dis ?!

Le sourire qu'il aimait tant voir sur le visage de Chopper apparut. Le petit renne sautilla de joie à l'idée de pouvoir enfin rencontrer toutes ces personnes sans qu'ils ne soient effrayés à sa vue. Il sauta des genoux d'Hiluluk, commençant à parler à toute vitesse de toutes les choses qu'il aimerait leur dire, et partager avec eux. Ce nouvel entrain réchauffa le cœur d'Hiluluk. Il était satisfait de voir tout le bonheur qu'il pouvait apporter à Chopper. Ce petit était si courageux et si gentil. Il ne méritait pas d'être traité de monstre, et Hiluluk allait s'assurer de remédier à cela. Soudain, Chopper attrapa sa main, le fixant avec des étoiles dans les yeux.

-Dis, je pourrai vraiment être accepté par les villageois ?!

-Bien sûr ! Je t'en fais la promesse !

Malheureusement, Hiluluk ne put la tenir.

Chopper regardait la pluie qui tombait, les yeux à nouveau plein de larmes. Il se sentait encore plus seul et anéanti par ce souvenir. Après avoir décidé de l'emmener visiter le village le lendemain, Hiluluk avait dit à Chopper de dormir, et qu'il le réveillerait quand il serait l'heure de manger. Le petit renne avait obéi, rêvant de sa futur rencontre avec les villageois. Mais cette dernière n'eut jamais lieu. En effet, quelques heures plus tard, Hiluluk fut arrêté par les soldats du gouvernement, sur la demande Wapol, et exécuté sur la place publique pour servir d'exemple. Il avait tout fait pour protéger Chopper, et ce dernier était encore en vie grâce à lui et Doctorine. Mais il ne pouvait pas s'en réjouir alors qu'il venait de perdre la personne la plus importante à ses yeux.

-Docteur... Je ne veux plus être tout seul... Ça fait trop mal...

Hiluluk était si gentil avec lui. Il ne l'avait jamais considéré comme un monstre. Il s'était occupé de lui, l'avait protégé, l'avait élevé, éduqué et lui avait redonné le sourire. Il était sa petite lumière d'espoir, qui lui apportait de la joie même dans les moments les plus sombres. Chopper avait l'impression que son cœur avait été arraché. Cette nuit-là, personne ne vient le réconforter, ni ne vient stopper ses pleurs. Personne ne vient lui promettre de faire disparaitre sa tristesse.

Lorsque Hiluluk est mort, il a emporté avec lui les espoirs et les rêves de Chopper.

Robin

Le magnifique village d'Ohara n'était aujourd'hui plus que ruines et cendres. Le Buster Call lancé par le gouvernement avait tout détruit sur son passage. Les habitants étaient tous morts, et il ne restait pas le moindre vestige pour témoigner de leur grandeur d'avant. Tout n'était que désolation. L'orage s'était mit à gronder, et la pluie tombant avait aidé à étreindre les flammes. Maintenant qu'il faisait nuit, tout était redevenu calme. Les soldats furent repartis peu de temps après, emportant avec eux les corps sans vie des habitants. Ce n'est que bien plus tard, aux petites heures du matin, alors que la pluie tombait encore ; qu'une infime lueur se dessina dans les ténèbres. Une silhouette se faufilait au milieu des décombres, lanterne à la main. Sa capuche se souleva, révélant de grands yeux bleus innocents et de longs cheveux noirs. La seule rescapée du village d'Ohara, Nico Robin, était revenu sur les lieux de la tragédie avec un but bien précis en tête.

Elle atteignit les ruines de ce qui était autrefois une magnifique bibliothèque. Elle avait vu ce bâtiment être rongé par les flammes avant d'exploser. Elle priait pour qu'il reste encore quelque chose des anciens ouvrages qu'elle aimait parcourir pendant des heures. Posant sa lanterne sur un morceau de mur effondré, elle commença à fouiller les décombres. Elle n'en avait rien à faire de l'eau qui imbibait ses vêtements, de la boue froide sur sa peau ou des blessures qu'elle se faisait en soulevant les gravats. Elle refusait de s'arrêter tant qu'elle n'aurait pas trouvé un livre. Les heures passèrent, et le désespoir était de plus en plus fort. Elle ne trouvait rien. Elle commençait à croire que rien n'avait été épargné par l'incendie. Les larmes qui embrouillaient sa vision n'arrangeaient pas les choses. Elle s'efforçait de les essuyer, mais c'était de plus en plus difficile. Soudain, alors qu'elle avait perdu tout espoir, elle aperçut du coup de l'œil la couverture d'un livre presque intact. Elle s'empressa de s'en emparer, le serrant de toutes ses forces contre sa poitrine.

-Enfin, murmure-t-elle. J'en ai trouvé un...

Mais le soleil se levait et les risques qu'elle soit aperçu ici devinrent plus grand. Robin savait qu'elle devait rentrer au plus vite. Alors elle glissa le livre sous son manteau, attrapa la lanterne qui s'était éteinte depuis un moment, et partit en courant. Elle laissa les ruines du village d'Ohara derrière elle, atteignant rapidement une petite maison dans la forêt. C'était ici que vivait l'homme qui l'avait si gentiment recueilli, et qui prenait soin d'elle. Kuzan Aokiji était un amiral travaillant pour la Marine et pourtant, il n'avait pas hésité un seul instant à lui sauver la vie, se rebellant contre les ordres qui lui avaient été donnés. Robin savait qu'il risquait sa vie en l'hébergeant, en la cachant des Shichibukai. Ils étaient à sa recherche. Elle était en cavale alors qu'elle n'avait même pas encore dix ans. Sans lui, elle serait morte. Elle poussa doucement la porte, jetant un coup d'œil à l'intérieur. Elle ne vit personne et elle entra dans la petite maison, trempée et couverte de boue de la tête aux pieds.

-Où étais-tu ? Je me suis inquiété !

Robin se figea, reconnaissant la voix inquiète d'Aokiji. Elle se tourna vers lui, baissant la tête d'un air coupable. L'Amiral se précipita vers elle, l'observant attentivement à la recherche de la moindre blessure. Il fut soulagé de constater qu'elle allait bien. Il remarqua alors ce que la petite fille dissimulait sous son manteau. Il prit le livre entre ses mains, regardant les traces de brûlures sur la couverture, les pages déchirées aux coins imbibés d'eau et un mot unique tracé en lettres d'or : « Ponéglyphes ». Robin serra plus fort le livre contre elle, murmurant des excuses. Elle savait que ce qu'elle avait fait n'était pas bien, mais elle n'avait pu s'en empêcher. Aokiji n'avait aucun doute sur l'endroit où elle avait trouvé ce livre. Il poussa un soupir avant de lui jeter un regard désapprobateur.

-Robin, tu ne dois pas retourner là-bas. C'est dangereux, tu le sais.

-Pardon...

Il ne servait à rien de la sermonner d'avantage, alors Aokiji la laissa partir. Elle devait se changer avant de tomber malade. Robin se rendit dans sa chambre pour mettre des vêtements secs et essuyer la boue qu'elle avait partout. Elle s'installa ensuite sur son lit, tenant le grand livre sur ses genoux. Elle l'avait déjà vu autrefois, et elle savait combien il était précieux. Ce livre indiquait les emplacements de tous les Ponéglyphes. Grâce à lui, elle était certaine de pouvoir tous les retrouver. En les lisant, elle serait en mesure de réaliser son rêve. Bien sûr, les textes à l'intérieur de ce livre étaient également en Ponéglyphe, mais Robin était parfaitement capable de le lire. Elle comptait poursuivre les travaux de ses amis d'Ohara. Elle était née pour ça et elle n'avait pas l'intention de renoncer sous prétexte que le gouvernement voulait se débarrasser d'elle. Robin fut alors tirée de ses pensées par l'entrée d'Aokiji dans sa chambre. L'Amiral avait l'air nerveux, sans doute parce qu'il s'en voulait de l'avoir disputé un peu plus tôt. Il vient s'assoir à côté d'elle, désignant le livre.

-Est-il vraiment si important pour toi ?

-Oui. Je suis la seule encore capable de lire les Ponéglyphes.

-Pourquoi les cherches-tu ?

-Je veux découvrir ce qu'il s'est passé durant le « trou dans l'histoire ».

Il y avait une longue période de l'histoire de Grand Line que personne ne connaissait. Les Shichibukai, Gol D Roger et même les anciens rois ; aucun d'entre eux ne savait ce qu'il s'était vraiment passé. On racontait que c'était durant ces années perdues que le royaume fut créé, et que le tout premier roi fut choisi. Robin ignorait pourquoi ce trou dans l'histoire inquiétait autant le gouvernement, mais elle était déterminée à découvrir ce qu'il s'était passé. Certains Ponéglyphes n'étaient même pas sur le territoire de Grand Line. Un long voyage l'attendait si elle voulait tous les trouver et les traduire. Mais elle savait que ce n'était pas impossible. Elle allait grandir, devenir plus forte et parcourir le monde pour réaliser son rêve. En voyant ses yeux briller, et cette fierté lorsqu'elle parlait des Ponéglyphes et de ses ambitions, Aokiji compris à quel point c'était important pour elle. Rien au monde ne saurait l'empêcher de vivre cette aventure, et il savait qu'il n'avait pas le droit de l'en empêcher. Avec un sourire attendrit, il lui ébouriffa les cheveux.

-Si c'est vraiment ce que tu veux, je ne t'arrêterai pas.

-Merci !

-Mais tu dois me promettre de faire attention. La vérité n'est jamais simple à trouver, encore moins à accepter.

Aokiji ignorait ce que Robin allait découvrir, mais il était sûr d'une chose : une vérité si importante qu'elle doive restée cachée pendant des siècles, n'était surement pas bonne à entendre. Robin allait risquer sa vie pour trouver les Ponéglyphes, les lire et résoudre cet incroyable mystère qu'est le « trou dans l'histoire ». Mais ce qui l'attendrait à l'arrivée ne vaudrait peut-être pas tous les sacrifices qu'elle allait devoir faire. Elle allait se battre, souffrir et perdre beaucoup, sans être certaine que le résultat en vaille la peine. La vérité n'était pas toujours facile et parfois vivre dans l'ignorance lui était préférable. Mais on ne pouvait le savoir qu'une fois qu'il est trop tard. De nombreuses difficultés et des moments douloureux attendaient Robin, certains qu'elle ne pourra pas éviter malgré tout ses efforts. C'était inévitable.

Ce fut des années après, lors d'une grande bataille, que Robin compris à quel point Aokiji avait raison.

Franky

Une douleur fulgurante lui transperça le bras et Franky eut bien du mal à retenir son gémissement de douleur. Il serra les dents, se tortillant dans son lit. Il faisait encore nuit lorsqu'il fut réveillé par la souffrance intense qui envahissait son corps. Chacun de ses membres lui faisait mal, pas seulement son bras. Les modifications qu'il avait faites sur son propre corps étaient encore incomplètes, car il avait dû se débrouiller avec ce qu'il avait sous la main. Toutes ses nuits étaient interrompues par ce genre de crise de douleur qui pouvait durer des heures. Mais Iceburg dormait dans la chambre d'à côté, et il ne voulait pas le réveiller, alors il se retenait de hurler. Il ressentait, aléatoirement dans son organisme, des pics de douleur plus ou moins puissant. Il ne pouvait qu'espérer que la crise passe rapidement, ou du moins que le tonnerre grondant dehors puisse camoufler les quelques bruits qui passaient la barrière de ses lèvres. Soudain, une douleur plutôt violente le prit au torse et il ne parvient pas à retenir un cri. Il plaqua sa main sur sa bouche, mais c'était trop tard.

-Franky ?! Est-ce que ça va ?!

Iceburg entra dans la chambre, parcourant le petit espace des yeux à la recherche du cyborg. Il finit par l'apercevoir, se tordant de douleur dans son lit. Il ne lui fallut que quelques secondes pour comprendre ce qu'il se passait, et l'inquiétude disparu, laissant place à une intense concentration. Il traversa la pièce en de grandes enjambées, atteignant le lit. Il posa une main rassurante sur l'épaule de Franky, le maintenant fermement contre le matelas. Le cyborg sembla se détendre à ce contact, fermant les yeux. Il pouvait faire confiance à son frère. Iceburg attrapa une bouteille d'eau et une boîte de médicament qui étaient posé sur le bureau, les tendant à Franky pour qu'il puisse en avaler. Cela devrait aider à soulager quelque peu la douleur qu'il ressentait. Ça ne valait pas une véritable anesthésie, mais hélas ils ne pouvaient pas faire mieux. Ils ne pouvaient pas aller à l'hôpital et Iceburg n'avait rien pour l'endormir, localement ou entièrement. Il adressa au cyborg un regard d'excuse.

-Je vais essayer de te réparer, mais ça sera douloureux.

-Ne t'inquiète pas... Je peux le supporter.

-J'y vais dans ce cas.

Il n'y avait aucun plan, Franky ayant dû improviser et se dépêcher de reconstruire les différentes parties de son corps avant que la mort ne l'emporte. Iceburg n'était même pas certain qu'il soit capable de le guider. Il allait devoir y aller à l'aveuglette, en espérant ne pas endommager son système plus qu'autre chose. Le fait de devoir faire une sorte d'opération sur Franky n'était déjà pas très plaisante. Il devait oublier qui il était et agir comme s'il n'était qu'une machine qu'il devait réparer. Il n'avait pas vraiment le temps de s'y préparer, car il devait agir vite. Réunissant les outils dont il pourrait avoir besoin près de lui, Iceburg prit quelques secondes pour se calmer avant de commencer. Il fut impressionné par le mécanisme complexe du corps de Franky. Pour une personne normale, ce n'était qu'un ensemble de pièces métalliques, mais pour un ingénieur comme lui, c'était un travail remarquable. Connaissant les circonstances autour de la création de ce corps de cyborg, Iceburg devait reconnaître que Franky avait réalisé une véritable prouesse. Cependant...

-Ton système est très endommagé... Depuis combien de temps ça dure ?

-Ça m'arrive tous les soirs. Mais la douleur est de plus en plus grande.

-Pourquoi ne m'as-tu rien dit ?! Les conséquences auraient pu être irréversibles !

-Je pensais que moi seul pouvait résoudre ce problème. Mais mes connaissances ne sont pas suffisantes.

Iceburg ricana moqueusement. Si Franky, qui avait été capable d'un modeler son corps d'une telle manière, n'avait pas assez de compétences ; comment pourrait-il prétendre pouvoir l'aider ? Mais il ne pouvait pas le laisser tomber maintenant. Il fit de son mieux pour rester concentré, analysant le corps du cyborg afin de repérer toutes les défaillances qu'il devrait améliorer. Il devait faire au plus vite pour soulager Franky de sa douleur. Ce dernier ferma les yeux, essayant de se concentrer sur autre chose que les mains d'Iceburg dans ses circuits. Les secondes lui parurent être des heures, avant qu'enfin son frère pousse une petite exclamation victorieuse. Il venait de comprendre quel était le problème. Il rassura Franky, lui promettant que ce serait bientôt terminé. Le cyborg porta son regard sur la fenêtre. Les éclairs qui illuminaient le ciel le plongèrent dans de vieux souvenirs, et un petit rire sans joie lui échappa.

-Ce jour-là, il pleuvait... Quand Tom-san a été emmené...

Il sentit Iceburg se figer à côté de lui quelques secondes, silencieux, avant d'acquiescer lentement puis de se remettre au travail. Le jour où leur sensei avait été arrêté fut le plus douloureux de leur existence. Tom-san s'était battu pour les protéger, recevant sur lui la colère des Shichibukai. Il refusait de leurs donner les plans de Pluton, agissant comme s'il les possédait encore alors qu'ils avaient été détruits il y a bien longtemps. Il s'était sacrifié pour qu'ils n'apprennent pas la vérité sur Franky, pour qu'Iceburg et lui aient la vie sauve. Mais ils n'avaient pas accepté cela, plus particulièrement celui qui se faisait autrefois appeler Cutty Flamme. Il s'était révolté, tentant de stopper le train qui emmenait Tom en prison. Il fut percuté violemment. A cause de son action irréfléchie, Iceburg l'avait cru mort, et il était désormais à moitié robot, car son corps n'avait pas supporter le choc avec le véhicule lancé à pleine vitesse. Iceburg ne pouvait décrire l'horreur qu'il avait ressenti en voyant l'état de son frère.

-Je déteste les orages, grogne-t-il.

Chaque fois que la pluie tombait, accompagnée du bruit assourdissant de la foudre, il se remémorait cette tragédie. Il avait fini par haïr les nuits d'orage. Ils restèrent tous les deux dans un silence total alors que Iceburg terminait les réparations. Il avait fini par comprendre comment le corps de Franky fonctionnait. Quand son travail fut achevé, il pu annoncer fièrement que le cyborg ne devrait plus avoir à subir ce genre de crise. Il lui demande de le prévenir en cas de problèmes et il commença à s'éloigner pour retourner dans sa chambre. En le regardant partir, Franky sentit qu'il devait lui avouer encore une chose, et que s'il ne le faisait pas maintenant, il ne le ferait jamais.

-Je suis désolé, murmure-t-il. Je sais que tu ne pourras jamais pardonner ce que j'ai fait à Tom-san.

-Je t'en veux toujours, c'est vrai. Mais à chaque orage, je me rappelle que j'ai failli te perdre, toi aussi.

-Iceburg...

-Je suis quand même content que tu sois toujours en vie, Franky.

Il avait cru avoir tout perdu : son maître et son frère, qui étaient la seule famille qu'il avait, avaient péris tous les deux. Il était inconsolable, et dévoré par une haine innommable envers le gouvernement. Mais Franky était finalement revenu, dans un sale état mais bien vivant. Il avait pu détourner Iceburg de son désir de vengeance. Maintenant, il avait quelqu'un sur qui veillé, et un secret à protéger. Il devait empêcher les Shichibukai de mettre la main sur les plans de Pluton. Oui, il en voulait beaucoup à Franky d'avoir agit sans réfléchir, alors qu'il avait promis de rester discret. Mais le savoir en vie était un tel soulagement. Iceburg ne put retenir ses larmes, et elles dévalèrent abondement sur ses joues. Il quitta la chambre avant que Franky n'ait la moindre chance de les apercevoir.

Trop occupé à cacher ses larmes, il ne remarqua pas celles qui coulaient sur les joues de son frère.

Brook

La tempête faisait rage et la mer était agitée. L'orage qui grondait ne rassurait pas vraiment Brook. Ce dernier était en très mauvaise position pour affronter seul ce déchaînement météorologique. Une maladie très contagieuse avait eu raison de ses compagnons, et même de lui. Il était mort avec eux il y a de cela plusieurs mois, mais il avait pu revenir dans son corps devenu squelette parce qu'il avait mangé un fruit du démon. Comment ce dernier avait-il pu se retrouver hors du territoire de Grand Line était un mystère mais il ne pouvait pas s'en soucier pour le moment. Il était tout seul pour diriger le bateau, et il ne pouvait plus nager désormais. La moindre chute et s'en serait fini de lui. Brook avait espéré pouvoir rejoindre Grand Line sans encombre, mais il faut croire qu'il n'avait vraiment pas de chance. La noyade était la seule façon pour lui de mourir pour de bon, et de rejoindre ses camarades, mais il n'en avait pas le droit. Pas après la promesse qu'il avait faite à son capitaine juste après son réveil dans ce corps squelettique.

-La vie m'a donné une autre chance. Je vais l'utiliser pour changer ce monde !

Il savait qu'il n'était pas le seul à avoir cette envie de se battre qui brûlait dans ses veines. Il n'avait plus de but, ni de rêve. Il n'avait plus de compagnon. Alors, s'il pouvait se rendre utile d'une quelconque manière, il n'allait pas hésiter. Il voulait rejoindre ceux qui avaient décidé de se révolter, pour se battre à leur côté. Il n'était qu'un vieux squelette, mais il pouvait affirmer avec une certaine fierté qu'il était plutôt doué au combat à l'épée. Il avait le chance incroyable d'être encore en vie, d'avoir survécu à cette terrible maladie. C'était sans doute parce qu'il avait encore des choses à accomplir. Il avait fui suffisamment longtemps. Il devait rejoindre son pays natal au plus vite et ce n'était pas cette vilaine tempête qui allait l'en empêcher. Le vent violent et les vagues puissantes manquaient de peu de renverser le bateau, mais il tenait bon. Brook savait qu'il en faudrait plus que ça pour le faire chavirer, mais la moindre erreur de sa part pouvait bien précipiter les choses. Il devait à tout prix éviter de se faire submerger.

-J'espère m'en sortir. Je ne peux pas mourir maintenant !

Les avantages de son corps de squelette était qu'il n'avait pas à se soucier de la pluie dans les yeux, car il n'en avait plus. Il n'avait pas non plus de muscle qui pourraient être fatigués, ni d'organes. Il était entièrement fait d'os. Il pouvait tenir plus longtemps qu'un être humain normal. Son corps, bien que d'apparence plus fragile, avait en réalité une plus grande endurance. Il espérait que ce serait suffisant pour contrer l'orage. Tenant le gouvernail, Brook essayait de manœuvrer le bateau de sorte que les vagues causent le moins de dégâts possible à la coque. Il pouvait voir divers tonneaux et caisses pleines de vivres rouler sur le pont, et même passer par-dessus bord. Il ne pouvait pas s'en occuper, et il espérait qu'il lui en resterait assez pour atteindre la prochaine île. Soudain, une vague plus puissante que les autres ébranla le bateau, projetant Brook sur le côté. Le squelette hurla de peur et percuta le bord. Un objet qui se trouva dans sa poche fut projeté en l'air. Brook le reconnut immédiatement et poussa un cri de détresse.

-Non, le dial !!!

C'est sur ce petit coquillage que son dernier souvenir avec ses compagnons a été enregistré. Leur toute dernière interprétation de Bink's no Sake. C'était tout ce qui lui restait d'eux, le seul moyen qu'il avait de pouvoir entendre leurs voix encore une fois. C'était son bien le plus précieux. Brook tendit la main, espérant pouvoir le rattraper en plein vol, mais cela fut vain. Le dial tomba dans l'océan sans qu'il ne puisse rien y faire. Brook frappa le bord du bateau de son point, frustré et en colère d'avoir laissé échapper le coquillage. Comment était-il possible d'être aussi maladroit ?! Jamais il ne se pardonnerait de perdre un objet qui comptait autant à ses yeux.

-Je dois le récupérer !

Sans réfléchir, il attrapa une corde et l'attacha solidement autour de lui. Il n'y avait pas de temps à perdre. Il devait agir avant que le coquillage ne s'enfonce trop profondément sous la surface. L'autre extrémité de la corde fut attachée autour du mat. Brook tira dessus de toutes ses forces, espérant qu'elle ne se détache pas. Satisfait de son travail, il traversa le pont en courant et sauta dans l'océan. Il avait beau être fait d'os, le choc du contact avec la surface de l'eau était douloureux. Immédiatement, il sentit toutes ses forces le quitter. Ceux qui possèdent un fruit du démon étaient malheureusement très sensible à l'eau de mer. Elle les privait de leur énergie et de leurs pouvoirs. Brook savait qu'il ne tarderait pas à perdre connaissance, alors il devait faire vite. Il regarda autour de lui, mais il faisait trop sombre pour apercevoir quoi que ce soit. Une sensation désagréable l'envahit alors que la panique le gagnait. Soudain, un éclair déchira le ciel, l'éclairant suffisamment pour qu'il aperçoive le dial qui coulait, à seulement quelques mètres de lui.

-Je l'ai trouvé !!!

Il se sentait de plus en plus faible alors qu'il s'efforçait de nager. Il avait l'impression que son corps était trop lourd pour qu'il puisse le contrôler. Il bougeait ses bras et ses jambes de plus en plus, mais la panique ne l'aidait pas. Sa vision était trouble et sa seule source de lumière était les rares éclairs qui apparaissaient au-dessus de lui. Brook s'efforça de diriger son corps vers le coquillage, ignorant la douleur dans sa tête et ses membres de plus en plus lourds. Il était au bord de l'inconscience, peu importe combien il se criait de ne pas flancher. Il ouvrit la bouche par réflexe, manquant d'air, et l'eau entra. Il n'avait plus de gorge, mais la sensation de brûlure était belle et bien là. Il bougea ses bras frénétiquement, cherchant désespérément de l'air. Mais ses efforts ne furent pas vains. Enfin, il toucha du bout des doigts le dial et parvient à s'en saisir fermement.

-Je te tiens !

Le bonheur d'avoir récupéré son bien lui redonna un peu d'énergie. Il attrapa la corde et commença à remonter. Bientôt, il fut capable de sortir la tête hors de l'eau, prenant une grande inspiration. Son corps était presque entièrement immergé, et ses forces n'étaient pas encore revenues. A ce moment-là, le bateau se trouvait en eau d'une vague. Il bascula brutalement, et Brook fut projeté en l'air. Il lâcha la corde et atterrit sur le pont, roulant plusieurs fois sur lui-même avant que son dos ne percute le bord. Il cracha de l'eau, ressentant encore le brûlure désagréable chaque fois qu'il inspirait. Il serrait de toutes ses forces le petit coquillage contre son torse, pleurant de joie. Il l'avait récupéré... La dernière chose qui lui restait de ses amis était à nouveau entre ses mains. Il était complètement trempé, et la tempête durait toujours, mais il n'avait pas la force de s'en soucier. Il avait le dial avec lui et c'était tout ce qui comptait.

-Quel soulagement... Je ne dois pas le perdre à nouveau !

Il courra dans le quartier des hommes. Il avait réuni toutes ses affaires dans un grand sac afin de le prendre avec lui quand il aura rejoint Grand Line. Il mettrait le dial dans son crâne une fois que la tempête serait finie. Mais en attendant, il préférait le laisser ici pour éviter que l'accident se reproduise. Une fois le dial en sécurité, Brook courut reprendre la barre. Il avait survécu après avoir plongé dans l'océan. Il était encore plus déterminé à affronter le mauvais temps. Cet orage n'aurait pas raison de lui, il en faisait la promesse. Son périple n'était pas encore terminé.

-Je ne dois rien lâcher ! J'atteindrai Grand Line, quoi qu'il m'en coûte !

Il était déjà mort une fois. Plus rien ne lui faisait peur.

Law

Contrairement à beaucoup d'enfants de son âge, Law ne craignait pas l'orage. Les éclairs et le bruit assourdissant du tonnerre ne l'effrayaient même pas. Autrefois peut-être, il l'était, mais depuis la mort de ses parents et de sa petite sœur, il semblait incapable de ressentir la moindre émotion. Comme s'il ne pouvait rien vivre de pire, qu'il n'avait plus qu'à attendre que la mort vienne l'emporter. Avec sa maladie, ce n'était plus qu'une question de temps. Il se sentait de plus en plus faible chaque jour. Il avait perdu tout espoir de guérir, et ce depuis longtemps déjà. Cette maladie était héréditaire et incurable. Aucun médecin n'était assez fou pour accepter de s'occuper de lui. Tous étaient persuadé qu'elle était contagieuse. Law avait estimé le temps qu'il lui restait à vivre, et il était vraiment très court. Mais il l'avait accepté. La seule personne qui refusait de voir la vérité en face, c'était Corazon. Law leva les yeux vers l'horloge qui se trouvait au-dessus de la porte. Le blond était en retard. Il lui était peut-être arrivé quelque chose. Avec l'orage, ce ne serait pas surprenant qu'il soit tombé. Peu importe, Law avait décidé de l'attendre. Ce fut une heure plus tard, alors qu'il commençait à somnoler, que la porte de la chambre s'ouvrit.

-Law ! Je suis à la maison !

-Ne crie pas si fort, le réprimande l'enfant. Quelqu'un pourrait t'entendre.

Corazon lui répondit par un sourire penaud, fermant la porte derrière lui. Il avait les vêtements couverts de boue et tous déchirés. Comme Law le soupçonnait, il était tombé dans les flaques alors qu'il courrait pour revenir ici. Il n'avait pas emporté de parapluie, et l'orage l'avait surpris. Il était censé faire plutôt beau aujourd'hui. Sautant de la chaise sur laquelle il était assis, devant la grande fenêtre, Law se précipita vers lui. Il lui ordonna de retirer ses vêtements mouillés, avant de déclarer qu'il allait lui en apporter d'autres. Corazon ne put retenir un sourire en voyant l'enfant se presser pour l'aider. Law était adorable quand il se souciait de lui. Non, en fait, il était adorable tout le temps. Pour ne pas le mettre en colère, le blond obéit et retira ses vêtements avant de se changer. Il leva les yeux vers l'horloge, fronçant les sourcils en remarquant l'heure. Law aurait dû être couché depuis longtemps. Malgré son interdiction, il l'avait encore attendu. Il allait devoir faire attention à rentrer à l'heure s'il ne voulait pas que le petit garçon s'épuise. Law grimpa sur le lit et Corazon l'y rejoignit, plaçant une main sur son front. Il avait encore de la fièvre.

-Comment tu te sens ? Tu as mal quelque part ?

-A la tête. J'ai eu des vertiges tout à l'heure.

-Désolé... Aucun médecin n'a accepté de venir.

Dans la soirée, l'état de Law s'était considérablement aggravé. Il s'était brusquement mit à tousser, sans pouvoir s'arrêter. Chaque toux lui faisait mal à la gorge et à la poitrine, au point qu'il crache du sang. Corazon avait fait de son mieux pour le soulager, avant de partir à la recherche d'un docteur pour l'examiner. Il jeta un regard noir aux médicaments sur la table de chevet, avant de les balayer d'un revers de la main. Il était sûr que ces derniers avaient fait plus de mal à Law qu'autre chose. C'était à cause d'eux s'il était aussi mal en point maintenant. Qu'est-ce qui leur faisait peur ?! Ils ne pouvaient pas l'attraper, cette foutu maladie ! Law était un enfant comme les autres ! Pourquoi n'avait-il pas le droit à des soins lui aussi ?! Ils le traitaient de monstre, de démon, comme s'il apportait la peste avec lui. Chaque fois qu'il les entendaient dire du mal de son protégé, Corazon ne pouvait pas s'empêcher de foutre le feu à l'hôpital. Law se sentait mal de le voir aussi en colère à cause de lui. Il remarqua alors du sang qui coulait le long du bras de Corazon et fronça les sourcils.

-Tu es blessé ?! Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?!

Corazon n'eut pas le temps de répondre quoi que ce soit. Law lui adressa un regard de réprimande, avant de sauter du lit et de récupérer la trousse de premier secours. Alors qu'il se faisait engueuler par le petit garçon, Corazon eut bien du mal à ne pas sourire. Il avait du mal à le prendre au sérieux quand Law essayait aussi fort de ne pas montrer son inquiétude, agissant comme un adulte en colère. Mais le blond pouvait voir qu'il avait vraiment peur pour lui. Il refusait de dormir s'il n'était pas rentré, il lui cachait ses souffrances pour ne pas l'inquiéter et il cherchait constamment son attention. Corazon savait que Law était plus attaché à lui qu'il ne voudrait bien l'admettre. Il écarquilla les yeux en voyant des larmes couler sur les joues du petit garçon alors que ce dernier levait un regard suppliant vers lui, ses petits poings serrant sa manche faiblement.

-Arrête de chercher un médecin pour me sauver ! Je ne veux pas être soigné !

-Pas question ! Je ne te laisserai pas mourir !

-Mais tu finis toujours par être blessé ! J'en ai assez que tu souffres à cause de moi ! Je ne peux plus le supporter !

Corazon sourit tendrement. Alors qu'il était celui qui avait le plus mal, Law agissait comme si le blond était plus important. Cet enfant avait vu toute sa famille mourir, et il avait apprit qu'il allait mourir bientôt à cause d'une maladie qui lui provoquait une atroce douleur. Mais il mettait tout cela de côté pour se préoccuper uniquement de Corazon. Il était si gentil que le blond aurait pu en pleurer. Mais ce n'était pas le moment pour ça. Law avait besoin d'être réconforté. Corazon prit le petit garçon dans ses bras, l'installant sur ses genoux avant de le serrer doucement contre son torse. Il le sentait s'agripper à lui de toutes ses forces, comme s'il craignait qu'il disparaisse. Corazon fredonna des paroles rassurantes en lui caressant les cheveux. Il ne voulait pas le voir aussi triste. Il voulait sécher ses pleurs et le voir sourire à nouveau. Il lui fit relever la tête doucement, sentant son cœur se briser à la vue des yeux larmoyants du petit garçon.

-Tu n'aimes pas quand je suis blessé n'est-ce pas, souffle-t-il.

-Non... Ça me rend triste.

-Eh bien c'est la même chose pour moi. Savoir que personne ne veut t'aider me rend malade. Mais moi je refuse de t'abandonner, parce que je t'aime.

Law sentit une douce chaleur l'envahir à ces mots. Lui qui pensait avoir tout perdu, il avait rencontré quelqu'un qui se souciait de lui et qui l'aimait. C'était indescriptible à quel point savoir ça lui faisait du bien. Il se redressa rapidement, enroulant ses petits bras autour du cou de Corazon. Le blond posa ses mains sur sa taille pour l'empêcher de tomber, un large sourire aux lèvres. Le petit garçon l'étreignit doucement, donnant à Corazon l'impression d'être la personne la plus importante à ses yeux. Law ignorait à quel point c'était réciproque.

-Je t'aime aussi Corazon !

Quelques minutes plus tard, ils s'étaient glissés tous les deux dans le grand lit. Couché sur le côté, sa tête reposant sur l'une de ses mains, Corazon observait tendrement Law qui s'était blottit contre lui. Une de ses mains agrippait encore sa chemise. Il peinait à garder les yeux ouverts. Corazon lui caressa doucement la joue et le petit garçon leva les yeux vers lui. Un large sourire s'étendit sur les lèvres du blond. Law eut juste le temps de l'entendre murmurer quelque chose avant de s'endormir.

-Je promet de te sauver, quitte à y laisser ma vie.

Son souhait le plus cher était que Law connaisse un jour la vraie liberté.

Bataille finale, -1 minute

Le champ de bataille était silencieux. De sombres nuages s'étaient formés dans le ciel, rappelant aux combattants des souvenirs de nuits d'orage. Des souvenirs de leurs promesses, de ces moments où leurs vies ont basculé. Chacun se remémorait les moments difficile qu'il avait dû traverser à cause du gouvernement, ce qui les avaient poussés à combattre aujourd'hui. Tous se tenaient prêt à se lancer dans la bataille à tout moment. Leur campement avait été installé, et les médecins étaient préparés pour intervenir à tout instant. Ils s'étaient répartis en différentes divisions, chacune avec un commandant à sa tête et avec une mission bien précise. Ils faisaient face à la ville avec détermination. Leurs adversaires les attendaient de pieds fermes, et étaient parfaitement visibles depuis l'endroit où ils se trouvaient. En attendant que l'assaut soit donné, ils se jaugeaient du regard, un mélange d'appréhension et d'excitation leur tordant l'estomac. Certains avaient encore du mal à croire qu'ils étaient bel et bien arrivés au terme de leur aventure. Que tout allait se jouer maintenant.

Luffy et son équipe étaient en première ligne, le jeune homme au chapeau de paille en tête. Il fixait la ville avec un calme surprenant. Cet endroit allait bientôt devenir un champ de bataille. Son regard se porta sur le château. C'était là-bas que se trouvait son objectif. Il devait l'atteindre et y affronter Teach. Tout reposer sur lui. Plus vite il lui réglait son compte et plus vite cette bataille prendrait fin. Ses amis n'auraient plus à se battre, ni à mourir. Grand Line serait libéré et son rêve se réaliserait. Il prendra le trône et deviendra roi, quoi qu'il arrive. C'était une promesse. Il tourna la tête vers son père, qui se tenait fièrement à ses côtés. Dragon avait le regard sur l'horizon, comme s'il voyait déjà l'issu de cette guerre. Il avait l'air serein, mais Luffy savait que ce n'était qu'une façade. En réalité, il pensait sûrement aux nombreuses pertes qu'ils allaient subir, à tous ces combattants qui allaient mourir pour leur idéal. Luffy prit la main de son père dans la sienne, la pressant doucement pour le rassurer avant de la relâcher. Dragon lui adressa un signe de tête reconnaissant.

La mort les guettait, mais ils l'avaient tous accepté. Ils n'avaient pas peur.

En sentant la pluie qui tombait sur eux, les souvenirs devinrent plus forts. Luffy et Ace se rappelèrent cette peur qui les tenait à l'idée que l'un d'eux disparaisse, tout comme Sabo. Ce dernier se rappelait son impuissance face au destin qui voulait lui enlever ceux qu'il aimait. Zoro pensait aux sacrifices de ses proches afin qu'il puisse être libre. Nami pensait à la solidarité des habitants de son village face à la cruauté des hommes. Usopp pensait le combat de ses deux parents pour lui offrir un monde meilleur. Sanji pensait à Zeff et à ses amis, qui étaient prêt à l'aider et sur qui il pouvait se reposer. Chopper pensait à l'avenir qu'il avait le droit d'avoir parmi les hommes. Robin pensait à son rêve qu'elle devait encore réaliser. Franky pensait à son maître et à Iceburg, qui avaient tant fait pour le protéger et pour l'aider. Brook pensait à ses compagnons et à la promesse qu'il leur avait faite. Law pensait à Corazon et à Kid, qui l'aimaient et qu'il avait apprit à aimer en retour. Toutes ces pensées leur donnaient l'envie de lutter et de ne rien lâcher. Ace s'avança pour rejoindre son frère, lui adressant un sourire.

-Notre destin va se jouer maintenant. Tu es prêt ?

-Plus que jamais !

Le soleil apparut derrière eux, projetant leurs ombres sur le sol. Tous saisirent leurs armes, sentant au fond d'eux que le moment approchait. Puis, Dragon leva le bras en l'air, bientôt imité de tous les autres, et il cria un unique mot qui marqua le début de cette bataille qui allait changer l'histoire.

-Chargez !

Dans un cri de guerre unanime, les troupes s'élancèrent.

A suivre

Je sais qu'il y a pas mal de fautes dans mes chapitres, souvent parce que je change d'idée au dernier moment. Je fais des répétitions, des fautes de frappes, etc... Je vous promet que tout cela sera bientôt corrigé ! Quand j'aurai publié l'épilogue, je prendrai du temps pour tout relire et tout corriger.

Ce chapitre était sur le thème de l'orage. Il fut très long à écrire et pourtant j'ai l'impression d'être allée trop vite... Mais bon, les scènes me plaisent bien comme elles sont. Laquelle a été votre préférée ?

Je suis contente d'avoir pu le poster aujourd'hui. J'ai eu bien du mal à écrire la première scène, et arrivé en milieu de semaines, je n'avais même pas la moitié du chapitre d'écrit. Mais j'étais déterminée à ne pas manquer de semaine autant que possible car on entre dans une partie très intense de l'histoire ! Cette bataille durera jusqu'au chapitre 57 !

Je l'ai dis, et je le redis, les prochains chapitres seront essentiellement des combats, et il y aura des morts. Plusieurs. Qui ne vous plairont vraiment pas. Certaines que j'ai même vraiment hésité à mettre. J'appréhende un peu votre réaction face à ça et j'espère que ça ne viendra pas gâcher la fiction. C'est difficile de pouvoir prédire ce que les lecteurs aimeront ou non et j'espère ne pas commettre d'erreur...

Mais quoi qu'il arrive, sachez que je vous réserve un grand final ! Une fin parfaite pour notre grand méchant, Marshall D Teach, ainsi qu'une belle fin pour Monkey D Luffy ! La toute dernière scène du chapitre 60 sera également mémorable et j'espère qu'elle vous plaira !

Vous êtes près ? Car bientôt, nous entrerons dans le dernier acte de cette folle aventure !

A bientôt pour le chapitre 51 !

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