Chapitre 48
Iceburg
Depuis plusieurs mois maintenant, Iceburg travaillait activement à l'atelier du quartier général de l'armée Révolutionnaire. Dragon avait accepté qu'il reste ici et il voulait le remercier en les aidant autant qu'il le pouvait. Il avait aidé à fabriquer des véhicules et des armes qui leurs seraient utile pour la grande bataille à venir. Dragon avait annoncé que ce combat allait arriver plus tôt que prévu et Iceburg avait passé plusieurs nuits blanches à travailler pour que tout soit prêt dans les temps. Ce jour-là, il avait entendu dire que l'équipe de Monkey D Luffy était enfin revenu du château de Big Mom. Il avait d'abord pensé à rendre visite à Franky, mais la mission avait été difficile et il avait préféré le laisser se reposer et s'était dirigé vers l'atelier. Il devait être vide à cette heure, pourtant il put distinguer des voix alors qu'il s'approchait. Il jeta un coup d'œil à l'intérieur, apercevant deux silhouettes.
-Franky ? Robin ? Qu'est-ce qu'ils font ici ?
Il s'apprêtait à les interpeller lorsqu'il vit Franky retirer le drap qui recouvrait une machine sur laquelle il travaillait depuis un moment. Tout comme Robin, il n'eut aucun mal à la reconnaître. Il ne l'avait vu qu'une fois, sous forme de plan, mais jamais il ne pourrait oublier à quoi ressemblait l'arme antique Pluton. Il resta figé sur place. Il les entendit parler de leur projet d'utiliser cette arme pendant la bataille, ainsi que leur récente du découverte au sujet des risques que le cyborg allait encourir. Il comprit qu'ils avaient cette intention depuis longtemps, qu'ils l'avaient caché à tout le monde et qu'aucun retour en arrière n'était possible désormais. Il comprit également que si Franky allait jusqu'au bout, il allait mourir dans l'explosion qui allait détruire Pluton. Il n'arrivait pas à croire que le cyborg allait vraiment risquer sa vie ainsi. Tom-san s'était sacrifié pour éviter que cette arme ne soit recréée, et Iceburg avait tenté d'en faire autant. Pourtant Franky voulait... Incapable de se retenir, Iceburg entra dans l'atelier.
-Qu'est-ce que ça signifie ?!
Franky et Robin firent volte-face, dévisageant Iceburg avec stupeur. Ils ne l'avaient pas entendu arriver, ni même senti sa présence. Il était visiblement en colère, et ils n'eurent aucun doute sur le fait qu'il avait tout entendu de leur conversation au sujet de Pluton. Franky se plaça face à lui tout en prenant soin de mettre Robin et l'arme antique derrière lui. Si Iceburg devait passer sa colère sur quelqu'un, se serait lui et personne d'autre. Iceburg traversa la pièce en quelques pas, lui lançant un regard de reproche. Franky avait intérêt à avoir une bonne explication à lui donner s'il ne voulait pas qu'il détruise lui-même cette chose avant d'aller prévenir Dragon. Robin observa les deux garçons se jauger du regard, inquiète de la tournure qu'allait prendre cette discussion. Franky leva les deux mains pour tenter de calmer son frère.
-Ne t'énerve pas, et écoute-moi jusqu'au bout.
-Comment veux-tu que je reste calme ?! As-tu même conscience de ce que tu t'apprête à faire ?!
Il désigna d'un geste de la main la machine. Pluton n'était pas encore tout à fait terminer, mais avait déjà l'apparence d'une puissante arme de guerre. Un peu comme un tank, mais en plus petit, et avec un énorme canon à l'avant. Iceburg ne pouvait pas l'observer sous tous les angles, mais le simple fait de connaître les dégâts que pouvait causer cette chose le dissuadait d'approcher plus. Cette chose n'aurait jamais dû être créée, et encore moins utilisée, mais c'était pourtant là l'objectif de Franky et Robin. Iceburg pointa son index sur le torse du cyborg, parla d'un ton menaçant.
-Je t'interdis d'en faire usage !
-Iceburg...
-Je suis sérieux ! As-tu oublié ce qui est arrivé à Tom-san ?!
Les plans originaux de l'arme Antique avaient disparu depuis longtemps. Après les avoir reçus des mains de son propre maître, Tom avait pris la décision de les détruire. Mais peu de temps après avoir recueilli le jeune Cutty Flamme, le charpentier avait découvert que l'enfant était capable de dessiner de mémoire les plans de Pluton. Il les avait dans la tête et ne parvenait pas à s'en débarrasser. Le petit était devenu l'une des clés pour ramener dans ce monde cette arme de destruction. Tom avait fait croire qu'il possédait encore les plans pour protéger son élève et pour que le gouvernement cesse de les chercher. Malheureusement, il avait été arrêté pour cela, et exécuté. C'était le sacrifice qu'il avait choisi de faire, car il voulait éviter à tout prix que Pluton réapparaisse. Iceburg se l'était répété encore et encore. Il espérait qu'en comprenant les raisons de cet acte, il accepterait plus facilement la mort de son maître.
-Tom-san s'est battu pour que les plans de Pluton ne tombent jamais entre les mains de l'ennemi.
-J'ai respecté sa volonté ! Ils croient que je les ai détruits !
-Je te parle de la raison qui a motivé son geste ! Cette arme est dangereuse !
Iceburg avait si souvent entendu Tom parlait de ce que cette chose était capable de faire. Les armes antiques étaient les plus puissantes qui n'aient jamais été créés. Indestructibles, elles avaient une puissance qu'aucune autre arme ne pouvait égaler. Celui qui les possédait pouvait détruire des îles entières avec une facilité horrifiante. Guidé par la volonté de son créateur, Pluton pouvait lui offrir le monde. Une arme n'était pas forcément mauvaise. Elle ne l'était que parce que celui qui la tenait entre ses mains en faisait mauvais usage pour suivre ses désirs. Iceburg était bien placé pour savoir que le désir des hommes qui possédaient des armes était incontrôlable. Pluton était trop puissant pour être confié aux égoïstes êtres humains. Il ne voulait pas voir le monde sombrer dans le chaos et la désolation. Et il ne voulait pas voir Franky mourir à cause de Pluton. Les risques étaient beaucoup trop grands et le cyborg devait le comprendre.
-Tom-san n'a pas passé sa vie à protéger les plans pour que ce soit toi qui les utilises.
-C'est mon destin, proteste Franky. Tom-san le savait aussi. Tu es le seul qui refuse de le voir.
-Je refuse que tu suives ce chemin !
-Tu ne me feras pas changer d'avis ! L'enjeu est trop important pour moi !
Chaque fois que Franky hésitait à aller jusqu'au bout, il se remémorait les instants qu'il avait partagé avec ses amis. D'abord les bons moments, afin qu'il n'oublie pas combien ils étaient devenus importants pour lui. Ensuite les mauvais moments, pour qu'il n'oublie pas ce qui pourrait leur arriver. Ils avaient vu ce que la rancœur pouvait faire d'un homme, lorsqu'un traitre avait tenté de les tuer. Il avait vu ce que le gouvernement faisait au peuple et aux traitres, avec Navarone et le Vice-Amiral Jonathan. Il avait constaté l'impuissance de certains face à leur destin ; avec Ace, Law et Sanji. Il avait vu les changements que la souffrance engendrait chez certains, comme Zoro. Il avait vu la mort emporter tellement de personnes. Il ne pouvait pas rester sans rien faire.
-J'ai vu mes camarades souffrir. J'ai vu ce que l'égocentrisme des hommes pouvait faire. Je veux y mettre un terme.
-Pluton serait donc ta solution ?!
-Je détiens le moyen d'arrêter ce massacre, et je compte l'utiliser.
-Mais ce n'est pas à toi de le faire !
-Si, car je suis le seul à pouvoir utiliser Pluton désormais !
C'était la promesse qu'il s'était faite il y a des années. Il n'avait pas voulu des plans qui refusaient de quitter son esprit. Il n'avait pas voulu être une clé. Mais il ne pouvait pas changer cela, malgré tous ses efforts. La seule chose qu'il pouvait faire, c'était l'accepter et vivre avec. Certains choses ne pouvaient être évitées, mais au lieu d'attendre que le moment fatidique arrive tout en le niant, Franky voulait choisir. Si sa mort devait arriver à cause de Pluton, alors il serait le seul à décider quand, où et pourquoi. Si sa seule existence devait amener cette arme dans leur monde, alors il serait celui qui déciderait de chaque détail. Robin avait compris cela, et c'était pour cette raison qu'elle l'avait aidé dans son projet. C'était au tour d'Iceburg de l'accepter. Tournant le dos à son frère, Franky ramassa le drap et recouvrit Pluton pour le cacher à nouveau de la vue des autres. Iceburg voyait en cette chose le mal incarné, mais pour Franky ce n'était rien de plus qu'une autre de ses créations.
-C'est toi, souffle-t-il, qui m'as appris qu'une arme n'est dangereuse qu'entre les mains de mauvaises personnes.
-Que veux-tu dire ?
-Je n'utiliserai pas Pluton à mauvais escient, et je ne laisserai personne d'autre que moi y toucher. Je sauverai notre monde, car je suis né dans ce but.
Le gouvernement allait vouloir s'en emparer, mais Franky ne les laisserait pas faire. Il allait causer un maximum de dégâts du camp adversaire, avant de détruire Pluton. Leur ennemi n'aura ainsi pas le temps de la récupérer. Mais même si, en procédant de cette manière, Franky empêchait que Pluton ne tombe entre de mauvaises mains, les risques étaient énormes. Robin et Iceburg ne voulait pas qu'il soit emporté par l'explosion, et qu'il meurt. Franky semblait persuadé que c'était ce qu'il devait faire, mais ils s'y opposaient tous les deux fermement. Le fait qu'il soit le seul à pouvoir créer Pluton et l'utiliser ne faisait pas de lui un condamné. La mort n'était pas forcément ce qu'il l'attendait à la fin de cette bataille. Iceburg ne saurait l'accepter.
-Aucun enfant ne nait pour mourir.
-Non. Mais ce choix nous appartient malgré tout.
Robin s'approcha alors d'Iceburg, posant une main sur son épaule en secouant la tête. Rien de ce qu'ils diraient ne pouvait faire reculer Franky. Il avait trop souffert pour renoncer. C'était son choix. Tout ce qu'ils pouvaient faire tous les deux, c'était de le soutenir et de rester à ses côtés pour le protéger, jusqu'au bout. Iceburg serra les poings, des larmes de frustration aux yeux alors qu'il se résignait. Il se détourna, commençant à s'éloigner.
-Si tu meurs, crache-t-il, je ne te le pardonnerai pas.
Franky effleura le drap qui recouvrait Pluton, le regard plein de détermination. Il entendit les pas d'Iceburg alors que ce dernier quittait l'atelier. Il sentit ensuite la douce main de Robin se poser sur la sienne. La jeune femme lui sourit, lui promettant de ne pas le quitter, d'aller avec lui jusqu'au bout. Franky se sentit soudain plus fort. Il n'était pas seul, et pour ça il devait se battre de toutes ses forces.
-Je ne mourrai pas, déclare-t-il. Je suis le seul à décider de l'endroit où je mourrai.
Sanji
Lorsqu'il quitta l'infirmerie, Sanji avait encore le corps tout endolorit. Chaque mouvement lui faisait mal. Big Mom était une femme massive, mesurant pas moins de huit mètre quatre-vingts. Forcément, ses coups étaient difficiles à encaisser. Elle lui avait laissé de nombreuses coupures, des hématomes et des os brisés. Heureusement, il était plutôt solide et les médecins avaient affirmé qu'il ne tarderait pas à se rétablir. Il allait tout de même devoir supporter la douleur pendant quelques jours. Le blond avait seulement haussé les épaules à cette annonce. Il s'était opposé à Big Mom, l'avait provoqué et avait choisi d'encaisser seul les coups. Après ça, il avait pris la décision de continuer à se battre. La douleur et les courbatures n'étaient qu'un juste retour des choses et il le méritait. Après son petit examen médical, Sanji fut surprit de trouver Usopp qui l'attendait dans le couloir, adossé à un mur. Il avait un bandage autour de ses hanches, mais à part ça il semblait en pleine forme. Le sniper remarqua que son attention était portée sur son bandage, et il s'empressa de le rassurer.
-Ils ont retiré la balle, l'informe-t-il. La blessure n'est pas grave. Je garderai juste une petite cicatrice.
-C'est une bonne nouvelle.
-Et toi ? A quel point es-tu blessé cette fois-ci ?
Sanji nota la petite nuance de reproche dans sa voix et grimaça. Comme si ça ne suffisait pas que le marimo lui ait fait la morale pendant la mission, voilà que Usopp s'y mettait aussi. Malheureusement, il ne pouvait pas trop le contredire. Sanji était revenu blessé presque à chaque fois. Il avait été bien meurtri par ses différents adversaires, notamment à Alabasta, Enies Lobby et Navarone. Il s'était même prit une balle en revenant de Sabaody. Les seules mission où il était revenu indemne étaient Marineford et Punk Hazard, car Zoro s'était battu à sa place. Il avait affronté Mihawk seul, et avait protégé le Sunny d'une invasion de soldats. En parlant du sabreur, Sanji était un peu déçu qu'il ne soit pas venu le voir. Il s'efforça de le cacher en parlant à Usopp de ce que le médecin lui avait dit. Le sniper, bien que rassuré de savoir que le blond allait vite se rétablir, n'avait pas décoléré pour autant. Il lui était difficile de pardonner à Sanji sa tentative de mettre fin à ses jours. Mais il n'était pas celui qui lui en voulait le plus.
-Tu dois parler avec Zoro, ordonne-t-il. Il n'a pas trop apprécié votre dernière discussion.
-Vous avez le droit de m'en vouloir, mais c'est ainsi. Je n'hésiterai pas à me sacrifier. Mais contrairement à ce que pense le marimo, je n'ai pas envie de mourir.
-Je n'en doute pas, mais c'est difficile pour lui de te croire.
Plus le temps passait et plus Zoro était inquiet pour Sanji. Il lui demandait sans arrêt comment il allait, s'assurant qu'il n'était pas blessé. Avec la tendance du blond à finir dans un sale état presque à chaque fois, il était normal que le sabreur s'attende au pire de sa part. Si Luffy n'avait pas été là la dernière fois, tous savaient que Sanji se serait vraiment donné la mort. Le cuisinier ne pouvait le nier, et ceux qui avaient assisté à la scène n'avait aucun doute. Sachant cela, Usopp comprenait que Zoro ne fasse pas confiance à Sanji pour rester en vie, et il comprenait sa colère. Peut-être que le sabreur s'était un peu calmé depuis, et Sanji devait en profiter pour aller s'excuser et régler les choses entre eux. Ils ne devaient pas rester fâchés. Le blond le savait aussi, et il n'avait pas l'intention de se défiler. Il s'était promit d'aller le voir à leur retour au quartier général. Zoro avait tenu à ce qu'il aille à l'infirmerie, mais maintenant qu'il était soigné, rien ne l'empêchait d'aller lui parler.
-J'irai le voir. Je ne veux pas qu'il reste en colère contre moi.
-Bien dit !
Soudain, alors qu'ils passaient à proximité du bureau de Dragon, la porte de ce dernier s'ouvrit. Luffy et Sabo en sortirent, saluant Usopp et Sanji lorsqu'ils les aperçurent. Ils partirent ensuite d'un pas pressé, ayant apparemment quelque chose à faire. Quelques secondes après, ce sont les frères et sœurs de Sanji qui quittèrent le bureau de Dragon. Ce dernier avait fini de s'entretenir avec eux, et ils n'avaient plus aucune raison d'être ici. Les Vinsmoke avaient été soignés par un médecin pendait qu'ils discutaient avec Dragon. Sanji les regarda, hésitant à s'approcher. Il voulait leur parler, mais il n'était pas sûr de pouvoir leur faire face maintenant. Usopp remarqua son inconfort et il poussa un petit soupir amusé. Sanji avait parfois besoin d'un petit coup de main et il était de son devoir de l'aider, en tant qu'ami. Il lui donna une petite tape d'encouragement sur l'épaule. Après tout ce temps, Sanji méritait bien une entrevue avec sa famille biologique.
-On se revoit au dîner, s'exclame-t-il avec un sourire.
-D'accord.
-N'oublie pas d'aller parler avec Zoro !
Usopp s'éloigna et Sanji s'avança lentement vers ses frères et sœurs. En pleine conversation, ces derniers s'arrêtèrent pourtant de parler en l'apercevant. Il devait être un peu plus présentable maintenant qu'il eut été soigné. Il n'était plus couvert de sang. Dès qu'il fut assez près d'eux pour les interpeller, il leur adressa une petite salutation timide. Comme si ces mots l'avaient réveillé, Reiju se précipita vers lui, enroulant ses bras autour de son cou pour le serrer contre elle. Elle s'était tellement inquiétée pour lui. Elle ne l'avait pas revu depuis des années, et le voir dans le château de Big Mom avait été plus douloureux que réjouissant. Mais maintenant Sanji était à portée de main, et il était vivant. Elle était si heureuse de pouvoir le tenir dans ses bras. Les bras du blond vinrent se poser sur ses hanches alors qu'il lui rendait son étreinte.
-Qui m'a donné un petit-frère aussi inconscient, gémit-elle.
-Pardonne-moi Reiju. Je ne voulais pas t'inquiéter.
-Ne nous fait plus jamais peur comme ça !
Elle s'écarta de lui, les joues pleines de larmes mais un petit sourire bien visible. Sanji le lui rendit, avant de poser ses yeux sur ses frères. Il avait refusé de le voir les autres fois où ils s'étaient vus ; mais ils avaient tous les trois bien changés, tant physiquement que mentalement. Tout comme lui, les rondeurs enfantines avaient laissé place à des corps d'hommes et des visages mâtures. La haine et le mépris avait disparu de leurs yeux, mais désormais ils avaient l'air perdu, sans but. Après une longue minute silencieuse durant laquelle ils ne firent que se dévisager, ses frères firent un pas vers lui et lui attribuèrent chacun une tape amicale sur l'épaule. Sanji ne sut pas quoi penser de ce geste aussi maladroit qu'étrangement réconfortant. Ça ne suffit pourtant pas à disperser la gêne entre eux. Ils n'avaient jamais eu auparavant de véritable conversation et aucun d'entre eux ne semblait trouver quoi dire. Finalement, Sanji décida de fumer une cigarette pour se détendre.
-Qu'est-ce que Dragon a décidé ?
-Il nous laisse partir. Il ne veut pas s'embêter avec nous.
Le blond acquiesça. Il n'était pas vraiment surpris. Si proche du dénouement, Dragon avait autre chose à faire que de s'occuper des nobles. De plus, ses frères et sa sœur étaient désormais inoffensifs. Grâce à Franky, Robin et Brook, ils avaient pu récupérer leurs Raid Suit respectifs, mais c'était définitivement fini pour eux. Aucun des deux camps n'accepterait de les accueillir, et ils ne pouvaient pas s'opposer au gouvernement et aux Révolutionnaires à la fois. Autrement dit, ils n'avaient plus rien à faire maintenant. Cette idée ne leur déplaisait pas cependant. Lorsque Sanji glissa une cigarette entre ses lèvres, il pu constater qu'il tremblait. Que ce soit de nervosité ou de fatigue, il ne saurait le dire, mais ça l'agaçait. Il espérait qu'aucun de ses frères ne l'avait remarqué, mais si ce fut le cas, ils ne firent pas le moindre commentaire.
-Où allez-vous aller maintenant ?
-Nous allons quitter Grand Line pour rejoindre un camp de réfugiés.
-Vraiment ?!
-Dragon ne nous a pas laissé le choix à vrai dire...
Le chef des Révolutionnaires avait été très clair avec eux, tout comme les deux hommes qui se trouvaient avec eux dans le bureau. S'ils étaient venus à leur secours, c'était uniquement parce que Sanji en avait fait la demande. Dragon leur avait expliqué que la seule chose dont il se préoccupait, c'étaient les projets d'armée surhumaine de Big Mom, dont Sabo et Ace s'étaient occupés. Luffy, quant à lui, leur avait très clairement dit qu'il ne les aimait pas, car ils avaient fait du mal à Sanji. Mais ce dernier voulait les sauver, alors il lui avait promit de botter le cul de Big Mom, puis de ramener sa famille vivante. Ils ne leur faisaient pas suffisamment confiance pour les accepter parmi eux, et encore moins pour les laisser partir. Cependant, ils ne pouvaient pas les garder avec eux. Ils avaient beaucoup trop de choses à gérer, et bientôt ils allaient devoir quitter cet endroit.
-Je vais vous laisser le choix, avait dit Dragon.
Caesar et leurs autres prisonniers étaient en train d'être transféré à l'extérieur du territoire en attendant qu'ils décident quoi en faire. Seul Mihawk allait rester ici, car ils allaient avoir besoin de lui encore un peu. Les Vinsmoke pouvaient choisir d'être transférés également et gardés enfermés et sous contrôle. Ils pouvaient également choisir de les aider d'une autre manière qu'en se battant. De nombreuses personnes ayant été expatriés avaient encore besoin d'un nouveau refuge à l'extérieur du territoire. Malheureusement, ils ne savaient pas où les placer. Un campement provisoire venait d'être construit pour les accueillir, mais ils manquaient de personnel. Dragon leur proposa de s'y rendre pour y travailler et s'occuper de toutes ces personnes qui, comme eux, avaient dû fuir le pays. Ils n'avaient pas hésité un seul instant à accepter la proposition.
-Nous serons en sécurité là-bas. En attendant que la situation se stabilise.
-Il est possible que vous ne puissiez plus jamais revenir vous savez ?
-Peut-être. Mais si nous restons ici, nous allons être condamnés par la justice et traqués.
L'incendie qu'Ace avait causé n'avait pas emporté que les recherches de Big Mom. Cette femme et tous ses hommes étaient morts. La Marine était formelle à ce sujet : aucun d'entre eux n'y a réchappé. En l'absence des corps appartenant aux Vinsmoke, ils en avaient conclu que ces derniers s'étaient échappés et qu'ils étaient les responsables de ce tragique accident. Les frères et sœurs de Sanji étaient donc accusés de meurtre et aucune doute que si le gouvernement parvenait à mettre la main sur eux, ils allaient être exécutés. Cette nouvelle ne les dérangeait pas. Ils s'en moquaient d'être désignés comme coupable de la mort de Big Mom et de sa famille. Mais ils ne voulaient pas vivre en étant traqués. Ils préféraient quitter Grand Line et se rendre là où l'on pourrait avoir besoin d'eux.
-Il y a tout de même une question que j'aurai voulu te poser avant que nous ne partions.
-Laquelle ?
-Pourquoi vouloir nous sauver ?
Dragon et Luffy avaient tous deux insistés sur le fait que c'était l'idée de Sanji de leur venir en aide. C'était lui qui l'avait demandé, sans qu'on ne le force. Il avait fait son choix après y avoir longuement réfléchit. Tous les quatre s'étaient sentis troublés par cette déclaration. Ils ne comprenaient pas pourquoi, après tout ce qu'ils lui avaient fait subir, Sanji avait fait le vœux de leur sauver la vie, au point même de risquer la sienne. Ce n'était pas pour leur aide à Marineford, ni pour les recherches de leur père, ils en étaient sûr. La raison cachée derrière la décision de leur frère était un mystère pour eux. S'ils devaient partir de Grand Line pour toujours, alors Ichiji voulait au moins connaître la réponse. Sanji haussa simplement les épaules, comme si ça n'avait pas d'importance.
-Je ne pouvais pas vous laisser derrière moi, peu importe combien je me disais que vous le méritiez. Mais ça ne change pas grand-chose. Je ne veux plus rien avoir à faire avec vous. Alors écoutez-moi bien.
Il s'était imaginé si souvent ses retrouvailles avec sa famille. Toutes les choses qu'il voulait leur crier au visage, toute la colère qu'il avait ressentie envers eux, toute la peine qu'ils lui avaient causée et qu'il voulait leur rendre. Mais maintenant qu'il était là, face à eux, Sanji se disait qu'il était ridicule. Jamais il ne pourrait résoudre ses problèmes de cette manière. Ce n'était pas en leur faisant mal qu'il allait soulager sa propre douleur. Non, maintenant il voulait autre chose. Il allait s'assurer de leur faire comprendre très clairement ce qu'il attendait d'eux.
-Abandonnez votre titre de nobles, ordonne-t-il, et disparaissez pour toujours.
Honnêtement, Sanji s'attendait à leur refus. Peu importe son ton dur et son regard vide de tous sentiments qu'il aurait pu éprouver pour eux, il savait que ses frères ne supporteraient pas de recevoir un ordre de sa part. Encore moins d'être chassé par lui. Il était le mouton noir de la famille, le rejeté, l'erreur, l'échec. Il était celui que l'on repousse, et non celui qui repousse les autres. Mais la colère qu'il attendait ne se manifesta pas. A la place, un air coupable apparut sur les visages de ses frères et de sa sœur. Niji se tourna alors vers leur aîné.
-C'est à toi de décider Ichiji, déclare-t-il. Nous te suivrons quoi que tu dises.
-J'accepte. Nous disparaîtrons de ta vie, si c'est ce que tu souhaites. Mais avant dis-moi. As-tu vraiment détruit les recherches de notre père ?
Sanji acquiesça faiblement, s'attendant à des remontrances, mais il fut à nouveau surpris lorsque son frère sourit. « C'est sans doute mieux comme ça » lâcha-t-il dans un souffle, avant de tourner les talons. Après une dernière étreinte de Reiju et Yonji, et une tape amicale de Niji ; le cuisinier vit sa famille s'éloigner peu à peu de lui. Pourtant, quelque chose n'allait pas. Sanji ne voulait pas que les derniers mots qu'il leur ai dits soient ceux-là. Alors, sans pouvoir se retenir, il interpella Ichiji qui se figea. Il n'attendit pas qu'il se retourne, lui criant ce qu'il avait sur le cœur.
-Tu n'es pas comme papa. Ses erreurs ne sont pas les tiennes.
Son frère aîné ne se tourna pas vers lui, et ne lui répondit pas. Pourtant, Sanji était certain qu'il l'avait entendu. Ichiji resta un moment sans bouger, puis reprit sa marche, ses frères et sa sœur sur les talons. Le blond les regarda partir jusqu'à ce qu'ils disparaissent totalement de sa vue. C'était le mieux pour eux tous, il le savait. Ils ne devaient plus se voir. Leurs chemins s'étaient séparés depuis longtemps, et il était trop tard pour revenir en arrière. Ils avaient pris la bonne décision, sans aucun doute.
Sanji fit de son mieux pour ignorer ce pincement désagréable dans sa poitrine.
Sabo
Après avoir fait leur rapport à Dragon, Sabo et Luffy s'étaient empressé de quitter son bureau pour rejoindre la chambre du plus jeune. Ils avaient décidé d'y retrouver Ace pour discuter ensemble de la mission qu'ils venaient de faire. Ils voulaient parler du laboratoire, des recherches de Big Mom et surtout de ce qu'il s'est passé pendant qu'Ace était tout seul. Leur frère n'avait pas voulu leur dire quoi que ce soit devant les autres et leur avait demandé d'attendre qu'ils soient rentrés au quartier général. Sabo espérait que Dragon n'avait pas mal interprété leur empressement de terminer leur réunion. Heureusement, le chef avait pris cela pour de la fatigue et après avoir décidé de ce qu'ils allaient faire des Vinsmoke, il les avait rapidement congédiés. Sabo et Luffy espéraient qu'Ace n'était pas trop occupé à faire des câlins à Marco pour se rappeler de leur rendez-vous. Ce ne fut pas le cas, car le brun les attendait dans la chambre comme convenu.
-Assez attendu, s'exclame Luffy en sautant sur le lit. Raconte-moi tout !
-Je suis sûr que tu trouveras ça ennuyeux, se moque Ace.
-Je te promets de rester concentré !
Sabo eut un petit sourire nostalgique. Ce genre de moment avec ses frères étaient vraiment très rares. C'était ce qui lui avait le plus manqué quand il a fut le prisonnier de Rob Lucci. Voir Ace et Luffy débordants de joies suffisait à son propre bonheur. Mais ce n'était pas le moment de se laisser envahir par ce genre de pensée. Secouant la tête pour reprendre ses esprits, il ferma la porte de la chambre et rejoignit ses deux frères sur le lit, se plaçant au bord de ce dernier. Luffy était positionné en tailleur entre les jambes d'Ace, serrant un oreiller contre lui en riant. L'homme de feu, avait une de ses mains dans les cheveux du plus jeune, les ébouriffant doucement avec un sourire amusé. Ils formaient une joli petite famille tous les trois et ils ne voudraient changer ça pour rien au monde.
-Alors, qu'est-ce que vous avez vu là-bas ?
-Ce n'était pas très joyeux, crois-moi.
Ace et Sabo parlèrent à Luffy du grand laboratoire que Big Mom avait installé à la place du cachot. Ils lui décrivirent l'endroit du mieux que possible avec ce dont ils se souvenaient, lui parlant des différentes machines très sophistiqué, des technologie avancées utilisées pour la sécurité de l'endroit, les nombreux produits et documents qu'ils avaient pu apercevoir, et enfin la pièce secrète. Cette dernière attira toute l'attention de Luffy. Sabo lui parla des corps artificiels totalement dépourvus d'ADN qu'ils avaient trouvés à l'intérieur, dans d'immense tubes de métal remplit de liquide. Ils étaient les futurs soldats de la grande armée de Big Mom. Ils avaient beau avoir totalement disparu, réduit en cendre par les flammes d'Ace, Sabo restait encore traumatisé parce qu'il avait vu.
-Big Mom a récupéré les travaux du père de Sanji, s'exclame Luffy.
-Non pas encore, le rassure Ace. Elle en avait besoin pour finir ses créations.
-Alors, si tu as tout saccagé, c'était pour faire disparaitre ces corps ?
Quand il se tenait face à la terrifiante Big Mom, Luffy n'avait prêté aucune attention à ce qui l'entourait. Sabo avait déboulé durant le combat, affirmant qu'ils devaient partir avant qu'Ace ne détruise tout le bâtiment. Au début, Luffy n'avait pas fait attention, mais après réflexion, il ne comprenait pas ce qui avait poussé son frère à une telle urgence. C'était pour cette raison qu'il avait insisté pour parler. Il voulait comprendre. Dragon et les autres commandants avaient insisté sur le fait que si Big Mom pouvait construire son immense armée, alors ce serait la fin pour eux. Il comprenait qu'Ace et Sabo se soient empressés de tout réduire à néant. Ses deux frères échangèrent un regard, et Luffy sentit le brun se tendre derrière lui. Il leva les yeux vers lui, inquiet.
-Il y avait une autre raison, avoue faiblement Ace.
-Qu'est-ce qu'il y a ?
-Big Mom ne voulait pas juste des hommes puissants. Elle voulait qu'ils aient la force de Gol D Roger.
Il lui parla de la fiole de sang qu'il avait trouvé et qui appartenait à son père. Il avait encore du mal à croire que cette folle avait vraiment l'intention de faire une chose aussi terrifiante. Il y avait peu de chance que ça marche réellement, mais aucun d'entre eux n'avait voulu découvrir si elle pouvait effectivement y arriver. Ace expliqua donc qu'il avait demandé à Sabo de guider tout le monde dehors. Il avait ensuite répandu dans toute la pièce des produits inflammables et explosifs, avant d'y mettre le feu. Il avait fait en sorte que l'incendie se propage dans tout le bâtiment, pour qu'il ne reste plus rien. Un silence envahit la pièce alors que Luffy réfléchissait longuement à ce qu'il venait d'apprendre. Il était un peu difficile pour lui de tout comprendre, parce que ça semblait trop irréalisable. Après de longues minutes sans rien dire, il releva la tête et déclara avec sérieux.
-Elle voulait te créer plein de frères...
-Hé, le sermonne Sabo à voix basse. Fait attention à ce que tu dis !
Ce genre de remarque ne devait pas être agréable à entendre pour Ace qui avait grandi en haïssant son père de ton son cœur et de toute son âme. Pourtant, ce dernier se contenta de hausser les épaules. La conclusion enfantine de Luffy l'avait plus amusé qu'autre chose. Il ne pouvait pas considérer ces créatures comme ses frères, parce qu'ils n'étaient même pas humains. De plus, ils n'auraient eu que l'ADN de Roger, et peut-être aussi celle de Big Mom. Mais Ace tenait aussi de sa mère, Portgas D Rouge. Cela faisait de lui quelqu'un de totalement différent de ces monstres. En plus de ça, Ace n'avait pas à se soucier d'eux. De frères artificiels, il n'en voulait pas. Qu'ils aient une partie d'ADN en commun avec lui n'y changeait pas grand-chose.
-Je n'ai pas besoin de frères de sang. Je vous ai déjà, et ça me suffit.
Luffy éclata de rire et se jeta à son cou, tandis que Sabo souriait tendrement. Il était loin le temps où Ace les repoussait tous les deux, par peur de leur faire du mal. Ils avaient parcouru beaucoup de chemin depuis cette époque. Luffy enroula alors son bras élastique autour de la taille du blond pour partager cette étreinte avec lui. Ils restèrent ainsi enlacés un long moment, profitant simplement d'être réunis. Pour une fois, ils avaient cette sensation de sécurité. Comme si tout allait bien. Comme si une guerre n'était pas en train de se préparer. Mais la réalité les rattrapa. La porte de la chambre s'ouvrit brusquement, laissant apparaître Shanks. Ce dernier prenait soin de frapper avant d'entrer d'habitude, mais cette fois il avait l'air troublé, la respiration haletante comme s'il avait couru. Son regard se posa sur les trois frères et il lâche entre deux respirations.
-Mihawk veut te parler Luffy...
Les trois jeunes hommes échangèrent un regard, ne comprenant pas ce qui se passait. Pourquoi Mihawk voulait-il s'entretenir avec Luffy ? Habituellement, il ne s'adressait qu'à Shanks, et demandait parfois à voir Dragon. Mais jamais il n'avait fait ce genre de chose auparavant. Ils rejoignirent donc les cellules où le sabreur était retenu. Shanks fut appelé par un de ses hommes, ce dernier lui assurant qu'il devait à tout prix venir voir. Le roux n'avait donc pu les accompagner et les trois frères s'y rendirent ensemble. Ils aperçurent Marco adossé contre le mur, le regard perdu dans le vide. Dans sa cellule, Mihawk faisait les cent pas, visiblement agité, tourmenté par quelque chose.
-Qu'est-ce qu'il se passe, demande Luffy.
-J'ai compris... J'ai enfin compris...
Voilà ce que Mihawk marmonnait, passant les mains dans ses cheveux en pestant à voix basse contre lui-même. Ace interrogea Marco du regard, mais le blond ne pouvait pas leur expliquer. Mihawk ne cessait de répéter ça encore et encore. Il ne savait pas non plus ce qu'il se passait, mais c'était grave. Sabo demanda s'il fallait prévenir Dragon, lorsque le sabreur sembla enfin enregistrer leur présence. Il les dévisagea longuement, un par un, avant que ses yeux jaunes ne se posent sur Luffy. Il s'approcha, agrippant les barreaux, presque désespéré. Il avait l'air de supplier le jeune au chapeau de paille. Ce dernier lui offrir un signe de tête rassurant, lui demandant de lui expliquant ce qui n'allait pas.
-Je sais ce que Teach prépare ! Mais il est trop tard désormais...
-De quoi tu parles, demande Ace.
-La présence de Doflamingo était la seule chose qui l'empêchait d'agir. Mais il est mort, et sa remplaçante aussi.
Mihawk ignorait ce qui faisait si peur à Teach chez Doflamingo, mais il avait toujours fait en sorte d'être dans ses bonnes grâces. Il ne faisait jamais rien pour le contrarier, se mettant toujours de son côté. La seule fois où il avait opposé un avis différent de celui du blond, c'était pour cette histoire avec Trafalgar Law et Eustass Kid. Mihawk en avait entendu parler, et il avait trouvé ça plutôt intriguant. Après ça, il y avait eu l'appel d'Hancock que Marco et Shanks étaient venu lui rapporter. En apprenant ce que Teach avait dit à la jeune femme, tout était devenu clair pour lui pour Mihawk. Teach avait vu une occasion de se débarrasser de Doflamingo avec Kid et Luffy. Puis, il avait fait en sorte que Big Mom croit que Sanji Vinsmoke était toujours mort, pour laissait aux Révolutionnaires une chance de la vaincre. Il n'avait pas fait ça pour eux. Il avait fait ça pour lui. Pour son propre objectif. Une guerre se préparait, le combat final qui était aussi l'apothéose du plan diabolique de Teach.
-Luffy. Tu es le seul à pouvoir vaincre Marshall D Teach. Si tu échoue, nous serons tous condamnés.
-J'y arriverai, réplique Luffy. Je te le promets !
Mihawk sembla se détendre à ces mots, lui adressant un signe de tête reconnaissant. Il avait pu le constater lui-même, de ses propres yeux. La nouvelle génération était celle qui allait changer ce monde, celle qu'ils attendaient ; Hancock, Jinbei et lui. Roronoa Zoro avait pu le vaincre. Monkey D Luffy en avait fait de même avec trois d'entre eux. Si eux ne parvenaient pas à venir à bout de Teach, alors Mihawk était fermement persuadé que personne ne pourrait jamais y arriver un jour. Ils étaient leur dernier espoir. Luffy était le seul homme assez fort pour contrer le pouvoir de Teach, à pouvoir les sauver. Il se laissa lentement tomber à terre, se sentant soudain trop épuisé pour se tenir debout. Luffy échangea un regard inquiet avec ses frères. Marco s'avança alors, demandant d'un ton inquiet.
-Tu as dit qu'il était trop tard. Que voulais-tu dire ?
Mihawk leva les yeux vers lui, et il y avait une lueur de peur dans ses pupilles. Il ouvrit la bouche, mais il n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit. Ils entendirent des pas précipités dans les escaliers, et Shanks déboula devant eux, encore plus paniqué que quelques minutes plus tôt. Tous les regard se posèrent sur lui, surprit de son intervention. Il était à bout de souffle, le corps tremblant comme s'il allait s'effondrer. Mais ce qui les inquiéta le plus fut le sang sur sa chemise blanche. Ils s'approchèrent de lui, lui demandant ce qu'il s'était passé. La réponse leur glaça le sang.
-Baggy vient d'arriver. Il est dans un sale état.
Zoro
Les Vinsmoke venaient de quitter le quartier général, et il était temps pour Zoro d'avoir une conversation avec Sanji. Il n'avait pas pu le faire avant, car il voulait que le blond soit soigné correctement, et que sa famille soit partie. Il ne voulait pas accaparer l'attention de Sanji pendant le peu de temps qu'il aurait pu passer avec eux et avait donc décidé d'attendre. Maintenant que le cuisinier était seul, il pouvait aller le voir et s'excuser pour s'être énervé contre lui. Il avait de bonnes raisons de lui en vouloir, mais Sanji avait une excuse pour son comportement, et lui crier dessus après ce qu'il avait vécu n'était pas la meilleure idée qu'il ait eue. Ils devaient mettre les choses au clair et il n'avait plus besoin d'attendre plus pour ça. D'un pas décidé, il rejoignit la chambre de Sanji dans l'espoir que ce dernier s'y trouvait. Sans hésitation, il ouvrit la porte en prenant soin de ne faire aucun bruit et se figea dans l'entrée.
Le cuisinier était bien là, lui tournant le dos. Il n'avait pas réagi à son arrivée, alors Zoro supposa qu'il ne l'avait pas entendu. Il ne pouvait pas voir l'expression de son visage, mais il pouvait voir ce qu'il tenait entre ses mains. L'objet était assez épais et avait la forme d'un long tube de métal. Il était entièrement peint en noir, et le chiffre trois était représenté en jaune sur le côté. Le sabreur se souvient que ses frères et sa sœur en avaient qui ressemblaient beaucoup. Sanji le fit tourner entre ses doigts, avant de le rapprocher de lui, le positionnant sur la boucle de sa ceinture. Il resta un moment sans bouger, avant de secouer la tête et de lever l'objet devant ses yeux. Zoro referma doucement la porte derrière lui et s'avança jusqu'à coller le dos de Sanji contre son torse, posant ses mains sur celles du blond autour de l'objet.
-C'est ton père qui l'a fait ?
Le blond acquiesça, tournant la tête sur le côté pour apercevoir Zoro. Il avait peur que le sabreur soit encore en colère contre lui, mais il fut soulagé de voir qu'il était plutôt calme. Sa chaleur dans son dos était réconfortante. Il se blottit contre son cou dans une tentative pour avoir un peu d'attention et de réconfort. Zoro ne s'écarta pas, comprenant que son blond avait été tourmenté par de sombres pensées avant qu'il n'arrive. Il devait l'en détourner. Avec des mouvements lents et doux, il prit le Raid Suit des mains de Sanji, le déposant plus loin. Il fit ensuite glisser ses doigts le long des bras du blond, remontant tranquillement jusqu'à ses épaules puis redescendit jusqu'à ses hanches. Il enroula son bras autour de sa taille, le maintenant contre lui. Lorsque Zoro se pencha, Sanji se rapprocha pour lui murmurer à l'oreille.
-Je suis désolé...
Zoro se figea, surprit. Le blond ne s'excusait jamais, peu importe les choses stupides qu'il faisait et les erreurs qu'il commettait. C'était peut-être par fierté. Chaque fois qu'ils s'étaient disputés, jamais ils n'avaient échangé des excuses. Que Sanji le fasse cette fois-ci était une preuve de combien il se sentait mal. Zoro lui prit les mains, les pressant doucement avant de guider le blond jusqu'au lit pour l'y faire assoir. Sanji lui adressa un regard coupable. Il voulait que Zoro le croit, qu'il comprenne combien il s'en voulait de ce qu'il avait fait. Il voulait lui dire qu'il y avait réfléchit, et qu'il savait que ce n'était pas bien. Il s'était imaginé ce qui se serait passé s'il était allé au bout de son geste, la douleur qu'il aurait provoqué à ses amis et à Zoro. Il aurait dû être honnête avec lui, et c'était justement ce que le sabreur lui reprochait. Il se battait seul, sans demander de l'aide à personne. Zoro passa une main dans ses cheveux, apparemment mal à l'aise. Lui aussi avait des excuses à présenter au blond.
-Je n'aurai pas dû m'emporter...
-Ne dit pas ça. Tu avais raison. Tu n'as pas à t'excuser pour ça, je l'avais mérité.
Sanji ne pouvait pas continuer à ignorer les reproches de ses amis. Il n'était plus seul maintenant. Il devait aussi penser à eux avant de faire des choix. Il ne pouvait pas se sacrifier en pensant qu'ils allaient l'accepter. Il devait leur expliquer son point de vue, pourquoi il était prêt à mourir pour eux. Il devait être honnête avec eux, et plus particulièrement avec Zoro. Le sabreur s'était confié à lui, il ne lui cachait rien, et il n'avait jamais exigé de lui qu'il en fasse autant. Mais Sanji savait que Zoro aimerait vraiment qu'il lui parle, qu'il lui avoue ce qu'il ressentait, ses peurs et sa douleur. Il était prêt à faire ça pour lui maintenant. Il voulait faire ça pour lui, lui prouver qu'il l'aime et qu'il compte beaucoup pour lui. Lui montrer combien il se sentait bien avec lui, qu'il avait l'impression que tout allait bien quand il était à ses côtés. Son regard se posa sur le Raid Suit et il ressentit un pincement au cœur.
-Si je suis encore en vie aujourd'hui, ce n'est pas parce que je me suis battu de toutes mes forces.
-Qu'est-ce que tu racontes ?
-Mon père a eu trop pitié de moi pour me tuer. J'ai grandi en pensant que je ne valais rien.
Il lui parla du temps qu'il avait passé dans une cellule. Ce n'était que quelques mois, mais il était petit. Il n'avait que huit ans, et il ne pouvait pas comprendre pourquoi on lui faisait subir une telle chose. Il pensait avoir été puni pour quelque chose qu'il avait fait. Mais il avait eu beau s'excuser, supplier et pleurer ; jamais son père n'est venu le chercher. Ses frères lui disaient qu'il était faible et stupide, son père qu'il était inutile et gênant, les médecins qu'il était décevant et banal. Les seules choses que Sanji entendait autour de lui, c'était qu'il ne leur apportait que des problèmes. Les nobles voulaient sa mort, et sa propre famille faisait comme s'il n'existait pas, parce qu'il n'était pas comme eux. Cela avait forgé l'homme qu'il est devenu en grandissant. Peu importe combien on lutte pour que les mots ne nous atteignent pas, au fond ils le feront toujours.
-Tu sais que ce n'est pas vrai, proteste Zoro.
-C'est grâce à vous que j'ai appris la valeur d'une vie. Et je sais ce que vaux la mienne.
Luffy s'était battu pour lui, avait accordé de l'importance à ce qu'il disait, à ce qu'il voulait. Les autres s'inquiétaient pour lui, et le traitaient comme leur égal. Il avait tout autant de valeur qu'un autre, et jamais il n'aurait cru que ça aurait autant d'importance à ses yeux. Pour eux, il était fort, intelligent, utile, quelqu'un sur qui on peut compter, hors-du-commun et gentil. Quand ils riaient ensemble, quand leurs sourires lui étaient adressés, il avait conscience de la chance qu'il avait de les avoir. Enfin, toute la souffrance qu'il avait dû supporter avait payé, et ça en valait la peine. Il ne voulait pas perdre ce bonheur qu'il avait enfin acquis. Pour les protéger, il serait prêt à tout et n'importe quoi.
-Si, en donnant ma vie, je peux sauver ceux qui compte pour moi, alors je peux affronter la vie sans crainte.
C'était ce qu'ils étaient pour lui : sa raison de vivre, de se battre. Il voulait d'un avenir à leur côté. Il voulait voir Luffy réaliser son rêve, devenir le roi de Grand Line et offrir à tous la vie qu'ils méritaient d'avoir. Il voulait voir ses amis atteindre le bonheur qui leur a toujours été refusé. Mais ce qu'il voulait par-dessus tout, c'était de passer le reste de ses jours aux côtés de Zoro. Il voulait l'aimer et être aimé de lui en retour. Il voulait calmer ses inquiétudes, et pouvoir se reposer sur lui quand il avait peur. Il voulait continuer à se disputer avec lui, puis se réconcilier, rire et pleurer avec lui, sans s'inquiéter du lendemain. Avec Zoro et personne d'autre. Le sabreur baissa la tête et Sanji lui prit la main.
-Je sais que c'est difficile à accepter, mais...
-Tu te battras pour vivre, hein ? Dis-moi que tu le feras !
Sanji sourit et acquiesça.
-Je te le promets.
-Dans ce cas je ferai en sorte que tu n'aies jamais besoin de te sacrifier.
C'était une promesse sincère. Sanji resta de longues secondes sans réagir, avant d'éclater de rire. Zoro fit la moue comme un enfant, un peu vexé. Il était tout à fait sérieux ! Sanji ne le croyait-il pas ? Pourtant, il avait bien l'intention de tenir sa parole. Si le blond était prêt à se sacrifier pour ceux qu'il aime, alors Zoro allait faire en sorte qu'il n'ait jamais à le faire. Il allait le protéger, et se battre pour lui. De toute façon, il était le second de Luffy, et tant que ce dernier ne sera pas devenu roi, Zoro n'allait laisser aucun d'entre eux mourir. Sanji lui prit le visage entre ses mains, lui adressant le plus beau sourire qu'il pouvait faire. Il avait confiance en Zoro, et il savait qu'il pourrait le protéger. Zoro posa ses mains sur celles du blond, lui jetant un regard incertain.
-Sanji...
-Quoi ?
-Tu te souviens de cette histoire que tu m'as racontée il y a longtemps ?
-Quelle histoire ?
-Celle avec l'enfant.
Sanji fut surprit que Zoro s'en souvienne encore. C'était peu de temps après leur déménagement du précédent quartier général, et un peu avant leur mission à Sabaody. Il lui avait demandé ce qu'il pensait des nobles, puis il lui avait parlé d'une jeune garçon qui faisait partie d'une famille de nobles, et qu'il aurait connu dans son enfance. Il était pourtant différent des autres, et sa propre famille l'avait rejeté pour cela. Trop faible pour ce monde, les nobles le voulaient, ainsi que les secrets de sa famille. Sanji avait parlé de lui à Zoro pour lui montrer que le monde de la noblesse était cruel, et que ceux qui naissaient sans capacités particulières devenaient la cibles des plus forts. Une vie de souffrance, voilà ce qui les attendaient. Sanji ne pensait pas que le sabreur avait vraiment prêté grande attention à ce qu'il disait ce jour-là, et encore moins qu'il lui en reparle aujourd'hui. Voyant que le vert attendait toujours une réponse, il acquiesça durement.
-Oui... Je m'en souviens.
-Cet enfant... C'était toi n'est-ce pas ?
Cette histoire avait beaucoup intrigué Zoro, et avec les récents évènements, il comprit pourquoi. Il était certain que cet enfant n'était pas un petit garçon que Sanji avait connu, mais plutôt le blond lui-même. Il était le petit effrayé, au milieu des adultes qui ne voyaient en lui qu'un moyen de parvenir à leurs fins. Sanji avait grandi en pensant qu'il était une arme défectueuse, un objet qui ne marchait pas, inutile et dont personne ne voudrait jamais. Quand il lui avait raconté cette histoire, Sanji lui avait adressé un appel à l'aide, parce qu'il était perdu. Il ne savait pas quo faire et il avait besoin de parler de son terrible secret. Zoro s'en voulait de ne pas avoir compris plus tôt ce qu'il voulait lui dire ce jour-là. Mais s'il lui en reparlait aujourd'hui, c'était parce qu'autre chose avait attiré son attention à ce moment-là, et qu'il souhaitait comprendre. Sanji détourna le regard, les joues un peu rouge, avouant à voix basse.
-Oui, c'était moi.
-Alors pourquoi tu m'as dit que tu ne savais pas ce qu'il était devenu ?
-Quoi ?
-Tu m'as dit qu'il avait disparu. Qu'il était mort, ou alors en train d'accomplir ce pour quoi il était né.
C'était ce qui intriguait vraiment Zoro. Sanji savait très bien ce que ce petit garçon était devenu. Il n'était pas mort, bien au contraire. Cet enfant s'était enfui, et il se battait chaque jour pour changer ce monde. Cet enfant avait su prouver qu'il était plus fort que ce que les autres pensaient, et qu'il était déterminé à vivre. Mais Sanji avait parlé comme si le petit était condamné depuis le début. Et quel était cette chose qu'il devait accomplir ? Sanji se souvenait très bien de ce qu'il avait voulu dire. Juste après avoir raconté cette histoire à Zoro, il avait choisi d'accomplir son destin, et il avait mémorisé les recherches de son père avant de les détruire. Ce qu'il éprouvait à ce moment-là, il ne l'avait pas oublié.
-Je cherchais encore ma place, explique-t-il. Je ne savais pas qui était mes allés, mes ennemis... Je pensais être un danger pour mes amis à cause de mon père et des nobles.
-Et maintenant que tu le sais, ais-je réussi ?
Zoro avait un peu peur que Sanji ne comprenne pas ce qu'il voulait dire, mais le blond lui répondit par un sourire narquois. Il avait compris. Il se souvenait très bien de leur deuxième pari, fait il y a peu de temps. Si Zoro arrivait à le débarrasser de ses peurs, alors il aurait le droit de lui demander tout ce qu'il voulait. Et la vérité, c'était que Sanji n'avait plus peur. Il était libéré de sa famille, de son devoir. Les nobles ne voulaient plus sa mort. Il n'avait plus à s'inquiéter de ce que deviendrait les recherches de son père. Plus rien ne l'empêchait d'être heureux désormais. Espiègle, il se pencha vers Zoro, assez près pour pouvoir murmurer à son oreille.
-Peut-être...
-Dans ce cas, tu me dois quelque chose.
-Qu'est-ce que tu veux ?
-Sors avec moi. Soit le mien pour toujours.
C'était le nouveau souhait de Zoro. Il voulait se réveiller le matin, et avoir Sanji à ses côtés. Il voulait être le seul à le voir rougir, le seul à qui le blond pourrait se confier. Il voulait profiter de chacun de ses sourires, de son rire, de ses joies et de ses peines. Il voulait avoir le droit de le prendre dans ses bras chaque fois qu'il en avait envie, de pouvoir le tenir contre lui pour se rappeler la valeur de la vie à tout instant. Il voulait être le seul dont Sanji se soucierait, celui dont il s'occuperait et à qui il donnerait son amour. Il voulait avoir ce bonheur-là, et se sentir bien. Sanji lui parut hésitant, alors Zoro prit son visage entre ses mains, les yeux brillants de sincérité.
-Je veux être celui qui t'empêchera de mourir. Celui qui donne un autre sens à ta vie. Celui qui fera que tu ne vives pas pour fuir ceux qui te veulent du mal, mais pour être heureux. Je veux t'offrir ça.
Sanji sentit les larmes lui monter aux yeux, tandis qu'une douce chaleur se répondait dans son cœur. Il voulait toutes ces choses que Zoro lui promettait. Il voulait cette vie pour tous les deux. Et si le sabreur était prêt à avoir ça avec lui, alors il ne pouvait pas refuser. Il posa ses mains sur le torse de Zoro, se rapprochant de lui alors que des perles salés coulaient librement sur ses joues. Il savait quelle réponse il voulait lui donner. Du bout des lèvres, il prononça un simple mot qui fit naître sur celles de Zoro le plus beau de tous les sourires.
-D'accord.
Ils s'embrassèrent et cette fois-ci, ils le savaient, rien ne pourrait plus se dresser entre eux.
Hancock
Il faisait nuit depuis des heures, et à nouveau elle ne dormait pas. Mais cette fois-ci, ce n'était pas une simple insomnie. Le danger maintenait Hancock éveillée. Elle ne pouvait pas s'arrêter, car elle le savait, quelque chose voulait sa mort. Enfin, plutôt quelqu'un. Une silhouette sombre était dans sa chambre un peu plus tôt. Son instinct lui avait permit de sentir que quelque chose n'allait pas, et elle s'était cachée. Lorsque son attaquant fut entré par effraction dans ses appartements, elle avait pu s'enfuir. Maintenant, elle courait à travers le château dans l'espoir de pouvoir trouver les autres. Elle aurait pu essayer d'affronter son agresseur, mais la seule chose à laquelle elle pouvait penser à ce moment-là, c'était de savoir comment allaient les autres. Elle n'était pas seule dans ce château. Après la mort de Doflamingo, ils avaient décidé de ne pas se séparer jusqu'à ce qu'ils aient trouvé une solution à tous leurs problèmes. Big Mom était morte elle aussi, il y a à peine quelques jours. En plus d'elle, il y avait aussi Kuma, Moria et Teach dans le château.
Sa respiration était haletante, alors qu'elle parcourait les couloirs un à un. Elle trouva la chambre de Teach, frappant de toutes ses forces à la porte dans l'espoir d'obtenir une réponse. Mais le silence lui répondit. Le meurtrier était-il déjà passé par là ? Elle parvient à ouvrir la porte, mais la chambre était entièrement vide. Teach ne dormait jamais, alors peut-être qu'il se trouvait ailleurs. Elle ne devait pas tout de suite envisager le pire. Hancock se dirigea donc vers la chambre de Moria. Ce dernier était très puissant malgré les apparences, et si elle pouvait le trouver, elle savait qu'il allait l'aider et gérer cette situation mieux qu'elle. Mais sa chambre était vide à lui aussi. Dans une dernière tentative, elle rejoignit celle de Kuma, mais aucune trace de son collègue. Être seule ne la rassurait pas du tout. Elle entendit alors des pas derrière elle et reprit sa course effrénée. Son ennemi était là, tapis dans l'ombre, attendant de pouvoir l'attraper et la tuer.
-Ils doivent être ailleurs... Je dois les trouver !
Hancock n'osait pas crier leurs prénoms, par peur que cela aide le meurtrier à la retrouver plus vite. Elle courut dans tous les sens pour tenter de le semer derrière elle tout en cherchant ses camarades des yeux. Elle priait pour qu'ils n'aient pas été attaqués avant elle, pour qu'ils ne soient pas morts. Mais chaque porte qu'elle ouvrait lui apportait une nouvelle déception. Moria, Kuma et Teach n'étaient nulle part en vue. « Peut-être me cherchent-ils eux-aussi » se dit-elle. Jetant régulièrement de petits coups d'œil derrière elle, Hancock fut soulagée de constater que le meurtrier n'était plus après elle. C'est alors que la jeune femme s'arrêta devant deux grandes portes. C'était celles qui menaient à la salle de réunion. C'était également son dernier espoir.
-Ils sont peut-être ici...
Sans hésiter plus longtemps, elle poussa les portes et entra dans la pièce. Ce qu'elle y vit la figea sur place, tétanisée. C'était un véritable carnage. La grande table de réunion était fendue en deux, les chaises renversées ou brisées, les tapisseries complètement détruites. Les murs avaient d'énormes marques, comme si une créature monstrueuse les avait entaillés de ses griffes. Hancock porta une main à sa bouche en apercevant de longues traînées de sang sur le sol. Il y avait eu un combat ici, et elle avait peur de comprendre ce que cela impliquait. Ses compagnons toujours introuvables s'étaient peut-être retrouvés à affronter cet homme ici, dans cette pièce. S'avançant prudemment, avec les rayons de la lune comme seul moyen de l'éclairer, elle parcourut la grande salle des yeux. Puis, deux masses sombres étendues sur le sol un peu plus loin attirèrent son attention. Se yeux s'habituèrent peu à peu à l'obscurité et lorsqu'elle comprit ce que c'était, elle ne put retenir un hurlement d'horreur.
-Non ! Non, non, pas ça ! Non !
Le meurtrier qui la pourchassait avait déjà fait deux victimes. Allongé sur le dos, le torse tailladé et ensanglanté, Kuma avait les yeux vitreux et la bouche d'où s'écoulait un filet de sang légèrement entrouverte. Il était déjà mort. Hancock ne pouvait plus rien faire pour lui. Les larmes dévalèrent ses joues en cascade, incapable de détourner le regard du cadavre de son ami. Mais alors elle aperçut du coin de l'œil la deuxième masse sombre qui bougeait. Moria était là, couché sur le vente à côté de Kuma, un bras manquant et du sang coulant de sa tempe. Il se redressa suffisamment sur son seul bras pour jeter un regard inquiet à Hancock. Cette dernière se jeta à genoux, l'aidant à s'appuyer contre elle. Moria respirait difficilement, mais il parvient à dire entre deux quintes de toux.
-Enfuie-toi... Part avant qu'il ne t'attrape...
-Je ne peux pas te laisser !
-C'est trop tard pour moi... Sauve-toi...
Il pressa son épaule, insistant une dernière fois pour qu'elle s'en aille, avant de fermer les yeux. Sa main retomba et un dernier souffle quitta ses lèvres. Il venait de mourir dans ses bras, avec comme dernier souhait qu'elle puisse s'en sortir, échapper à celui qui leur a fait ça. Hancock allongea délicatement Moria sur le sol, luttant contre ses sanglots. Elle ne devait pas rester là. Elle se remit immédiatement debout, prête à s'enfuir le plus vite possible. Mais alors qu'elle faisait volte-face, une main s'enroula autour de son cou, la soulevant de terre. Par réflexe, elle ouvrit la bouche pour aspirer de l'air, agrippant la main de son agresseur pour tenter de défaire sa prise. C'est à ce moment-là qu'elle le reconnût. L'homme qui s'était introduit dans sa chambre, et qui avait tué Kuma et Moria, n'était autre que lui : Marshall D Teach. Il la regardait avec un air contrarié, comme s'il état en colère. Pourtant, Hancock était sûr que ce n'était pas dirigé contre elle.
-Toi...
-Ça a toujours été mon objectif, avoue-t-il calmement. Je voulais le trône pour moi seul. En ayant le pouvoir, je sais que je ne souffrirai plus jamais.
Hancock ferma les yeux, se résignant. Elle ne pouvait rien faire contre lui. Elle allait mourir ici, étranglé par cet homme qu'elle commençait tout juste à connaître. Elle se sentait déjà de plus en plus faible, et il ne lui faudrait que quelques secondes supplémentaire pour qu'elle perde connaissance. Pourtant, la pression autour de sa gorge disparut et elle fut reposée au sol, malgré tout maintenu contre Teach par une prise ferme. Elle était dos à lui, plaquée contre son torse par un bras fort autour d'elle. Elle l'entendit lui murmurer des excuses à voix basse, et elle ressentit un pincement au cœur au ton implorant. Teach avait eu trop mal par le passé pour pardonner et maintenant tous payaient le prix. Au fond, elle ne trouvait pas la force de lui en vouloir.
-Je l'ai ai tués tous les deux, murmure-t-il. Je les ai laissé se vider de leur sang. J'ai pris plaisir à le faire.
-Pourquoi tu me raconte tout ça ?
-Parce que je ne peux pas en faire autant avec toi. Je n'y arrive pas.
A ce moment-là, Hancock se rappela cette conversation qu'ils avaient eu il y a peu. Le regard plein de regret qu'il lui avait adressé après l'avoir raccompagné à sa chambre. Il savait que ce moment viendrait, il savait ce qu'il allait lui faire. Il devait la tuer, pour son objectif, et pourtant il ne voulait pas lui faire de mal. Cette contradiction le faisait souffrir, Hancock le savait. Alors elle ne se débattit pas. Après tout, elle aussi faisait parti du passé qu'elle souhaitait faire disparaitre. Elle devait disparaître, au même titre que les autres Shichibukai. Une vive douleur la saisie à la poitrine, et elle lâcha un souffle tremblant. Il l'avait poignardé en plein cœur.
-Je voulais t'offrir une mort sans douleur. Pardonne-moi...
Ils tombèrent au sol tous les deux. Teach continuait de la tenir contre lui, sentant sa chaleur quitter peu à peu son corps alors qu'elle mourrait. Hancock ferma les yeux, incapable de bouger. Son corps était engourdi. Dans peu de temps, elle aurait quitté ce monde en laissant tant de monde derrière elle. Au fond, elle n'avait qu'un seul regret ; celui de ne pas avoir prit le temps de connaître Teach plus tôt. Peut-être aurait-elle pu le guérir de son traumatisme et empêcher que les choses ne tournent ainsi. Au fond, il n'était qu'une des nombreuses victimes qui, ayant perdu la raison, ont décidé de faire justice eux-mêmes. Mais Teach n'était pas un monstre à ses yeux. Non.
Les monstres ne pleurent pas après avoir ôté la vie à quelqu'un.
Teach se tenait debout, regardant le corps sans vie d'Hancock allongé à ses pieds. La jeune femme avait l'air sereine. Elle l'avait laissé la tuer sans opposer la moindre résistance. Il aurait préféré qu'elle le frappe, qu'elle le traite de tous les noms, qu'elle lui dise combien il était horrible, monstrueux. Mais elle avait accepté son sort comme si elle le méritait. Elle était la seule à avoir essayer de le comprendre. Il aurait tellement voulu la garder à ses côtés, ou au moins lui permettre de s'enfuir. Mais elle n'avait rien à faire avec quelqu'un comme lui. Et il ne pouvait pas renoncer, pas après autant de sacrifice. Une fois toute trace de larmes disparu, il fit à nouveau son sourire caractéristique. Il devait redevenir l'homme égoïste et cruel qu'il était avant. Lentement, il se tourna vers les portes grandes ouvertes de la salle de réunion.
-Tu peux sortir de ta cachette. Je t'ai repéré.
Baggy laissa échapper un couinement malgré lui. Il avait entendu des bruits de bagarre dans l'émetteur qu'il avait placé sous la table. Ce dernier avait alors été détruit, et il avait décidé de venir voir ce qu'il se passait de ses propres yeux. En arrivant, il avait vu les corps de Kuma et Moria au sol, et Teach qui poignardait Hancock dans la poitrine. Il l'avait entendu s'excuser de nombreuses fois, jusqu'à ce que la jeune femme ne bouge plus du tout. Baggy n'arrivait pas à croire qu'il venait d'assister à un meurtre. Il s'était retrouvé tétanisé par la peur, son cerveau refusant d'enregistrer ce don il venait d'être témoin. Puis Teach s'était adressé à lui. Il l'avait repéré, et aucun doute qu'il allait le tuer pour qu'il ne parle pas. Sans réfléchir, Baggy se mit à courir pour s'éloigner de lui. Mais d'un coup de poing avec le pouvoir du Gura Gura no Mi, Teach lui fit perdre l'équilibre. Les ombres fusèrent à toute vitesse vers lui, le transperçant violemment. Baggy s'effondra, retenant avec peine un grognement de douleur. Teach s'approcha de lui avec un air mauvais.
-Ne me tuez pas ! Je n'ai pas l'intention de vous gêner ! Vous pouvez prendre le pouvoir, ça me va !
-Je ne vais pas te tuer... En fait, j'ai besoin de toi. Je veux que tu portes un message pour moi aux Révolutionnaires.
-Tout ce que vous voulez !
-Tu vas aller voir Dragon et lui dire ceci.
Teach se pencha, attrapant Baggy par le col de sa veste pour le soulever de terre. Il lui montra ensuite sa lame ensanglantée, éclatant de rire devant l'air effrayé du clown. Il allait s'assurer que le message que Baggy allait transmettre à Dragon serait assez clair. Après tout, il devait faire une déclaration à la hauteur de celle qui Marco leur avait faite il y a plusieurs mois, après son admission au poste de Shichibukai. D'une voix dure, Teach prononça les mots exactes que Baggy devrait lui répéter.
-La bataille pour le pouvoir va commencer.
A suivre
Honnêtement, cette relation entre Hancock et Teach, je ne sais pas d'où elle sort... Je ne sais même pas quelle relation ils ont exactement. En fait, au fur et à mesure que j'écrivais, les choses se sont juste passées comme ça. Mais ce n'était pas du tout prévu au début ! Néanmoins je le garde comme ça car j'aime ce petit côté humain que j'ai donné à Teach. Je trouve ça important de justifier les actes commis par les "méchants" dans nos histoires.
Zoro et Sanji sont enfin ensemble !!! Ce couple a eu un développement bien différent du Marcoace et du Kidlaw. Pour les deux autres, ils avaient de nombreuses scènes dans lesquelles ils dévoilaient leurs peurs l'un à l'autre, et il y avait beaucoup plus de câlin. Zoro et Sanji ont eu une relation beaucoup plus conflictuels, ont eu pas mal de disputes et finalement ils ont tardé à comprendre la nature de leurs sentiments l'un pour l'autre. Mais ça m'a plu de développer petit à petit leur relation.
Vous connaissez désormais le plan de Teach ! Tout ce qu'il a entreprit depuis le début de cette fiction, c'était dans le but de devenir le prochain roi de Grand Line ! La présence de Doflamingo et le manque de contrôle sur son deuxième fruit du démon l'ont empêché d'agir plus tôt. Mais désormais, plus rien ne peut entraver ses plans ! Il vient de déclarer la guerre à Dragon, alors vous savez ce que ça signifie...
Je vous rassure, Baggy ne mourra pas de la main de Teach.
Le chapitre 49 sera un chapitre avant-guerre. Le chapitre 50 sera un peu particulier car il ressemblera beaucoup aux trois premiers. On y reverra des moments du passé de nos différents personnages principaux. Enfin, le chapitre 51 marque le début du combat final, qui sera vraiment très long...
A bientôt pour le chapitre 49 !
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