Chapitre 6 : Envie nocturne
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Je me laisse emporter par le moment, profitant du contact et des habiles mouvements qu'effectue mon mystérieux danseur. Je ne fais plus attention à ce qui m'entoure. Je sens les lèvres de l'homme se poser sur le bas de mon cou avant d'en déposer d'autres, en remontant vers mon oreille. Mon souffle s'accélère, en même temps que le rythme des battements de mon cœur. Tout s'arrête lorsqu'il me souffle ces quelques mots à l'oreille.
– À ce que je vois, tu excelles dans une autre matière que le français... Chanel.
***
Ses mains se pressent plus durement sur mes hanches, m'empêchant de me retourner. Il continue de nous faire danser sur la musique sensuelle qui sort des baffes de l'endroit. Son contact m'électrise plus que je ne le voudrais. J'aimerais envoyer valser ses mains présentes sur moi, lui faire face, et lui donner la claque magistrale qu'il mérite à mes yeux.
Mais je n'y arrive pas.
Je sens sa tête retomber vers sa place initiale : au creux de mon cou. Une main après l'autre, il exerce une pression sur un côté de ma hanche, me faisant onduler près de son corps. Beaucoup trop près. Le tissu de sa chemise est plaqué dans mon dos.
Je sais que je devrais réagir, mais j'ai bien trop envie de profiter, pour une fois. Ma respiration s'affole de nouveau et mes paupières se ferment.
Il desserre l'emprise qu'il a sur moi, voyant que je suis bien trop possédé par le moment pour me défaire de ses bras. Sa main droite enserre délicatement mon poignet droit, et le fait remonter jusqu'à l'arrière de son cou. Après l'avoir posé, il redescend ses doigts doucement tout au long de mon bras jusqu'à retrouver une place sur mon ventre.
Doucement, il me fait tourner, me faisant rouvrir mes yeux, et glisse sa main gauche dans mon dos et exerçant de petits mouvements tendres avec son pouce.
Ma tête, à seulement quelques centimètres de son torse, est frappée par l'odeur virile qu'il dégage. Mes mains remontent derrière son cou, en gardant toujours cette proximité électrique qu'ont nos deux corps. Plus rien n'existe autour de moi, à part lui.
Je n'ai pas besoin de lever mes yeux vers les siens pour savoir qui me rend aussi fébrile. Ethan a toujours eu une emprise sur moi, même sans le vouloir. Je n'ai pas du tout envie de me décoller de lui. J'aimerais, au contraire, que l'instant dur et ne s'arrête jamais.
– Cette chanson va devenir ma préférée, sans hésitation, murmure-t-il à mon oreille.
Oh oui, moi aussi !
Reprenant de la contenance, je le repousse légèrement en posant mes mains à plat sur son torse. Il ne faut pas oublier qu'Emma est quelque part dans la salle, et peut à tout moment nous voir. Une nouvelle dans les bras de son patron, ce n'est jamais bien vu au boulot.
– Merci pour la danse, dis-je en prenant un ton détaché et en me dirigeant vers le bar.
Il me faut définitivement un verre !
Une fois les fesses posées sur l'un des tabourets du bar, j'appelle le barman d'un geste de la main. D'un sourire charmeur, il me demande ce que je veux, sans oublier d'ajouter un superbe « poupée » à la fin.
– Un mojito s'il vous plait.
Son regard se détourne de mes yeux et regarde dans mon dos. Je sens à ce moment-là la présence d'une personne dans mon dos. Pensant que c'est Clara, je me tourne avec un resplendissant sourire, qui finit par vite retombé lorsque je constate que la personne derrière moi n'est d'autre qu'Ethan.
Ses yeux sont encore braqués sur le barman. Sa mâchoire est contractée et ses lèvres sont pincées. Cela fait ressortir encore mieux son côté viril et protecteur... Je me racle la gorge pour stopper mes pensées, le faisant par la même occasion détourner le regard sur moi.
– Qu'est-ce que tu me veux encore ?
– On se tutoie de nouveau ?
– Réponds à ma question, Ethan.
Il s'approche plus près de moi et parle de manière à ce que je sois la seule à l'entendre – ce qui n'est pas bien compliqué avec la musique autour.
– Je n'ai pas vraiment aimé la manière dont tu m'as parlé ce matin.
– Je n'en ai strictement rien à faire.
– Je me demande encore ce que je te réserve pour te punir.
Je recrache le peu de ma boisson qui venait d'arriver dans ma bouche, estomaqué par ses dires. Me punir ?
– N'y pense même pas, tu ne m'auras pas.
– Pourtant je suis sûr que j'aurais pu t'avoir à cette soirée. Tu n'aurais pas résisté...
– J'ai fait une erreur. Ça peut arriver à tout le monde. Maintenant fou moi la paix.
– Malheureusement pour toi, ma belle Chanel, je ne vais pas te lâcher pendant au moins six mois. On est liés tous les deux.
Ces mots me procurent plus de désirs que je n'aurais pensé. J'aimerais être lié avec lui de bien des manières : liée aux barreaux d'un lit, emprisonnée par ses bras musclés, ou contrainte à subir les assauts de ses lèvres charnues et envoutantes. Oh oui, j'aimerais beaucoup. Mais je préfère garder ces idées pour moi, il serait bien capable de me faire chanter encore plus avec ça.
– Liés par un contrat de travail, rien de plus Ethan, ajoutai-je.
Un sourire s'incruste sur ses lèvres, me faisant fondre un peu plus. Mon dieu, je ne sais pas si je vais réussir à tenir très longtemps...
– J'aime quand tu m'appelles par mon prénom.
Mes mots restent bloqués dans ma gorge, je suis incapable de faire autre chose que de le fixer dans les yeux. Il est maintenant collé à mon corps, me faisant descendre malgré moi du tabouret sur lequel j'étais.
– Au lycée, aussi j'aimais ça.
– Menteur ! dis-je en me décollant de lui, énervé qu'il puisse vouloir jouer avec moi.
Qui croirait ça ? Personne, et surtout pas moi.
– Tu n'étais pas si invisible que tu le pensais, Chanel. Moi, je te voyais.
Il place ses mains derrière mon dos et plaque son torse sur le mien. Mon cœur va finir par sortir de ma cage thoracique s'il ne se calme pas sous peu. Doucement, il se penche et rapproche sa tête de la mienne, son regard descendant sans discrétion sur mes lèvres.
Je ne sais pas si je dois le croire. Ces paroles paraissent tellement folles. Il n'a jamais été odieux avec moi au lycée, mais il n'a jamais été un ami non plus. Ma raison me souffle de m'écarter, tandis que mon cœur me crie de me jeter dans ses bras, qu'importe les conséquences.
Depuis des années, je n'écoute que ma raison, réfléchissant aux moindres détails. Je pense qu'il est temps de suivre mon cœur.
Mes yeux tombent sur ces lèvres qui me donnent tant envie depuis que j'y ai avidement goûté.
Je prends mon courage à deux mains et franchis le pas. Je me place sur la pointe des pieds et dépose mes lèvres sur les siennes, faisant raffermir sa prise dans mon dos. Nos langues viennent se rejoindre sans plus tarder, rajoutant des palpitations dans le creux de mon ventre.
Lorsque nos lèvres se décollent, j'ai peur de voir de la moquerie sur le visage d'Ethan. Mais, tout ce que j'y trouve, c'est un sourire tendre. Mon cœur se gonfle de joie. Son front se pose sur le mien. Je crois rêver. J'essaie de camoufler le sourire niais qui menace de venir, en vain. Ethan le repère vite, ce qui accentue sa gaité. Il se recule de moi, s'assoit sur un siège, et commande je ne sais quoi au gars derrière le comptoir. Le barman ne tente pas de me regarder cette fois et part faire la commande sans discuter. Il revient, tendant à Ethan plus d'une dizaine de shooters.
Son visage se tourne alors vers moi, avec une touche malicieuse.
– À la tienne, délicieuse Chanel, me dit-il en me posant un shooter devant moi.
Je l'attrape rapidement, le fais entrechoquer dans le sien et l'avale d'une traite. Je crois que j'ai grandement besoin d'un peu d'alcool dans le sang pour empêcher mon esprit de prendre le dessus. L'alcool me brule l'œsophage, mais cela ne m'empêche pas de tendre ma main vers un nouveau verre et de refaire la même chose. Ethan semble étonner et déconcerter avant de faire la même chose à son tour.
– Je ne te pensais pas capable de boire à cette vitesse, se moque-t-il.
– Tu ne me connais pas.
– Je me souviens bien pourtant d'une soirée ou tu n'avais pas réussi à finir ton premier verre de bière.
Et c'était d'ailleurs la seule soirée lycéenne que j'ai faite. Et l'alcool n'était pas mon fort. Mais avec les coups durs amoureux que Clara a eus, je mis suis habituée.
C'est son truc à Clara. Quand elle a une peine de cœur, elle ne mange pas des sucreries ou de la glace. Non, elle, elle se saoule une soirée et repart plus forte le lendemain. Et bien sûr, en tant que meilleure amie, elle me forçait à la suivre. Et je dois dire que je n'ai jamais regretté, même si c'était pour soigner des peines de cœur, je n'ai jamais eu meilleures soirées que celle-ci. Enfin jusqu'à maintenant.
– Je ne suis plus la petite Chanel timide du lycée, tu vas devoir t'y faire.
– Crois-moi, j'ai hâte de la découvrir, enchaine-t-il en buvant un troisième verre, que je m'empresse d'avaler à mon tour.
Je mords ma lèvre inférieure. Moi aussi, j'aimerais le découvrir et assouvir toutes les envies qui me passent dans la tête. Je crois que si je n'avais pas bu, j'aurais déjà les joues bien rouges. Au vu du désir que je lis dans ses yeux, je pense que nous imaginons la même chose.
Et détourne le regard, pour parler à l'oreille d'une belle femme, remplaçant le barman. Je m'énerve rien qu'en le voyant chuchoter à l'oreille d'une autre. Je vais devoir taire ma possessivité un soir ou elle me perdra pour de bon. Elle sort directement devant nous du gros sel et des quartiers de citron vert.
– Et si on passait à l'étape suivante ? m'annonce-t-il en m'envoyant un clin d'œil rempli de sous-entendus.
Sa phrase me laisse toutes choses, m'imaginant qu'il ne parle pas de l'étape supérieure pour l'alcool, mais de la pulsion que je ressens au fond de moi – et dont je suis sûr qu'il subit aussi.
Ce soir, il n'y a pas d'actes avec des conséquences. Seulement un homme et une femme remplis de désir. Je laisserais ma raison parler demain. Je meurs d'envie de passer à l'étape suivante.
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