« -Bonjour, je m'appelle Luxia SHIRUSHI. J'ai quatorze ans. Je viens du Japon, je suis à moitié japonaise. Nous avons déménagé il y a peu, moi et mon père. J'étais élève dans une école de danse classique ; nous travaillions le matin et de dansions l'après-midi. Voilà, cest tout.

-Bien, Luxia, tu peux aller t'asseoir à ta place, fait la prof en me désignant une table et une chaise tout au fond de la salle. »

Je vais m'asseoir, dépose mes affaires sur la table, et observe le garçon qui attendait devant le tableau, là où je me tenais toute à l'heure. C'est lui aussi un nouveau, il faut qu'il se présente comme moi. Il dit qu'il s'appelle Marc, et a lui aussi déménagé il y a peu. Il vient, lui, d'Andalousie. Je l'observe plus attentivement. Il a des cheveux bruns, sombres comme ses yeux ; il baisse légèrement la tête, comme pour se cacher derrière ses mèches qui lui tombent sur le visage. Son teint hâlé témoigne qu'il vient d'une région du Sud. C'est vrai que ce n'est pas ici, à Paris qu'il a pu bronzer comme ça. A côté de moi, j'entends les filles qui murmurent qu'il est beau, et les garçons dire quelque chose de plus intéressant. Ils chuchotent avoir déjà vu ce gars, et ils parlent de football, de champions,...

Puis la professeur nous demande à tous les deux quels étaient nos hobbies, nos passions. Je réponds « la danse classique » avec un franc sourire, évidemment, et vois que Marc sourit hypocritement, et étrangement, je vois de la tristesse dans ce sourire. Je sais alors une nouvelle chose sur lui : je le déteste. Aussi sûr que je m'appelle Luxia. Ce gars-là, je ne l'encadre pas. Ensuite la prof lui pose à nouveau la question, à laquelle il n'avait toujours pas répondu, et ce sont les garçons qui avaient murmuré toute à l'heure qui lancent « Le foot, bien évidemment ! » et Marc opine du chef. Grr. Je vois bien son petit manège, il profite de sa célébrité pour se faire reconnaître ! Et là NOOOON ! La prof est en train de lui indiquer la place juste à côté de moi !

NON ! Je ne veux pas cet énergumène à cette place toute l'année !! Pourquoi ? Il y en a plein partout, des places, alors pourquoi ICI, hein ?? POURQUOIIIII ??

Mais je ne laisse rien paraître, et souris au nouveau venu. Il me répond d'un regard hypocrite et triste à la fois, comme tout à l'heure, et me dit : « Je vois qu'on est dans le même bateau. » Je lui réponds « Mais de quel bateau tu parles ?? » Il prend alors un air triste et me dit « Oh... Tu ne vois pas de quoi je parle. » Puis il sourit et continue « tu le sauras bien assez tôt, crois-moi. » Exaspérée, je lui dis « Ecoute, je ne vois pas de quoi tu parle, et je ne tiens pas à être dans le même bateau que toi, et en plus on a rien en commun, tu ne vas pas bien ou quoi ??! » Et il ne répond pas. Pff. Arrête de perdre ton temps avec lui Luxia, tu vois bien que c'est inutile.

Depuis que je suis haute comme ça, j'adore danser. Ma mère était une grande ballerine, elle était célèbre dans le monde entier, qu'aurais-je pu faire d'autre ?

Enfin, après un cours in-ter-mi-nable, surtout à côté de Marc dont je surprends sans arrêt le regard posé sur moi, l'air de penser que je suis décidément une drôle de créature à étudier, nous partons en récréation.

Je n'ai même pas posé un pied dehors que des filles m'apostrophent.

« - Salut, la nouvelle, comment ça va ?

-Très bien, merci, je réponds.

-Dis murmure l'une d'elle avec un sourire de connivence, tu serais pas la fille de... ?

De toute évidence, elle veut que je termine sa phrase.

-De la grande Yukiko Shirushi, la danseuse étoile, je réponds. Ben si.

Murmures étonnés et admiratifs. J'ai l'habitude, et cela m'énerve toujours autant.

-Wha, sérieux ??! Tu dois vraiment être géniale en danse !

-Pas tant que ça, dis-je modeste, ma mère est bien mieux !

-Evidemment, mais c'est sûr que tu es géniale aussi !

Et elle pose LA question. Celle que je crains depuis toute à lheure.

-Et, dis, tu serais pas... amoureuse de Marc ?

-Hein ??!!

-Ben quoi, fait la fille en me regardant d'un oeil complice, vous allez si bien ensemble ! Vous êtes tous les deux beaux, vos parents géniaux vous ont fait hériter de leur talent, vous venez de l'étranger... Tout coïncide ! Cest un signe du destin !

Le destin... Voyez-vous ça.

-Pas du tout ! m'écriais-je tout en observant l'intéressé, qui parade avec un faux air d'ennui devant nos camarades, Je ne l'aime pas du tout ! Non mais vous avez vu comment il me regardait en cours ? J'avais l'impression d'être une bête curieuse !

-Cest parce qu'il a flashé sur toi, c'est évident, fait-elle avec un clin d'oeil. C'est forcément ça, que veux tu que ce soit d'autre ?

J'ai du mal à voir Marc en éperdu amoureux, mais bon...

Et voilà qu'elle tend la main pour que je la serre.

-Au fait, je suis Naomi Desfeuills, ravie de te connaître.

Eh ben pas moi. Cette Naomi m'énerve déjà. Et je nai pas envie de recommencer comme avec Chana.

-*Je cherche un moyen de m'échapper de ce bourbier* Euh *Mon téléphone, ce grand Sauveur, sonne à ce moment-là* Ah ! On m'appelle !! Désolée-c'est-important-faut-que-je-réponde !! lançai-je à la cantonade, présidée par Naomi.

Je m'éloigne à toute vitesse et trouve un coin entre deux arbres, tranquille. Parfait.

-Allô ?

-Luuuuuuu !!!! T'avais la flemme de répondre ou quoi ??

-Siàn ! répondis-je. Bien sûr que non, j'ai simplement eu un empêchement... Une troupe de Chana.

-Ha, je vois... Ma pauvre, on va te faire le coup à chaque fois, ma parole !

-Oui... Oh non !

-Quoi ?

-Les Chanas... Elles sont là....

-Oh, désolée, je raccroche !

Bip, bip, bip... fait mon téléphone que je range à la vitesse grand V dans ma poche.

Les Chanas m'observent. Comme Marc tout à l'heure. J'ai à nouveau cette horrible impression d'être une expérience chimique qui réagit bizarrement, avec un panneau « A ETUDIER » dessus.

-Tu... Tu parle chinois ??!! me demande l'une d'elles, qui n'est pas Naomi, elle est trop stupéfaite pour parler.

-Non pas chinois, japonais !

-Ho, ça va c'est pareil...

-PAS DU TOUT !!

-Calme-toi, je disais ça comme ça.

Puis Naomi prend enfin la parole.

-Pourquoi tu nous l'a pas dit ? C'est top ! Tu pourrais nous apprendre !

Bien sûr, et après je vais vous amener à la boulangerie mes enfants.

-Parce que tu croyais que j'étais ton amie c'est ça ? Ben raté parce que je suis loin de l'être ! La célébrité ne veut pas dire qu'il faut me prendre pour une cruche ! Je sais parfaitement ce que tu veux et je ne te le donnerai pas ! N'essaie pas de jouer l'hypocrite ou sinon va voir ton Marc, lui sera d'accord !

Cétait dit sur un ton cassant que je ne voulais pas forcément.

Il se passe quelques instants durant lesquels les Chanas me regardent silencieusement et très bizarrement.

-Pff, fait Naomi en me regardant même plus comme une expérience ratée mais comme un insecte sur son chemin, de préférence baveux et lent, venez les filles, y a rien à voir ici."

Son regard qui glisse sur moi comme si j'étais pas là me choque. Il y a une minute j'étais sa meilleure amie et maintenant un vulgaire asticot quelle ne manquerait pas d'écraser... Enfin je m'en doutais, venant d'une Chana. Mais bon temps pis. J'aurai la paix pendant quelque temps, et c'est tant mieux.

A tous les coups cette Naomi va raconter à tout le monde que je ne suis pas du tout sympa, que je l'ai jetée, comme une vieille chaussette, alors qu'elle tentait simplement d'être gentille. Je vais encore passer pour la fille trop orgueilleuse, avec une fausse modestie, qui ne s'amuse qu'en rabaissant les autres, alors qu'elle sera le vilain petit et gentil canard.

Je soupire en les regardant séloigner. Je n'en attendais pas plus d'elles, mais je suis tellement déçue à chaque fois.

Je décide de rappeler Siàn, en espérant qu'elle me change les idées.

-Allô ? fait-elle en japonais.

-Siàn ! Ca va ?

-Et toi ? Tu as réussi à ten sortir avec les Pimbêches ?

-Oui. Mais pas très gentiment.

-Oh, encore ? Décidément, ma pauvre ! Au fait, tu sais que Sina sort avec Laos maintenant ? Mais bon c'est pas fait pour durer, tu connais la réputation de Laos.

-Ouah, sérieusement ? Et de ton côté ?

-Toujours rien, mais Armin me regarde bizarrement depuis quelques jours... Tu y crois à ça ?

Et voilà, j'en étais sûre. S'il y a bien quelqu'un au courant de tous les ragots du collège Masachi, c'est bien Siàn. Malgré son apparence de jolie fille timide, elle est en réalité une dévoreuse de rumeurs ! Elle finira journaliste de presse à scandale...

Heureusement, c'était bien ce dont j'avais envie, elle me distrait, et c'est tant mieux !

Cette récré s'est passée d'une manière si horrible que j'en ai les larmes aux yeux... De rire, car ce que me raconte Siàn est si drôle ! Elle a un sixième sens je crois, parce qu'elle dit toujours ce qu'il faut quand il faut ! Comme quoi je n'ai pas que de fausses amies...

J'espère que ma journée se passera mieux ensuite. Je ne veux pas revivre le désastre Chana...

Hey hey, c'est tout pour aujourd'hui, likez si ça vous plaît !! Et POSTEZ DES COMMENTAIRES NOM D'UN CHIHUAHUA A PLUMES !!