Chapitre 8 | Révélations
Je ne savais quoi répondre. On était là tous les deux, encore dans une situation compromettante et qui ne nous était absolument pas avantageuse. En vain, j'essayai d'arranger la situation.
- Je..enfin on cherche...heu...
- Vous cherchez ?
- Des indices concernant l'affaire...
- L'affaire ? Vous cherchez des indices sur l'affaire de la fille chez moi ?
Eliot fit un pas en arrière, et heurta l'étagère avec son pied. Gareth prit un air dubitatif.
- Vous avez touché à ces livres ?
Eliot me jeta un rapide regard inquiet.
- Non non ! Dis-je
Gareth fit deux pas en avant, et d'un ton mécontent il répondit :
- Si vous l'avez fait. Et maintenant, vous avez vos petites idées toutes faites sur moi.
Malgré l'obscurité de la pièce, je vis les mains de mon acolyte trembler. L'hôte des lieux quitta son air mécontent et s'éloigna de nous pour se diriger d'une démarche tranquille vers le canapé. Juste avant de s'y installer, il prit ce qui semblait être un paquet d'allumettes sur le bord du poêle à bois, en alluma une, et la jeta dans ce dernier. C'est en apercevant les premières flammes que je vis que quelques bûches étaient déjà installées à l'intérieur. Confortablement installé, il nous contempla, immobiles.
- Je ne sais pas si je vais apprécier ce genre de schéma de rencontre les gars déclara-t-il, une maison, des fauteuils, de la lumière tout ça tout ça...je pense qu'on va devoir remettre les choses au clair.
Eliot regarda la porte d'entrée.
- Hun Hun ... n'y pense pas, j'aimerais vraiment qu'on puisse se parler sérieusement. Déclara l'hôte
- Hum ... heu ... Gareth écoute, on voulait pas ...
- Asseyez-vous. Me coupa-t-il
Nous obéîmes.
- Toi. Dit-il en pointant mon ami du doigt, comment tu t'appelles déjà ?
- Eliot.
- Et donc toi ... Edwin c'est bien ça ?
- Oui. Affirmai-je
- D'accord. Alors, étant donné que vous vous êtes permis de vous incruster chez moi à une heure aussi tardive, voilà ce que je vous propose. Je vais vous poser des questions, et tout comme la dernière fois, vous allez me répondre avec franchise.
Juste avant d'écouter la première question, je jetai un rapide regard perdu vers Eliot qui fit de même. Ce même regard sous-entendait le fait qu'il fallait cette fois-ci s'abstenir de toute action non réfléchie.
- Vous m'avez dit êtres venus pour l'affaire de la fille. Puis-je savoir pourquoi venir chez moi vous aiderait à en savoir plus ?
- On voulais savoir quelles étaient vos relations avec Diana ... répondis-je
- Est-ce un détail important ?
- Vous ne nous avez pas répondu la dernière fois à nos questions alors ...
Il soupira.
- Pour des raisons qui me regardent, j'ai besoin d'en savoir plus sur cette histoire.
- Vous ne croyez pas aux dires des policiers ?
- Je cherche ma propre version.
- Et donc quelles sont vos relations avec les Turn ?
- N'essayes pas d'inverser les rôles. Cela dit, si tu veux en finir avec cette question, je ne les connaissais pas personnellement.
- Vous les avez tués ... marmonna Eliot.
- Je ne leur ai rien fais.
- Alors pourquoi vous étiez dans leur maison ? Continua mon ami
- Tout comme vous, je cherchais des indices.
- En vous faisant passer pour le propriétaire des lieux après ? Vous les avez tués, je ne sais pour quelles raisons, et vous allez les ajouter à la liste de ceux qui sont dans un des livres posés dans cette étagère qui contient toutes vos autres victimes !
- Ça c'est ce que tu pense.
- Je ne vois pas pas à quoi d'autre il pourrait servir.
L'homme soupira à nouveau.
- Il y a des choses que vous ne pouvez pas comprendre, et dont il vaut mieux ne pas vous mêler.
- Comme ? Insista Eliot
- Des histoires de grands.
Nous fronçâmes tous deux les sourcils synchroniquement.
- Vous travaillez dans quoi au juste ? Demandai-je, curieux
Il hésita durant quelques secondes.
- Je bosse pour la ville.
- Ici ? À Lancaster ?
Il hocha la tête.
- Je ne vous ai jamais vu auparavant ... fis-je remarquer
L'hôte poussa un énième soupir.
- Est-ce que vous avez remarqué quelque chose d'anormal ces derniers temps ?
Surpris par ce changement de sujet, je répondis :
- Pas spécialement...pourquoi ?
- Pas de comportements suspects ? De personnes étranges ?
- Hum...non..
L'homme regarda Eliot.
- Non ?
Eliot ne répondit pas, il avait toujours cet air inquiet, mêlé à de l'intimidation et à de la colère. J'étais à la fois content et surpris qu'il ne faisait rien d'irréfléchi et d'irréparable, pourtant il était du genre à se rebeller d'une quelconque façon quand il était contrarié.
- Quoi que en fait... dis-je d'une voix basse
Gareth se tourna vers moi. Eliot me jeta un regard inquisiteur. À travers ce dernier, je compris qu'il voulait sûrement ne donner aucune réponse à Gareth à cause justement de son mécontentement. Mais même après avoir compris son état de colère et sa façon d'agir, je continuai.
- Récemment on a voulu retourner chez les Turn...
Mon ami se redressa en faisant grincer volontairement sa chaise, tout en continuant de me lancer son regard contrarié.
- ... et ... et finalement on a pas pu y rentrer. Mais juste avant de partir, j'ai vu un homme.
- Et donc ?
- Bah il était au loin en train de nous observer un peu étrangement, puis en quelques secondes il a disparu..
Gareth prit un air stupéfié.
- Et ça ne t'est jamais arrivé de voir un homme au loin disparaître ? Il se baladait peut-être ?
- Non non, la façon dont il nous regardait était plutôt flippante en fait...
- Tu sait qui c'était ?
- Non..
- Bon allez on arrête là ! S'écria mon ami en se levant du fauteuil, je ne sais pas à quoi vous jouez mais j'ai pas envie de rester là à parler avec un psychopathe !
- Assieds-toi. Ordonna Gareth d'un ton étonnement calme
- Hors de question ! Rétorqua Eliot
Ce dernier plongea rapidement sa main dans la poche droite de son jean, et en ressorti ce qui semblait être un couteau suisse.
- Edwin viens on se barre ! Déclara-t-il en brandissant l'objet dans la direction de l'hôte
Je fus surpris de la précaution qu'avait prit mon ami.
- Mais mec où t'a trouvé ça ? Poses-le ! M'exclamai-je
Gareth se leva doucement et et fit un pas en avant.
- Arrêtes d'avancer ! Ou je te promet que j'hésiterais pas à l'utiliser.
- Tu es en tort Eliot, pose ça et tout ira bien. Assura Gareth
- Non non non rien n'ira bien tant qu'on est dans cette baraque, et encore moins à moins d'un mètre de toi ! Edwin !
Je me levai alors à mon tour doucement sans avancer pour autant. Malgré l'avertissement, Gareth s'approcha à nouveau de mon ami mais cette fois-ci plus rapidement en tentant de lui arracher la lame des mains.
- Non ! Hurla mon acolyte
Il brandi le couteau suisse et l'agita d'un geste vif vers l'homme qui tentait de le lui arracher des mains. J'entendis soudainement un étrange bruit venant des deux hommes. En observant la scène, je vis Eliot, les yeux grands ouverts d'un air stupéfait, le bras droit tendu vers l'homme qui se tenait en face de lui. Gareth se retourna et me regarda dans les yeux, il avait les deux mains collés à son abdomen. Il baissa la tête, retira ses mains de son ventre et me laissa observer la lame du couteau suisse qui était plantée en lui, résultant d'une tâche de sang sur le t-shirt blanc qui ne cessait de s'élargir au fil des secondes qui passèrent.
- Sortez. Dit-il avec une once de colère
Même avec le couteau suisse en lui, Gareth réussi à prononcer ce mot d'une façon tout à fait naturelle, sa posture était également étrange, il avait à présent les bras le long du corps, l'air décontracté avec l'objet toujours à la même place. Il me regardait d'un air sérieux, très sérieux. En voyant sa blessure, je me disais que peu importe qui il était, il fallait l'aider. Je n'avais vu aucun moyen de transport devant chez lui, la maison était plutôt isolée et je ne voyais aucun téléphone autour de nous, il n'avait donc aucun moyen d'être secouru, mais dans le feu de l'action, j'exécutai la demande de l'hôte, et sortis en vitesse de la maison en emmenant Eliot par le bras. Apeurés et choqués, nous courûmes rapidement tout le long de la petite ruelle dans la nuit noire et nous arrêtâmes à la fin de celle-ci.
- Pourquoi t'as fait ça imbécile ?! Demandai-je énervé à mon ami
- Je ... je sais pas ok ? Je ... j'ai ... j'ai pas confiance en ce mec !
- Et maintenant il aura des raisons de porter plainte et de ne plus avoir confiance en nous !
- On a pas besoin de sa confiance !
- Mais tu l'as dit toi même ! Dis-je, c'est le seul élément qui peut nous aider dans cette histoire, et ce sera plus facile si on ... on collabore !
- Dans tes rêve la collaboration...
Je posai ma main fermement sur son épaule.
- Et d'où t'as un couteau suisse toi ?
Il baissa les yeux.
- Oh je te parle !
- C'est un objet familial ok !
- Et alors ?!
Il releva la tête et me regarda droit dans les yeux.
- C'est le seul souvenir que j'ai de mon père Edwin...
Je ne répondis pas. Je ne m'attendais aucunement à ce genre de réponse. Je savais que mon ami ne s'entendait pas tout le temps avec son beau-père depuis toujours, mais il ne m'avait jamais parlé explicitement de son vrai père jusqu'à maintenant.
- Écoutes Eliot ... dis-je en essuyant la sueur de mon front d'un revers de ma manche, je suis désolé. Je ne savais pas...
- Je sais...
- Le truc c'est que c'était vraiment pas le genre de truc à faire ce que t'as fait là..
- Oui oui excuse moi ... c'est ... c'était sur le coup avec l'adrénaline et tout ..
Ne sachant quoi répondre d'autre, je décidai de mettre un terme à cette sortie improvisée afin de nous laisser le temps d'éclaircir nos idées.
- Bon on va en rester là, il doit être pratiquement vingt heures j'pense donc c'est plus le moment de traîner...
À mon retour chez moi, devant la porte d'entrée, je ne vis aucune lumière émanée de la maison. Ma mère était certainement partie se coucher, pensant peut-être que j'étais en train de dormir. Je sortis alors ma clé de la poche de ma veste, la rentrai dans la serrure et ouvris la porte avec le maximum de douceur pour éviter de faire le moins de bruit possible. Une fois cette dernière ouverte, j'entrai et la refermai calmement. Les lumières étaient en effet éteintes, ou du moins celles de l'entrée et du couloir. N'étant pas décidé à m'endormir sur le champs à cause de ce qui c'était passé, je choisis de me diriger vers la cuisine afin de me prendre quelque chose à manger. Malheureusement pour moi, j'y rencontrai ma mère qui semblait visiblement m'y attendre
- Edwin Reid. Dit-elle de façon articulée, dis moi comment je suis censée réagir quand, au moment où je veux aller souhaiter une bonne nuit à mon fils unique, je ne trouve qu'une chambre vide alors qu'il est dix-neuf heures.
- Je sais pas. Souriais-je
- Et bien moi je sais. Demain on est quoi ? Mercredi ? Et bien tu m'aideras dans mes tâches ménagères durant les premières heures de l'après-midi. Conclu-t-elle en me rendant le même sourire, t'as été faire quoi encore ce soir ?
Face à cette question, mon visage prit inconsciemment une expression faciale plus sérieuse.
- Tu ... tu es sorti avec une fille ?
- Comment ça ? Répondis-je
- Si c'est une histoire d'ado je peux comprendre tu sais. Dit-elle ironiquement
Je pensais savoir où elle voulait en venir.
- Non c'est pas une histoire avec une fille...
- Tu te protèges au moins ?
- Ooooh maman !
Voulant éviter d'autres questions plus gênantes les unes que les autres je pris rapidement de quoi grignoter et montai dans ma chambre en prenant soin de souhaiter une bonne nuit à ma mère. J'eus assez de mal à m'endormir, les images de la scène où Eliot plantait la lame du couteau suisse dans le ventre de Gareth me hantait. Mais ce qui me troublait le plus était le calme que ce dernier avait retenu, comme s'il n'en avait ressentit aucune douleur. Le visage de mon ami pétrifié par ce qu'il venait de commettre, le bruit de la lame plongée dans l'abdomen, la faible luminosité ambiante du feu du poêle à bois, la chaleur que ce dernier émanait...
Le lendemain matin, je retrouvai à nouveau mon ami qui m'attendait aux côtés d'Aurore qui affichait un visage naturellement joyeux. Je fis la bise à cette dernière et serrai la main à Eliot.
- D'attaque pour une nouvelle matinée.. ? Me demanda-t-il d'un ton monotone
Je répondis d'un hochement de la tête. Toute la matinée, les cours se déroulèrent comme à l'habitude dans le calme et la tranquillité. À midi lorsque la sonnerie retentit, nous sortîmes tous les trois et nous dirigeâmes vers la sortie de l'établissement. En chemin, Aurore me confia avec un large sourire :
- Tu risque de me trouver bizarre si tu traînes avec moi ahah !
- Pourquoi donc ? Demandai-je souriant en retour
- Je ... je sais pas, juste comme ça ! Continua-t-elle sur le même ton
- T'as l'air de péter la forme tous les jours toi !
- C'est le cas ! J'suis toujours comme ça, une vraie petite pile ah !
- Et tu as des amis dans ce lycée ?
- Non ! Ou du moins, pas pour l'instant, je n'ai que vous deux, et visiblement vous allez devoir me supporter tout au long de l'année ahah ! Dit-elle en nous désignant moi et mon ami
À environs une vingtaine de mètres de la sortie, je vis encore et à nouveau la même scène que les précédents jours. Tout comme Eliot, je ralenti le pas, et observai Gareth à l'extérieur du lycée, debout sans bouger, attendant certainement quelqu'un.
- Ah j'ai un truc à faire avant, tu peux y aller si tu veux Aurore ! Dis-je pour tenter de la faire passer devant
- D'accord, on se voit demain alors !
- Yep !
- Edwin...Chuchota Eliot
- Je sais j'ai vu.. Répondis-je étonné de la présence de l'individu
En effet ce dernier se tenait à peu près droit contre un arbre, et avait de loin, l'impression de tenir une parfaite santé.
- On fait quoi ..?! Paniqua Eliot qui eut un léger mouvement de recul
- On avance et on va le voir pour commencer. Dis-je hésitant
- Non non mec ... mec ...
- Viens !
- Tu passes devant d'accord ?..
Nous décidâmes alors d'aller discuter avec l'homme. Nous le rejoignîmes au bout d'une trentaine de secondes, et celui-ci entama étrangement la discussion en premier. Il tendit son bras droit vers Eliot qui se tenait derrière moi, et lui montra le couteau suisse.
- Je crois que c'est à toi ça.
Les yeux grands ouverts, Eliot le prit avec délicatesse et hésitation, et marmonna un petit :
- Merci..
- Vous ... ça ... ça va ? Demandai-je en regardant le t-shirt blanc intact de mon interlocuteur
- Très bien et toi ?
- Non enfin je veux dire .. votre blessure ?
- Quelle blessure ?
- Comment ça quelle blessure ? Demandai-je, celle qu'Eliot vous a fait hier !
- Ah mais c'était rien, juste une égratignure...
Il se pencha vers mon ami.
- Je ne vais pas te frapper, tu avais tes raisons et je comprend. Continua-t-il
Eliot fronça ses sourcils, et continua à rester derrière moi.
- Mais ... mon avis sur vous reste le même hein, il ne change pas .. Confia mon acolyte
- Je ne te demande pas de le faire, mais je te demande de ne pas me prendre pour ce que je ne suis pas.
- Attendez, vous êtes venu cette fois-ci pour donner ça à mon ami ? Coupai-je
- Je n'en ai pas le droit ?
Agacé par l'incompréhension dans laquelle j'étais, je ne savais pas quoi répondre.
- Pour en revenir là où nous nous en étions arrêtés, tu m'as parlé d'un homme que tu aurais vu chez les Turn, tu peux me le décrire ?
Toujours un peu perdu à cause de la situation, je coopérai.
- Pas difficile à décrire, du moins de ce que j'ai pu voir. Il portait une veste ... en cuir je crois, noire avec un t-shirt soit blanc ou soit gris, je ne sais plus.
- Hum ... m'ouais. Marmonna-t-il, bon je vous laisse.
Il se tourna d'un geste vif et parti sans regarder derrière lui. Je lançai un regard interrogateur sur mon ami qui observait avec étonnement le couteau suisse qu'il tenait dans sa main droite. Il leva la tête et me regarda.
- Je l'avais pourtant planté ...assura-t-il les yeux plissés
- J'en étais sûr aussi mais pourtant ...
- Non non non je l'avais bien planté, j'ai tellement enfoncé la lame que mon pouce a touché son t-shirt !
- Il a pas pu se faire soigner aussi rapidement en une soirée...
- Il a surtout pissé le sang juste après !
- J'comprends plus rien ... Déclarai-je
Eliot poussa un soupir, puis soudainement il leva sa main comme si une idée avait germée dans sa tête.
- Tu ... tu te souviens au début, le vrai but de notre site ?
- Au tout début ? Demandai-je
- Ouais, quand on était sûr que les fantômes et toutes les choses un peu surnaturelles existaient et qu'on voulait mettre les preuves sur le net...
- Et rappelles moi pourquoi on a abandonné l'idée ?
- Oui mais là c'est différent ! Avant on avait jamais rien sur rien mais là ... là c'est étrange tu ne peux pas le nier !
- T'as surtout pris un coup sur la tête mon pauvre. Rigolai-je
Je commençai à avancer, à faire les premiers pas, Eliot me suivit. Nous étions en route pour rentrer chez nous.
Sur le chemin de nos maisons, longé par des cabanons en bois et quelques champs, alors que nos routes ne s'étaient pas encore séparées, nous aperçûmes devant nous au loin, à environs une vingtaine de mètres sur le trottoir, un homme qui ne bougeait pas, face à la route et dos au soleil. Sur le moment, je n'avais pas remarqué et continuai d'avancer mais plus on nous nous approchions, et plus je pensais que ce dernier m'était familier. Nous étions à présent à une dizaine de mètres, Eliot avait le nez dans son téléphone, la tête baissée, et moi je scrutais les environs tout en veillant de plus en plus à l'homme qui se tenait en face de nous, toujours immobile et face à la route. Ce dernier tourna la tête vers moi, m'observa de ses yeux noirs assombrit par la luminosité du soleil et afficha comme un sourire narquois au bord de ses lèvres. Cette image se figea dans ma tête, perturbé par celui qui se tenait en face de nous, je tournai la tête vers Eliot et lui fis une tape sur l'épaule pour le prévenir.
- Quoi ? Me demanda-t-il le nez toujours sur son portable
- Là ... chuchotai-je
Il leva la tête, je fis de même, et ne vis rien. L'homme avait disparu. Je regardai brièvement derrière nous, personne. Il était pourtant à dix mètres, pas plus, et il avait disparu. J'étais stupéfait, par réflexe je me pinçai la main pour vérifier que j'étais bien éveillé, et frottai rapidement mes yeux avec mes mains pour voir si je voyais encore correctement.
- Quoi ? Répéta Eliot, tu me fais admirer le soleil maintenant ?
- Y'a ... y'avait un mec là ! M'écriai-je
D'un coup, je fus rapidement et brutalement projeté droit devant à une vitesse fulgurante, retombant à terre huit mètres plus loin sous un violent choc qui me coupa la respiration. Ma tête tournait, mon épaule gauche sur laquelle j'étais retombé me faisait horriblement mal et ma respiration m'était douloureuse. Quelques secondes suffirent pour qu'une montée d'adrénaline vienne en moi, et me permette de reprendre mes esprits. Je me mis d'abord à genoux pour reprendre correctement mon équilibre, regardai derrière moi et vis à environs neuf mètres l'homme que je venais de voir il y avait à peine une quarantaine de secondes avant, tenir fermement mon ami au cou d'une seule main, le soulevant d'environs une trentaine de centimètres.
De là où j'étais, je pouvais voir Eliot suffoquer, je vis sa couleur de peau prendre une couleur rougeâtre et pouvais deviner qu'il était incapable de sortir un quelconque bruit de sa bouche. La scène dura quelques secondes, mais elle me parue comme une éternité, j'étais là à regarder mon meilleur ami se faire étrangler, incapable de crier à cause de ma respiration qui ne cessait de me déchirer intérieurement le torse à chaque inspiration. Pris de colère, je me levai rapidement, mettant de côté toutes les douleurs qui me cisaillaient chaque parties du corps et commençai à courir. Malheureusement, je tombai au bout de quatre grands pas, ne me rapprochant ainsi que de quatre ou cinq mètres. J'étais toujours là, à observer mon ami qui se faisait maîtriser avec une telle violence, je pu voir sur le visage de l'agresseur le même sourire narquois qu'il m'avait fait à moi, regardant mon ami dans le blanc des yeux.
- A...Arrête ! Criai-je
J'avais utilisé là toute la respiration que j'avais difficilement récupéré durant les quelques secondes précédentes.
Juste après que j'eus crié mon souhait, l'homme se fit à son tour projeter avec une extrême violence loin derrière moi, laissant un cri de douleur derrière lui. Le coup était tellement fort que j'entendis le choc de ce dernier quand il retomba à environs une vingtaine de mètres. En relevant la tête, je vis Gareth, qui se tenait face à Eliot tombé au sol, tentant de reprendre son souffle. Sur le moment, le fait qu'il était là et que l'homme avait été propulsé à une vitesse fulgurante ne me préoccupait pas vraiment, mais mes yeux s'étaient focalisés sur ceux du sauveur de mon ami. Ceux-ci étaient anormalement colorés d'un rouge mélangé à du jaune et du orange, et étaient étrangement lumineux. Je pouvais voir le blanc de ses yeux qui était remplacé par une sorte de voile noir, ses pupilles semblaient brûlantes de haine et de colère qui étaient accentués par des sourcils d'un noir plus intense qu'à l'habitude. Je regardai Eliot qui reprenait peu à peu sa respiration au sol, je me levai une bonne fois pour toute et courrai vers lui pour voir s'il allait bien, me positionnant à côté de ce dernier à genoux et dos à Gareth qui était toujours juste derrière moi, faisant face à l'homme qu'il venait de projeter à une vingtaine de mètres plus loin sur la route.
- Que ... qu'est-ce qui ... Bafouilla mon ami
- Tais-toi et lèves toi. Ordonnai-je
J'aidai ce dernier à se relever, nous fûmes tous les deux debout à côté de notre sauveur.
- Partez vite et loin. Nous ordonna froidement Gareth
- C'est quoi ce bordel ?! M'écriai-je
- Partez ! Maintenant ! Insista-t-il
Mais avant même que nous ne pûmes nous en aller, l'agresseur apparu en une fraction de seconde devant Gareth et lui décocha un violent coup qui le fit tomber à terre. Ce dernier se releva d'une vitesse presque surnaturelle et tenta de riposter de la même manière, mais son adversaire arrêta son geste en recueillant son poing dans le creux de sa main et lui fit tourner le bras, ce qui eu pour effet de provoquer un écœurant bruit de craquement. Gareth poussa un cri de douleur tellement fort qu'un frisson me parcourut tout le long du dos. Pour se libérer de l'emprise de son adversaire, il donna un coup de tête à ce dernier, libérant ainsi son bras de l'emprise de l'agresseur. Puis soudainement, alors que j'observais la scène avec stupeur avec Eliot toujours confus, Gareth se dirigea vers nous d'une vitesse que je n'avais jamais vu, me prit le bras, prit celui de mon ami, et nous emmena d'une rapidité phénoménale loin de notre agresseur. En l'espace de quatre ou cinq secondes nous nous retrouvâmes dans le parc au centre de la ville, juste devant le banc public sur lequel nous avions voulu téléphoner à Gareth auparavant. J'étais totalement perdu, je perdis l'équilibre et me rattrapai sur le banc en face de moi, je vis sur le coin de l'œil Eliot qui perdit à son tour l'équilibre et qui tomba à genoux sur le sol.
- Qu'est-ce ... qu'est-ce que c'était que ça ? Demandai-je en tentant de remettre mes idées en place
Gareth commença à tourner en rond et poussa un soupir.
- Je ne vais plus jouer aux devinettes ! ... Je veux des réponses ! Hurlai-je
- Du calme ! Arrêtes de crier ! Répondit l'homme
Je regardai brièvement autour de nous, personne ne se baladait aux alentours pour l'instant.
- Je veux ... des ... des réponses Gareth.
Sans me répondre, ce dernier continua de tourner en rond, comme si quelque chose le préoccupait de plus en plus. Il s'approcha de moi, posa sa main sur mon épaule, poussa un soupir et me répondit de façon articulée :
- Je vais te dire ce que tu veux savoir, mais sache que si je le fais, tu risque de ne plus avoir la même vie qu'avant.
- Je ...
- Dis-nous tous. Soupira Eliot
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