Chapitre 6 | Réponses cachées
Presque laissés à l'abandon, dans une impasse qui paraissait infranchissable, une nouvelle voie s'ouvrait à nous afin de continuer notre enquête. Après avoir quitté le lycée, nous repartîmes tous deux chez nous déposer nos affaires, et nous nous rejoignîmes dans le parc situé en plein milieu de Lancaster, tranquillement installés sur un banc public. En possession du numéro de l'individu, nous décidâmes alors de l'utiliser.
- Tu l'appelles ou je le fais ? Me demanda Eliot, son téléphone à la main
- Je le fais, je le fais, j'ai pas envie que tu raccroche bêtement suite à une prise de panique.
- Je .. je panique pas moi !
- C'est pas grave, donnes moi ça.
Il me donna le bout de papier où était inscrit le numéro, ainsi que son téléphone.
- Je l'ai déjà enregistré pas besoin de le refaire. M'avoua-t-il
- C'est...?
- M.Turn
Je lâchai un léger sourire, et cherchai le dit contact dans la liste. Une fois trouvé, j'appuyai sur le bouton, et lançai l'appel. Le bruit nécessaire de l'appel retenti durant quelques secondes, puis vint le bruit de la sonnerie. Je patientai, le téléphone à l'oreille, cinq secondes passèrent, dix secondes, quinze secondes, je tombai sur le répondeur.
- Ça ne répond pas ... Déclarai-je
- Comment ça ?
- Bah y'a personne qui répond..
- Merde ... à quoi ça sert qu'il nous donne son numéro si on peut même pas le joindre ! On est à nouveau bloqués du coup..
Eliot avait raison, on avait enfin l'espoir d'aller plus loin dans cette affaire, et voilà que tout se floutait à nouveau. Si ça se trouve ça n'était même pas un bon numéro. Déçu, je décidai de prendre les choses en main.
- On retourne chez les Turn. Dis-je fermement
- Quoi ?! Oh hé mec, il est genre dix-sept heures là..
- Et alors ? Ça nous prendra qu'une vingtaine de minutes d'y aller.
Il soupira un léger "ok". Nous nous levâmes et partîmes en direction de la maison des Turn afin d'y retrouver l'homme et de lui poser les questions qui pouvaient éventuellement nous servir, car même s'il se montrait intéressé, nous ne savions toujours pas qui il était, ce qu'il voulait, et s'il connaissait un tant soit peu la famille de Diana. Et comme c'était là que nous l'avions rencontrés, peut-être était-ce là que nous le retrouverions.
Comme convenu, une vingtaine de minutes plus tard, nous atteignîmes le domaine de la maison des Turn. À notre arrivée, nous nous retrouvâmes devant la maison, entourée de sa muraille de sapins qui laissait un large espace pour nous laisser pénétrer dans la propriété, ce devait être là que les parents de Diana garaient leur voiture, c'était également l'entrée par laquelle j'avais proposé d'entrer lors de notre précédente visite mais qui se voyait comme étant un passage trop peu discret. Comme je l'avais déjà constaté auparavant, aucun grillage, aucune barrière et aucun portail ne protégeaient les entrées. Nous nous dirigeâmes alors vers la porte. Tous deux sur le pallier, je m'avançai, et toquai. Aucune réponse, je toquai à nouveau. J'attendis une dizaine de secondes, toujours rien. J'approchai alors mon visage de la porte, collai mon oreille à cette dernière et cessai de respirer afin d'essayer d'entendre un bruit quelconque à l'intérieur qui pouvait nous indiquer la présence d'un potentiel individu. Rien.
- Hum...oui...d'accord, j'aime cette situation. Déclara ironiquement Eliot
Je fis trois pas en arrière pour retourner aux côtés de mon acolyte, toujours face à la porte, et je vis à notre gauche au loin, à la deuxième sortie de la propriété caractérisée par le petit portillon rouge, un homme aux cheveux noirs, immobile. De loin je pouvais voir qu'il portait une veste en cuir noir grâce à la luminosité, et la même couleur s'étendait sur tout son corps. Il était là, les mains dans les poches tourné dans notre direction, certainement en train de nous observer. J'avertis alors Eliot de la présence de l'individu par une tape sur l'épaule.
- Regardes là-bas...
- Oh non ... pas encore un mec qui nous fixe ... soupira-t-il inquiet, je me barre direct j'ai pas envie qu'il nous course encore...
- C'est lui tu crois ?
- Quoi ?
- Le mec qui nous a donné son numéro.
- Non non non, pas la même veste, et si c'était lui, question accueil j'aurais pu faire mieux je pense..
Inquiet, j'eus la même réaction qu'Eliot et décidai de partir calmement en faisant quelques pas en arrière. Je reculai ainsi jusqu'à ne plus voir l'individu, caché par les sapins. Je m'arrêtai brutalement et tournai la tête vers mon ami.
- C'est peut-être un Turn ? Dis-je
- Et bah j'aime pas les Turn et leur façon de dire bonjour alors, allez on se barre !
- Attends, faut aller lui demander.
- T'es barré ?
Ignorant les interventions de mon ami, je m'avançai à nouveau et me dirigeai vers l'homme, mais quand j'eus la deuxième entrée en vue, je me rendis compte que ce dernier avait disparu
- Il est parti. Remarquai-je
- Parti ?
Eliot s'avança à son tour.
- Bonne nouvelle, on peut retourner chez nous alors !
J'acquiesçai l'idée, nous partîmes alors en empruntant le chemin par lequel nous étions arrivés.
- Pourquoi cette histoire est si glauque ! S'écria Eliot en marchant, d'habitude on n'a pas besoin de se déplacer autant pour arriver à nos fins mais là j'ai l'impression que tout le monde a quelque chose à cacher ! La police ferme l'enquête avec une supposition idiote, on trouve un mec mystérieux pas drôle du tout, et par dessus tout, la famille en question s'est envolée comme par magie !
- Tu as oublié les mecs qui nous observent .. repris-je
- Et ça aussi ouais !
Toujours sans réponses, nous repartîmes chacun chez nous. Eliot avait raison une fois de plus, c'était la première fois qu'une histoire était si compliquée à résoudre. En même temps on n'était pas détective, on n'avait jamais vraiment "résolu" d'histoire, notre boulot était surtout de les retranscrire sur notre site internet mais elles étaient complètes et vérifiées, alors que là ... rien n'était censé. Le lendemain matin, nous nous retrouvâmes à nouveau devant le lycée, mais accompagnés cette fois-ci d'Aurore encore un peu perdue. Alors que nous nous apprêtions à rentrer dans l'enceinte de l'établissement, un jeune homme, certainement un autre lycéen s'approcha de nous d'un pas déterminé.
- Eh vous ! Cria-t-il, z'avez pas du feu ?
Ne sachant à qui il s'adressait, je pris la parole.
- Nan désolé mec.
- T'as une clope ? Demanda-t-il toujours d'un air agressif
- Non plus.
- T'as quoi alors ?
- Comment ça j'ai quoi ? Rétorquai-je en fronçant les sourcils
Aurore peu rassurée recula et se positionna derrière Eliot qui se tenait à ma gauche.
- Elle a rien la fille là ?
Ne comprenant pas son état, je décidai de rompre la discussion.
- Bon ok mec c'est bon là, tu nous laisse parce que je vois pas ce que tu veux.
Le jeune homme serra ses poings et commença à s'énerver.
- Pourquoi t'es comme ça avec moi ?
- De....de quoi ? Dis-je en regardant Eliot.
- On te connais au juste ? Demanda mon ami
- Z'êtes là à me regarder comme un con ! Vous servez vraiment à rien, j'vois même pas pourquoi on vous laisse vivre ! S'écria-t-il
- Bon dégage. Répliquai-je
Sans aucune raison, il me poussa brusquement en guise de provocation.
- Mec c'est quoi ton problème au juste ? S'exclama Eliot en s'avançant
Le lycéen bouscula mon ami et le fit tomber au sol violemment. Choquée, Aurore poussa un léger cris de panique.
- Ça va pas ?! Cria Eliot
Je poussai alors à mon tour l'agresseur pour l'écarter de mon ami. En colère, sans aucun mots, il me repoussa et me fit tomber sur le dos, ce qui eu pour effet de me couper brièvement la respiration. Il sauta sur moi, me bloquant ainsi mes mouvements, leva son bras gauche et serra fermement son poing. Au moment où il s'apprêta à me donner un coup, une main extérieur emprisonna la sienne. Elle devait lui serrer le poing assez fort puisque le jeune homme poussa un cri de douleur. Une deuxième main le pris par la nuque, et le tira hors de moi d'une force extrême. Je me levai, le dos un peu douloureux, et vis devant nous l'homme qui nous avait donné son numéro. Eliot était debout, Aurore sous le choc s'assura que ce dernier n'était pas blessé, et l'agresseur était trois mètres plus loin gémissant au sol.
- Vous ... que ...? Bredouillai-je
L'homme me regarda d'un air dubitatif.
- Pourquoi vous êtes là ?
- Tu aurais préféré te faire défigurer ?
Je ne répondis pas.
- Je crains que ce jeune homme ne soit pas dans son assiette, je vais m'occuper de lui ne vous en faites pas.
Il se dirigea vers le fautif, le pris par l'épaule sans difficulté et l'emmena avec lui hors de l'enceinte de l'établissement.
- Ça va toi Edwin ? Me demanda Aurore
- Ouais ouais t'en fais pas...
- Putain mais quel abruti ce mec ! J'en reviens pas ! S'exclama Eliot
- Pourquoi il a fait ça ? Interrogea Aurore.
- Aucune idée ... tu le connais Eliot ?
- Jamais de la vie ! Dit-il d'un air toujours frustré, et d'où il est sorti le Turn ?
- Il est arrivé super rapidement, il est sorti de nul part en fait... Avoua notre nouvelle amie.
- Il nous suivait ? Demandai-je
- J'espère pas, je commence à en avoir ma claque des gens qui nous suivent ... soupira Eliot
Après l'incident, nous allâmes en cours toujours un peu sous le choc. La journée se déroula comme à l'habitude, cours du matin, déjeuner, cours de l'après midi et fin des cours aux environs de dix-sept heures. En fin d'après-midi à la sortie, à mon grand étonnement, je vis à nouveau au même endroit, l'homme qui nous avait aidé le matin même contre le lycéen un peu fou. Aurore ne manqua pas de nous le faire remarquer.
- C'est pas le mec de ce matin ?
- Oh non...soupira mon meilleur ami
Comme la fois précédente, j'invitai Aurore à rentrer chez elle afin d'éviter que l'homme ne lui adresse la parole, puis nous nous dirigeâmes vers ce dernier.
- Monsieur, je pense qu'on va arrêter de jouer les devinettes, est-ce que vous pouvez nous dire qui vous êtes ?
L'homme d'un air un peu embarrassé répondit :
- Je veux juste savoir où en est votre petite enquête.
- Nan mais vous n'avez pas compris en fait, il n'y a plus d'enquête, plus rien, nothing, nada, envolée ! Articula mon camarade
- Vous aviez l'air pourtant bien parti ...
- C'était le cas ! Mais les informations que nous tentons d'obtenir sont trop bien cachés, et personne n'a envie de les donner. Reprit mon ami, alors si vous avez envie de nous aider, aidez-nous en commençant par vous présenter !
L'homme soupira.
- Gareth.
Eliot me regarda l'air perdu.
- C'est mon prénom, je m'appelle Gareth.
- Ah d'accord ... Et bien voilà un grand pas pour notre ... collaboration ! S'amusa Eliot
- Donc hum...Gareth, dis-je, vous habitez où en fait ? Demandai-je
- Et bien ici, à Lancaster.
- Il y a une description un peu plus précise que..."ici" ? Demanda Eliot
Il soupira à nouveau.
- Je pensais que ça allait être moi qui allais poser les questions, et non pas vous.
- Je pense que vous en avez déjà posés assez auparavant. Rétorquai-je
- J'étais en position de le faire, c'est vous qui étiez venu à moi.
- Donc vous êtes un membre de la famille des Turn. Conclu Eliot
L'homme ne répondit pas.
- Puisque vous habitez dans la maison des Turn.
- Pas vraiment en fait.
- Alors pourquoi étiez-vous là-bas ?
- Je peux vous retourner la question.
- La réponse est la chose même qui vous a amené ici je crois bien, c'est pour une enquête.
- Tu es incroyablement insupportable quand tu te met à parler toi. Dit-il à mon ami
- Donc, pouvons-nous avoir une réponse précise venant de votre propre bouche à notre question ? Demandai-je d'un ton insistant
- À laquelle veux-tu que je réponde ?
- Où habitez-vous concrètement ?
- Dans une petite maison juste à la limite de la sortie de la ville. Répondit-il froidement
- Hum ... et vous habitez ici depuis longtemps ? C'est la première fois que ... enfin je vous ai jamais vu auparavant. Fit-remarquer mon acolyte
- Je ne sors pas beaucoup oui.
- Et pourtant vous êtes là pour la deuxième fois...
- Disons que je suis pas mal occupé la plupart du temps.
- Vous êtes en vacances ?
- Pas vraiment.
- Vous travaillez où ?
- C'est un interrogatoire ?
- De simples questions. Insista Eliot
Il hésita durant cinq secondes avant de s'avouer vaincu.
- Bon je pense qu'on a tous à faire, on se revoit une autre fois.
Eliot me regarda troublé.
- Mais euh ... il va arrêter de se barrer comme ça lui ?
J'affichai un sourire compatissant en guise de réponse.
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