Chapitre 4 | L'interrogatoire
- Je...on...on s'est trompé d'endroit je crois en fait ! Bégaya Eliot
L'homme, avait un visage dur et sérieux. Le regard perçant, un visage carré, une large carrure et une taille imposante. Il nous regarda avec dépit.
- Mmm...Non non non, tu t'es surtout trompé de réponse jeune homme. Suivez moi. Ordonna-t-il
L'homme se retourna et commença à descendre les escaliers. Je lançai un regard à Eliot, un regard inquiet et perdu. Il me répondit en imitant le mien, nous ne savions pas quoi faire. Sans même communiquer entre nous, nous savions communément que nous étions dans une impasse, et qu'aggraver la situation ne serait pas une bonne chose. Je fis alors le premier pas et avançai le long du couloir jusqu'à l'escalier, mon ami me suivit quelques secondes après. Nous descendîmes finalement à contrecœur au rez-de-chaussée. Une fois en bas, nous contemplâmes une ambiance qui était bien différente de celle que nous avions pu avoir en entrant dans la maison tout à l'heure. La lumière du couloir était à présent allumée, et nous laissait contempler une porte juste à notre droite entrouverte. Eliot me fit une tape sur l'épaule et me chuchota :
- Hé mec ! Viens on se taille ! Dit-il en pointant du doigt la porte d'entrée au fond du couloir
- On peut pas se tirer comme ça andouille ... répondis-je toujours d'une voix peu sûre
- Mais Ed, on a une chance de se tirer d'ici et de dégager de toute cette merde glauque là ! Insista-t-il
D'un côté il avait raison, nous avions devant nous l'occasion de partir vite, sans être vu par l'homme qui était très certainement dans la pièce dont la porte était entrouverte. Cela nous aurait évité un éventuel interrogatoire avec l'inconnu, et une autre dose d'adrénaline inutile. Mais étant quelqu'un d'honnête, je voulais traiter cette histoire comme il se devait et donner la raison de notre présence à l'homme qui était certainement le propriétaire des lieux. Je décidai d'ouvrir la porte entrouverte et de prolonger notre expérience riche en émotion. Je m'approchai et posai ma main sur la poignée, Eliot posa la sienne sur mon avant bras.
- Wow qu'est-ce que tu fais là ? Me demanda-t-il les yeux inondés par la peur
- Bah je vais répondre aux questions du mec là dedans.
- Attends mais tu crois quoi là ? Imagines il t'attend derrière cette foutue porte, prêt à t'enfermer et à te séquestrer ? Qui te dit qu'il est saint d'esprit ?
- Hé oh calme calme, je te signale que c'était ton idée au départ de faire une virée dans l'inconnu..
- Et c'est mon idée de déguerpir d'ici à toute allure aussi !
- Écoutes, moi j'ai un principe, c'est l'honnêteté. Donc je vais aller parler à ce mec quoi qu'il en soit. Si t'es pas foutu d'assumer tes choix et d'aller au bout, soit, c'est pas mon problème, mais moi je reste. Après tout si on est ici c'est pour obtenir des réponses. Répondis-je froidement
Il hésita durant de longues secondes, le regard vide, les mains moites et la bouche murmurant quelques mots inaudibles.
- Ok ok ... mais à la première occasion je traverse les murs pour me barrer d'ici, je te préviens. Conclu-t-il
Content de sa décision, j'affichai un petit sourire et poussai la porte qui était toujours entrouverte. Une salle éclairée s'offrit à nous, des murs couverts de papiers peints beige, deux larges fenêtres dont les volets étaient fermés et une grande table avec trois chaises siégeaient devant nous. Nous avançâmes, et vîmes l'homme qui nous avait demandé de le suivre au fond de la pièce qui semblait en réalité grande en longueur, installé sur un vieux fauteuil du même style que dans les vieux châteaux, la jambe droite sur le genou gauche, les mains posées sur les accoudoirs, la tête relevée, pointant dans notre direction. Deux autres fauteuils étaient placés devant lui, comme s'il nous attendait pour un rendez-vous prévu.
- Je vous en prie, venez ici et asseyez vous. Nous invita-t-il
Sans prononcer de mots, nous nous dirigeâmes vers les deux sièges et nous installâmes sur ces derniers. Une table basse nous séparait de l'homme, dessus, trois verres étaient posés. L'ambiance était étrange, nous étions deux adolescents entrés par effraction dans une maison, et l'homme nous parlait comme si nous étions des amis de longue date. Mais une fois que nous fûmes installés, il engagea la conversation sur un autre ton bien différent.
- Bon, je ne vais pas passer par quatre chemins, je vais poser les questions, vous me répondez franchement. Si je vois que vous me racontez des conneries, le dimanche ne va pas être de tout repos pour vous. Déclara-t-il en se penchant pour prendre un verre
Nous eûmes Eliot et moi les mêmes réactions, le regard baissé, les yeux plongées vers le sol à fixer le vide et pas de mouvements brusques.
- Déjà, vous êtes qui ? Demanda l'homme
- On est des lycéens, du lycée du coin... répondis-je
- Oui je me doute que vous n'êtes pas pères de famille, je veux vos noms.
Je regardai mon ami, qui semblait grandement intimidé.
- Je m'appelle Edwin.
- Edwin comment ?
- Edwin Reid.
L'homme me contempla de la tête au pied, puis tourna la tête vers mon ami.
- Et toi ?
Eliot ne répondit pas.
- Il s'appelle Eliot Peers. Dis-je
- Et il est muet ?
Eliot leva la tête, regarda l'homme et fit un léger mouvement de la tête pour dire non. L'inconnu fronça les sourcils, certainement énervé par l'attitude de mon acolyte, puis se tourna à nouveau vers moi pour me questionner.
- Est-ce que j'ai bien fais de vous accorder un interrogatoire ou alors vous êtes venus pour voler quelque chose ? Me demanda-t-il en se penchant sur le côté pour prendre ce qui semblait être une bouteille de whisky
- Non non absolument pas ! Dis-je, enfin si, mais ... c'est à dire que nous venions pour ...
- Une bonne cause. Déclara Eliot en me coupant la parole
Suite à sa réaction, je lançai un regard inquiet en direction d'Eliot, il n'arrangeait pas les choses en y mettant son grain de sel ! "bonne cause" n'était pas vraiment la bonne définition de notre venue, avec un peu de recul on s'immisçait surtout dans la vie des gens.
- Une bonne cause hein ... ? Un verre ? Nous proposa-t-il soudainement en se servant un verre à lui même
- Non merci...répondis-je
Eliot fit non avec un signe de tête.
- Et peut-on savoir de quelle bonne cause il s'agit ?
Nous ne répondîmes pas. Pourtant l'homme insista.
- Hum...?
Toujours muets, nous évitâmes ses regards afin de ne pas êtres "interrogés". Il avait posé la bouteille de whisky, et était à présent avec son verre à la main, remplit à ras-bord.
- Je ne cherche pas à connaître la date de votre première fois les mecs, répondez juste. Continua-t-il
Cette tension persista durant de longues secondes, c'est alors qu'il se pencha et fronça les sourcils.
- À moins que ce ne soit pas pour une bonne cause ... serais-je en train de déceler un mensonge
Apeuré par le sous-entendu qu'il venait de faire, je tentai de nous sortir de là.
- Non en fait, c'est pas vraiment une bonne cause, ou du moins ça dépend du point de vue qu'on prend...
- Éclaires moi.
- Bon ... Eliot et moi, on tient un site internet qui est dédié en quelque sorte aux rumeurs et histoires au bahut, et il se trouve que ... bah il y a eu un incident récemment là bas.
- De quel type d'incident parles-tu ?
- Un ... un drame ..
- Tu veux parler de la fille qui a tuée des élèves ? Demanda-t-il d'un air encore plus sérieux
- Oui.
Il se redressa, et commença à boire le contenu de son verre.
- Et, dis moi si je me trompe, vous, vous comptez donc recueillir des informations sur la dite fille c'est ça ?
Je fis oui de la tête.
- Dans quel but ?
La façon dont il me posait les questions n'était pas celle dont je m'attendais, on aurait dit qu'il cherchait à me faire répondre à ses questions de sorte à ce qu'il obtienne quelque chose. Moi je m'étais préparé à ce qu'il soit plus agressif, je commençai donc à penser que nous n'étions peut-être pas obligatoirement devant un membre de la famille de Diana.
- Pour ... euh ... pour essayer d'aller plus loin que ce que les enquêteurs ont laissés dire dans les journaux...
- Et qu'on-t-ils dit ?
- Qu'elle était folle ... instable ...
Il plissa les yeux et me fixa avec insistance.
- Et pourquoi vous ne vous contentez pas de ça ?
- Et bien ... elle ... elle n'avait pas du tout l'air folle avant ! Je veux dire ... c'était une fille comme une autre ...
- C'est ce qui caractérise les fous et les accidents, on ne peut pas les voir avant qu'ils ne se montrent. Dit-il d'un air dramatique
- Mais...et vous...? Rétorqua Eliot
- Moi ?
- Bah ... c'est ... c'est un membre de votre famille ...
Intérieurement, ma tête explosa. Eliot venait tout juste de pénétrer la zone de sujets à ne pas aborder, et il venait tout droit d'y foncer !
- Je pense qu'il est temps pour vous d'y aller, il est évident que vous ne trouverez rien de bien intéressant ici. Déclara l'homme en posant hâtivement son verre sur la table basse
Il se leva et se dirigea en direction du couloir, nous le suivîmes ainsi jusqu'à l'entrée de la maison. Il nous ouvrit la porte, et au moment où nous posâmes les pieds dehors, il ajouta :
- Mais n'abandonnez pas non plus vos recherches, cela pourrait intéresser des gens. Dit-il sur le ton d'un conseil
Je fis mine de répondre oui de la tête, comme si j'étais en total accord avec lui. Sans nous retourner, nous nous dirigeâmes alors vers le portillon rouge par lequel nous étions passés précédemment. Une fois ce dernier passé, à l'abri d'éventuels regards de la part de l'homme, je décidai de rompre le silence.
- Putain mais t'a foutu quoi toi ? M'exclamais-je
- Je ... je sais pas, j'ai eu la trouille sur le coup ...
- Toi ?! Ah ! Toi, Eliot Peers, tu as eu la trouille ? Autant je m'attendais à ce que nous ne soyons pas sain d'esprit mais alors que ce soit moi qui nous sauve d'une galère parce que toi, tu as la trouille ?! Eh beh...
- Fermes là, il m'a vraiment pas mis en confiance ce type, il avait un truc...
- En même temps il était pas censé nous mettre en confiance, c'était nous qui étions en faute.
Il me lança un regard insistant.
- Quoi ? Demandai-je
- Y'a pas un truc qui t'a parut un peu étrange ?!
- Craches le morceau.
- Bah ils sont où les parents de Diana dans tout ça ?! Tu ne va pas me dire qu'elle vivait avec ce mec qui a tout à fait l'air d'être un parfait inconnu dans l'affaire !
Il avait raison, l'absence des parents était un détail troublant.
- Y'a un enterrement qui était prévu ? Demandai-je
- Aucune info là-dessus.
- Bon écoute, il est quelle heure là ?
Il sorti son portable.
- Dix heures vingt-sept.
- Bah moi je vais rentrer là, je pense qu'on aura eu notre quota de frisson pour la journée voir de la semaine, et je vais profiter de mon dimanche à ma manière. Tu m'appelles si t'as des infos ?
- Ça marche !
Je rejoignis ma maison aux abords de dix heures cinquante. Arrivé devant la porte d'entrée, je cherchai mes clés dans mes poches. Sauf qu'avant que je ne les trouve, la porte s'ouvrit devant moi.
- J'espère que t'as déjeuné au moins avant de partir ?
- Oui maman t'en fais pas.
- Et tu comptais ouvrir la porte avec quoi au juste ?
- Bah mes clés ... répondis-je en plongeant ma main dans la poche droite de mon jean
La main gauche tenant la porte, elle me présenta à l'aide de sa main droite une clé.
- Celle que j'ai actuellement, à l'intérieur de la maison ?
Je poussai un soupir.
- Et oui monsieur Reid, maintenant tu va me dire pourquoi tu était dehors hum ? Dit-elle avec un large sourire
- J'étais ...
- Dehors avec Eliot, c'est ça ?
- Oui...
- Et bien maintenant tu va être à l'intérieur toute la journée avec maman pour être parti sans prévenir. Déclara-t-elle d'un ton ironique
J'entrai alors, et partis en direction de ma chambre à l'étage. Je ne m'en faisais pas trop pour la réaction de ma mère, elle était très protectrice, mais ce que j'adorais chez elle, c'était son ouverture d'esprit et sa tolérance. Une mère dite "normale" aurait certainement punit son fils pour avoir fait ce que j'avais fais, mais pas la mienne, ma mère elle, se contentait de me rendre heureux, de me faire la morale quand c'était vraiment nécessaire, et de m'avertir sous des formulations de phrases comiques.
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