Chapitre 15 | Blessure mortelle
Le moment fatidique arriva, la soleil était à présent couché et le règne de la nuit avait commencé. Je n'étais pas sortis une seule fois de ma chambre, mes mains tremblaient, et le stress s'emparait peu à peu de mon corps. Pour tenter de quitter cet état extrêmement inconfortable, je décidai de descendre histoire de boire un coup, pour remettre mes pensées en ordre. J'ouvris la porte de ma chambre, commençai à descendre les premières marches et entendis comme un claquement de porte. Intrigué, je continuai mon chemin.
Je fus terrifié quand je vis dans l'entrée, Kurtis qui serrais la main de ma mère. À environs cinq mètres de moi, qui étais au pied des escaliers, ce dernier dirigea son regard vers moi et me lança un sourire faussement amical.
- Edwin ! Comment vas-tu ? Me demanda-t-il pour avertir ma mère de ma présence
Je ne répondis pas.
- Edwin allons, réponds ! S'étonna ma mère
- Bonjour monsieur. Répondis-je hésitant
- Je vous en prie venez dans le salon !
Il la suivit, tout en effaçant son faux air gai pour me faire apparaître son habituel sourire malsain avec un regard amusé. En total panique, je les suivis afin de m'assurer qu'il ne fasse rien à ma mère. Elle lui proposa de s'asseoir, ce qu'il fit sans se faire prier puis observa les lieux d'un rapide coup d'œil.
- Vous vivez seule ? Lança-t-il
Elle le regarda d'un air curieux.
- Excusez mon manque de politesse, si je peux me permettre de demander bien sûr.
- Oui, j'éduque Edwin seule. Confia-t-elle
- Je vois ... car votre fils m'a déjà parlé du manque de ... d'une figure paternelle.
Elle se retourna vers moi.
- Ah bon ? Étonnant ça.
Bien évidemment c'était un mensonge pur et dur mais je ne savais pas comment réagir, mentir à ma mère sur ce sujet délicat qu'était l'absence de père, ou nier les dires de Kurtis en ne sachant pas comment il risquait de réagir ? Me voyant perdu, il esquissa un nouveau sourire sadique.
- Le dîner est presque prêt, je vous invite à vous installer ! Déclara ma mère pour changer de sujet
- Avec plaisir !
Nous nous installâmes tous les deux, face à face, ma mère en bout de table, à ma droite et à sa gauche. En reculant ma chaise, je vis le téléphone de ma mère sur le canapé. Sans perdre de temps, je fis mine de penser à quelque chose à aller chercher. Il fallait que j'appelle Aurore pour qu'elle contacte Gareth via le téléphone d'Eliot. Je me dirigeai donc vers le canapé, me penchai vers ce dernier et eu juste en face de moi le fameux portable. Kurtis les deux coudes sur la table à patienter ne me regardait pas, c'était le moment ! Je soulevai deux coussins pour simuler une recherche hasardeuse et pris discrètement l'appareil que je glissai dans la poche droite de mon pantalon. Ma mère arriva avec le plat.
- Voilà ! Attention c'est chaud ! Gratin de pommes de terres aux lardons, j'espère que vous aimez !
- Mon plat favoris ! Sourit-il
- Je reviens dis-je, je vais éteindre mon pc là haut.
- Fais vite ! Me dit-elle
Sous le stress, je marchai rapidement jusqu'aux escaliers, montai et atteignis ma chambre précipitamment. Je sorti le téléphone de ma poche et composai le numéro de mon amie que j'avais miraculeusement retenu, à l'ordinaire, je ne retenais que deux trois numéros dans ma liste d'une trentaine de contacts.
*Bip bip*
- Allo ?
- Aurore ?!
- Ouais c'est moi, ça va ?
- Nan Aurore ça va pas du tout, écoutes moi bi ...
- Pourquoi tu chuchotes ? Coupa-t-elle
- Attends, écoutes moi bien repris-je, tu va ouvrir le téléphone d'Eliot, tu va chercher dans ses contact et tu vas appeler le mec qui est renommé "M.Turn".
- C'est qui ça ? Et c'est quoi le code d'Eliot ?
- C'est le mec de ce matin que j'ai ramené, dis-lui que j'ai besoin d'aide immédiatement chez moi ... question ... de ... quelqu'un.
- Hein ?
- Le code ça doit être ... tentes un truc du genre 123, un truc bidon !
- Ça marche pas !
- Merde ! Euh ... tentes 669.
- ...
- Alors ?
- Ça a marché. C'est le code à Eliot ça ? Demanda-t-elle d'un air amusée
- Fais juste ce que je t'ai demandé s'il-te-plaît, vite !
Je raccrochai. Une fois l'appel fini, cette fois-ci ce n'était pas mes mains qui tremblaient à elles seules, mais mes bras et mes jambes également. Je venais tout juste de transgresser l'avertissement de Kurtis, mais pour me rassurer je supposais qu'il n'était pas derrière la porte à m'écouter. Il ne me restait plus qu'à déposer le portable là où il était, je décidai tout de même de le garder dans ma poche pour le déposer après le dîner. Je rejoignis alors ceux qui mangeaient.
- Tu en a mis du temps ! Fit remarquer ma mère
- Ouais désolé.
- Les jeunes de nos jours dit Kurtis, ils ne font qu'un avec la technologie !
Contrairement à ce que j'avais pensé, Kurtis ne parla pas beaucoup durant le repas, il était étrangement silencieux, ce qui me rendait service d'ailleurs. À la fin, il entama un sujet plutôt surprenant.
- En mon rôle de professeur d'histoire, il est de mon devoir de connaître le lieu où j'enseigne, et saviez-vous que Lancaster est une ville remplie d'histoire ?
- Ah oui ? Répondit ma mère
- Oh oui ! Mais l'histoire n'est pas toute rose ah ah.
- Comment ça ?
- Disons que ces lieux étaient autrefois le centre de guerres froides et sanglantes, parsemées de trahisons et de meurtres.
- Ah ? Et quand ça ?
- Ouah ça remonte à bien des années ! Ça se compte même en siècles !
- Je ne le savais pas ... des histoires de territoires comme toutes les guerres je suppose ?
- Et bien malgré toutes les chances d'avoir des guerres de ce type, non. Celles qui se sont déroulées ici étaient quelques peu ... spéciales. Et je vous dis ça parce que ... enfin, le nom de votre mari est bien Reid ?
Étonnée et curieuse elle répondit affirmativement.
- Je crois bien que ... oui, de mémoire, dans les années 1800 à peu près ou 1810 enfin dans ces environs, un ancêtre de votre mari a participé à ces ... guerres.
- Je l'ignorais ...
- Comme beaucoup ! L'histoire se floute au fil des âges, heureusement que les écrits restent !
- Pou ... Mais pourquoi me dites-vous cela ?
- Il est bon de connaître ses origines, ou du moins je le pense.
Elle prit un air dubitatif.
- Il a raison ... dis-je
Il sourit. Je me devais d'éviter de mauvaises manies du côté de ma mère afin d'éviter d'éventuels problèmes.
- Bon, je ne voudrais pas abuser de votre hospitalité chère madame, mais je dois y aller. Déclara-t-il en se levant
Nous nous levâmes donc.
- J'espère que vous avez passé un agréable moment ! Dit ma mère
- Oh oui madame et votre gratin était succulent ! Pour avoir testé la cuisine italienne je ne peux que vous féliciter !
- Ah ah vous me flattez !
Je poussai discrètement un soupir, la situation me rendais mal à l'aise.
Il ouvrit la porte d'entrée et sortit. Alors que nous le regardions progresser vers l'extérieur ma mère et moi, il se retourna et d'un ton compatissant il dit :
- Ah et au fait, je suis vraiment désolé pour ce qu'ils ont fait à Thomas.
À l'entente du prénom de mon père, ma mère fronça les sourcils et claqua violemment la porte.
- C'est ton prof d'histoire ça ? Un peu trop dans son rôle lui ! De quel droit il fouille dans les histoires de famille ! S'écria-t-elle en se dirigeant vers la table du salon
Je ne savais pas quoi faire, en moins d'une minute j'étais perdu. Comment Kurtis connaissait-il mon père et pourquoi avait-il dit cela ? Ma mère détestait aborder ce sujet. Je la rejoignis pour tenter de la calmer.
Sans prévenir, la porte s'ouvrit sous un fracas pour se claquer contre le mur. Kurtis se trouvait face à nous à environs six mètres, le visage marqué par la colère. Il se propulsa surnaturellement devant ma mère, prit son cou de la main droite et la leva sans difficulté à dix centimètres du sol.
- Non ! Hurlai-je
Je fonçai sur lui, mais il me repoussa d'un simple coup de coude sur le torse, me faisant ainsi tomber à terre.
- Je t'avais averti et tu ne m'as pas écouté.
- Co ... comment ça ?!
Ma mère commençait à ne plus pouvoir respirer, il accentuait la poigne de sa main.
- Tu crois que je suis dupe ? Le téléphone dans ta poche ne t'as pas servit à commander des pizzas, tout comme tu n'as même pas touché à ton ordinateur.
Ses yeux s'illuminèrent, d'une luminosité peu forte.
- J'espère qu'Aurore ne paiera pas le prix de ta bêtise.
- Arrêtes ! Hurlai-je à nouveau
Je pu voir ses yeux s'assombrir, devenir noirs comme les ténèbres, des sortes de veines noires apparurent sous ces derniers le rendant encore plus terrifiant. J'étais impuissant, je subissais, il siphonnait l'âme de ma mère. Je me relevai de toutes mes forces, et lui assénai un coup sur la mâchoire. Il relâcha ma mère qui tomba lourdement au sol, me donna une gifle qui me propulsa à nouveau au sol et se dirigea vers moi. Ma mère se releva, se dirigea rapidement vers la cuisine pour chercher un couteau, mais le désincarné la vit et se propulsa devant elle. Encore impuissant, je le vis la prendre à nouveau par le cou et l'étrangler de toute ses forces avec sa main. La respiration de ma mère ne se fit plus entendre, son regard n'était que terreur et colère et moi, au sol sonné par la gifle qui m'avait fait saigner de la lèvre, je subissais à nouveau une vue d'horreur. Celle d'une personne que j'aime se faire étrangler. La porte d'entrée ouverte, des courants d'air frais pénétrèrent la pièce. J'entendis soudainement un bruit sourd comme si quelqu'un tombait de haut, à bout de force, je commençais à poser ma tête qui devenait lourde sur le sol, ma vision se flouta peu à peu. Quelques secondes suffirent pour que devant moi, deux pieds se présentent sous mes yeux. Je relevai avec difficulté la tête et vis Kurtis de son sourire narquois me contempler, faible.
- C'est dommage, on aurait pu commencer tout ça bien plus calmement. Tu va ne vas pas me rendre la tâche plus facile toi.
Ce fut les seuls mots qui atteignirent mes oreilles avant que je ne sombre dans un profond sommeil.
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