Chapitre 13 | Nouveaux ennuis
Je sortis aussi rapidement que je pus de l'enceinte de l'établissement et me dépêchai de rejoindre la demeure de Gareth. Je courus le plus vite possible sans regarder derrière ; plus j'avançais et plus je devenais parano. Je me disais que le désincarné me suivais et qu'il pouvait sauter sur moi à tout moment. Finalement j'arrivai enfin à destination en courant, passant par le petit portillon blanc déjà ouvert et toquai violemment à la porte. Quelques secondes suffirent pour que Gareth m'ouvre.
- Tu peux me dire pourquoi t'es là ?
- On ... on a un problème ... Répondis-je exténué
Il me lança un regard interrogateur.
- Quel genre de problème ?
- Le ... l'autre ... le désincarné !
Il ouvrit complètement la porte.
- Entre. M'invita-t-il
À peine entré je me dirigeai vers le canapé, toujours disposé face au poêle à bois comme lors de notre dernière rencontre.
- Il se passe quoi avec l'autre désincarné ? Demanda-t-il d'un air plus que sérieux
Je reprenais peu à peu mon souffle, essuyant les quelques gouttes de sueurs qui perlaient sur mon front d'un revers de ma manche.
- Il a commit un meurtre..
- ...
- P... pourquoi il a fait ça ?
- De quelle couleur étaient ses yeux ?
Curieux de la question posée, je répondis rapidement.
- J'ai pas fais attention.
- Ils n'étaient pas noirs ?
- Comment ça noir ?
Il poussa un soupir.
- Tu lui as parlé ?
- Plus que ça même ! Disj-je, il s'est fait passé pour notre professeur d'histoire, et s'est amusé à faire une sorte de cours à la con ... enfin il a menacé des élèves, détruit des téléphones et d'autres choses qui peuvent faire bien plus qu'alerter les forces de l'ordre ...
Il commença à marcher, à tourner sur lui même.
- Co ... comment ça marche ? Demandai-je
- Quoi ?
- Quand ... quand vous aspirez une âme ?
Il me regarda d'un air suspicieux.
- Pourquoi ?
- Parce que ... parce qu'il s'est approché d'une amie, et je ne sais pas ce qu'il lui a fait...
- Il l'a touchée ?
- Non ... je ne crois pas.
- Alors il n'a rien pu faire.
- Mais comment on le voit ?
- Quand un désincarné aspire une âme, ses yeux s'assombrissent et deviennent complètement noirs. Pour certains, il peut arriver de voir leurs yeux s'illuminer, généralement ça arrive aux nouveaux qui ne contrôlent pas encore tout ça.
De plus en plus intrigué, je demandai :
- Pourquoi tout ça ? Pourquoi des yeux illuminés ?
- De ce que je sais, pour un désincarné, illuminer ses yeux est comme ... une sorte d'indicateur. Un désincarné dont les yeux sont très ... lumineux, très rayonnants, signifie qu'il a siphonné beaucoup d'âmes récemment, l'inverse, signifie qu'il s'est abstenu depuis quelques temps ou bien qu'il n'en a pas aspiré tant que ça.
- Et ... à quoi ça sert ?
- Comme je l'ai expliqué auparavant, un désincarné qui a siphonné beaucoup d'âmes voit la sienne ... comme complète en quelque sorte, et cela lui donne un contrôle total de lui-même, ses actions, ses choix, ses mots ... alors que celui qui n'en a pas siphonné tant que ça, voit son âme comme faible, dissipée, et cela lui enlève un certain contrôle de lui-même, incluant ses choix et ses actes..
- Et ... quand un désincarné n'a plus ... n'a plus d'âme ?
- Il tombe dans la véritable nature d'un désincarné, il n'est plus lui même, ne ressent plus rien, n'a aucune règle morale, aucun principe, sa seule occupation est son seul divertissement, tuer.
- C'est ça un désincarné ? Tuer des gens pour le plaisir ?
- À ce stade là ce n'est plus un désincarné, mais un véritable faucheur.
Plus notre discussion avançait et plus les révélations que me faisait Gareth me terrifiaient.
- Et tu ... tu penses que c'est un ... faucheur ?
- Celui-là ? Je ne sais pas ... mais s'il a réellement fait ce que tu as dit, je ne pense pas. Tu connais son nom ?
- Non...
- Il ne s'est pas présenté ?
- Enfin si ... il a dit s'appeler Warren.
- Son prénom ?
- C'est son nom de famille, il s'est présenté en tant que professeur seulement.
Il s'assit dans le fauteuil à côté de moi, posa son coude sur l'accoudoir et mit son menton contre son poing.
- Il est avec ton ami ? Li ... Eliot ?
- Il est avec une amie devant ...
- Devant ?
- Il est devant ... le meurtre ..
- Comment c'est ?
- C'est ... plutôt sanglant .. .en fait je crois que ça restera dans ma tête à vie... confessai-je les mains tremblantes
- Rassures-moi tu ne les a pas abandonné comme ça ?
- Ils appelaient la police.
- Et ils vont leur dire quoi ?
- On a juste découvert la scène du cri...
- Quoi ?
- Oh non...
Je me levai brusquement du canapé.
- Quoi ? Insista Gareth
- Mon ... mon amie, elle va sûrement rapporter le désincarné aux forces de l'ordre...
- Elle l'a vue ? Elle peut le décrire physiquement ?
- Il l'a approché à moins de .. cinq centimètres à peine !
Il se leva à son tour.
- Et tu n'as pas réfléchis ! Si les policiers s'en prennent à lui ... il va y avoir un massacre.
Ces mots sonnaient comme une apocalypse, et pourtant ça n'en était pas loin. Si le désincarné tuait sans raisons, et qu'il avait commencé par deux personnes importantes du lycée, il n'aurait certainement aucun scrupules à tuer des policiers. Nous sortîmes et courûmes tous les deux à toute allure, heureusement que je venais tout juste de reprendre mon souffle, autrement je me serais écroulé sur le sol même. Nous rejoignîmes le lycée assez rapidement, pénétrâmes dans l'enceinte de ce dernier ; je pris les devants et me dirigeai dans les couloirs qui menaient tout droit au bureau du CPE, là où j'avais laissé mes deux amis.
Malheureusement il était trop tard, je vis trois grandes banderoles jaunes qui délimitaient la scène du meurtre, et plusieurs hommes en uniformes qui devaient être de la police. J'aperçus Aurore qui parlait avec un d'entre eux. Je me dirigeai alors rapidement dans sa direction, et coupai la conversation.
- Hum excusez moi. Dis-je au policier, viens avec moi. Dis-je à mon amie
Sans discuter, je la pris légèrement par le bras pour insister sur le fait que c'était important. Je l'emmenai auprès de Gareth.
- Bon hum...tu lui a dis quoi au policier ? Lui demandai-je
- Attends ... t'étais où toi ?
- Avec moi. Répondit Gareth.
Elle fronça les sourcils.
- Je suis Gareth.
- Ah ..
- Oui enfin bref, tu lui a dis quoi ? M'impatientai-je
- Bah ce que je suis censée lui dire, qu'on a découvert les corps et qu'un taré a commit tout ça.
- Tu l'as décris ?
- Qui ça ? Le fou ? Bah oui ! Attends le mec était sur le point de me toucher, j'ai pas hésité à le décrire le plus possible !
Gareth soupira.
- Pourquoi j'ai l'impression que vous n'êtes pas d'accord avec ça ?
- Non non ... ce ... c'est rien dis-je. Juste ... juste arrêtes de parler au policier, on s'en va.
Avant de tourner le dos au lieu, je jetai un dernier rapide coup d'œil.
- Où est Eliot ? Remarquai-je
Elle se retourna, et chercha à son tour.
- Je ne sais pas il était là y'a même pas cinq minutes...
Je regardai à nouveau autour de nous, mais je ne le vis pas. Je sortis mon portable et décidai d'appeler mon ami pour savoir où il était. Il était pourtant censé rester avec Aurore. Un étrange bruit provint de mon amie.
- Que ... ?
Elle sortit de la poche de sa veste un téléphone. C'était celui d'Eliot.
- Tu ne le lui a pas rendu ?!
- Je .. je croyais que si ... j'ai pas dû faire attention, j'ai dû le mettre dans ma poche en pensant que c'était le miens après avoir appelé la police... Confia-t-elle
- Oh non ... Il t'a pas dit qu'il partait ?
- Non non ! Il était derrière moi depuis que t'étais partis !
- Bon on s'occupera de ça plus tard. Coupa Gareth, mieux vaut partir d'ici, je ne donne pas vingt-quatre heures avant que l'établissement ne ferme le temps de l'enquête.
Nous nous dirigeâmes en direction de la sortie de l'établissement. Alors que nous marchions, je n'arrêtais pas de penser à la situation dramatique qui se dressait devant nous. Pour la première fois de ma vie, j'avais vu une scène de crime qui plus est, incluait le principal de mon lycée. Mais le plus perturbant dans tout ça, c'était que j'étais pratiquement sûr de connaître le coupable, sauf que je ne pouvais rien y faire. Je ne savais même pas si Gareth allait continuer à accepter le fait qu'on lui parle, car cette histoire remettait toute sa discrétion en jeu ; sans parler du fait qu'un deuxième désincarné qui savait exactement qui nous étions traînait dans les parages.
Une fois à l'extérieur de l'établissement, Gareth donna une simple consigne à mon amie.
- Toi, pour ta sécurité et pour ton bien, dit-il en la regardant dans le blanc des yeux, tu va rentrer chez toi, fermer la porte à clé, avertir tes parents de la situation et ne surtout pas sortir de ta maison avant que ton ami ici présent ne t'appelle.
Surprise par le conseil qui sonnait comme un ordre, elle me regarda d'un air inquiet. J'hochai la tête en guise de signe pour lui dire de faire confiance à Gareth, suite à ça elle me sourit brièvement et tourna les talons pour retourner chez elle.
- C'est elle ? Me demanda-t-il
- Quoi ?
- C'est cette fille qui a parlé au désincarné ? C'est ton amie ?
- Oui c'est elle et oui c'est mon amie. Et j'aimerais affreusement éviter qu'elle ne soit mêlée à tout ça.
- Et le mieux serait que toi et ton ami vous en écartiez également. Ça vous dépasse largement.
- En ... en parlant d'Eliot, c'est pas normal qu'il parte sans son portable comme ça...
- Il avait quelque chose à faire ?
- Non justement, je lui avais juste dis de rester avec elle.
Il grommela quelque chose d'inaudible.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Je sais que tu y penses aussi. Le désincarné est parti loin après vous avoir parlé ?
Je devenais de plus en plus inquiet.
- Je ne sais pas.
- Et merde ! Grogna-t-il, pourquoi il l'aurait kidnappé ?!
- Comment ça kidnappé ?! Demandai-je
Il prit un air effaré.
- Je préfère penser ça qu'autre chose figures-toi.
Mon sang se glaça. Je n'avais pas une seule seconde pensé que le désincarné pouvais s'apprêter à faire du mal à Eliot.
Il se tourna vers moi, me posa sa main sur mon épaule et me regarda dans le blanc des yeux.
- Il vous a dit quoi exactement ?
- Je ... je sais pas. Il a semblé vachement cynique et arrogant, confiai-je
- C'est la seule impression qu'il t'as laissé ?
Je repris lentement mes esprits, tentai de me calmer et de cesser mes tremblements qui dominaient mes deux mains.
- Il a bien dit une chose, mais c'est flou.
- Développes.
- Eliot lui a demandé, sûrement sous le coup de la colère ce qu'il voulait.. et puis il a répondu un truc comme "tout". Il était vraiment malsain...
- Ça ne nous aide en rien tout ça. Déclara-t-il. Tu sais quoi ? Rentres chez toi aussi.
- Et Eliot ?!
- Je vais m'en occuper...
- P .. pou ... pourquoi toi ? C'est mon ami avant tout ! Déjà pourquoi tu nous aiderais hein ?
- Calmes toi. Si tu te ressaisi un peu, tu verrais que je n'ai rien enclenché de tout ça.
Mes mains tremblèrent à nouveau.
- Rentres chez toi. Ne sors pas, attends un signe de ma part.
- Mais...
- Fais-le. M'ordonna-t-il en insistant du regard
Sans broncher, je me retournai et retournai chez moi. J'étais à la fois inquiet, fou de rage et désemparé. Je ne savais absolument pas où était mon meilleur ami, je n'avais aucune solution pour y remédier, et j'étais en danger.
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