Chapitre treize
XIII
-Aïe ! Geimissa Harry
Je me mordis la lèvre inférieure. C'est de ma faute. Je jetai la cinquième compresse remplie de sang dans la poubelle pour en ressortit une et l'imbibai de désinfectant. Son nez devenait violet.
Bien jouée, Emma
-Grace... soupira-t-il.
J'appuyais un peu plus sur sa blessure pour le faire taire. Le jeune homme gronda de douleur, bizarrement le voir dans cette situation me rendait d'un côté heureuse.
Je jetai la compresse dans la poubelle puis regardai mon fiancé. Il était mal en point, je ne pouvais pas le nier, j'avais l'irrésistible envie de l'embrasser, pensant que ceci pourrait le soulager.
-Je ne souhaitais pas te faire mal, Grace...
-Tais-toi, lui ordonnai-je
Je n'arrivais pas à paraître autoritaire, le sourire en coin que j'avais me trahissait. Harry lâcha un léger rire puis s'arrêta.
-Je crois que je ne suis plus vraiment l'invité d'honneur à leur mariage...
-Elle n'avait pas à te menacer
-Ne la défends pas
C'est vrai... Pourquoi je la défends ?
-Tu as encore trois jours pour te faire pardonner, lui dis-je sans refléter la moindre émotion
-Et au prêt de toi ?
Dès que son regard croisa le mien, je baissai instinctivement la tête. Je n'en ai aucune idée. Je regardais Harry qui haussa des épaules en s'excusant pour la centième fois.
Je rangeais les produits de soins dans la salle de bains puis m'y enfermai. Les mains appuyées sur le bord du lavabo, je scrutais mon reflet.
Je soupirai silencieusement puis m'appuyais contre le mur en face du miroir en faisant tourner la bague de fiançailles qui était sur mon annulaire gauche. Puis lentement mon regard se dirigea vers la trace, elle avait presque disparu.
J'en voulais terriblement à Emma d'en avoir fait toute une histoire.
« Même ne colère Zayn ne me toucherait pas »
Bordel. Je ne suis plus sûre de rien. Ma tête tourne. J'ai besoin d'un cachet d'aspirine. Je sortis le médicament du placard et l'avalai accompagné d'un verre d'eau bien frai. Après m'être désaltéré, je sortis de la salle de bains puis me dirigeai vers mon placard.
Je sortis de là, une valise et des vêtements pour une semaine. Harry avait choisi ce moment pour entrer dans la chambre. Il paraissait paniqué en voyant ma valise.
-Je me rends à Londres pour le mariage, je vais prendre un hôtel et on se rejoindra là-bas.
-Grace...
-Il n'en est pas question Harry ! Tu vas venir à ce putain de mariage sans broncher, tu vas sourire pour les photos et faire de la journée de Zayn un jour parfait, est-ce clair ?
-Limpide
Mon soudain excès d'autorité me surprenait, le bouclé se retenait de sourire. Je pris ma valise et la fis rouler jusqu'à l'entrée.
Après avoir enfilé mon manteau ainsi que mes chaussures, je pris l'enveloppe et en sortis l'invitation.
-À samedi, dis-je en quittant l'appartement.
Je refermais la porte derrière moi, un soupir de soulagement éclata. Mes muscles se décontractèrent et ma respiration, qui était auparavant irrégulière revint à la normale. Je sortis de mon sac à main mes clés de voiture, puis quittai le bâtiment.
Une fois la valise dans le coffre. J'entrai dans ma voiture prête à rejoindre la splendide ville qu'est Londres. Le mariage d'Emma me réjouit, mais d'un autre côté, il me terrifie.
...
Nous étions le jour J. Le matin même, je m'étais réveillée à l'aube. Ma robe de demoiselle d'honneur m'avait été livrée tôt dans la soirée d'hier.
Malgré les nombreux appels de mon père, je ne le rappelais pas. Ses messages vocaux remplissaient ma boîte vocale. Ses trois derniers jours n'ont été que détente, je n'avais jamais été aussi heureuse depuis longtemps.
Les mains tremblantes, je saisis mon sac ainsi que ma robe protéger d'un sac noir et sortis de l'hôtel. Je rejoignis ma voiture rapidement puis démarrai la voiture pour me rendre à l'hôtel d'Emma.
Mon téléphone se mit à sonné. Quand on parle du loup...
J'enclenchais le haut-parleur puis lançai d'une voix joyeuse :
-Bonjour, très cher futur mariée
-Oh mon dieu Grace, je fais une crise de panique, le fleuriste ne peut me livrer les fleurs qu'une demie-heure avant la cérémonie, je panique et j'ai l'impression que je ne peux pas entrer dans ma robe... Aïe !.... Mais bordel faites attention Gretha!... J'ai besoin de toi, immédiatement ! Me supplia la jeune femme
Je me retenais de rire
-Je suis en route, je me gare en bas de ton hôtel
-Chambre 392 ! hurla-t-elle avant de raccrocher.
Je garai ma voiture dans le parking de l'hôtel quatre étoiles puis me dépêchai de monter les escaliers.
Une fois arrivée à l'étage, je me mis à cherché la chambre 392, le grand couloir au mur capitonné me donnait le tournis. Je soupirai de soulagement en voyant le chiffre apparaître puis frappai quelques coups sur la porte en pin blanc.
Emma s'empressa d'ouvrir la porte, elle était resplendissante, mais son visage était crispé par la colère et la tristesse.
La jeune femme me regarda puis s'écroula dans mes bras en pleurs. Je saluai une des domestiques qui ne bougeait pas. Elle répondit timidement à mon geste et se remit tranquillement à ses occupations.
-Je veux mourir, geint-elle entre deux sanglots
-On va aller parler à l'intérieur si tu veux bien, tu m'écrases Emma.
-Excuses-moi
La future mariée se ressaisit puis me fit entrer dans sa suite princière. Tout paraissait pourtant tellement parfait.
-On a passé deux mois, jours et nuits sur ce mariage. Six cents couverts, des orchidées à chaque centre de table, des roses à celles des mariés. Et ce putain de plan de table qui me plomb la journée ! Tante ne veut pas s'asseoir aux côtés de mon oncle, qui est son ancien compagnon, pour je ne sais quelle raison débile ! Et le gâteau ! Dit-elle en écarquillant les yeux. C'est une pure catastrophe ! Ils ont marqué Emma avec un « H » et Zayn avec un « I » mais bordel comment on peut être aussi imprudent ! Je ne comprends pas ! Pourquoi m'a-t-on dit que ce sera le jour le plus merveilleux de toute mon existence ?! C'est stressant, je tremble, je ne rentre même plus dans ma robe que j'ai fait faire sur-mesure il y a moins de deux semaines de cela ! Je n'ai mangé que des fruits et des légumes pour paraître parfaite...
-Mais tu l'es, souris-je après son interminable monologue
-Bien sûr que je le suis
Je ris face à sa fierté d'elle-même.
-Mais le problème, c'est le décor !
Elle soupira, pendant quelques secondes, j'ai bien cru qu'elle allait se remettre à pleurer, mais ses yeux se remplirent d'espoir et Emma se leva d'un bond puis courra à son téléphone.
-Madame, soyez raisonnable, Monsieur Zayn, vous a interdit de l'appeler, il souhaite respecter les traditions
La dame lui retira le téléphone des mains sans lâcher son regard puis reprit sa respiration. Emma devenait rouge de colère. Je me levai rapidement et déposai mes mains sur ses épaules dénudées.
-Je vais m'en occuper, je vais aller chercher les fleurs chez le fleuriste et je ferais un léger changement sur le plan de table
-Et le gâteau ? Demanda-t-elle en retrouvant le sourire.
-Je ferais de mon mieux ?
-Tu es la meilleure Grace
Son bonheur était contagieux. Je souriais, la jeune femme me sauta au cou en laissant quelques larmes de soulagement glisser sur ses joues roses. Je desserrai notre étreinte puis pris mon sac ainsi que mon manteau.
-Détends-toi, je te rejoindrais vers quinze heures un peu avant le début de la cérémonie. Je te veux joyeuse et magnifique compris ? Lui dis-je sur un ton autoritaire
-Oui, madame
...
Vers quatorze heures trente, je sortis enfin de chez le pâtissier. Je courus vers ma voiture qui traînait derrière elle un chariot remplit de fleurs.
Le temps s'améliorait au fil des heures. Je démarrais rapidement la voiture puis la conduisis jusqu'au Park Plaza Riverbank. Les invités n'étaient pas encore arrivés. Je soupirai de soulagement puis sortis de mon véhicule.
Je défis le chariot puis le fis rouler jusqu'au portail. J'ai une demi-heure à peine pour tout décorer avec ses orchidées.
Je sentis une main se poser se mour épaule et le chariot lâcher. Merde. Je fis brusquement volte-face. Harry tenait le chariot en souriant.
-Besoin d'aide ?
-Tu t'y connais en décoration de fleurs ?
Il rit, son sourire me rendit le sourire.
-Non, absolument pas
-Alors on est deux...
Le jeune homme commença à prendre quelques fleurs et à orner les chaises. Je souris en voyant à quel point il était minutieux.
Après quelques secondes de répit, je le suivis. Je me demande s'il avait discuté avec Emma ?
-Je pensais que nous allions nous rejoindre à l'hôtel, que fais-tu déjà ici ? Lui demandai-je
-J'ai discuté avec Emma et je suis allé voir Zayn, bordel, il stresse comme un gamin, rit-il
-Et alors ça a donné quoi avec Emma ?
-D'abord, elle m'a claqué la porte au nez en me hurlant que ce n'était pas le moment de la faire chier, puis après mon long monologue devant la porte, elle a fini par m'ouvrir et elle s'est presque écroulée en pleurant.
Je luis fis un faible sourire. Enfin une bonne nouvelle. Son nez n'avait pas l'air de le faire souffrir, mais la couleur violette qui le recouvrait n'était pas belle à voir.
Après avoir déposé la dernière fleur. Je regardais rapidement ma montre : 14:43. Emma.
-Faut que j'aille voir Emma, ma robe est là-bas ! Dis-je en panique.
Je vis la première voiture se garer devant le lieu de cérémonie. Je courrai vers l'hôtel puis entrai en trombe dans la pièce où se trouvait ma meilleure amie. Mon cœur s'arrêta presque de battre quand je la vis dans sa robe de mariée. Elle était tout simplement splendide.
Les bijoux dans ses cheveux se voyaient à peine. Elle me souriait les larmes aux yeux en murmurant « ça y est... ». Gretha monta sur un estrade puis lui mit la touche final, le voile.
Je pouvais deviner qu'elle frissonnait. Je fermai la porte derrière moi puis m'approchai de la jeune femme.
-Madame, dis-je en m'inclinant
-Future madame, je ne le suis pas encore, sourit-elle
Son sourire disparu soudainement. Je pris ma robe puis commençai à me déshabiller, je n'ai pas le temps de rentrer à mon hôtel.
-Et s'il disait non Grace ? Me demanda-t-elle paniquée. Si finalement, il ne voulait pas de moi ? On se marie jeune et s'était presque sur un coup de tête. On a tout préparé en deux mois et le stress de tous les préparatifs a créé de nombreuses disputes. S'il avait changé d'avis ?
Je remontais lentement la fermeture de ma robe rose pâle en me regardant dans le miroir. Je baissai la tête. Je suis censée répondre quoi moi ?
Je me retournai vers la mariée en acquiesçant un léger sourire.
-Il ne dira pas non Emma, lui dis-je d'un ton sûr
L'étudiante me serra aussi fort que possible dans ses bras. Je souris contre sa peau.
-Aller, Emma, il faut y aller
Emma passa l'une de ses mains dans mes cheveux indisciplinés puis passa la porte suivit de mes pas. Au bout du couloir se trouvait son père, il avait les larmes aux yeux. Je n'avais encore jamais rencontré ses parents.
Après de brèves présentations, je passais en première pour rejoindre mon poste. Tout le monde était déjà présent. Je me redressai en souriant à Harry qui était juste devant moi. Niall, Liam et Louis se tenaient à côté. Ils portaient tous le même costume beige. Tous étaient en cravate sauf Harry qui portait un simple nœud papillon.
Je lui souris puis regardais à mes côtés, quelles demoiselles d'honneur m'accompagnaient. Je reconnus brièvement l'une de ses cousines qui étaient sur l'une de ses nombreuses photos familiales chez Emma.
La troisième demoiselle d'honneur m'était inconnue. Je fronçais des sourcils en voyant la dernière. Jamie ?
Elle me fit un faible sourire puis regarda le sol. Sérieusement ? Qu'est-ce qu'elle vient foutre ici ?
La musique clichée de tous les mariages résonnait dans nos têtes. Zayn se mit en place souriant. Ses quatre amis lui firent un clin d'oeil. Soudainement, son visage s'éclaira. Je suivis son regard puis découvris Emma, le voile rabattu sur son visage souriant.
Alors ça ressemble à ça ? Je regardais Harry qui me fixait déjà avec un sourire en coin.
Dès qu'Emma arriva à la hauteur de Zayn son père la lâcha. Elle prit les mains de son futur époux en lui murmurant quelque chose.
Ils paraissaient heureux.
...
Je regardais le dernier invité partir alors qu'une message d'Emma fit sonner mon cellulaire. J'étais assise sur une chaise devant l'hôtel de mariage. Les pétales de rose recouvraient toujours le tapis rouge qui était dressé sur le sol.
La nuit était déjà tombée depuis longtemps, il devait être minuit passer, seuls les lampadaires éclairaient le lieu de mariage. Je n'arrivais pas à penser à autre chose qu'à Harry.
Louis l'a ramené à notre chambre d'hôtel à cause de son excès d'alcool. A part ça, tout avait été parfait, Emma rayonnait de bonheur aux côtés de son époux et les invités étaient repartis ravis.
J'allumais mon téléphone sachant ce que disait le message.
De : Emma
Nous sommes arrivés à l'aéroport, je ne sais toujours pas où nous allons, il va me bander les yeux et me boucher les oreilles... J'espère que tu vas bien et que Harry n'aura pas trop mal à la tête demain ! Encore félicitation pour le bouquet, le prochain mariage que l'on organisera sera le tien.
Prends soin de toi,
Emma
Je pris le bouquet de roses blanches entre mes mains et le jetait sur la route avant qu'une voiture ne passe et l'écrase. Je repris doucement ma respiration, tout cela ne me ressemble pas... Je ne me reconnais plus.
Je sursautai quand deux mains se posèrent délicatement sur mes épaules dénudées. On gros manteau les réchauffèrent, ce qui me tira une fois de plus de mes rêveries.
Je regardais Niall qui s'assit devant moi en soupirant. Il fixait l'horizon.
-Tu pensais à quoi en jetant se pauvre bouquet de fleurs sur la route ? dit-il d'un ton inquiet.
-Je n'arrive plus à me projeter dans l'avenir avec Harry
-Votre relation a toujours été au jour le jour, tu n'arriveras jamais à te projeter avec lui dans l'avenir.
-C'est bien ça le problème, je doute sur notre mariage. Je n'arrivai pas à m'imaginer, lui dire oui, ni même avoir des enfants avec lui...
-Vous êtes encore trop jeunes Grace
-Je pensais à lui rendre la bague
Son regard était pesant, tout comme le silence, je savais que son souffle, c'était coupé. Il doit penser que je suis folle, ou même bourrée.
-Grace, si tu fais ça-
-Je sais, tout sera fini entre nous, mais je crois que ça l'est déjà depuis bien longtemps, depuis que nous sommes venus vivre ici...
Niall déposa sa main chaude sur la mienne gelée. Je pleurais à chaudes larmes. Mon meilleur ami me prit dans ses bras en tentant tant bien que mal de me résonner.
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