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Chapitre 8


Je marque un temps d'arrêt. Parce que dans l'encadrement de la porte d'entrée se tient Marvyn.

Je le fixe, sidérée qu'il soit venu jusqu'ici. Jenna est là aussi, bras croisés.

— Qu'est-ce que tu veux ? demande-t-elle abruptement.

Il l'ignore royalement. Il a les yeux rivés sur moi et sur la cicatrice qui s'étend de ma tempe à la racine de mes cheveux.

— Tu ne répondais plus à mes appels, donc je suis venu. Désolé, chuchote-il en approchant la main de ma tête avant de la retirer d'un geste brusque. Je ne pensais pas que...

— Je sais. Qu'est-ce que tu veux ?

— Je te l'ai déjà dit au téléphone. J'ai une proposition à te faire. Je...

— Excusez-moi, mais de quoi est-ce que vous parlez ? interrompt Jenna.

Je tente de lui expliquer du mieux que je peux la situation. Une lueur s'allume dans son regard lorsque je lui confie l'identité de Marvyn.

— OK. Donc, tu as une proposition pour Shimizu. Quel genre ?

— Du travail. Plus ou moins.

— Pourquoi elle et pas une autre Déshydratée ?

— Parce que c'est précisément Shimizu qui m'intéresse. J'ai une dette envers elle. C'est à cause de moi qu'elle est ici.

Elle plisse les yeux, comme si elle cherchait à le sonder. Elle hoche la tête et nous demande de la suivre. Elle nous amène au salon. Ça peut paraître stupide, mais qu'il y ait un Hydraté dans la pièce me mets curieusement mal à l'aise. Il jette un coup d'œil écœuré au canapé avant de s'y asseoir sous le regard insistant de Jenna. Je m'installe dans un fauteuil, le plus loin possible, tandis que Jenna prend place à côté de lui.

–- Alizée, laisse-nous, lance-t-elle à la rouquine qui nous a suivie.

Il y a un long moment de silence, et je me mets à compter les secondes. Vingt-et-un, vingt-deux... Puis Jenna prend la parole, visiblement agacée par le comportement du jeune homme.

— Donc ? Tu as un job pour Shimizu ?

— J'aimerais lui parler seul à seul.

— Non. Je suis sa chef d'étage, je suis responsable d'elle, et ton offre ne passe pas par Eau-emploi. Donc, je r... Donne-moi ton arme. Tout de suite.

À contrecœur, il sort un pistolet de derrière son dos. J'ai un mouvement de recul, mais Jenna le lui arrache des mains.

— Alors ? Ta proposition ?

Il me détaille un instant. Mon cœur bat à toute rompre dans ma poitrine. Un travail. De l'eau. Il prend une grande inspiration.

— Comme vous le savez toutes les deux, un Déshydraté a un an pour retrouver du travail. Ou, dans ton cas, Shimizu, en trouver. Passé ce délai, il perd tout. Effets personnels, maison, honneur, considération sociale, accès à certains métiers...

— Je sais, c'est bon. Pas la peine de me faire toute la liste.

— Tu as eu dix-sept ans au début du mois, j'ai vérifié. Donc il te reste un an avant ta majorité.

— Oui. Et ?

— En théorie, il faudrait que tu trouves un boulot avant tes dix-huit ans.

— Exact.

— J'aimerai que tu travailles pour moi.

Il y a un silence. Un vide dans ma tête. Passé l'instant de stupéfaction, une nuée de questions me vient aux lèvres.

— Pour... toi ?

— Oui. Pour moi. Pendant un an. Je ne pourrais pas t'offrir un salaire mensuel, pour ne pas attirer l'attention de mon père, ce qui veut dire que tu devras rester vivre ici. Mais je te jure que je te payerai, je placerai ton eau sur un compte et tu pourras l'utiliser dans un an.

— Donc... qu'est-ce que j'y gagne ? Comparé à une vie de Déshydratée ? D'autant plus que si ça ne dure qu'un an, je serais sans travail après mes dix-huit ans. Même si tu me payes, comment est-ce que je fais, après, pour trouver un emploi ?

— J'ai tout arrangé. Tu pourras reprendre tes études après, dans un an. Et même passer ton bac en candidat libre à la fin de l'année prochaine.

— Pourquoi est-ce qu'elle ne pourrait pas reprendre ses études tout de suite, dans ce cas ? intervient Jenna.

J'approuve.

— C'est la procédure. Croyez-moi, j'ai essayé. Mais ton lycée ne veut pas te reprendre.

— Quoi ?

— Ton lycée ne veut pas te reprendre. Ou du moins, ne peut pas. Et l'Eau-méga ne peut pas réintégrer une Déshydratée dans le système scolaire, d'autant plus que les inscriptions pour l'année prochaine ont déjà été faites.

— OK. Merci d'avoir essayé.

Il y a un moment de silence gêné.

— Et... En quoi ça consisterait, ton boulot ?

— Je ne sais pas.

— Tu ne... sais pas ?

— Non. Je veux te protéger de mon père, Shimizu. C'est tout.

— Je ne comprends pas. Qu'est-ce qu'il me veut exactement ? Pourquoi moi ?

— Il hait les Déshydratés, Shimizu, et tu es entré dans sa propriété et volé son eau.

— Mais toi, tu n'en as pas après moi alors que...

— Je ne suis pas mon père. Moi, je veux juste t'aider.

— Tu veux juste m'aider, mais tu ne fais qu'empirer les choses à chaque fois que je te croise. C'est quoi ton problème, sérieusement ? Pourquoi est-ce que je devrais te faire confiance ?

Il ferme les yeux.

— Je ne sais pas. Mais crois-moi, je n'ai jamais voulu te blesser.

— Raté.

Un sourire s'esquisse sur les lèvres de Jenna.

— Si je comprends bien, tu lui proposes un boulot sans savoir ce dont il s'agit ?

— En fait, j'ai une idée. Je me débrouillerais pour te déclarer comme faisant partie de mon personnel, mais...

— De ton personnel ? je coupe.

Honnêtement, l'idée ne m'enchante guère. Être au service d'un gosse de riche, quel magnifique travail.

— Officiellement uniquement.

— Et officieusement ?

— J'aimerais que tu sois juste mon amie.

Je manque d'avaler ma salive de travers.

— Tu vas me payer pour me forcer à devenir ton amie ? Sérieusement ?

Il acquiesce. C'est trop pour moi, je me mets à rire. C'est la première fois que je ris depuis qu'Everest m'a lâchement abandonnée

— Écoute-moi, je t'en prie. Si tu es ici, c'est de ma faute. Je m'en voulais de ne pas t'avoir autorisé à boire davantage, et ensuite j'avais peur que tu meures par ma faute...

— Mais des tas de gens meurent par ta faute ! s'écrie Jenna. Des tas de gens meurent parce que toi tu as de l'eau, des milliers de litres à ta portée et que si le système était plus juste, si tu en avais moins, eux en auraient assez pour vivre. Mais non, tu leur prends tout sans t'en rend compte, espèce d'enfoiré de gosse de riche ! On t'offre tout, et les autres n'ont rien. Et finissent par crever de soif.

Il tressaille. Cependant, il poursuit sans se formaliser de l'interruption :

— J'avais peur que tu meures. Je me suis dit que tu aurais plus de chances de survie ici. Alors j'ai tout balancé à mon père. Ça m'a rendu malade, je te jure.

Je plante mes yeux dans les siens. Ils oscillent entre le marron et le vert

— Tu... tu serais d'accord, alors ?

Je hausse les épaules.

— Combien tu me payerais ?

— Cinq cents litres.

— Par an ?

C'est la moitié ce que je gagnais en un an jusqu'ici, avec mes résultats scolaires. Ce n'est pas beaucoup, mais si je reste vivre au Phare, c'est plus que ce qu'il ne me faut.

— Non. Par mois.

Je me fige.

— Tu n'es pas sérieux.

— Je ne peux pas faire plus. Je suis désolé. C'est presque l'intégralité de mon argent de poche.

À côté de moi, Jenna se lève d'un bond.

— Quoi ?

— Je ne peux pas faire plus, je suis désolé.

Je le regarde avec des yeux ronds.

— Ce n'est pas ça que je te reproche, espèce d'idiot ! lance la chef d'étage.

— Alors qu'est-ce que tu me reproches ?

Je soupire.

— C'est la moitié de ce que je gagnais en un an, Marvyn. Et tu me proposes ça en un mois ? Tu te rends compte ? Même cinq fois moins, ça me suffirait largement.

— Donc... ça te va ? J'avais peur que ce ne soit pas assez pour te convaincre.

— Évidemment que ça me va.

Jenna lui jette un regard dégoûté.

— Cool. Super. Viens chez moi demain matin, alors. Tu sais encore où c'est ?

— Oui.

Il me tend la main, comme pour scellé notre accord, quand soudain une pensée me traverse.

— Ton père... il sera là ? S'il me voit...

— Tu seras à moi – pardonne-moi l'expression. Il ne pourra rien te faire. Je te protégerais.

Je n'ose pas lui dire qu'il ne fera jamais le poids face à lui.

— Demain matin, neuf heures ?

— Et si après réflexion je ne viens pas ?

— Alors tant pis pour toi. Fais comme tu veux. Mais je t'offre une chance dont beaucoup rêveraient.

Il sort de l'appartement. Sourire aux lèvres, Jenna me montre le pistolet qu'elle tient toujours dans la main.

— Tu l'as gardé.

— Bien vu.

— Il va le demander.

— En attendant, ça peut toujours servir.

Je penche tête sur le côté.

— Je croyais que les armes étaient interdites au Phare ?

— Elles le sont. Sauf quand il s'agit de nous défendre. J'en ai un carton plein dans ma chambre.

— C'est vrai ?

Pour toute réponse, elle me guide jusqu'à sa pièce et tire une boîte de sous son lit. Elle sélectionne une arme et me la tend. Je recule.

— Prends-la.

— Mais...

— Prends, je te dis ! Elle est pour toi. Si jamais les choses tournent mal, demain ou un autre jour, je veux être sûre que tu pourras te défendre.

J'obtempère. En quelques phrases simples, elle m'explique le fonctionnement.

Mes pensées vagabondent vers Marvyn, et je ne retiens que la moitié des informations. De toute façon, je ne compte pas l'utiliser. Je lui rends l'arme.

— Jenna... Je ne suis même pas certaine d'accepter. C'est ridicule.

Elle fourre d'autorité l'arme dans mes mains.

— Tu vas y aller, Shimizu. Tu ne peux pas rêver de mieux, et j'ai besoin de ton aide. Il faut que tu y ailles. Fais-moi confiance.

— Tu as besoin de mon aide ?

— La brigade où travaille père de ce charmant imbécile n'aime pas les Déshydratés. Un jour, ils nous anéantiront. Et tu pourras nous avertir avant qu'une catastrophe n'arrive.

— Pourquoi est-ce qu'ils...

— Les choses changent. Tu ne t'en aperçois pas parce que tu es nouvelle. Mais bientôt, ils trouveront un moyen de nous chasser d'ici. On leur coûte trop cher. Nous sommes neuf milliards sur Terre. Nous sommes quatre milliards de Déshydratés. Nous sommes trop nombreux, l'eau est de plus en plus rare Ils ne peuvent pas se permettre de nous offrir quelques précieux centilitres gratuitement, et ils ne parviennent plus à créer des emplois pour tout le monde. On est dans la merde, Shimizu. On commence à marcher les uns sur les autres, à crever de soif, de faim, de désespoir. Bientôt, ils ne parviendront plus à nous contrôler. Ils vont nous buter.

— Ils ne peuvent pas nous tuer juste parce qu'on est trop nombreux et qu'on leur coûte trop cher ! je m'insurge.

— Il fallait que tu te concentres sur mon avant-dernière phrase, en fait.

— Ils ne parviendront plus à nous contrôler ?

Elle hoche la tête.

— Encore une fois, jusqu'où serais-tu prête à aller pour survivre ?

Elle me plante là. Mes doigts se referment sur la crosse de l'arme. Jusqu'où serais-je prête à aller pour survivre ?

Une pensée passe dans mon esprit à une vitesse fulgurante – trop pour que je puisse la saisir.


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Le chapitre est long, mais c'est essentiellement du dialogue. Néanmoins, je trouve qu'il y a un truc bizarre avec ce segment, si vous pouvez éclairer ma lanterne... ^^ C'est peut-être le trop-plein de dialogues.

Stay tuned ! Something is coming...

Jusqu'où seriez-vous prêts à aller pour survivre ?

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