Chapitre 23
Désolée, suite à de gros problèmes techniques et à un manque de temps, j'ai eu du mal à écrire...
Ce chapitre a donc entièrement été rédigé sur mon téléphone, je vous prie donc de bien vouloir excuser les fautes d'orthographes, bugs de correcteur orthographique, répétitions, incohérences etc. N'hésitez pas à les signaler par commentaires ;-)
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Le bruit de la porte s'ouvrant doucement, succession de grincements furtifs, me fait ouvrir les yeux. Un rai de lumière jaunâtre se glisse sur le linoléum gris. La trace se brouille tandis qu'une silhouette se faufile dans la cellule exigue.
— Shim ?
Je me redresse d'un coup, si vite que la tête me tourne. Un complexe mélange de colère et d'amour me traverse.
— Marvyn.
En quelques enjambées, il est à mes côtés. Ses bras entourent ma taille. Je reste un instant là, hébétée, à respirer son odeur. Puis une flambée de haine monte à l'intérieur de mon être lorsqu'il reprend la parole.
— Je suis tellement désolé, je...
— J'en ai assez de tes excuses ! Ma vie est foutue, je n'ai jamais rien demandé de tout ça, tu comprends ? Tu peux aller te faire...
— Chut ! Bordel j'essaie de t'aider, parle un peu moins fort.
Un rire sans joie sort de mes lèvres.
— Tu as toujours essayé de m'aider, je te signale ! Et tu as vu où ça m'a mené ?
— Ce n'est pas le moment ! Je suis sérieux, je...
— Vraiment ? Et comment comptes-tu m'aider ? Tu vas me faire évader d'ici, peut-être ?
— Oui.
Un poing glacé broie mon estomac.
— Non. C'est trop dangereux.
— Et alors ? Je te dois bien ça. Si tu savais comme je m'en veux...
Non.
Le Marvyn que je connais ne ferai jamais ça.
Le Marvyn que je connais est un lâche.
— Viens. Shim. S'il te plait.
Chaque partie de sa phrase tombe comme une supplication. Une invitation.
— Ça ne fera qu'aggraver la situation. Je ne peux pas.
— Je t'en prie, arrête de tergiverser ! On a plus beaucoup de temps. Tu sors de cette pièce avec moi, ou tu restes et je ne pourrais plus rien faire.
Tout en parlant, il m'entraine de force vers la porte.
Je fais un pas en dehors de la cellule. Mon sang bat à mes tempes, la peur rend le monde flou autour de moi.
Mon esprit embrumé par la fatigue fais alors germer une idée.
— Marvyn, j'ai un bien meilleur plan.
Il secoue la tête.
— Shim, je planifie tout depuis des jours. On n'a pas le temps !
— Non, attends ! Tu ne comprends pas. J'ai enregistré une conversation de ton père à son insu, j'ai le moyen de mettre fin à tout ça ! Il a avoué que ce n'était qu'une mascarade. Si tu parviens à la récupérer, à la diffuser...
Il me fixe un instant, indécis.
— C'est mon père. Je ne peux pas.
— Marvyn, j'ai... J'ai craqué. J'ai dit que c'était moi.
Il jure entre ses dents, ses doigts se crispent sur mon bras.
— On a besoin de cette preuve. Si la révolution échoue, ma vie sera foutue. Il faut diffuser la vidéo.
Il secoue la tête. Mon coeur se serre. Je comprends ses réticences. Après tout, l'enregistrement inculpera son père. Mais cette enième trahison de sa part m'est insupportable.
— Très bien. Moi, j'y vais.
Je me dégage de son emprise et m'élance dans le couloir.
Je pousse la porte de la salle d'interrogatoire. Elle est vide. Ni caméra, ni ordinateur.
Marvyn arrive derrière moi, m'arrachant un cri de frayeur.
— Pas ici. Dans son bureau, sur son ordinateur. Avec un peu de chance il n'a pas vérifié les vidéos.
Je hoche la tête et le suis en titubant. Je suis si épuisée que même l'adrenaline ne suffit plus à me maintenir eveillée.
— Attends !
Je m'arrête au moment de franchir le seul de la porte. Il sort une paire de menottes de son sac.
— Tu n'es pas sérieux.
— Je suis parfaitement sérieux. Joue ton rôle et tout se passera bien.
Je l'insulte copieusement tandis que le métal se referme sur mes poignets. Il m'attrape par le bras et me guide dans les longs corridors.
— Essaie de pleurer.
Je tente de faire venir les larmes dans mes yeux, sans succès. J'essaie de me composer une mine vaguement inquiète. Heureusement pour nous, les cernes sous mes yeux contribue à me donner un air de zombie. C'est déjà ça.
Les quelques personnes que nous croisons dans les étages nous jette des regards surpris, mais ne semblent pas se rendre compte de notre stratagème. Je suppose que cela sera beaucoup plus périlleux lorsque nous nous dirigerons vers la sortie.
Marvyn distribue quelques sourires empressés, quelques hochements de tête. Nous entrons ainsi tout naturellement dans le bureau du chef de la brigade, malgré l'étiquette d'individu potentiellement dangereuse placardée par les médias sur mon visage.
Marvyn ferme à clé la porte du bureau. Le bruit de la serrure qui se verouille me rassure. Il m'enlève mes menottes, et je pousse un soupir de soulagement.
Il s'installe devant l'écran qui trône au centre, et les cliquetis du clavier s'élèvent. Puis le silence, à nouveau, tandis qu'il parcourt fébrilement les fichiers.
— Quand est-ce que c'était ?
— Je ne sais pas. Il y a quelques heures.
Je m'assieds à côté de lui, cherchant avec une angoisse croissante la vidéo.
Un dossier avec mon nom apparait à l'écran.
Aucune trace de l'enregistrement.
Il commence à ouvrir des fichiers au hasard dans une série de vidéos non classées. Des visages inconnus s'affichent.
Puis, enfin, j'apparais. Mes traits sont tirés, déformés par la fatigue et la tension, mais c'est bien moi. Je fouille dans les tiroirs à la recherche d'une clé USB, en insère fébrilement une.
Les vingt-cinq minutes nécessaires à la copie font naître sur mes lèvres une série de jurons.
Vingt-cinq minutes. C'est trop long.
Je tourne en rond dans le bureau, nerveuse, jetant d'anxieux coups d'oeil à la porte.
— Et ensuite ? Qu'est-ce qu'on fait ? demandé-je d'une voix tendue.
— Je n'en sais rien.
—- Il nous faut un endroit d'où diffuser tout ça. On pourrait aller chez toi...
— Non. Mon père y est.
— Ou dans un fast-food, un cybercafé, n'importe où tant que l'on aurait un accès à Internet.
Il acquiesce.
— Et il faudra te trouver un endroit où te cacher pendant que je m'en occuperai. J'irai seul. Ça risque de me prendre du temps, mais on a pas le choix.
— Non, je reste avec toi !
— Tu ne peux pas t'exposer, Shim. Dès qu'ils remarqueront ta disparition...
Il laisse sa phrase en suspension. il y a un long moment de silence.
— Everest.
— Quoi ?
— Everest. C'est... c'était ma meilleure amie. Elle acceptera peut-être de...
— C'était ?
— Elle n'a pas spécialement bien vécu mon passage d'Hydratée à Déshydratée.
— Et tu es très certainement une crimielle à ses yeux. Je ne suis pas sûr que ce soit judicieux.
— Tu vois une autre solution ?
— Non, reconnait-il. Écoute, on réfléchira dès que l'on sera sortis d'ici.
Sur ces mots, il sort de son sac un rouleau d'aluminium.
— Entoure ton bras avec ça.
Je cille. Au même moment, des cris résonnent dans le couloir. Je dois me faire violence pour ne pas céder à la panique.
— Pourquoi ?
— Pour ton mouchard. Avant, ils n'utilisaient que très peu la géolocalisation. Maintenant, ils observent les Déshydratés en permanence pour pallier le plus rapidement possible à toute insurrection. Ça bloquera le signal, comme une cage de Faraday.
J'obtempère.
— Ils sont là ! crie soudain une voix.
Mon sang se glace.
Je jette un regard angoissé à l'écran. Encore trente secondes de copie.
Mes yeux brûlants de fatigue se chargent de larmes.
— On est foutus...
Marvyn me prends la main, entremêlant ses doigts aux miens. Nous échangeons un long regard, un regard où brille la peur.
15 secondes.
—Ouvrez immédiatement ! hurle quelqu'un de l'autre côté du panneau de bois.
10 secondes.
Brusquement, la fatigue m'écrase. Je me sens vide, éreintée. Tout est flou, et lointain, et iréel.
Ma main se fait lourde dans celle de Marvyn. Je ne perçois plus qu'une vague sensation de chaleur contre ma paume.
Je tente de cligner des yeux, mais tout reste désespérément opaque.
J'entends la voix de Marvyn m'appeler. À travers la chape de fatigue, je discerne ses mouvements. La clé USB qu'il éjecte de l'ordinateur. Ses pas sur le sol. La fenêtre qu'il ouvre, ses doigts qui m'empoignent.
— Allez ! Qu'est-ce que tu attends ? Il faut qu'on se barre d'ici !
Sa voix agit comme un éléctrochoc. Je le laisse me guider jusqu'à la fenêtre. L'air de la nuit est frais, il pique ma peau de certaines d'aiguilles glacées.
Je reprends tout à fait mes esprits lorsque il enjambe le garde-fou.
— Attends ! Qu'est-ce que tu fais ?
—Tu vois une autre solution, là ?
Les vociférations derrière la porte se rappellent à moi.
Sans plus de cérémonie, il évolue jusqu'à une gouttière, un peu moins de deux mètres sur sa droite. Ses membres tremblent. Il raffermit sa prise sur le tuyau métallique et entreprends de descendre.
Je passe à mon tour de l'autre côté de la balustrade, répétant ses gestes, consciencieusement. Je suis heureuse que les ténèbres dissimulent la hauteur, même si nous ne sommes qu'au premier étage. Mon pied ripe à mi-hauteur, et je tombe lourdement sur le sol. Tout l'air s'expulse de mes poumons, une douleur aigüe irradie de mon dos.
Marvyn m'aide à me relever.
La fatigue noue mes muscles, la souffrance me fait chanceler tandis que nous nous élançons dans les rues.
Je suis libre.
Une liberté éphémère, volée.
Interdite.
Le sourire extatique qui s'apprêtait à se dessiner sur mon visage s'évanouit.
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