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Chapitre 17

La lune éclaire faiblement le sol, jonché de détritus et de boue. De chaque côté de la venelle se dressent des abris de fortune.

L'insalubrité de l'endroit me donne envie de hurler. Une rage intense s'empare de moi. Mon quartier des Déshydratés fait figure de palais comparé à celui-ci. À la place des immeubles, des antres de bois, de plastique et de métal ; là où je m'attendais à des rues, il n'y a qu'un complexe labyrinthe sans aucune logique.

Seul le Centre de Distribution, un grand bâtiment à la façade grisâtre qui s'étend au milieu des refuges, me rappelle un tant soit peu Paris.

— Le CD, je chuchote à Marvyn. C'est le seul endroit.

Le couvre-feu a retenti depuis quatre bonnes heures. Autour de nous, de rares bruits et murmures s'élèvent, à peine calfeutrés par les cloisons rudimentaires des logements. De grosses gouttes de pluie tièdes s'écrasent autour de nous avec fracas. Il pleut depuis un long moment, et j'aperçois de temps à autre des récipients subrepticement placés à terre pour recueillir l'eau.

J'ai une pensée pour le Phare, et la tristesse me submerge. Tant que Marvyn est là, je n'ai plus à me soucier de la soif, mais qu'en est-il de Jenna et des autres ?

Nous progressons lentement dans le dédale, trébuchant sur des obstacles, atterrissant dans des impasses, tâchant d'atteindre l'édifice. Je ne vois aucune caméra, aucune silhouette susceptible de nous arrêter, mais une angoisse sourde me fait me raidir un peu plus à chaque pas.

Lorsque enfin le béton gris nous fait face, je pousse un soupir de soulagement.

Je sors une bombe de peinture de mon sac. Ne sachant comment nous y prendre, nous avons décidé de nous claquer sur la technique de Jenna. Des tags sur les murs, proclamant la révolte, qui embraseront les Déshydratés. C'est sans doute insuffisant, mais nous n'avons pas trouvé de manière plus pacifiste.

Comme Marvyn éclaire le mur avec son téléphone, je commence à écrire.

Révolution.

Un bruit de ferraille vrille les ombres et je sursaute, agrippant le revolver caché dans ma poche. Marvyn darde le faisceau de lumière dans les yeux d'un chat errant. Je ferme les yeux, essayant de juguler les soubresauts de peur qui me secouent. Je fais le tour du Centre de Distribution, et continue mes graffitis.

Jusque où seriez-vous prêts à aller pour survivre ?

Mon écriture est tremblante, peu précise, mais lisible.

Tandis que nous nous dirigeons sur une autre façade, Marvyn me prend d'autorité la bombe de peinture des mains et trace à son tour une phrase.

Changez la société.

Le sourire qui allait naître sur mon visage s'effrite lorsque des éclats de voix se font entendre, plus proches.

La lumière du téléphone s'éteint. A tâtons, j'attrape la main de Marvyn. Je m'écrase contre le mur, mon cœur battant si fort qu'il me semble qu'il pourrait s'entendre à plusieurs mètres de distance.

Marvyn marche le plus silencieusement possible jusqu'à l'angle du bâtiment. Je le suis. Rester seule m'est impossible, pas alors que l'inquiétude me ronge. Il jette un furtif coup d'œil, avant de se dissimuler à nouveau contre le mur. Puis il serre ma main, si fort que je n'ai aucun doute sur l'origine des voix.

Les pas se rapprochent, j'entends des paroles confuses.

— Je n'ai rien fait, ce n'est pas moi ! Je vous jure !

— Tes mensonges ne m'intéressent pas, Déshydraté. Donne-moi des noms.

— Des... des noms ? Qu'est-ce que...

— Qui croit pouvoir être assez fort pour mener une insurrection ?

— Je ne sais pas, je ne comprends pas... Non ! Non, je vous en supplie !

Un hurlement retentit dans la nuit, puis un coup de feu à quelques mètres de nous. Mes yeux s'agrandissent de stupeur, je plaque une main sur ma bouche pour ne pas crier. Je frissonne dans mon t-shirt trempé par la pluie. Ils ne peuvent pas. Ils ne peuvent pas faire ça.

Marvyn attrape mon avant-bras, à l'endroit même de mon la plaie désormais bandée, m'arrachant un gémissement de douleur.

— Cours, fait-il dans un souffle presque inaudible.

Mais je n'en ai pas le temps. Une silhouette, dont l'uniforme blanc semble briller de milles feux sous l'éclat de la lune, émerge devant nous.

Je le fixe, paralysée. Lui aussi reste immobile, son arme braquée devant lui. Il observe nos vêtements bleus, essayant de comprendre ce que deux Hydratés fabriquent au beau milieu d'un bidonville, en pleine nuit, à proximité d'un Centre de Distribution tagué de mots révolutionnaires.

Puis il parvient à la conclusion la plus logique.

— Levez les mains en l'air, Déshydratés. Si vous faites le moindre geste suspect, vous êtes morts.

Marvyn obtempère en premier, et je calque mon attitude sur la sienne. Je lui lance un regard noir, qu'il ne voit même pas. L'agent aboie des ordres dans son talkie-walkie, demandant des renforts.

— Monsieur, nous ne sommes pas des Déshydratés, tente Marvyn.

— Silence !

— Mon père...

— Je me contrefiche de ton père, gamin. Si tu veux parler, dis-moi qui sont tes complices.

— Mon père est le chef de la brigade de traitement des Déshydratés à Paris et je suis en mission pour lui.

Il a débité sa phrase d'une seule traite, si vite que j'ai peur que notre policier n'ait pas compris. Il se fige, incertain, avant de resserrer sa prise sur le pistolet.

— Désolé, mais tu ne m'auras pas comme ça.

— C'est la vérité !

Avant que je ne comprenne ce qu'il se passe, je me retrouve avec une arme collée contre la tempe.

— Tu vas me dire tout ce que tu sais concernant cette stupide révolution. Si tu ne m'apprends rien de satisfaisant, elle meure. D'accord ?

Mes jambes cèdent, mais il me retient trop fermement pour que je puisse tomber. Des larmes humidifient mes yeux.

— Vous n'avez pas le droit...

La pression du canon contre mon crâne s'intensifie, et je me tais. Doucement, mes doigts se referment sur le pistolet caché dans ma poche.

— Monsieur, vous faites une grave erreur...

Je ne peux pas tirer tant qu'il me menace. Et, de toute manière, je ne veux pas le faire. Au loin, de nouveaux bruits de pas.

Puis de nouvelles silhouettes blanches.

L'agent me repousse brutalement.

— Emmenez-les, ordonne-t-il aux renforts.

Mon sang se glace dans mes veines. Marvyn n'aura aucun problème à s'en sortir grâce à l'influence de son père. Moi, en revanche...

— Cours ! hurle Marvyn.

Pendant une fraction de seconde, j'envisage de ne pas obéir à sa sommation, refusant de l'abandonner malgré tout. Puis je me mets à courir.

Je m'enfonce dans le labyrinthe d'abris branlants, des larmes roulant sur mes joues sans que je ne sache pourquoi.

Des bruits de pas font écho aux miens, des faisceaux lumineux fendent la nuit avec frénésie.

Je cours à travers les ruelles, le cœur au bord de l'explosion. L'adrénaline gicle dans mes veines, faisant pulser mon sang à mes tempes. Je serre les dents, et mon arme dans ma main moite. La pluie redouble d'intensité.

L'arme dans ma main m'effraie. J'ai peur de ce que je pourrais en faire, dans un instant de panique. Je ne tirerai pas.

Je dérape, mes genoux et mes paumes heurtent le sol spongieux. Des cris jaillissent derrière moi. Je me relève, recommence à courir. Derrière les cloisons des abris, des chuchotements apeurés me parviennent. Alertée par un ordre lancé sur ma droite, je m'abrite dans un renfoncement de ce que je devine être des tonneaux métalliques. Une silhouette blanche passe devant moi en courant. Presque instinctivement, mon doigt caresse la détente. Non. Je ne dois pas tirer.

Faisant fi du danger croissant, je reste une longue minute dans ma cachette, essayant de faire le tri parmi toutes les pensées qui filent dans mon esprit, tentant de trouver une issue. Les bruits de pas s'éloignent, jusqu'à n'être qu'un vague bruissement, jusqu'à ce que la lumière des lampes balayant l'obscurité soit suffisamment lointaine.

À plusieurs reprises, je trébuche et dois faire appel à toute ma volonté pour pouvoir me remettre debout. À plusieurs reprises, je suis tentée de me rendre. J'ignore ce qui me pousse à continuer, à effectuer une foulée après l'autre.

Épuisée, au bord de l'évanouissement, je pénètre dans le monde des Hydratés. Des souvenirs se mêlent à ma vision, si fort que j'en ai le vertige. D'autres courses poursuites, d'autres rues, d'autres larmes.

L'aube étend sur le monde un voile d'or tandis que j'arrive en vue de l'hôtel où nous nous sommes réfugiés ces derniers jours.

Je sais qu'il n'est pas prudent d'y demeurer plus longtemps. Mais c'est le seul endroit où je pourrais retrouver Marvyn.

Mon cœur se serre lorsque j'ouvre la porte de la chambre. La solitude me prend à la gorge, m'étouffe. De nouvelles larmes roulent sur mes joues. Je repense au coup de feu entendu plus tôt, après la conversation entre le Déshydraté et l'officier. Je me mets à trembler, fonce dans la salle de bain. Là, je rends tripes et boyaux. La culpabilité creuse un grand vide dans mon ventre, glacé, brûlant, douloureux.

Tout à coup, l'univers semble avoir suspendu sa lente reptation vers l'infini. Pendant un instant, j'ai l'impression que la Terre a cessé de tourner, stoppée brusquement dans sa révolution.

Le monde que je croyais connaître part en vrille, comme pris sous l'assaut d'une main géante et invisible qui l'écrase, le comprime, le bouleverse.

Est-ce que des mots peuvent suffire à mettre fin au chaos ? J'aimerai pouvoir dire que oui.

Si seulement quelques phrases, quelques désirs jetés en un grand cri, pouvaient changer l'ordre du monde.

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Nouveau chapitre... Est-ce que l'ellipse dérange ou non ? Est-ce qu'il vaudrait mieux un chapitre de transition entre celui-ci et le précédent ?

Ça devient un peu noir, et glauque par moment, désolée. ^^ Le prochain chapitre devrait être plus doux. Comme toujours, vos réactions / corrections / avis sont appréciés, et pris en compte, alors n'hésitez pas !

Que va-t-il se passer, selon vous ?

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