Jay, tenait fermement le bras de Carlos. Pendant qu'il mangeait, Carlos lui avait demandé, un peu gêné:

- Tu peux me lâcher le bras ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- Je te dirais après. lui chuchota Jay, à son oreille.

- Et tu ne peux pas me lâcher le bras ? 

- Non. Comme ça je suis sûr que tu es là.

Carlos poussa un soupir résigné et continua à manger ses pâtes. 

- Ça n'a pas de rapport avec la partie de foot désastreuse contre Tchad ?

- Non

- Le vase de la Bonne Fée ?

- Non plus.

- Mais c'est quoi alors ? s'impatienta Carlos.

- Quand on sera dans nos chambres, je te dis ! Trop d'oreilles indiscrètes ici. décréta Jay. 

- Je peux au moins prévenir Jane ? demanda le fils de Cruella d'Enfer

- ... Oui. Mais dans ce cas je préviens Lonnie, elle m'en voudra toute ma vie si je ne lui demande pas.

Carlos se leva, prit un pomme et lança à Jay:

- On y va ou pas ?

- Oui ! 

Jay se leva en hâte, et tapota les épaules de Lonnie et de Jane, qui se retournèrent en même temps.

- Venez, les filles. C'est très important, leur souffla Jay avant de monter l'escalier. 

Jane, la bouche encore pleine de banane, dit, d'un air étonné:

- Che me dimanche pouchoi il chest là.

Lonnie, Evie et elle pouffèrent. Carlos se gratta la nuque et dit:

- Euh, merci pour ces mots gratifiants, mais on a besoin de vous. Jay est bizarre, il veut nous voir.

Evie hocha la tête et se leva:

- Pas question que je ne viennes pas. 

- Charrive attendez ! fit Jane en approbation !

Quand à Lonnie... Elle était déjà en train de se chauffer.

- La dernière fois qu'on a fait une petite réunion comme celle-ci, on est allés se battre avec Uma. Et je n'étais pas échauffée. Ça m'avait mise en rogne !

Carlos éclata de rire, suivie de Jane, qui s'étouffa presque. Lorsqu'elle eut fini sa banane, les cinq montèrent dans la chambre de Jay. Jay ferma la porte à clef, et se retourna vers ses amis. Inspirant longuement, il commença.

- Tu n'étais pas là, Evie, lorsque nous avons parlé de Mal la dernière fois.

- Je n'aime pas parler dans son dos, en effet. dit celle-ci avec pragmatisme.

Lonnie dit:

- On avait dit qu'on la trouvait bizarre ces temps-ci. 

- Oui... C'est vrai qu'elle paraissait fatiguée et plus triste qu'à son habitude, murmura Evie, troublée

- Et bien ! Je viens de découvrir un truc. fit Jay, comme j'étais curieux de cette "personnalité importante qui arrivait, j'ai fouiné un peu dans les étages...

- La curiosité est un vilain défaut. répliqua Jane qui se léchait ses doigts jaunes.

- Attendez, laissez moi finir. Je m'approche de la porte, et j'entend la voix d'Hadès qui parle de tuer ! Puis, Mal sort en trombes dans le couloir. Elle était très pale, et répandait du sang à ses pieds.

Evie fronça les sourcils:

- Quoi ?!

- Oui ! Je te dis la stricte vérité ! Lorsque Mal est revenue, elle avait un caillou bleu qui brillait dans la main. Puis, Ben est arrivé et je n'ai pas pu entendre la suite.

Evie était estomaquée, Jane révoltée, Carlos tremblant, et Lonnie prête à se battre.

- Le père de Mal est revenu pour la tuer ! cria Carlos, inquiet.

- Non, je ne pense pas. dit Lonnie. Il l'aurait déjà fait. De plus, est-ce que je ne suis pas la seule à avoir vu un sourire lumineux sur les lèvres de Mal lorsqu'elle est descendue au réfectoire ?

- C'est vrai, acquiesca Jane. Mais pourquoi ferait elle la comédie si elle est en danger ?

- Pour nous protéger. compléta Jay, abattu. Elle n'a peut-être pas le choix, et ne veut pas nous impliquer.

- Ça serait typique de Mal. dit Evie, le regard fou. Il faut l'aider !

- Mais comment ? Si Hadès a récupéré sa pierre magique, il possède un pouvoir magique plus puissant que la Bonne Fée elle-même... 

- Mais pas que Maléfique. dit Evie, plongeant les quatres autres dans un silence tendu.

- Q-que veut-tu dire, Evie ?

- Ce que je veux dire, c'est que si nous allions dans le musée, que nous récupérions le bâton magique de Maléfique, on pourrait faire partir Hadès.

- Primo: On a pas le droit de prendre les objets magiques qui sont dans le musée, et deuxio, comment chasser l'invité de Ben ? C'est notre roi, techniquement, on doit lui obéir.

Jane poussa un soupir.

- On pourrait prévenir Ben !

- Tu es folle ? la contredit Jay, s'il apprend que Mal a été violentée par son père, il n'en dormira pas de la nuit ! Or, on a besoin d'un roi, Ben ne peut plus partir dans de folles aventures avec nous maintenant. 

- Folles aventures. Folles, oui ! Mais aventure... Il faudrait en parler à Mal.

Carlos se caressa le menton:

- J'imagine que non. Elle nierait tout, rien que pour ne pas nous voir dans cette affaire.

Evie se prit le visage à deux mains:

- Mais j'ai un karma pas possible ! Doug, puis Mal !

- Tiens, tu ne nous en as plus reparlé, de ton Doug. dit Lonnie, vous ne vous êtes pas réconciliés ?

- Toujours pas ? appuya Jane, désapprobatrice.

- Non. J'ose pas. Et puis il est toujours avec cette "Cerise", ce n'est pas confortable pour une grande déclaration.

- D'amour. compléta Carlos, ce qui fit rougir Evie.

- Je la connais, Cerise ! Elle venait toujours sur le terrain de foot pour regarder les garçons ! dit Jane

- C'est la fille aux lèvres super rouges ? demanda Carlos

- Oui. dit Evie, abattue.

- Faut pas se laisser abattre, Evie, voyons ! C'est qu'une réconciliation, tu ne t'es jamais disputée avec lui ?

Elle fit non de la tête.

- Même pas avec... Mal par exemple ?

- Non plus...

- Facile. Tu vas le voir après notre discussion, tu lui dis que tu n'as jamais cessé de l'aimer, et puis le problème est réglé !

- Ne fais pas l'enfant, Evie. Vous êtes toujours ensemble, non ? Ne pas se parler pendant plus de trois jours vous sera fatal.

- Fatal ?! Tu crois, Lonnie ? paniqua Evie, mais je ne veux pas que ça s'arrête ! 

- Evidemment, on le sait. dit Jane en lui passant une main sur l'épaule. Mais ce n'est pas forcément évident pour Doug, et il attend tes excuses.

Jay donna une grande tape dans le dos de Evie:

- Bon, toi tu vas voir ton petit ami, et nous on va dérober le bâton. C'est dans vos cordes ?

Toute la troupe hocha énergiquement la tête, excitée de nouvelles aventures. Jay ouvrit la porte et laissa passer Lonnie, Jane, Carlos et Evie.

- Jay ? fit-elle

- Oui ?

- Merci.

Il lui sourit, et elle courut dans les escaliers. Son but ? Recoller les morceaux avec Doug. Elle toqua à sa porte. Audrey, qui discutait avec Tchad au pas de sa porte, lui dit:

- Il est en bas dans le réfectoire. Qu'est-ce que vous avez tous à vous chercher les uns les autres aussi énergiquement ?

La fille de la Méchante Reine lui marmonna un remerciement et descendit.

Doug avait passé une semaine remuée. Reprenons du début juste après sa dispute avec Evie. Doug, énervé, était rentré en trombes dans sa chambre. Evie, qui l'avait suivi, avait toqué aussitôt à sa porte:

- Doug ! Doug ! S'il te plait, ouvre moi !

- Non. répondit-il d'une voix froide qu'il ne se reconnaissait pas. Part je te prie.

Le silence qui s'ensuivit prouva à Doug qu'elle était blessée.

- Très bien. 

Les pas de Evie s'éloignant brisèrent le coeur de Doug, mais c'était trop tard, question de fierté. Il était en colère. Sa petite amie attendrait. Essoufflé, il s'appuya sur la porte, et se laissa glisser sur le sol. Il regarda son lit pendant quelques secondes, et se reprit. Le dimanche avait déjà commencé qu'il pressentait que ça ne serait pas une bonne journée.

Doug patienta le temps qu'il n'y ait plus personne dans le couloir, et descendit dans le réfectoire.  Attablé à une table vide, il regardait distraitement une partie de Uno entre Tchad et Jane. 

- Salut !

Doug se retourna avec vit une jeune femme, brune, les cheveux coupés en carré long. Sa peau pâle contrastait avec ses lèvres rouges brillantes. Elle s'assit en face de lui. Le regard plein de sympathie de cette jeune femme croisa son regard:

- Moi c'est Cerise. 

- Doug. Ta tête me dis quelque chose...

Elle rit. Un petit rire musical, comme une petite cascade de Floride.

 - Normal ! Je suis la fille de Blanche-Neige ! Tu dois la voir tout les jours à la télé.

- C'est pour ça. sourit Doug, qui se sentait un peu mieux.

- Tu es tout pâle, ça va ? s'inquiéta-t-elle.

Elle passa le dos de sa main sur le front de Doug, qui recula la tête, gêné de ce geste.

- Oui, oui. Petite dispute de couple. marmonna le garçon.

Elle mit ses mains devant sa bouche, ses yeux noisettes écarquillés:

- Mais c'est toi ! Le garçon qui s'est disputé avec sa petite amie en bas du Lover's chute !

- Ouais.

Elle regarda ailleurs, sans doute un peu mal à l'aise.

- Moi ça ne me serait pas arrivé. Je suis une pro-fe-ssi-onnelle des histoires d'amour.

Doug la regarda dans les yeux, avec une petite lueur d'espoir.

- C'est vrai ?

- Pour sûr.

- Alors tu peux m'aider. Je ne sais pas bien réagir, là.

Elle regarda ses mains, posées sur la table:

- Hum, on peut peut-être se voir demain ? Je vais voir tout les matchs de foots, j'adore ça ! Et puis j'ai des journées remplies.

L'espoir qui s'était formé dans le coeur de Doug s'était brisé, comme un éclat de glace sur un radiateur. Ce que Cerise lui avait dit remuait en lui des sensations inconnues. La main qu'elle lui avait mise sur le front était douce, mais froide. Doug remarqua alors que Evie était à l'autre bout de la salle, un trait de rouge à lèvres sur le menton. Il ne put s'empêcher de pouffer de rire, et décida de se lever pour aller la voir.

Mais au même moment, Evie se leva, et rejoint Mal dans l'escalier. Elles montèrent sans même le voir, et Doug leva une main muette vers sa bien-aimée, et soupira. Elle était partie. 

Doug alla se chercher aux cuisines un verre d'alcool de pomme, un alcool tellement peu fort qu'il était admis par la Bonne Fée dans les cuisines. 

Le coeur en pâte d'amande, il but son verre, et passa la journée à ne rien faire.