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Chapitre 8

Le jour est levé depuis longtemps quand je m'éveille, le corps douloureux comme si je m'étais battu, par terre milieu de la pièce.
Toujours allongé, je balaie le sol du regard et remarque les dégâts que j'ai causés.
Je referme les yeux, ne voulant pas voir tout cela.
Ne voulant pas voir ma déchéance. Ma folie. Elle est réelle.
Je reste de longues minutes à réfléchir puis prend une décision. Je n'en ai plus d'autres.
Je me lève péniblement et commence à ranger.
Cet endroit mérite d'être remis en ordre. Il doit pouvoir servir à un autre que moi.
L'effort que je dois fournir est important, je suis las, fatigué, fourbu. Vide.
Je mange machinalement. Une dernière fois.
Je sors de la cabane, ne me retourne pas. À quoi bon ?
Je suis les érables et les rives du lac apparaissent sous mes yeux. Le calme m'envahit. Je suis sûr de moi.
Il me faut du courage pour aller sur la tombe d'Abby et Ada.
Je ne m'assois pas. La tête baissée, le souffle court, je ferme les yeux pour éviter de voir les fleurs.

— Il n'y a plus de place pour moi, ici. Je ne suis plus moi-même depuis que vous êtes parties et je ne supporte pas l'homme que je suis devenu. Ce n'est pas moi. Je viens vous rejoindre. Je vous aime. Je vous aime de tout mon cœur.

Je recule pas à pas et retourne au bord du lac. Un à un, j'enlève mes vêtements, ne gardant que mon boxer. Je les plie soigneusement. C'est ridicule.
Lentement, j'entre dans l'eau. Une fois qu'elle m'arrive à la taille, je plonge et me mets à nager.
Je nage. Je nage encore et encore. Je ne m'arrêterai pas. Je n'économise pas mes forces, au contraire. Je mets toutes celles qu'il me reste dans mon ultime bataille.
Mes mouvements deviennent plus laborieux, erratiques.
Mon esprit lutte. Il essaie de me faire revenir vers la rive mais je tiens bon. C'est terminé. Je dois en finir.
Cependant, un mouvement m'attire sur la plage. Je m'arrête de nager un instant, scrute le bord de l'eau.
Si je pouvais me figer, si je ne risquais pas de me noyer en le faisant, chose à laquelle j'aspirais quelques secondes plus tôt, je le ferai.
Il y a eu un mouvement, un seul pour me faire renoncer à mon projet. Une personne sur la rive pour que mon vœu le plus cher se réalise.
Abby.
Abby est là-bas. Dans sa robe à fleurs que j'aime tant. Celle qui dévoile la peau délicate de son dos, sa nuque, ses bras. Elle ne l'a pas mise depuis des années.
Pour la première fois depuis qu'elles sont parties, je souris. Et le ciel se met au diapason de mon humeur. La pluie cesse, les nuages se délitent laissant apparaître le soleil.
Je gagne la rive, sors de l'eau. Les rayons du soleil sèchent ma peau pendant que mon âme se réchauffe à la vision de ma femme.
Pas à pas, je m'approche d'elle. Mais elle se recule en souriant.
Et son sourire, ce sourire me tue. Il m'a trop manqué. Beaucoup trop.
Je ne comprends pas pourquoi Ada n'est pas avec elle mais il y a certainement une explication. Elle me la donnera plus tard.
Elle me tourne soudain le dos marchant droit vers la forêt et je m'élance derrière elle. Je ramasse mes affaires à la va-vite, dois m'y reprendre à deux fois pour les enfiler tellement j'ai peur de la quitter des yeux et qu'elle me laisse à nouveau.
Je la suis.
Cela ne m'étonne même pas qu'elle aille à la cabane. Dans un recoin de ma conscience, je sais qu'elle ne connaît pas cet endroit mais je ne m'en préoccupe pas.
Parfois, elle s'arrête et se retourne pour vérifier que je suis bien derrière elle.
Alors je me hâte pour essayer de la rejoindre. Sans succès. Elle ne veut pas être rattrapée.
Une fois à la cabane, elle entre comme si elle était chez elle tandis que je reste sur le pas de la porte. Je la regarde détailler chaque objet de la pièce et enfin s'asseoir sur l'unique chaise qui a résisté à mon assaut destructeur de la nuit.

— Abby ?

Elle tourne la tête vers moi semblant remarquer ma présence mais elle ne répond pas.

— Abby ? Qu'est-ce que tu fais là ? Où est Ada ? Où est-elle ? Pourquoi n'êtes-vous pas ensemble ?

Comme elle reste silencieuse, je m'approche. Je voudrais la toucher, la prendre dans mes bras, la serrer contre moi et me perdre dans son parfum mais elle me fuit.
Si mon cœur pouvait se briser plus qu'il ne l'est déjà, il le ferait. Elle pourrait en ramasser chaque morceau pour essayer de le reconstruire. Sauf qu'elle ne semble pas le vouloir. J'entends la pluie au dehors qui se remet à tomber. Elle martèle la tôle du toit.
Elle se réfugie dans la chambre, pose son regard sur le journal de Snow puis se tourne vers moi.

— Si tu veux que je lise encore ces inepties, c'est hors de question. Tout ce qui est écrit dans ces pages n'est qu'un ramassis de mensonges.

Mes mots n'ont pas l'air de la toucher. Elle se replonge dans la contemplation des pages sans faire attention à moi.
Je le voudrais pourtant. Je voudrais qu'elle me regarde, qu'elle me sourie comme elle le faisait tout à l'heure. Je voudrais qu'elle me parle. Encore et encore. Jusqu'à ce que je n'en puisse plus. Je voudrais entendre le son de sa voix. Quelques soient les mots qui sortiraient de sa bouche. Des insultes, des promesses, des reproches, des mots de rien, de ceux qu'on se dit pour la vie de tous les jours. Des mots d'amour.
Mais le silence pèse entre nous.
Soudain, elle est attirée par un bruit. Un chant. L'oiseau.
Elle passe devant moi comme si j'étais transparent et va le voir. Ils se regardent, se sourient, si tant est qu'un oiseau puisse le faire. Elle le caresse. On dirait qu'ils se parlent avec leurs yeux.
Et moi, je n'ai droit à rien.
Pour leur montrer que je suis là, j'essaie de vivre. Alors que je ne le voulais plus. Alors qu'en un instant, elle m'y avait redonné goût et qu'en m'ignorant, elle m'a repris cette envie.
Je fais du feu, je me fais chauffer à manger.
Ils sont tellement absorbés dans leur contemplation l'un de l'autre que je ne les dérange même pas quand le repas est prêt.
Chaque bouchée a du mal à passer mais je me force. Petit pied de nez à leur conciliabule.
Puis je vais me coucher.
Seul. Alors qu'elle est si près de moi.
Longtemps, je contemple le plafond, espérant qu'elle me rejoigne mais elle n'en fait rien.
A un moment, il me semble l'entendre s'asseoir sur la chaise mais je n'en suis pas sûr, le sommeil est en train de m'emporter.

A mon réveil, elle est toujours assise sur la chaise. Elle me regarde et me sourit. Elle le faisait souvent. Me regarder dormir. Elle me disait que je souriais en dormant. Ce à quoi je lui répondais que c'était parce que je rêvais d'elle ou d'Ada. C'était facile et ça marchait à chaque fois.

— Bonjour.

Pas de réponse. Je ne relève pas.
Nous restons un moment comme cela. Sans bouger. A nous observer l'un l'autre. Puis son regard glisse de nouveau vers les feuilles. Je n'ai pas besoin de dessin pour comprendre qu'elle veut que je les lise.

— Si tu savais comme tu m'énerves quand tu es têtue comme ça.

Ses yeux me foudroient du regard alors que ses lèvres me sourient. Contradictions que je connais par cœur. Ces petites choses qui me font l'aimer.
Je soupire.

— C'est d'accord. Tu as gagné.

Je saisis les feuilles, cherche celle où je m'étais arrêté.
Sans trop de mal, je la trouve. Elle est tellement froissée que je ne pouvais pas la manquer.

« Jour 120
Il est toujours là, l'oiseau.
Il me suit partout, il prend soin de moi.
Je lui parle parfois. Il me répond en chantant ou quand je lui dis des horreurs, s'en va dédaigneusement.
Il est susceptible, on dirait. »

« Jour 200
Je crois qu'il est mort. Ça fait plusieurs jours que je ne l'ai pas vu.
Même si la plupart du temps, il me sort par les yeux, je dois avouer que sa compagnie me manque. »

« Jour 366
Un an. Un an que je suis là.
J'aurais bien soufflé une bougie comme quand j'étais gosse mais je n'en ai pas.
Un an ici.
Mon abri ressemble à quelque chose. Quatre murs, un toit, une chambre, une cuisine. La source pour l'eau courante. Le bois mort pour me chauffer et me faire à manger.
Je pourrais passer ma vie ici. »

« Jour 400
Je ne me sens pas bien depuis quelques jours.
Je suis seul. Plus seul que jamais sans cet oiseau de malheur.
Le vent s'est levé. Il souffle et le bruit lugubre qu'il fait en se faufilant entre les arbres n'arrange pas mon humeur. »

« Jour 500
J'ai aperçu quelqu'un au bord du lac aujourd'hui.
J'aurais pu aller lui parler mais j'ai eu peur.
Peur d'être dénoncé.
Je ne veux pas être fusillé pour avoir déserté. Je tiens trop à la vie. »

Quelle armée tue ses soldats pour avoir déserté ? La notre ? Celle de nos ennemis ? Je n'ai jamais entendu parler de telles pratiques mais comment être sûr de la vérité ?
J'ai besoin de faire une pause.
Je vais aller nager. Je jette les feuilles sur le lit sans me soucier du regard de travers qu'Abby me lance. Elle n'aime pas le désordre je le sais. Tant pis pour elle, elle n'aura qu'à ranger. Je sors de l'abri et longe les érables.
Je sens sa présence dans mon dos. Ses pas dans les miens. Je crève d'envie de lui prendre la main mais n'en fais rien. La peur qu'elle me repousse est plus grande encore.
Une fois au bord du lac, je m'arrête. J'hésite. Entre mes yeux qui sont attirés par la tombe aux mille fleurs sous l'arbre et Abby qui est allée tremper ses pieds dans l'eau.
Tout cela n'est que folie. Comment pourrait-elle être réelle quand le poids de mes amours dans mes bras m'a lacéré le corps et l'âme ? Quand le soldat m'a dit que non, je ne les rejoindrais pas ? Quand je ressens leur absence dans chacune de mes cellules ? Comment ?
Tout cela n'est que folie. Mais je la suis quand même. Parce qu'elle est belle. Parce que même si elle ne me dit pas un seul mot, je préfère l'avoir près de moi que ne pas la voir du tout.
Je pose mes vêtements. Contrairement à hier, je les abandonne sur la plage. J'entre dans l'eau après avoir jeté un dernier coup d'œil à Abby qui s'est assise dans l'herbe et regarde l'horizon.
Je nage, je nage.
Et l'eau me détend, me délasse. Mes pensées, pour un instant, ne sont plus peuplées par Abby, ni Ada.

— Tu devrais la laisser partir.

Je stoppe mon effort. Qui a parlé ? Je jette des coups d'œil tout autour de moi sans succès. Il n'y a personne et Abby est trop loin pour que j'ai pu l'entendre.

— Joran, tu sais qui je suis. Écoute ton cœur, ouvre ton esprit.

Mon esprit est vide. Je n'en peux plus.
Je regagne la rive, ramasse mes affaires et vais me poster devant la tombe.

— Je t'aime Ada. Je ne sais pas pourquoi tu n'es pas avec maman alors que ta place est ici. Viens s'il te plaît. Je t'attends.

Sans un regard en arrière, je retourne à la cabane. Peut-être que le journal de Snow pourra m'en apprendre plus sur tout ça. C'est le seul endroit où je peux trouver des réponses.
Je mange en lisant. Mais rien d'intéressant ne ressort des mots de mon sauveur.
Je fais les cent pas à travers les quelques mètres carrés qui me servent de refuge. Et puis, enfin, un événement sort du lot des journées plates et sans intérêt de Snow.

« Jour 643
Le vent. Le vent. Il ne m'apaise plus. Il l'a toujours fait jusqu'à maintenant. Mais aujourd'hui, il m'a énervé.
Les bourrasques me balayaient. J'étais bien. Je ne pensais à rien. Et soudain, j'ai entendu une voix. Elle m'a dit que je devais aller de l'avant.
Mais comment ? Comment oublier ce que j'ai vu ? Le mal que j'ai fait ? Et celui que l'on m'a fait ? Comment oublier cette douleur qui me ronge et que j'essaie d'oublier en ne la couchant pas sur le papier, en faisant semblant que ma vie est normale ?
Comment oublier ce que j'ai pris, ce que l'on m'a pris ? Ils n'avaient pas le droit. »

Qu'a pu vivre Snow pour que ses mots fassent écho à ce que je ressens ? Comment se fait-il que je me sens si proche de lui ?
Est-ce parce qu'il m'a sauvé ? Parce qu'il m'a laissé cet endroit ?
Je sais que je devrais être énervé que nos ressentis soient similaires. Que je devrais penser que la folie s'est entièrement emparée de mon esprit. Mais je ne pense pas être fou. Pas totalement.
J'ai seulement mal. Comme il a eu mal avant moi. Une douleur indicible.
Les mots du vieil homme me reviennent en mémoire.
« Tout naît dans la douleur. »
Mais de quelle naissance parlait-il ? De quelle douleur ? Sa phrase avait-elle plusieurs sens ?
Je tourne en rond en essayant de trouver une solution. En vain. Je m'apprête à replonger dans les notes de Snow quand un mouvement m'attire à l'extérieur.
Mes pas me portent dans la clairière. Abby est revenue. Elle n'est pas seule. Ada est là aussi. Elles jouent toutes les deux, un sourire accroché à leurs lèvres. Elles dansent. Elles tournent au milieu des herbes folles sous les feuilles des arbres qui commencent à tomber.
Sous la pluie.
Les voir si proches et pourtant si inaccessibles est la pire des tortures.
Je ne les rejoins pas. J'ai compris.
La voix de toute à l'heure m'a donné la clé.
« Tu devrais la laisser partir. »
Elles ne sont pas là. Pas vraiment. Mon esprit les réclame. Les imagine. Mes amours. Mes hallucinations visuelles. Je me souviens avoir appris cela dans mes cours de médecine. C'était il y a longtemps. Une éternité. Une autre vie. Un autre moi.
Je sais qu'elles ne disparaîtront pas en un claquement de doigts alors je rentre me mettre à l'abri.
Je reprends ma lecture jusqu'à ce que la lumière soit trop faible. Je fouille les possessions de Snow à la recherche d'une bougie ou mieux de piles. En vain.
Je prends le briquet abandonné près des assiettes et lis à sa faible lumière.

« Jour 796
Je sais d'où vient la voix. »

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