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Chapitre 24

Ce n'est qu'à ce moment-là que nous nous ressaisissons enfin, que nous nous permettons de respirer.
Les portes du château se referment avec un bruit lugubre.
Je réalise à cet instant que nous aurions pu nous enfuir. Profiter de notre surnombre par rapport à Aaron qui était seul.
Je sais aussi pourquoi nous n'avons pas profité de l'occasion. Nous ne serions pas partis sans Aset. Nous ne l'aurions pas laissée aux mains de cet homme cruel, même s'il est son père.
Il retrouve d'ailleurs toute sa maîtrise et la parole. Sa voix brise le silence.

— Vous ne partirez pas d'ici.

J'aurais préféré qu'il s'abstienne. Je sens Uhane se tendre à mes côtés. Je presse sa main pour l'empêcher de répondre. Ce n'est pas le moment. Il viendra.

— Je vous prie donc de rentrer, nous n'allons pas rester ici.

Nous lui emboîtons le pas. Tout un groupe de soldats, Tahar à sa tête, nous attend dans le hall. Le soulagement se lit sur leurs traits quand ils s'aperçoivent que leur chef est sain et sauf.
Aaron se tourne vers nous.

— Veuillez m'excuser. Je dois m'entretenir avec mes hommes. Retrouvons-nous pour le dîner si vous voulez bien.

Marley acquiesce d'un signe de tête. Nous prenons le chemin de nos quartiers sans rechigner. Au bas de l'escalier, Snow m'arrête. Les voix des soldats nous parviennent encore du hall mais elles s'éloignent petit à petit. Il me murmure.

— J'ai eu une idée. Je me demande même pourquoi je n'y ai pas pensé plus tôt.
— Quoi ?
— On doit pouvoir écouter leur conversation.
— Comment ?
— Avec le vent. Quand j'étais gamin, ma mère me disait toujours « écoute le vent, il parle ». Je dois pouvoir les suivre et les écouter sans bouger de ma chambre.

Son idée est inestimable. Nous allons peut-être pouvoir savoir les desseins de notre geôlier. D'un signe de tête, j'approuve son initiative. Ses yeux se perdent dans le vide un instant. Le temps de faire appel à son pouvoir. De se concentrer sur son objectif. Une brise légère s'élève. L'instant d'après, elle a disparu.

— Et maintenant ?
— Maintenant, je vais faire une petite séance de méditation.

Nous avons à peine passé la porte que Snow part se mettre à l'écart. Je comprends qu'il ait besoin de calme. Même si je meurs d'envie de rester avec lui, je me rends dans le salon.
Les filles s'occupent d'Aset. Je les laisse faire et m'affale sur l'un des canapés. J'essaie de me reposer, de réfléchir à tout ce qu'il vient de se passer. Mais je n'arrive pas à penser à autre chose qu'à l'idée de Snow.
Bientôt n'y tenant plus, je quitte la pièce et gagne ma chambre. Je me mets à l'aise, pose mes chaussures, la veste qui pourrait entraver mes mouvements.
J'invoque la sphère et me place en position de méditation. Les pieds plantés dans le sol, les mains jointes sur mon torse. Je ferme les yeux et me concentre. Je visualise la vague créée par ma respiration. Elle va et elle vient. S'arrête un instant avant de reprendre sa course. Sans que j'ai besoin d'ouvrir les yeux, je sens la sphère se placer au-dessus de mon épaule.
Il n'y a plus qu'elle et moi. Lentement, je lève mes mains jointes vers le ciel et commence à enchaîner les différentes positions qui me permettront d'accéder au flux.
Petit à petit, je pars. Ada m'entraîne avec elle.
Assise au bord de la rivière, Marley ne me remarque même pas. Je ne suis pas là pour elle. Un peu plus loin, j'aperçois enfin Snow.
Il est assis en tailleur, son dos parfaitement droit. Ses mains reposent sur ses genoux. Je me poste à côté de lui.

— Je savais que tu viendrais.
— Ma curiosité me perdra.

Un sourire effleure ses lèvres.

— Tu sais que tout serait plus net dans le flux ?
— Oui. Mais nous nous ferions repérer.

Ada me signifie qu'elle n'est pas d'accord en dansant devant mes yeux.

— Peut-être pas. Tu veux bien essayer ?
— Toi et ton pouvoir, vous êtes bien trop têtus.

Malgré ses paroles, il se lève et me suit. Avec précaution, nous entrons dans la rivière.
Et comme un peu plus tôt dans la journée, je sens mon pouvoir s'exacerber. Les yeux de Snow qui s'écarquillent me prouvent que c'est pareil pour lui.
L'instant de surprise passé, il reprend son écoute. Elle lui demande moins d'efforts que précédemment et cela lui permet de discuter avec moi.

— Tu as appris quelque chose ?
— Pas vraiment non. Il a fait le récit de ce qui s'est passé. Attends, il parle de nous...

Il se tait à nouveau. J'aimerais tellement pouvoir tout écouter en même temps que lui. Au lieu de ça, je me laisse bercer par le flux. Tout à coup, Snow me secoue l'épaule. Ses traits sont durs et sa voix trahit son inquiétude.

— Il faut qu'on parte. Ils vont nous tuer. Il en a toujours été question et tous ces jours enfermés ici étaient juste un jeu pour eux, comme nous nous en doutions. Ils auraient pu le continuer indéfiniment mais l'intervention de Kaleo a tout changé. Je ne laisserai personne vous faire du mal. Personne.
— On a combien de temps ?
— Un jour, peut-être deux.
— Comment on va sortir de là ?
— On va attaquer en premier.
— Nous ne sommes que quatre, Snow. Quatre avec un bébé. Donc seulement trois à pouvoir réellement se battre. C'est suicidaire.
— Oui. Mais je n'ai pas de meilleure option.

Il a raison évidemment.

— Retourne avec les filles. Et surtout ne leur répète pas ce que je viens de dire. Elles seraient capables de dire qu'elles sont assez grandes pour se protéger toutes seules. Je vais élaborer un plan. Peut-être qu'être ici m'aidera.

Je regagne la berge, sors de la rivière de magie, m'en éloigne. Être trop près me donne envie d'y retourner. Comme si elle m'appelait. En quelques minutes, je mets fin à ma séance de méditation.
Je réintègre mon corps au prix d'un gros effort. Il est facile d'être ailleurs. Loin de ce monde. Des problèmes qu'il engendre.
Une fois dans le salon, je fais comme si de rien n'était. Marley berce Aset qui est en train de s'endormir. Uhane lit près du feu. Je vais m'asseoir près d'elle, passe mes bras autour de ses épaules. Elle vient se blottir contre moi.
Bientôt, Marley sort de la pièce pour aller coucher Aset qui s'est enfin endormie. Les minutes passent et elle reste plongée dans sa lecture. Les minutes passent et j'admire ses traits, les émotions qui transparaissent sur ses traits. La dernière page arrive et elle reste dessus. Encore et encore. Comme si refermer le livre allait faire s'effacer les mots qu'elle vient de lire. Comme si les personnages allaient disparaître. À jamais.
Au bout de quelques minutes, elle se résigne enfin. Elle ferme l'ouvrage, en caresse délicatement la couverture. Le pose sur le guéridon.
Sa voix que j'aime tant brise tout à coup le silence.

— Tu pensais vraiment ce que tu m'as dit quand tu m'as dit que tu m'aimais ?
— Oui. Et je te le redirai. Mais pas tout de suite. Il ne faut pas abuser des bonnes choses.

Elle rit. Elle rit et je réalise que je ferai tout pour la sauver. Pour qu'un jour, les nuages se lèvent et que le soleil fasse briller ses yeux verts. Pour enlever la gravité de son beau visage. Pour qu'on puisse vivre. Seulement, vivre. Et non pas survivre comme nous l'avons tous fait depuis tant d'années maintenant.

— Il était bien ton livre ?
— Oui. Triste mais beau. Plein d'espoir aussi. Il dit que l'amour peut tout changer.

J'aime cette idée, elle est si vraie. Si puissante. Il n'y a rien de plus important. Ce ne sont ni le pouvoir, ni l'argent, ni la guerre pour des lopins de terre, ni les idées qui sèment la peur entre les hommes qui comptent. Sans amour, sans amitié, nous ne sommes que des coquilles vides. Destinées à errer.
Je serre Uhane un peu plus contre moi. J'espère qu'elle comprend que c'est pour acquiescer à ce qu'elle dit parce que les mots me manquent. Nous restons comme ça longtemps.
La voix de Marley nous réveille en douceur. J'émerge difficilement. Je suis courbaturé d'être resté dans la même position trop longtemps. Cela en valait la peine cependant.
Nous obéissons à notre amie qui nous demande de nous préparer car l'heure du repas avec Aaron approche.
En allant dans ma chambre pour me rafraîchir, je croise Snow dans le couloir. Il ne m'adresse pas la parole et garde son masque. Je comprends pourquoi quand j'aperçois Uhane sur mes talons.
Cinq minutes plus tard, je suis frais et dispo.
Je cherche par tous les moyens d'attirer l'attention de la Main Armée. Bien entendu, il le remarque mais nous ne sommes jamais tranquilles. Entre Aset qui se met à pleurer, Marley qui s'agite dans tous les sens et Uhane qui va et vient.
Nous quittons enfin nos appartements avec une petite fille inconsolable dans les bras. Ses pleurs résonnent dans les escaliers puis l'entrée du château, attirant les soldats à cause du bruit et les faisant fuir dès qu'ils remarquent que c'est l'élue qui hurle sans pouvoir s'arrêter. L'un après l'autre nous essayons de la calmer mais pour le moment, nous sommes impuissants devant sa détresse.
Avec Marley, nous avons vérifié sa température, toutes ses constantes, nous savons qu'elle n'a pas faim.
C'est donc avec Aset dans les bras que je détaille, en attendant que le maître des lieux nous dise d'entrer, les sculptures sur la porte de ses appartements. J'espère vraiment les voir pour la dernière fois.
La voix d'Aaron nous parvient à travers le vacarme que fait ma petite protégée.
Il l'avait forcément entendu mais il se fige quand il la voit dans mes bras. Une légère impression de dégoût passe sur son visage et disparaît aussitôt.

— Que fait-elle ici ?
— Nous l'allions pas la laisser pleurer seule.
— Et pourquoi pas ?

Je m'abstiens de répondre et laisse Marley se débrouiller. Elle est beaucoup plus diplomate que moi. Que nous tous réunis même si elle n'a pas sa langue dans sa poche.
Nous passons dans la salle à manger et je reste debout à faire les cent pas. Cela irrite profondément mon ennemi. Mais comme il ne propose pas de prendre sa fille, je continue mon manège. Finalement au bout d'un nombre incalculable de pas, et grâce à mon petit doigt dans sa bouche, Aset se calme enfin.

— Ce n'est pas trop tôt.

Aucun de nous ne relève sa remarque. Son irritation passe et il redevient l'hôte charmant qui nous accueille à sa table à chaque fois. Nous parlons de tout et de rien. Surtout de rien. Il n'aborde jamais ce qui s'est passé un peu plus tôt dans la journée. Jusqu'au dessert. Il réprimande Uhane sur le fait que son père ou elle auraient pu mentionner leur lien de parenté.

— Il est venu en tant que prophète. Le reste n'était pas important.
— Si vous le dîtes. Comment se fait-il que vous ne vous ressembliez pas du tout ?
— J'ai le caractère et les attitudes de mon père mais je suis le portrait de ma mère.
— Quelle belle femme doit-elle être !
— Merci du compliment.

Il essaie d'en apprendre plus sur les prophètes, sur sa famille mais elle n'ajoute rien et élude chacune des questions qu'il lui pose. Se voyant éconduit, il aborde le sujet qui devait lui brûler les lèvres depuis un moment.

— Je suis ravi, Joran, que vous ayez trouvé quelqu'un pour vous consoler.

J'essaie de garder mon calme. Je dis bien, j'essaie. Mais cela m'est impossible. Je sens mes amis se tendre à mes côtés quand je me lève et lui crie dessus. Aset qui s'était endormie dans les bras de Snow, se remet à hurler.

— Me consoler ? Me consoler ! Mais bordel, vous vous écoutez parler ? Ou alors, vous n'attendiez que ça. Que je sorte de mes gonds et vous saute à la gorge. Vous avez assassiné ma femme et ma fille. Vous les avez tuées de sang froid. Et il n'y avait pas une once de culpabilité dans vos yeux. Vous me direz que c'est la guerre, que ça se passe comme ça. Vous me direz que vous n'avez pas fait exprès de violer la mère d'Aset. Que c'était un accident. Je ne vous croirai pas.
Quand enfin, j'en aurai le droit, je vous jure que je vous tuerai. Je vous tuerai et avant, je vous ferai souffrir autant que vous avez fait souffrir les autres. En attendant, vous savez quoi, Aaron, allez vous faire foutre. Oui, allez vous faire foutre.
— Je ne vous permets pas...
— Pardon ?

Il se lève à son tour et me toise. Son air est impitoyable. Mais je ne céderai pas. Jamais. Jamais devant cet homme abject qui se cache derrière ses belles manières.
Nous restons là, à nous affronter silencieusement. La sphère se matérialise au-dessus de mon épaule tandis qu'une flamme apparaît dans sa main.

— Personne ne me parle sur ce ton !
— Il faut un début à tout, Général.

Je mets tout mon dégoût dans la façon dont je prononce son titre et il le sent. Il écume de rage et fait quand même tout pour se retenir et ne pas montrer le monstre sous le gentleman.

— Sortez !
— Avec plaisir. Je ne supporte plus de vous voir de toute façon...

Je tourne les talons et entends mes amis me suivre. Ont-ils pris son ordre pour eux aussi ? Ou me suivent-ils pour ne pas rester avec notre ennemi ? Je ne prends pas la peine d'essayer de deviner et quitte l'antre du général sans un regard en arrière.
Une fois dans nos appartements, je m'enferme dans ma chambre en claquant la porte. Elle se rouvre quelques secondes plus tard.
Snow me regarde quelques minutes faire les cent pas et enfin m'apostrophe.

— Je suppose que tu n'accepteras aucune de mes remarques.
— Tu supposes bien.
— J'en ferai quand même une.
— Quelle surprise...
— Il aurait fait la même réflexion sur Marley et moi, il serait mort. Je ne sais pas comment tu as fait pour te retenir.

Je m'attendais à un laïus sur mon incapacité à me contrôler. Le soulagement qui se lit donc sur mes traits le fait rire.

— J'ai un plan. Par contre, après ce qui vient de se passer, je ne suis pas sûr qu'il te plaise.
— Dis toujours.

Il me l'expose en détails et effectivement, je vais devoir encore une fois prendre sur moi. Mais c'est pour la bonne cause. Nous devons quitter cet endroit.
Après l'avoir peaufiné un peu plus, nous partons l'exposer à Marley et Uhane. Leur expliquons l'espionnage de Snow, le plan en long, en large et en travers.
Nous nous donnons une journée pour finir de tout caler et le mettrons en œuvre après-demain.
Il est très tard quand nous allons finalement nous coucher.

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