Chapitre 11
Les jours passent et se ressemblent. La plupart du temps, je dors. Je n'ai pas réalisé à quel point j'étais fatigué. Faible. Petit à petit, je reprends du poids. Des forces.
J'évite les autres le plus souvent. Ils ont bien essayé de venir me parler, je n'arrive pas à tenir une conversation bien longtemps et Marley s'est vite transformée en chien de garde qui grogne dès que quelqu'un m'approche.
J'évite aussi Eolas. Je sais parfaitement que le jour viendra où je ne pourrais plus le faire et que nous devrons parler. Il semble pour le moment respecter ma décision. C'est étrange de sa part mais je prends ce qui vient. Tant que cela va dans mon sens.
Les jours passent et se ressemblent. Aujourd'hui quelque chose est différent. L'animation règne autour de moi.
— Que se passe-t-il ?
— Nous partons. D'autres viennent nous relever.
— Où allons-nous ?
— Au quartier général.
Je n'en saurai pas plus. On me tend de nouveaux vêtements. Entièrement noirs. Un jean encore trop grand à la taille et qui me tombe sur les hanches. Un t-shirt dans une matière que je ne connais pas. Une matière fine mais chaude une fois sur mon corps. Une veste à capuche. Un foulard.
— On ne doit pas voir nos visages. Mesures de précaution.
Je n'y comprends rien. Et tout ce cirque me donne la nausée. Qu'est-ce qui nous attend dehors ?
Des coups frappés à la porte résonnent dans la pièce. Tout le monde se tend. Même moi. Je suis aux aguets. Chacun écoute le martèlement. Il y a un code. Quand les coups s'arrêtent enfin, une vague de soulagement envahit la pièce.
L'homme que j'ai sauvé, Oz, va ouvrir. Il revient quelques minutes plus tard avec une dizaine d'autres personnes. Eolas échange quelques mots avec eux puis nous donnent le signal.
Snow remonte son foulard sur sa bouche et me fait signe de faire de même.
— Reste à côté de moi. Quoiqu'il arrive. Ne discute pas.
Je me retiens de faire une réflexion, je sens que ce n'est pas le moment. Nous sortons les uns à la suite des autres et à peine nous nous retrouvons à l'extérieur qu'une sorte de formation se met en place. Snow et Oz m'encadrent.
L'air autour de nous me semble soudain différent. Le vent s'est levé. Le vent. Je regarde Snow. Son sourire confirme ma pensée. Il le contrôle. Petit à petit, il nous coupe du monde extérieur. Nous protège.
— Je déteste quand tu fais ça.
— Pourtant c'est nécessaire. Tu le sais aussi bien que moi.
— Je préfère voir où je vais.
— Ta gueule, Oz. Si t'es pas content, regarde tes pieds.
Si personne ne peut nous voir, à quoi cela servait-il de nous cacher le visage ? Ils doivent avoir une raison. Peut-être me la diront-ils un jour...
Je suis le mouvement sans un mot pendant que nous traversons les rues de la ville. Nous empruntons le même chemin que j'ai fait il y a une quinzaine de jours, passons devant l'hôpital, devant mon ancien logement. Devant ses ruines. Nous ne croisons personne mais Snow ne relâche pas la sorte de bouclier qu'il a érigé entre nous et le monde. Enfin, nous arrivons au lac. Quelque chose en moi s'anime. Je respire mieux, plus sereinement. Mes yeux parcourent la surface lisse où se reflète la lune qui nous escorte. L'eau m'appelle. J'aimerais tant y répondre. Me fondre dans son manteau sombre, ne faire qu'un avec elle. Sentir sa caresse. Oublier que la tombe d'Abby et Ada est juste là. À quelques dizaines de mètres.
J'ai dû me figer car je sens Snow me prendre par le bras.
— Il ne faut pas rompre la formation, Joran. On ne sait jamais.
— Nous devons nous arrêter.
— Non.
— Si.
Ma voix ne laisse pas de place à la discussion. Mes yeux dérivent vers la tombe. Il comprend et fait signe aux autres de s'arrêter. Je sens d'ici la réprobation d'Eolas alors qu'il s'approche d'un pas irrité. Ses yeux me lancent des éclairs. Je n'en ai cure. Il ne s'adresse même pas à moi quand il prend la parole. Comme si j'étais un gamin capricieux dont on ne peut rien tirer.
— C'est quoi ce cirque, Snow ?
Je ne laisse pas le temps à mon voisin de répondre. Je ne suis pas un enfant.
— Je suis là, Eolas. Je ne suis pas transparent. Ni complètement débile. Je dois m'arrêter et je pense que Marley aussi. Vous ne m'en empêcherez pas.
— Si je peux.
— Essayez pour voir.
La colère monte en moi. Elle enfle, elle gronde. Je ne m'entendrai jamais avec cet homme, je n'aime pas avec cet homme, je n'aime pas sa façon de faire. Vouloir avoir le pouvoir sur les autres. Personne ne me contrôlera.
La surface lisse du lac, il y a quelques minutes à peine, est maintenant agitée. Des vagues la troublent. Les étoiles disparaissent les unes après les autres derrière des nuages qui semblent surgir de nulle part. La lune se voile nous plongeant dans l'obscurité. L'air se charge d'humidité rendant la respiration de mes compagnons laborieuse. Quelque part en moi, une voix me dit que je ne dois faire de mal à personne mais ma colère est trop grande.
La voix d'Eolas rugit dans la nuit.
— Ça suffit !
D'un geste de la main, il me renvoie mon courroux au visage. Ma respiration se coupe. J'ai l'impression de me noyer. Mon corps tente de lutter. En vain. Je m'étouffe. Et tout à coup, l'air pénètre à nouveau dans mes poumons. Des mots parviennent à mes oreilles. La voix de Marley.
— Il en a besoin. Et moi aussi. Laisse-nous un instant.
Marley m'entraîne à l'écart du groupe. Nos pas nous portent vers ces fleurs qui ne faneront jamais. Nous nous arrêtons devant elles, nous recueillons. Les doigts de Marley viennent se mêler aux miens. Elle les serre tandis que des sanglots silencieux secouent ses épaules. Soudain, sa voix brise la quiétude de cet endroit si important pour moi. Je ne comprends pas ce qu'elle dit mais reconnais ce poème, cette prière qu'elle avait récité à la mort de Soraya.
Mes yeux se remplissent de larmes et une pluie fine se met à tomber. Fine et pénétrante. Comme ma peine. Comme celle de mon amie qui s'est tue et m'adresse un pâle sourire.
— Elles n'ont pas souffert, tu sais.
Je voudrais lui répondre, lui dire qu'elle n'en sait rien mais en suis-je si sûr ? Tout est étrange depuis cette horrible nuit. Je me contente donc d'essuyer les larmes qui s'accrochent encore à mes paupières.
— Je suis désolée mais on doit y aller, Joran.
Je ne veux pas partir mais ne veux pas non plus causer du tort à Marley. Je m'accroupis devant mes amours, caresse les fleurs et dans un murmure, je dis au revoir à mes amours.
Je suis prêt à suivre mon amie. À reprendre la direction du groupe.
— Nous avons pris un gros risque en restant si longtemps au même endroit.
— Pourquoi ?
— Nous pourrions être repérés.
— Si tu le dis...
— Il y a des tas de choses que tu ne sais pas, que tu dois apprendre.
— Vous n'avez qu'à répondre à mes questions.
Ils ne parlent tous que par énigmes. Seul Snow m'a appris de minuscules détails. J'ai d'ailleurs vite compris qu'ils étaient sans importance.
Que les deux personnes que je considère comme mes amis agissent de la sorte m'énerve et elle le sait. Cela ne l'empêche pas d'en rajouter une couche.
— Tu ne devrais pas lui tenir tête.
— Peut-être. Ou alors peut-être pas. Vous vous aplatissez tous devant lui. Il est bien conscient de l'emprise qu'il a sur vous.
— Il en a aussi sur toi.
— Non.
— Alors il en aura. C'est notre chef.
— Ce ne sera pas le mien.
— Tu n'as pas le choix.
— On a toujours le choix, Marley. Peut-être qu'un jour, tu devras choisir toi aussi.
Elle n'apprécie pas mes mots. Cela se voit. Elle presse le pas et rejoint Eolas. Il lui parle mais elle ne répond pas. Elle semble ailleurs.
Il se détourne d'elle et silencieusement, donne le signal du départ. Tout le monde suit. Même moi.
Le reste du trajet se passe sans plus de heurts. Nous marchons sous le couvert des arbres. Petites silhouettes perdues sous l'immensité de la nature. Parfois l'un de nous trébuche. Il y a toujours quelqu'un pour l'aider à se relever. Les heures passent. Et rien ne change.
J'ai l'impression que nous tournons en rond mais je me garderai bien de le dire. J'en suis maintenant certain. J'ai cassé une branche un peu en hauteur et je viens de repasser à côté d'elle. Pourquoi faisons-nous cela ? Quel sens a tout ceci ?
J'en ai assez de ne pas savoir... Je m'arrête et interpelle Eolas.
— Pourquoi tournons-nous en rond ?
Les autres me fixent d'un air réprobateur. Ce n'est pas le vieil homme qui me répond mais Oz.
— Comment l'as-tu remarqué ?
— Je suis observateur.
— Eolas, c'est la première fois, il ne devrait pas s'en rendre compte.
Notre « chef » hausse les épaules et reprend sa route.
— Mais répondez-moi, bordel !
— Plus tard, Joran. Il faut nous presser, le jour va se lever. La nuit nous rendait en partie invisible, ce ne sera bientôt plus le cas. Nous sommes bientôt arrivés.
Pour une fois, sa voix n'était ni condescendante, ni agacée. Alors je suis le mouvement sans rechigner. Quelques dizaines de minutes plus tard, nous quittons enfin le couvert des arbres. Le ciel est devenu gris. L'aube point. Bientôt le soleil va reprendre ses droits.
Mes compagnons enlèvent leurs foulards, abaissent leurs capuches. Certains se figent un instant et inspirent à plein poumons avant de rejoindre la route. Leur pas me semble plus léger. Où sommes-nous ?
Comme si elle avait entendu ma question muette, Marley vient se poster à côté de moi.
— C'est chez nous, Joran. Tout ce que tu vois ici est notre sanctuaire. Nous seuls pouvons y pénétrer. C'est chez toi aussi.
Je sais bien pourquoi elle rajoute cela. Je ne relève pas.
— Viens. Les enfants vont être ravis de te voir.
Je me fige. Incapable de faire un pas de plus. Un poignard me lacère le cœur.
— Je ne peux pas Marley.
Elle me regarde sans comprendre.
— Je n'y arriverai pas.
— Mais...
— S'il te plaît, ne me demande pas ça. Pas encore...
La détresse dans ma voix a l'air de la convaincre. D'une voix déçue, elle hèle Snow.
— Tu veux bien faire visiter les lieux à Joran ?
— Bien sûr.
Pendant plus d'une heure, nous nous promenons en travers les rues du sanctuaire. Il n'est pour moi rien d'autre qu'un village. Un village comme je n'en ai plus vu depuis des années. Snow me raconte en détails le rôle de chaque bâtiment. Ici, l'école pour les enfants des membres. Là, les cuisines communes. Ici les salles d'entraînement. Là, la bibliothèque. Le bâtiment avait dû être une église dans une époque lointaine. Dans une autre vie. Les logements. Ceux des familles d'un côté du village, ceux des personnes seules de l'autre. Un immense soulagement m'envahit. Je me sens ridicule mais je crois que je ne parviendrai pas à affronter les rires des enfants de sitôt.
Snow m'apprend que nous logerons dans la même chambre, étant les derniers arrivés.
— Ça ne te dérange pas ?
— Non.
— Je te laisse te reposer. Je reviens d'ici une heure.
— Fais comme tu veux. Tu n'as pas à te forcer à vivre différemment pour moi.
— Je sais. Mais je suis bien élevé.
Il me faut un clin d'œil en sortant. Je déballe mes maigres possessions et les range dans le petit placard vide de la pièce. La fatigue m'envahit. Marcher toute la nuit a fourbu mon corps. Je ne suis pas encore remis des mois de privations.
Je m'affale sur le lit.
Le soleil vient caresse mon visage. Les pales rayons hivernaux filtrent à travers les volets entrouverts. Lentement, dans un état encore un peu second, je me lève. Snow dort dans le lit d'à côté. Je ne l'ai même pas entendu rentrer.
En essayant de faire le moins de bruit possible, je quitte la pièce. J'erre dans les rues du village. Mes pas me portent vers la bibliothèque.
La porte grince sur ses gonds quand j'y entre. L'odeur des vieux livres s'invite. J'avais oublié comme j'aimais cette odeur. Je parcours les multiples rayonnages, m'arrêtant ici ou là pour survoler un ouvrage.
Ils sont si nombreux que je ne sais comment faire pour en choisir un. Alors je fais ce rituel que j'avais inventé, enfant.
Cinq pas au nord dans l'allée centrale. Remonter l'allée de dix pas. Prendre le quinzième livre sur la troisième étagère.
Il est là. Je caresse sa couverture. Elle est vieillie par le temps. Mais son titre est encore parfaitement lisible.
« Le livre d'Eli ».
— Très bon choix. Un peu obscur mais très bon choix.
Il ne me laissera donc jamais tranquille.
— Il ne peut guère être plus obscur que chacune de vos paroles.
Il rit. Je n'aurais pas cru cela possible.
— Je ne suis pas ton ennemi, Joran. Ici, nous sommes à l'abri. En dehors du sanctuaire, nous ne pouvons permettre à ceux qui veulent notre perte de trouver le moindre indice sur nous. Chacune de nos paroles doit être mesurée. Pour que rien ne nous échappe, nous devons garder le contrôle. Mais il est vrai que j'aime les énigmes.
Je l'observe se promener à travers les allées. Silhouette bien droite et fière, il s'arrête ici et là, regardant les ouvrages, en sortant un, le reposant ou me le tendant. Je me retrouve bientôt les bras chargés de livres.
— Pour commencer, ceux-là seront bien. Tu as beaucoup à apprendre.
— Apprendre quoi ?
— À maîtriser ton don. Tu es doué. Sans entraînement, peu de personnes peuvent parvenir à ce que tu as fait. Malheureusement, être doué ne suffit pas. Cela ne t'apprend pas à te contrôler, à y avoir accès sans être en colère, à t'en servir sans même y réfléchir ou à te défendre. Je n'ai eu aucun mal à retourner ton attaque contre toi. Tous les autres l'auraient pu. Mais avant tout ça, tu dois savoir certaines choses.
— Qui sommes-nous ?
— LA question. On nous a donné bien des noms à travers les âges. Magiciens, sorciers et sorcières, chamans, mages, druides et j'en passe. Tant de mots pour une même catégorie de personnes. Tu peux choisir celui que tu préfères.
— Comment ?
Il comprend le sous-entendu de ma question. Savoir comment tout commence. Et pourquoi.
— Tu te souviens des mots que je t'ai répété presque chaque jour où tu me croisais ?
— Oui. « Tout naît dans la douleur ».
— C'est le tout premier passage du livre d'Eli. Tu peux vérifier.
Un sourire effleure ses lèvres quand j'ouvre le livre. Il devait lui paraître évident que je ne le croirais pas sur parole. Mais je suis comme ça. Et il ne m'inspire toujours pas confiance. Même s'il semble avenant et enfin disposé à me parler.
Mes parcourent les toutes premières lignes de l'ouvrage.
« Tout naît dans la douleur
La vie qui commence
Celle qui finit
Tout naît dans la douleur.
Tout éclos dans le déchirement de l'âme
Dans la perte de contrôle
Dans la folie qu'on entrevoit
Tout éclos dans le déchirement de l'âme.
Tout s'éveille à la lueur du désespoir
Une autre réalité
Un monde jusque là inconnu
Tout s'éveille à la lueur du désespoir.
Tout naît dans la douleur. »
Mille questions me traversent l'esprit. Par laquelle commencer ? Comment choisir ? Je ne suis pas certain de pouvoir le faire pour l'instant. Peut-être que je devrais réfléchir à ce que je viens de lire. Peut-être que je devrais lire la suite. Pour tout appréhender. Pour ne pas voir que des contours.
— Pour être tout à fait en mesure de poser les bonnes questions, je dois lire le livre en premier ?
— C'est comme tu préfères mais effectivement, ce serait mieux.
— D'accord.
Intérieurement, je suis déçu. Pour une fois que je pouvais en apprendre plus. Il faut que je trouve quelque chose qui n'est pas de lien direct. Il ne me faut pas longtemps pour choisir parmi la multitude d'interrogations qui se bousculent sur mes lèvres.
— Sommes-nous tous pareils ? Tous des sorciers ?
— Non. Il y a plusieurs conditions à réunir. La première est d'avoir ce qu'Eli appelle « l'étincelle ». Je préfère pour ma part parler de prédisposition. Tout le monde ne l'a pas.
— Il est possible de la remarquer ? Avant qu'elle s'exprime ?
— Cela dépend du mage. Mais la plupart du temps, on ne le sait que quand la deuxième condition s'applique.
— Vous le saviez pour moi ?
— J'avais des soupçons quand j'ai commencé à te surveiller. Il ne m'a fallu que quelques jours pour en être sûr.
— Pourquoi m'avez-vous surveillé ?
— Pouvons-nous y revenir plus tard ? Je voudrais t'expliquer la deuxième condition.
— Si vous voulez.
— Donc nous avons des êtres prédisposés. Mais ce ne sont pas encore des sorciers. Pour qu'ils le deviennent, il faut qu'ils souffrent.
— Mais nous souffrons tous, tous les jours. Le petit qui tombe et s'écorche le genou, la personne qui a mal à la tête ou je ne sais où ailleurs, la femme qui accouche et j'en passe...
— Tu as raison. Tu sais aussi mieux que moi qu'il y a différents degrés dans la douleur.
— Oui. Mais l'intensité diffère selon les individus. Ce qui est insupportable pour quelqu'un ne le sera pas forcément pour son voisin.
— Effectivement, la douleur est personnelle et difficilement quantifiable. Mais ici, on ne parle pas de petits bobos. Je te parle d'avoir mal à vouloir arrêter de vivre parce qu'il n'y a aucune autre issue raisonnable. Je te parle d'une douleur qui rend fou, qui te vole ta volonté, ta personnalité, qui te fait te perdre. Je te parle d'une souffrance si grande que seules quelques personnes arriveront à la surmonter. Certaines personnes possédant l'étincelle ne connaîtront jamais cela. Certaines ne la surmonteront pas. Et ce n'est malheureusement que le début du chemin. Le don qui se révèle sauve bien souvent la vie de son hôte avant de pouvoir le tuer par manque de contrôle.
— Je ne parlerai donc pas de don mais de malédiction.
— On pourrait le croire. Mais tu verras que c'est un don.
— Que vous est-il arrivé ?
— Quand j'avais douze ans, mes parents et moi avons eu un accident de voiture. Notre véhicule a pris feu. Ils sont morts avant qu'on ne nous dégage. J'ai été brûlé sur une grande partie de mon corps. Je ne dois ma survie qu'à la seule chose qui pouvait arrêter le feu...
— L'eau.
— Oui. La souffrance était insoutenable. Pas un mot ne pourra décrire ce que j'ai vécu. Mais sans l'eau, sans elle, je serai mort.
Moi aussi, je serai mort. Si elle ne m'avait pas protégé, je me serais noyé. Je n'aime cependant pas de partager cela avec Eolas. Je pressens déjà ce qu'il va me dire après.
— Je sais ce que tu dis, que nous avons signé une caractéristique en commun. C'est vrai. C'est pour cela que j'ai pu retourner ton attaque si facilement contre toi. Tu as beaucoup à apprendre. Et comme ici, nous sommes les deux seuls à savoir manier l'eau, je serai ton mentor.
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