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Murmures littéraires - 1-3

Épreuve : Écrirez une chronique sur le modèle fille timide x bad boy, en détournant le cliché.

Max : 2000 mots

Lunabella

J'étais de loin la plus chétive de mes frères et sœurs. Pourtant, ma mère n'a jamais cessé de me nourrir, au même titre que mes parents plus robustes.

Certes, en grandissant, ils me l'ont fait payer. Consciemment ou non, mes frères se montraient bien souvent cruels à mon égard. Les jeux innocents dégénéraient souvent en passage à tabac, et il n'était pas rare que ma mère doive intervenir pour m'éviter une blessure qui aurait pu s'avérer grave.

Ironiquement, mes deux sœurs n'ont pas vécu. De mes quatre frères, deux atteignirent l'âge adulte. Comme eux, je parvins, contre toute attente, à l'âge d'indépendance. Finalement, le moment vint de faire mes premier pas seule dans le vaste monde.

Je me remémore le regard de ma mère lorsque je m'éloignai, la dernière de la fratrie, cette nuit de début d'automne où je sentis enfin le courage envahir mon cœur. Avait-elle confiance en ma capacité à survivre dans la jungle de la ville ? S'inquiétait-elle de mon destin ? Voyait-elle en moi une image de sa propre jeunesse ? Son expression demeura indéchiffrable jusqu'au bout. Je me détournai et franchis la clôture.

J'errai durant des semaines à la recherche d'un endroit sûr, confortable, et propice à trouver de la nourriture. La faim me tenaillait, et je regrettai amèrement d'avoir toujours été une aussi piètre chasseuse. Sans doute mes frères n'éprouvaient pas les mêmes difficultés. Je les imaginais déjà vautrés sur un lit moelleux, à déguster le butin de leur impitoyable traque. J'avais toujours tenu en horreur cette activité violente, toutefois à cet instant où mes entrailles criaient famine, la seule pensée d'un peu de chair fraîche me mit l'eau à la bouche.

Comment survécus-je ? Par chance, certainement. Mon long chemin croisa celui d'autres prédateurs, qui laissèrent derrière eux les restes d'une proie dont le goût ne trouva pas grâce à leur appétit déjà bien satisfait. Sans doute avaient-ils tué par simple amusement. Je les guettai longuement, dans l'attente de mon tour.

Lorsqu'ils eurent fini de jouer avec la carcasse de leur infortunée victime, et qu'ils quittèrent leur promontoire, je me précipitai.

D'autres charognards attendaient l'occasion, évidemment. Ils firent connaissance avec mes armes. L'énergie du désespoir réveilla mon instinct de survie, et je me battis comme une furie pour défendre mon dû.

Le cadavre était froid, et ses entrailles avaient été répandues. La chair était devenue dure comme de la pierre, mais ce repas me rendit suffisamment de vigueur pour raviver la flamme de mon esprit de liberté.

Je gravis un mur, puis la pente d'un toit, et m'installai au soleil pour laisser la chaleur de ce mois d'automne caresser mon flanc, et je sombrai dans un sommeil réparateur, tel que je n'en avais pas connu depuis bien longtemps.

Les jours s'écoulèrent, et je pris peu à peu mes marques. Je découvris un ou deux endroits sûrs où je pouvais prendre du repos sans craindre d'être agressée par plus fort que moi. La nourriture se fit moins rare. J'en découvris ici et là, abandonnée par d'autres. Je finis même par croire que quelqu'un en déposait à mon attention. Mais je ne me troublai pas outre mesure, et acceptai sans réfléchir ces offrandes, d'où qu'elles proviennent.

Je hasardai quelques contacts avec mes semblables. Pour la plupart, ils se montrèrent neutres à mon égard, et tolérèrent ma présence. Je mesurai progressivement les limites du territoire qui m'était accessible, et lorsque mes pas me portaient en terrain occupé, des sifflements ou des grognements m'indiquèrent qu'il était plus sage de ne pas m'aventurer plus loin.

Je vécus de bons moments. La vue depuis certains de mes perchoirs favoris emplit plus d'une fois mon cœur du bonheur de vivre, et le vent sur mon échine m'apporta le frisson enivrant de la liberté. Le coucher de soleil rougeoyant sur l'horizon, où se découpaient jusqu'à perte de vue les habitations, alluma en moi la flamme d'une félicité qui ne donnait pas son nom, mais que j'avais follement envie de vivre.

Cette nuit-là, quand la lune se leva, un intense sentiment de renouveau m'envahit. Mes entrailles me hurlaient la clé d'un mystère, dans une langue inconnue, mais je ne résistai pas à l'envie impérieuse d'en reprendre le refrain, de toutes mes forces, jusqu'à bout de souffle. Cette nuit était la mienne. Je me couronnai reine du monde, et criai l'avènement de mon règne à la face de la lune.

Ils m'entendirent. Et ils vinrent à moi, nombreux. Des ombres au coin de chaque mur convergeaient vers le terrain de la guerre qui s'annonçait. C'est alors que je le vis. Sa silhouette gracieuse et puissante se découpa sur le disque d'argent, et en un seul instant, il éclipsa tous des autres. Sa toison de feu, éclairée par les rayons blafards de l'astre nocturne, attisa les flammes qui faisaient rage en moi. Mais du haut de mon trône, je demeurais impassible. Un seul triompherait, et mon cœur battait pour lui. Il fallait que ce soit lui.

Le combat fit rage. Le concert des cris et des hurlements dura toute une nuit. Le sang fut versé, en abondantes giclures écarlates, sur le sol. Les guerriers luttèrent de toutes leurs forces, et plus d'un se retira du champ de bataille, penaud, blessé, parfois estropié. Mon cœur se gonflait d'orgueil à l'idée qu'ils se battaient pour moi, leur reine. Dans un même élan, je tremblais pour mon champion, l'élu de mes yeux. Plusieurs fois, je crus qu'il n'aurait pas le dessus. D'autres, plus massifs que lui, plus puissants ou plus habiles, le défièrent, et je craignais qu'il ne puisse l'emporter. Mais par miracle, il les vainquit. Tous, un par un, concédèrent leur défaite et plièrent l'échine devant sa supériorité.

Lorsqu'il lâcha la gorge de son dernier adversaire et leva le regard vers moi, j'y déchiffrai la flamme du vainqueur. Ce même feu brûlait en moi, et nous nous comprîmes dans ce simple échange.

Il s'approcha lentement, sa démarche chaloupée ponctuée de saccades, car une large plaie au flanc le faisait souffrir. Mais il n'en retirait que plus de gloire. Il avait vaincu, et j'étais son tribut.

Il me posséda. Il prit mon corps et le fit sien. Longuement. À tant de reprises que je ne les comptais plus. Il devint mon souverain et étendit son empire sur mon être tout entier. Le jour se leva puis se coucha sur sa conquête, et une autre nuit s'écoula. Le matin suivant, il avait disparu.

(L'auteur me demande de préciser que j'étais d'accord, et qu'il ne m'a pas forcée. Vous êtes des créatures vraiment étranges.)

La vie reprit son cours. Toutefois, je sentais en moi que rien ne serait plus jamais comme avant. La faim me tiraillait plus cruellement que d'accoutumée, et le moindre effort me coûtait une incroyable énergie. Je commençais à craindre de ne plus pouvoir subvenir à mes besoins. Ma situation devint d'autant plus critique que le froid s'installait peu à peu. De mon bien aimé, plus la moindre trace, et aucun secours. Il était sorti de ma vie, pour toujours.

Fort heureusement, je découvris un abri de fortune sous un escalier, où je m'installai la nuit pour me protéger du vent glacial. De même, mon mystérieux bienfaiteur intensifia la fréquence de ses offrandes à mon égard. Dans ma condition précaire, je les acceptai bien volontiers.

C'est ainsi que, quelques semaines plus tard, allongée sur un carton dans mon repaire, haletante de douleur et de froid, je donnai naissance à mes petits.

Il y en eut cinq. Je les lavai soigneusement, et les gardai tant bien que mal au chaud contre mon flanc, où je les allaitai de mon mieux. Mais j'étais si petite et si peu nourrie, les côtes saillantes sous ma peau glacée, que je ne pus leur donner qu'un peu de lait. La douleur de mes mamelles faisait écho à la honte de ne pouvoir subvenir aux besoins de ma portée. Je m'endormis enfin, la crainte au ventre.

Au petit matin, trois n'avaient pas vécu. Leurs petits corps roses gisaient, froids, entre mes pattes. Mon instinct me dicta ce que je devais en faire, afin d'assurer la subsistance des deux derniers.

Je le fis.

Le regain d'énergie me permit de produire suffisamment de lait pour contenter mes petits. Je me remis lentement sur pied, et partis en chasse. Je repoussai tout a priori à ce sujet. Il n'en allait plus de ma seule existence, mais de la survie de mes enfants. Plus une proie n'échappait à mes griffes, et le goût du sang me devint presque vital. Toutes mes pensées étaient tournées vers l'unique objectif de permettre à mes petits de grandir, et prendre des forces. Jour après jour, chaque instant à leur côté était une victoire.

Ces quelques semaines furent pour moi les plus heureuses de toute ma vie. Le froid avait beau nous assaillir de toute part, nous avions notre refuge, et nous nous serrions les uns contre les autres pour nous tenir chaud. Et surtout, nous étions libres.

Je savourais le bonheur de voir grandir mes bébés, et de savoir que j'étais seule responsable de leur bien-être. Je repense avec émotion à leurs premiers pas maladroits. Ils se couvrirent vite d'un fin duvet qui les tint au chaud, et leurs couleurs définitives remplacèrent le rose de leur peau. Le premier était roux, comme son père. Le deuxième prit ma robe noire, tachetée de nuances de marron. Deux mâles, qui ne demandaient plus qu'à devenir forts et puissants.

Leurs premiers jeux eurent comme terrain une fine couche de neige. Ils prirent en assurance et en indépendance, et osaient maintenant s'éloigner de moi.

C'est ainsi que mon petit roux au pelage de feu disparut. Et mon cœur se brisa une nouvelle fois. Mais je n'en laissai rien paraître. Je savais, à présent, que la vie est ainsi. Je n'en devins que plus protectrice envers mon dernier petit, la prunelle de mes yeux.

L'hiver commençait à faire ses bagages. Il était temps de laisser place à une nouvelle saison. Les journées s'allongeaient, le soleil nous réchauffait plus volontiers. Je pus regagner mon poste d'observation sur la pente du toit, et m'allonger au chaud.

Les beaux jours s'annonçaient, et je me languissais de jouir des joies simples de que la vie me promettait. Mon petit ne restait plus constamment à mes côtés. Bientôt viendrait pour lui l'heure de franchir le pas que j'avais moi-même passé, il y a une éternité, lorsque j'avais quitté le giron de ma propre mère. Je l'observais de loin avec tendresse, découvrir le monde, jouer avec les boutons des primevères, faire ses griffes sur les troncs d'arbres, poursuivre les insectes, escalader toujours plus haut. Il ferait un magnifique chasseur, plus glorieux que son père.

Il était temps pour moi de penser à mon avenir. Je restai à mon perchoir jusqu'au coucher du soleil. Quand la nuit s'installa et que le vent se fit trop frais, je descendis jusqu'à la rue. La pleine lune montait. Je jetai un regard en arrière vers mon vieil abri, où dormait paisiblement mon cher petit. Puis je partis.

Aurais-je de meilleurs jours ailleurs ? Je pourrais tenter ma chance chez les humains. Certains, après tout, accueillaient mes semblables sous leurs toits, et les traitaient comme leurs compagnons, parfois même comme leurs propres souverains. Mais pour l'heure, je chérissais trop cette liberté qui me tendait les bras. Le monde m'appartenait, et j'étais ma seule maîtresse. Une vraie vie de chat, en somme.

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