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ML 3.1

Consigne : Généralement dans la littérature (il y a toujours des exceptions bien évidemment), les sujets tristes sont décrits à l'aide de champs lexicaux... tristes. La mort est noire, c'est une bête, un cauchemar. C'est douloureux.

On utilise un champ lexical de la peine, de la mélancolie, de la peur parfois, ou même de la nostalgie.

Le bonheur, d'une autre part est un thème joyeux et donc est traité à l'aide d'adjectifs et d'expressions joyeuses, mélangés avec de l'humour même...

Et si on essaye de parler mal du bonheur (à la façon d'Antigone) et bien de la mort, comme si c'était la chose la plus belle ?

Décrivez n'importe quelle situation, événement ou même un sentiment en utilisant le champ lexical contraire du thème choisi : donc un champ positif pour du négatif et un champ négatif pour du positif.

Max : 2000 mots


L'instant d'après

Je tâtonne à la recherche de la fente du lecteur de carte, puis j'insère ma carte de chambre. Le double bip s'accompagne du déclic de la serrure, et je pousse la lourde porte pour pénétrer dans ma chambre d'hôtel. À cette heure tardive, je n'ai pas croisé un chat dans les couloirs, enfin je crois. La chambre vide m'accueille dans un assourdissant bruit blanc, un voile compact de grésillements et de souffle de ventilation, auquel se mélange un informe amas de réminiscences qui tambourinent encore à mes tympans.

Je pousse du pied mon sac de sport et laisse la porte claquer derrière moi. Il me semble que la lumière s'allume, car je distingue vaguement les contours du comptoir de la kitchenette. J'avais pourtant dit à Matt que les grandes chambres m'angoissent, mais il n'en a fait qu'à sa tête. Il a fallu qu'il me loge dans une suite royale. Je l'entends encore, surexcité comme une puce. « Un grand soir mérite une grande chambre. Tu vas cartonner, ma championne. » Je m'accroupis pour me déchausser, et tous les muscles de mon torse protestent. Je chasse la souffrance d'un sourire en coin. Tandis que je peine, lentement, à gestes approximatifs, pour desserrer les lacets, ma tête tourbillonne et mes oreilles bourdonnent. La clameur de la foule me revient, tel un acouphène vertigineux. Alors que je me redresse, mes côtes me font à nouveau souffrir et une grimace vient un instant déformer le sourire qui ne quitte plus mon visage. Je prends une grande inspiration et jette d'un coup de pied mes chaussures dans un coin du couloir. J'en perçois la vibration, plutôt que je n'entends l'impact contre le mur.

La moquette à poils longs me chatouille la plante des pieds et fait remonter une vague de bien-être dans mon corps. Comme si le trop-plein d'émotions se déversait par un trou sous mes talons. Alors que je butte contre le coin de la table, le fantôme de mon poing sur le bureau de Matt retentit à mes oreilles. Un torrent de rage contre le destin. Contre moi-même. « À qui tu veux faire croire que je pourrai continuer ma carrière dans ces conditions ? T'as entendu le diagnostic. Dégénérescence oculaire précoce. C'est irréversible. Je pourrai plus jamais boxer. » Les mots résonnent dans mon crâne. Ils m'ont hantée pendant trois ans. Ce soir, je peux dire que je les ai vaincus. La coupure sous le pansement à mon arcade gauche enflée me confirme la réalité de ce que j'ai accompli ce soir. Pourtant, je peine encore à réaliser. Je touche du doigt la compresse et laisse échapper un rire.

J'atteins enfin le lit moelleux qui m'appelle de ses longs bras de sommeil. Un repos bien mérité. Je n'aspire plus qu'à cela. Mais je ne peux pas aller me coucher dans cet état. J'entreprends de me déshabiller, et là encore chaque mouvement s'accompagne d'une intense souffrance. Je l'ai méritée. J'en savoure les décharges qui inondent mon cerveau. Chaque muscle, chaque hématome, chaque coupure, rappelle les commentaires des speakers que crachaient les hauts-parleurs du Madison Square Garden. « Anderson reprend l'avantage et pousse Siegmeyer dans les cordes. Jab du gauche qui passe la garde de la française. » Mes côtes craquent en écho à la clameur de la foule. « Uppercut au visage de Siegmeyer ! Elle est touchée ! »

Enfin débarrassée de mes vêtements, je titube en direction de la salle de bain. Ma main rencontre le cadre de la porte et mes pieds se posent sur le carrelage en marbre glacé. « Elle est à terre pour le compte ! 1 ! 2 ! 3 ! ... » À cet instant, je savais que tout pourrait s'arrêter, et que je n'aurais pas à rougir de ce que j'avais accompli. La première boxeuse déficiente visuelle à affronter une championne mondiale. C'était déjà bien. Mais je voulais plus. Mes trois années de combat ne pouvaient pas se solder par un échec. Je voulais gagner. Avec l'évolution de ma maladie, je n'aurais pas d'autre chance. Alors, je me suis relevée.

J'arrive à la douche italienne, dont les galets cimentés massent mes pieds endoloris. J'allume la douche et le ruissellement de l'eau singe les cris de la foule.

Je laisse glisser l'eau chaude sur ma poitrine, comme le sang qui coulait sur mon t-shirt de mon nez cassé. Matt me presse un coton sur le visage, et sa voix affolée parvient à peine à couvrir la fureur du public. Tout le monde croit qu'il va jeter l'éponge. « Julie, t'as fait tout ce que tu pouvais. T'auras pas de honte si tu abandonnes maintenant. Comment ça va, tes côtes ? » Je lui renvoie un regard aveugle. Au fond de mes orbites éteintes brûle le feu de ma rage de vaincre. Je ne lâcherai rien. Il comprend. Il sait que j'ai plusieurs os brisés, et qu'il devrait tout arrêter, mais je lui interdis. De mon âme en fureur, je le supplie de me donner une chance. Rien qu'un dernier round. Sa poigne sur mon avant-bras me fait savoir à mots silencieux toute son inquiétude, mais je devine aussi son soutien, son envie de voir sa protégée, la pouliche des Cévennes, triompher ce soir. Contre toute attente. Il me saisit fermement le menton et me frappe l'arrière du cou, trois fois, du tranchant de la main. Ce vieux magicien et ses tours de passe-passe ne cessera jamais de m'étonner. « Ça va s'arrêter de pisser pour l'instant, mais pas longtemps. » Il me murmure un dernier conseil, comme une bénédiction d'un père à son enfant qui part à la guerre. « Fais gaffe à son direct du gauche. Tu dois réduire la distance. »

La clameur de la salle s'amplifie au moment où je me lève de mon tabouret. Chaque goutte d'eau qui percute le sol de la douche est un spectateur qui s'époumone à m'encourager, moi la petite française handicapée. La folle qui défie une triple championne du monde, avec un plus grand palmarès, plus de victoires, plus de puissance physique, et plus de sponsors. Moi, l'outsider.

Nue sous la douche, je laisse couler sur ma peau la sueur, le sang et la souffrance. Sans bouger, je refais l'enchaînement, feinte de direct du droit, garde et pas chassé en avant, je sens partir le direct de son épaule droite, et je cale mon uppercut juste sous son bras, pour taper en plein sous le menton. Le craquement de sa nuque me parvient à travers le gant. Je ne comprends pas encore ce qui se passe, et je continue de frapper dans l'air, jusqu'à ce que le ring s'ébranle sous le choc du corps de mon adversaire qui s'écroule à terre. J'imprime la marque des mes phalanges dans le savon, comme mes poings crispés dans mes gants ne parviennent plus à se relâcher. Et la voix de l'arbitre résonne entre les murs de la douche.

« One ! Two ! Three ! Four ! ... »

La salle explose. Je demeure confuse et abasourdie, entourée de silhouettes mouvantes, de flashs et de crépitements, tandis que le vacarme couvre le décompte de l'arbitre. Ce n'est que lorsque la cloche retentit que je comprends. Un tourbillon de corps et de hurlements de joie m'emporte.

Je sors de la douche et passe une serviette autour de mes épaules. Comme le manteau que Matt pose sur mon dos, tandis que sa voix déjà éraillée par les cris me hurle à l'oreille. « T'as réussi ! Putain, Julie, tu l'as fait ! » La foule me porte et le flot me balaye si violemment que je m'imagine engagée dans une folle partie de Colin Maillard contre un pays tout entier. Tout le monde me touche, me tape sur l'épaule, me congratule, me colle des gifles, me secoue la tête et me frotte les cheveux.

Poussée de toute part, frappée par les mille mains de la foule en délire, je virevolte vers mon lit et m'effondre sur le dos sur le matelas. Le KO le plus magistral de toute ma vie. Je me glisse, nue, sous les draps et tends la main vers l'interrupteur qui éteint la lumière. Enfin, je crois. Dans ma chambre vide et aseptisée, le bruit de la foule tonne. Je lève les mains au plafond, où la lueur des projecteurs du Madison perce le brouillard de ma cécité. Entre mes doigts, je serre le bandeau de cuir de la ceinture. Et la voix triomphale du commentateur m'accompagne dans les limbes de l'inconscience : « Julie Siegmeyer, boxeuse mal-voyante, est championne du monde des poids welter ! »


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