Consigne : Il s'agit d'écrire un lieu le plus fidèlement possible ! Vous êtes libres de l'époque et du type de lieu choisi. Aucun personnage ne devra apparaître, le texte devra être écrit du point de vue externe ! Vous ne devez pas construire d'histoire !

Max : 750 mots

La Classe

La tablette du bureau est en bois massif et nervuré. On dirait du chêne, ou bien du noyer. Les charnières en métal doré permettraient de la soulever, si l'intérieur recelait encore cahiers, stylos et manuels. Sauf qu'il n'en est rien.

Une armature en larges tuyaux d'acier solidarise à l'écritoire un siège l'assise quelque peu inconfortable. Ce mobilier n'a clairement pas été choisi pour le moelleux de son rembourrage. Non, ce sont d'autres considérations qui ont primé.

Ils sont alignés en six rangées de six, sur un plancher aux lattes mal jointées et trois marches de gradins. Le plafond est garni de néons aux grilles disgracieuses.

Au mur de droite sont pendues de désuètes cartes géographiques de la France et de l'Europe, dont les couleurs estompées et la toile déchirée donnent un air nostalgique à la pièce.

Une patère en métal brossé sur cette même cloison n'attend plus que les manteaux d'élèves qui ne viendront jamais, et renforce l'idée de vieille France..

Les fenêtres laissent filtrer une lumière plongeante, où se détachent de fines particules de poussière et de pollen en suspension.

Le tableau vierge, noir, porte les traces d'innombrables leçons. Comme un jardin boudhiste dont le sable pourtant lisse murmure les histoires des folles fresques dont il a été sculptées, avant que les moines ne passent consciencieusement le rateau, pour tout effacer.

La porte vitrée peinte en rouge laqué laisse deviner derrière sa glace dépolie l'agitation d'une école qui n'existe pas.

Au-dehors, de jeunes feuilles de hêtres et de peupliers bruissent dans une fraîche brise printanière où volent des pétales de cerisier. Des chants d'oiseaux s'y répondent, et si l'on prête l'oreille suffisamment longtemps, on peut presque déceler dans le concert des moineaux et des chanterelles une boucle musicale qui se répéterait ad libitum jusqu'à l'infini.

Plus loin encore, par la fenêtre, on distingue la courbe gracieuse de collines habillées de champs et de forêts, que l'on peut se prendre à rêver de parcourir en de folles courses échevelées. Tout en sachant pertinemment que rien n'existe au-delà de cette ligne de crête. L'imaginaire a cela de merveilleux qu'elle comble le vide laissé par la technique.

Dans le ciel dansent des nuées d'hirondelles qui dessinent des courbes. On y déchiffre des lettres, découpées dans les nuages par le sillage des volatiles.

BIENVENUE DANS L'ENVIRONNEMENT VIRTUEL DU LYCÉE BENOÎT FOURNEYRON