
Transformer les larmes en sourires
Thème : Souvenirs de margot_lgch
Histoire : Retrouvailles Impromptues
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Bastian
La pièce est plongée dans le noir. Seule la lune éclaire le lit, les rideaux pourpres filtrant la lumière. J'aperçois son corps par intermittence. D'avance, je devine que je ne parviendrai pas à dormir. Je ne connais pas encore cet endroit qui va pourtant devenir mon logement pour les prochaines semaines. Voire les années qui viennent, je l'espère.
Les draps sentent bon, ils ont son odeur. Celle d'Alia : une pointe de patchouli saupoudrée de rose. Même si nous nous sommes retrouvés il y a plusieurs mois, j'ai encore du mal à réaliser. Ces cinq ans de souffrance nous ont finalement réunis, enfin. Le destin n'a pas choisi la meilleure des façons mais peu importe.
Je suis sorti de l'hôpital aujourd'hui et elle n'a pas hésité à m'ouvrir ses portes. Blottie contre moi, elle dort paisiblement. Son souffle réchauffe ma peau, ses cheveux bruns glissent sur mon bras.
J'ai toujours gardé espoir de la retrouver, même si les chances s'amenuisaient au fil du temps. Ma tête comme mon cœur ne l'ont jamais oubliée. Sûrement à cause, ou grâce, à cette soirée.
Flash-back
La colonie se termine dans quelques jours. En venant travailler ici, je n'aurais jamais cru repartir avec de l'amour dans les veines. Installés dans le hamac côtoyant le lac, nous nous balançons lentement, admirant le reflet des étoiles dans l'eau douce.
— Allons-nous vraiment nous supporter ? s'inquiète la belle brune.
J'ai accepté de la suivre, de vivre avec elle dans la ville où elle fera ses études. Malgré sa joie évidente, elle ne peut s'empêcher de s'interroger sur la suite des événements.
— J'en suis persuadé, murmuré-je, un sourire impérissable sur le visage.
De toute ma vie, je ne me suis jamais senti aussi comblé qu'actuellement. Alia se lève, allant tremper ses orteils dans l'eau. J'admire sa silhouette tranchant dans la nuit violette. Ma petite amie sautille sur le sable mouillé, éclaboussant ses mollets.
En cet instant, je sais que je ne pourrais jamais l'oublier et surtout, que je ne pourrais pas me passer d'elle. C'est complètement fou au bout de si peu de temps, seulement je suis persuadé qu'elle deviendra ma femme, la mère de mes enfants. Celle que je présenterai à ma famille. Qui fera ma fierté chaque jour. Même si les Copellini ne sont pas faciles, elle en deviendra une, qu'ils le veuillent ou non.
— Mio tesoro, appelé-je, m'avançant vers elle.
Souriante, elle pivote dans ma direction. L'astre de la nuit se reflète dans ses yeux, m'offrant un spectacle sublime. Ses mains s'accrochent à mes bras, y trouvant un appui.
— Promets-moi que tout ira bien, que nous ne nous déchirerons pas, lui demandé-je, nerveux.
Mes doigts frôlent ses hanches, comme si elle n'était qu'un rêve éphémère qui se dissipera du jour au lendemain.
— Je t'aime, répond-elle simplement.
Et ça me suffit.
Sa tête dans le creux de mon cou, elle y dépose un baiser puis reste ainsi. Les pieds dans l'étang, je la serre fort contre mon torse.
Je n'ai pas besoin de plus dans ma vie.
Aujourd'hui
À l'époque, je n'imaginais pas qu'elle disparaîtrait réellement quelques jours plus tard. J'ai vécu la pire journée de ma vie : j'avais perdu mon père et l'amour de ma vie.
J'ai tout réalisé le lendemain.
Flash-back
Assis dans la cuisine, j'observe ma tante cuisiner, le regard vide. Mon Papa, ce héros, s'est éteint. Rien ne m'y avait préparé. Nous étions si fusionnels, si proches...
Face à moi, mon café refroidit. Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit, mon visage est bouffi, rougi par le chagrin. Impuissant, j'anticipe la porte qui va claquer à cause d'un coup du vent. La sœur de ma mère sursaute.
— Tu veux bien fermer la fenêtre ? me demande-t-elle, continuant à couper les tomates.
Impossible pour moi de bouger, j'ai trop peur de m'effondrer. Que pourrait-il m'arriver de pire ?
N'entendant pas de réponse, elle se tourne vers moi. Elle abandonne sa planche à découper, une expression attendrie sur le visage.
— Bastian, ça va aller, murmure-t-elle, me serrant dans ses bras.
Comme un enfant, je sanglote contre son épaule. Plus jamais il ne passera le pas de la maison. Ma mère est effondrée, je n'arrive même pas à la soutenir. Mon frère et ma sœur préfèrent être entourés de nos cousins. Pour ma part, j'ai choisi la solitude ce matin. Tout devient douloureux, un poids immense pèse sur moi.
— Marc aura eu beaucoup d'amour dans sa vie, m'affirme-t-elle, cherchant à me consoler.
Cela produit un électrochoc chez moi.
Alia.
Comment ai-je pu oublier ? Je suis parti si précipitamment, n'ayant que mon père à l'esprit. Je me relève brusquement, paniqué. Je n'ai que son prénom à la bouche, je le prononce encore et encore sous le regard perdu de ma tante.
Alia, Alia, Alia. Mio tesoro.
Hier, j'aurais dû la retrouver à la gare. Elle m'a sûrement attendu, sans jamais m'apercevoir. Tiraillé entre le besoin de rester ici et l'envie de la retrouver, je tourne en rond. Je n'entends même plus les paroles de la femme qui m'accompagne. Je lui avais promis que je la rejoindrai. Elle avait peur, je m'étais juré de la protéger quoi qu'il advienne.
Affolé, je cherche mon téléphone pour l'appeler. Ne le trouvant pas, je me précipite dans ma chambre, fouillant dans mes affaires. Vainement. Mettant mon placard sans dessus-dessous, impossible de mettre la main dessus. J'alpague chaque personne qui passe dans le couloir sauf que personne ne l'a vu.
Me vient l'idée de la rejoindre chez elle. Seulement, je ne sais pas où elle habite, ni même où elle doit se rendre pour sa rentrée scolaire. Le désespoir m'emplit, ne laissant place à aucune émotion positive.
Pris de panique, j'inspecte toute la maison, en dépit des protestations des habitants du lieu. Trois fois. Jusqu'à ce que mon oncle m'interpelle, inquiet.
— Petit, que t'arrive-t-il ? s'enquiert-il, découvrant probablement ma pâleur anormale.
— Il faut que je retrouve Alia, balbutié-je, comme si c'était logique.
Les sourcils froncés, il pose ses mains sur mes épaules. À cet instant, je comprends que c'est foutu. J'ai tout gâché, je l'ai perdue aussi. Me prenant cette réalité en pleine face, j'éclate en sanglots. Du haut de mes vingt ans, deux personnes essentielles à ma vie sont brusquement parties, m'arrachant le cœur.
Mon oncle, désemparé, écoute attentivement mon discours. Lorsqu'il saisit la situation, il me regarde avec un air si triste que je m'en souviendrai toute mon existence.
Mon âme se brise lentement, me laissant tout le temps de souffrir atrocement.
Non. Non, pas elle.
Mio tesoro.
Terrassé par la douleur, mes jambes tremblent et je chute lourdement au sol. Je me souviens simplement que ma famille s'est réunie autour de moi.
J'ai eu si mal, que la conscience m'a quitté.
Aujourd'hui
Dans son sommeil, elle murmure mon prénom. Inconsciemment, des larmes coulent sur mes joues. Silencieusement, elles quittent mon corps pour la dernière fois et je sens mon cœur battre fort. Prêt à sortir de mon torse, il s'affole, comme s'il retrouvait sa place et son rôle.
J'observe chaque élément de cette chambre, cherchant un détail qui me prouvera qu'il s'agit d'un rêve. Ni l'armoire blanche, ni le secrétaire, ni le miroir ne me le montre. Alors, je me pince légèrement le poignet, m'arrachant une grimace. C'est donc bien la vérité...
— Ti amo, ti amo, ti amo, répété-je à voix basse, ne souhaitant pas la sortir de son pays des songes.
Le prix à payer pour vivre des années de bonheur à ses côtés valait la peine. Depuis cet événement tragique dans la banque, elle témoigne d'une douceur incomparable à mon égard. Elle panse mon cœur brisé, de jour en jour.
Dehors, le jour se lève. Le soleil réchauffe mes joues encore humides. Si le chemin jusqu'à elle a été si éprouvant, j'ose imaginer le bonheur qui m'attend à ses côtés.
Lentement, elle s'éveille, bougeant peu pour ne pas me réveiller. Mes larmes évaporées, je décide de faire de ce jour le premier de ma nouvelle vie.
— Bonjour, susurré-je, déposant mes lèvres sur sa chevelure.
En guise de réponse, elle se soulève sur son coude et m'embrasse tendrement, imprimant son sourire sur le mien. Son pouce caresse ma joue.
À cause de ma blessure, je ne peux pas énormément bouger. Malgré tout, j'emmêle mes jambes aux siennes, la retenant contre moi. Son regard paraît surpris, comme si elle non plus ne réalisait pas que nous étions à nouveau réunis sous le même toit.
— Je suis si heureuse que tu sois là, affirme-t-elle dans un murmure.
S'installant au même niveau que moi, elle verrouille son regard au mien. Et j'y lis tant d'amour que j'en suis bouleversé. Les mots se perdent dans mon esprit, je ne parviens pas à en prononcer un seul.
La vie a peut-être essayé de nous séparer mais le lien qui nous unit a eu raison d'elle. J'ai conscience que ce ne sera pas simple. J'ai encore de longs mois de rééducation devant moi. Ma famille va la rejeter, ma sœur l'a déjà fait. Nous devons nous reconstruire. Cependant, nous y parviendrons, ensemble.
Avec précaution, comme si elle avait peur que je disparaisse entre ses doigts, elle niche son visage dans mon cou. Le chagrin me quitte enfin, me laissant en paix. Autant que possible, je la serre contre mon torse, transformant les larmes en sourires.
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Bonjour tout le monde, j'espère que vous allez bien ? :)
Je ne sais pas si vous vous souvenez de l'histoire d'Alia et Bastian, je n'ai jamais su me détacher du personnage de Bastian, d'où cette nouvelle sur lui... J'espère qu'elle vous aura plu ?
Concernant les mots, j'essaye de faire passer tout le monde au moins une fois ! Une nouvelle proposition ?
Bonne soirée à vous,
Fantine
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