Athénaïs
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Cette nouvelle a remporté la première place du nouveau concours d'Aetnae40, rentrant dans le thème 2 : "L'infini".
(Une courte nouvelle de presque 1100 mots)
->Août 2021.
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Elle s'appelait Athénaïs.
Dans son corps et aux yeux de tous, elle était adulte, épanouie et heureuse. Entraperçue dans une vision obtue et voilée. Vue sans être vraiment regardée, observée sans jamais être vraiment comprise de ces personnes aveuglées par la lumière d'un Soleil un peu trop éclatant brillant sur leurs certitudes au fond si infondées.
Au grand jour. Masquée par la lumière même.
Lorsque les étoiles fleurissaient et que la Lune montrait son doux regard dans le jardin de la Voie Lactée, il arrivait bien souvent à la reine de la nuit d'obserber depuis le firmament les pas hésitants de cette jeune femme marchant pieds nus sur l'herbe humide de rosée.
Il arrivait parfois qu'elle la voie tourner un regard rêveur vers le ciel étoilé. Alors, mêlée aux milliers de petites lumières se reflétant dans ses iris, la Lune voyait s'allumer au fond de ses yeux une flamme nouvelle.
À la vue de ce spectacle grandiose pour qui sait regarder,
ses pupilles éteintes par ce monde s'éclairaient d'une lueur nouvelle clamant la liberté, l'insouciance et les rêves.
Alors la Lune se contentait de sourire, observant en silence cette douce métamorphose...
***
La Lune. Elle lui semblait si proche, si belle, presque vivante!
Et une fois de plus, lorsque la jeune femme dirigea son regard vers la voûte céleste, la magie opéra. Un sourire sincère se dessina sur son visage ayant exprimé à longueur de journée bien trop d'émotions factices. Un sourire émerveillé par la magnificence de l'infini et la finesse de cette multitude de lumignons rassemblés autour du plus beau des astres.
Ses problèmes s'envolèrent, le poids de la vie qui pesait si lourd sur ses épaules laissa place à la légèreté des rêves d'une enfant.
Et comme en écho à son propre bonheur, la Lune semblait elle aussi offrir un sourire invisible à la nuit...
Elle fut soudainement prise d'une envie irrépressible de danser. Danser pour la Nuit, danser pour les étoiles, danser pour les fleurs, le vent et la vie.
Et après tout, pourquoi pas?
Alors Athénaïs tournoya, encore et encore, bras écartés, cheveux au vent et riant aux éclats, avant de finalement se laisser tomber sur l'herbe, à bout de souffle.
Heureuse.
Emplie d'une joie ressurgie d'un passé si profondément enfoui en elle qu'elle avait fini par le croire à jamais oublié.
Elle ferma les paupières.
Respira le parfum apaisant de la nuit. Se perdit dans les douces effluves du rosier fleuri et de la sauge parfumée.
Elle sentit la brise nocturne effleurer sa peau et l'humidité de l'herbe s'infiltrer lentement à travers ses fins vêtements avant de se faire la réflexion que, contrairement à la pensée de beaucoup, cette sensation n'était nullement désagréable.
Elle ouvrit les yeux.
Athénaïs laissa son regard se perdre dans le ciel étoilé. Elle laissa passer ses yeux sur la Grande Ourse, entraperçut sa petite sœur et vint finalement se fixer sur l'Étoile Polaire.
Que de noms.
L'être humain, non content de pouvoir admirer ce fabuleux trésor, se sent obligé de répertorier chacun de ses joyaux.
La jeune femme, se détournant de la voûte céleste, reporta son attention sur le monde l'entourant.
Elle regarda les feuilles innombrables du grand chêne de son jardin, elle observa tout là-haut les cheminées couronnant les toits des maisons alentour.
Ces toits...
L'espace de quelques minutes, elle se perdit dans leur contemplation.
Athénaïs en oublia son corps allongé au sol. Elle n'était plus qu'une âme aussi libre et émerveillée que perdue dans l'immensité des possibles.
Doucement, elle posa une patte de velours sur le tapis d'herbe.
Ces toits. Ils l'envoûtaient, l'attiraient, l'appelaient.
Elle sauta, ses pattes la receptionnèrent dans une harmonie parfaite en haut du mur infranchissable.
Son corps félin, tout de grâce et de souplesse, répondait avec une précision sans égale à la moindre de ses sollicitations.
Et grâce à sa longue queue, elle se stabilisait avec une facilité déconcertante sur des surfaces si fines et inaccessibles qu'il eût paru impensable ne fût-ce que de les atteindre.
Elle partit à l'assaut du ciel. Toujours plus haut. Monter jusqu'aux toits, jusqu'au sommet de la plus haute des cheminées.
Elle s'arrêta et s'assit avant d'observer longuement la ville. Les moustaches frémissantes dans le vent nocturne, elle huma l'air de la nuit. Des milliers de senteurs, chacune associée à autant d'images, l'envahirent.
Sa vue, d'une formidable acuité, pouvait distinguer le moindre des mouvements à des kilomètres à la ronde.
Quant à ses oreilles effilées, il lui suffisait de les incliner d'à peine un centimètre pour changer entièrement sa perception du monde extérieur.
D'un regard, elle salua la Lune et défia les étoiles.
La fourrure ébouriffée, le museau au vent, au milieu des oiseaux, elle se sentait enivrée de liberté.
Prête à s'envoler.
Elle bondit vers la mésange.
Devint la mésange.
Monta, poussée par ses petites ailes, toujours plus haut.
Son petit corps ne suffisant plus, elle se changea en aigle.
Vola jusqu'aux nuages, se laissa porter par le vent.
Ne fit plus qu'un avec lui.
Elle monta plus haut, toujours plus haut ; elle rencontra les étoiles, leur offrit un sourire ; elle dansa entre les comètes, du bout de ses doigts effleura les planètes, et marcha d'un pas léger sur la Voie Lactée.
La Lune, de plus en plus proche, semblait l'appeler.
Alors elle s'approcha. Doucement d'abord, d'un pas presque timide, puis de plus en plus vite, sentant monter en elle cet enthousiasme un peu impatient animant si souvent les jeunes enfants.
La Lune désigna alors la lointaine Terre et prit la parole, d'une voix à la fois grave et apaisante.
-Vois-tu cette jeune femme, là-bas sur Terre, étendue à même le sol? Distingues-tu ses yeux rêveurs? Cette personne, c'est toi. Tu es son âme, son esprit. Tu es elle, elle est toi et c'est ensemble que vous formez cet être merveilleux.
L'astre tendit les bras à la jeune humaine. Celle-ci, ou du moins, son âme, s'approcha pour finalement aller se blottir contre ce corps protecteur, l'enfant qu'elle n'avait jamais complètement cessé d'être ressentant le besoin de poser sa tête contre une épaule rassurante et maternelle.
Lorsqu'Athénaïs parla, sa voix ne fut qu'un murmure.
-Pourquoi doit-on vivre ainsi, là-bas? Pourquoi ne voient-ils pas ton visage, pourquoi refusent-ils de croire en toi, en vous, en tout? Pourquoi s'enferment-ils eux-mêmes dans leur vie si triste, pourquoi veulent-ils toujours effacer tout ce qui est différent par peur d'en voir le monde changé?
-Ce monde vit, pourtant d'une certaine manière il est déjà mort. Ces hommes, ces femmes, ont depuis longtemps enterré leurs rêves, oublié leurs convictions.
Est-ce irrémédiable?
L'enfance s'est envolée, la vie s'en est allée...
-En grandissant j'avais moi aussi choisi de t'oublier.
-Tu es pourtant revenue.
-Mais... comment ne plus m'égarer?
-Tes rêves n'ont une fin que parce que tu as toi-même décidé de la leur donner.
Au fond de toi, tu peux choisir de rester une enfant. Et ce, à jamais.
J.
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