Elle était toujours entrain de sourire, heureuse diront les autres, mais moi je sais qu'un sourire ne vaut pas un regard. Et son regard trahissait son désarroi. Les hommes diront qu'elle est jolie, toujours bien apprêtée, prête à rencontrer celui qui saura la dompter. Pour moi qui regarde de l'extérieur, les choses sont différentes. Je les vois passer, ils sont tous semblables. Seuls leurs noms changent. Mais ils ne sont que de pâles copies de passage. « Jolie ». Ce mot qu'on lui balance si souvent n'est qu'une preuve supplémentaire de la superficialité de sa vie. « Jolie ». Elle accueille son compliment avec un grand sourire sans même comprendre que c'est là tout ce qui les attire. Ils ne cherchent pas le grand amour. Ils ne veulent qu'elle. Et puis ils repartent aussi rapidement qu'ils sont arrivés. Et moi je la vois, je la vois se décourager un peu plus à chaque rupture. Ellen'a pas encore compris qu'il faut apprendre à être bien seule avant d'être bien à deux. Elle pense que l'amour est son salut, mais c'est au contraire ce qui l'a détruit. Elle est comme toutes ces filles qui font de l'amour le centre de leur monde. Persuadées que la vie ne leur fait pas de cadeau, qu'elles sont de celles que la vie maltraite, elles ne remarquent pas combien elles ont de la chance en réalité. Elles sont jeunes et bien entourées. Familles et amis sont à leurs côtés, mais rien n'est assez bien pour ces filles-là. Alors, je la regarde sombrer un peu plus, impuissante. Mes mots ne soignent pas ses maux. Je me contente d'être là, de la consoler quand rien ne va plus. J'essaye de me réjouir pour elle quand un nouveau Tom, Nick ou Matt, fait son entrer pour quelques semaines d'un bonheur fugace. Il n'y a plus rien à dire, elle n'écoutera pas. Ses paroles sont des ordres. Ses désirs font désordre. Elle sombre.